"Nouveau millénaire, Défis libertaires"
Licence
"GNU / FDL"
attribution
pas de modification
pas d'usage commercial
Copyleft 2001 /2014

Moteur de recherche
interne avec Google

ENFANTS ET FAMILLES : LES NOUVEAUX PARIAS


ENFANTS ET FAMILLES : LES NOUVEAUX PARIAS
Délinquance des mineurs
La fabrique de l'insécurité
Comprendre les fondements idéologiques d'une politique régressive...
ENFANTS ET FAMILLES : LES NOUVEAUX PARIAS

Atmosphère.. ? atmosphère ... est-ce que ça a une gueule d'atmosphère ?

Le mercredi 30 octobre 2002.

Emprisonnement des mineurs de 13 ans dans des centres éducatifs fermés [1],
création du délit d'outrage à enseignant pouvant entraîner 7000 euros d'amende et 6 mois de prison,
suspension des allocations familiales pour les familles dont l'un des enfants est en centre éducatif fermé,
renforcement des sanctions en cas d'absentéisme scolaire (l'absentéisme scolaire ne serait plus une infraction mais un délit passible pour 4 demi-journées d'absence dans le même mois de 2000 euros d'amende) :
toutes ces mesures visent clairement la criminalisation des familles les plus pauvres.
Elles profilent une judiciarisation des rapports dans l'école et sous-tendent le désengagement de l'état et de la société envers les plus démunis. [2]
Précédant les lois visant :
l'exclusion de l'espace public des mendiants et prostituées,
l'expulsion des mal-logés et sans papiers,
l'interdiction des regroupements dans les cages d'escaliers,
de nombreuses mesures
locales (interdiction de circulation le soir pendant l'été des enfants de moins de 13 ans ou de moins de 16 ans vivants dans les quartiers)
ou nationales (renforcement de l'obligation scolaire par une pratique plus systématique de suppression des allocations Familiales)
ont désigné un coupable collectif : les familles défavorisées.

Mais l'application de ces mesures dépend en partie des professionnels :
magistrats,
juges pour enfants,
conseillers pédagogiques éducatifs
assistantes sociales [3]
sont les maillons coopérants ou résistants d'une politique de ségrégation, de discrimination et de criminalisation des pauvres.

