|
Origine :
http://www.alternatives.ca/article133.html
Emprisonnement des mineurs de 13 ans dans des Centres éducatifs
fermés, suspension des allocations familiales pour leurs
familles, création du délit d’outrage à
enseignant pouvant entraîner 6 mois de prison, renforcement
des sanctions en cas d’absentéisme scolaire (qui devient
un délit passible pour 4 demi-journées d’absence
dans le même mois de 2000 euros d’amende). Autant de
mesures des lois Perben (le ministre de la Justice) qui visent clairement
la criminalisation des familles les plus pauvres et signifient le
désengagement de l’état et de la société
envers les plus démunis.
À cela s’ajoute le projet de loi Sarkosy (le ministre
de l’Intérieur) en débat au parlement, visant
l’exclusion de l’espace public des mendiants et prostituées,
celle des mal-logés et des sans papiers, l’interdiction
de regroupement des jeunes dans les cages d’escaliers, l’interdiction
de circulation pour les enfants de moins de 16 ans dans les quartiers,
la suppression des allocations familiales en cas d’absentéisme
scolaire.
D’autres expériences apparemment anodines sont significatives
du climat à l’égard des enfants, jeunes et familles
pauvres : instauration du permis à points dans les cantines
(pas de cantine pour les lanceurs de boulettes), privation de repas
pour les enfants en cas de retard de paiement par les parents, suppression
des postes éducatifs et de surveillance. Les familles pauvres
sont renvoyées à une simple fonction de reproduction,
elles sont non seulement victimes d’un chantage aux allocations
familiales, une part vitale de leurs revenus, mais, de plus, elles
sont jugées comme des parents incapables.
On instaure pratiquement la notion de culpabilité et de
punition collectives. On a vu ainsi des municipalités réclamer
l’expulsion de leur logement de familles entières au
prétexte qu’un enfant majeur est en prison. Non seulement
la société se dégage de ses responsabilités
sociales et éducatives mais les familles sont réduites
à une fonction parentale vidée de sa substance première
: celle d’un groupe économique assurant la subsistance
des enfants. Il s’agit de faire endosser par la famille une
responsabilité à vie et une solidarité que
la société ne veut plus assurer. Ces mesures imposent
enfin aux familles les plus démunies un modèle familial
communautaire pourtant dépassé dans toutes les autres
couches de la société où domine le modèle
individualiste. Par ailleurs, le droit, en principe, ne reconnaît
que des individus et des liens (complicité par exemple).
La punition collective des familles instaure donc un droit de vengeance
sur des individus en vertu de leurs liens familiaux.
Le message est clair : ce sont les familles pauvres qui sont rendues
entièrement responsables des échecs éducatifs
et sociaux et de la délinquance. La marginalisation d’une
partie de la société est non seulement acceptée
comme un fait définitif mais elle devient héréditaire
: la vengeance frappe les parents si un enfant a failli, les enfants
si un parent a commis une faute ainsi que les frères et les
sœurs.
Les lois actuelles, en déniant aux enfants le droit à
une protection spécifique due à leur âge et
à leur situation de dépendance, sont en recul sur
deux points : le respect de l’enfant qui n’est pas un
adulte miniature et dont la responsabilité est réduite,
et le devoir de protection envers les enfants qui assigne à
la cité une responsabilité éducative, politique
et sociale. Celle-ci ne se substitue pas, contrairement à
ce que dit la légende, à la responsabilité
parentale mais elle relève des missions publiques. Elle doit
garantir par exemple l’égalité d’accès
à l’éducation et à la formation.
Ces lois, comme les pratiques qui s’exercent au nom de la
sécurité, sont contraires aux droits de l’homme
fondés sur la reconnaissance de l’individu et aux droits
de l’enfant à la protection et à l’éducation.
Réinventant le concept de « classes dangereuses »,
elles sont une véritable déclaration de guerre contre
les pauvres, confondus ici au sein de la cellule familiale et renvoyés
à une totalité, à une non-humanité,
privée de toute protection par le droit et livrée
à la vengeance étatique, institutionnelle et sociale.
Le CEDETIM, fondé à Paris en 1967, est un centre
d’études et d’initiatives de solidarité
internationale. Cette solidarité est conçue comme
une valeur culturelle fondamentale qui se situe dans la continuité
d’une tradition internationaliste et s’inscrit dans
un projet ayant pour objectif la transformation de la société,
en France comme ailleurs, dans le sens d’une plus grande liberté,
d’une plus grande égalité, d’une meilleure
justice sociale, d’un monde construit par tous les peuples.
Elle est fondée sur le respect des droits fondamentaux individuels
et collectifs. Convaincu qu’un peuple qui en domine un autre
n’est pas un peuple libre. Retrouvez tous les mois la chronique
de nos amis français du CEDETIM, dans le journal Alternatives
!
|