Punitions collectives
A ces mesures s'ajoutent des expériences apparemment anodines mais significatives du climat de répression et de rejet qui frappe enfants, jeunes et familles pauvres :
instauration du permis à points dans les cantines de certaines écoles (pas de cantine pour les lanceurs de boulettes),
privation de cantine pour les enfants en cas de retard de paiement par les parents,
télésurveillance dans les établissements,
non-renouvellement des emplois-jeunes qui assurent dans les écoles et établissements une fonction éducative et de surveillance.
De même que les parents sont punis en cas d'infraction par un enfant, les enfants sont punis si les parents n'ont pas payé la cantine. Cette répression indistincte renvoie les familles à de la non humanité, à une unité indistincte, opaque, dans laquelle nul ne bénéficie de la moindre protection.
La criminalisation des familles n'est pas une protection des enfants ni la punition de parents irresponsables mais ce qui inscrit les enfants dans une généalogie socialement condamnée.
Comme tout mouvement conservateur, celui qui s'opère sous nos yeux s'est donc tout d'abord attaqué à la racine de la société : l'enfance et la famille. Aujourd'hui, les familles sont non seulement victimes d'un chantage aux Allocations Familiales, souvent une part importante et vitale de leurs revenus mais, de plus, elles sont jugées incapables d'assurer la fonction naturelle de parentalité. A travers ce jugement et les pratiques qui l'accompagnent, nous assistons à une naturalisation de l'inégalité, laquelle se transmet naturellement au lieu de socialement, de parents à enfants.
Il convient par ailleurs d'analyser la notion de culpabilité et de punition collective des familles. L'exemple récent de municipalités réclamant l'expulsion de leur logement de familles entières au prétexte qu'un enfant majeur est en prison, est à cet égard très significatif. Il réduit les familles à une fonction parentale vidée de sa substance première qui est d'abord celle d'un groupe économique assurant la subsistance des enfants.
Il fait porter à la famille une responsabilité à vie à l'égard de n'importe lequel des siens et une solidarité que la société ne veut plus assurer, tant dans sa mission éducative que sociale. Il impose enfin aux familles les plus démunies un modèle familial communautaire pourtant dépassé dans toutes les autres couches de la société où domine le modèle individualiste.
Accusées de démission, les familles pauvres, à jamais désinsérées, sont vouées à tenir leurs enfants en laisse. Faute de quoi, elles seront punies collectivement. Moins de mesures éducatives, plus de répression
Toutes ces mesures traduisent par ailleurs une déshumanisation de l'éducation qui vise spécifiquement les familles les plus pauvres et tend à une mise au pas de l'ensemble de la société par la restauration d'une vision fonctionnelle de la famille. En effet, la famille joue un rôle de transmission et elle constitue une unité économique traversée par des affects.
Dès lors qu'elle est chargée par les institutions de faire respecter les règles de la société, dès lors qu'elle est punie lorsqu'elle n'y parvient pas, elle est assimilée à une simple fonction de l'Etat.
L'usage de la sanction envers toute une famille lorsque l'un des siens a enfreint la loi est caractéristique de cette utilisation fonctionnelle et politique de la famille. Par ailleurs, il faut rappeler que le droit, en principe, ne reconnaît que des individus et des liens (complicité par exemple).
La punition collective des familles instaure donc un droit de vengeance sur des individus en vertu de leurs liens familiaux. Le recul du projet éducatif au profit de la répression, perceptible depuis des années, avec le durcissement des peines à l'égard des Jeunes et des enfants au détriment des mesures éducatives indique que la marginalisation d'une partie de la société est à présent acceptée comme définitive,héréditaire, fatale. C'est la vengeance et non la justice qui frappe indistinctement parents, frères et sœurs si un enfant a failli et les enfants si un parent n'a pas payé la cantine. C'est par le chantage sur les siens, enfants, frères et sœurs, parents, qu'un régime autoritaire obtient reddition et soumission. [4]
Recul des droits
L'évolution des pratiques et les nouvelles lois, en niant le droit des enfants à une protection spécifique due à leur âge et à leur situation de dépendance, sont en recul sur trois points :
la reconnaissance d'un droit des enfants,
la limitation de la responsabilité pénale à l'individu,
la responsabilité politique et sociale de la cité envers tous les enfants.
Cette responsabilité ne se substitue pas, contrairement à ce que dit la légende, à celle des parents mais elle relève des missions publiques. Elle doit garantir par exemple l'égalité d'accès à l'éducation et à la formation. Ces questions, fondamentales, ne sont pas solubles dans le simple renforcement de l'obligation scolaire ou autres mesures qui se veulent spectaculaires et désignent comme cause des échecs sociaux et éducatifs, leurs victimes. Il s'agit là d'une véritable déclaration de guerre contre les pauvres, confondus ici au sein de la cellule familiale et renvoyés à une totalité, à une non- humanité, privée de toute protection par le droit et livrée à la vengeance étatique, institutionnelle et sociale.
C'est pourquoi tous les intervenants (associations, juges pour enfants, enseignants, éducateurs spécialisés, assistantes sociales, intervenants institutionnels et autres...) sont interpellés dans leurs pratiques quotidiennes. Afin de résister sur un mode qui ne soit pas seulement déclamatoire, nous vous invitons à participer à la création d'un groupe de travail réunissant tout ceux qui interviennent sur ce champs.
Il s'agit d'analyser nos pratiques et nos expériences et de répondre au défi éducatif et social en luttant contre une stigmatisation des familles qui naturalise l'inégalité.
Ce groupe a pour but de réinscrire l'intervention sociale, juridique et associative dans sa dimension politique, d'en saisir toute la portée et d'intervenir dans le débat et dans les pratiques.
Groupe de travail "Contre la criminalisation des familles"
Laurent OTT [5]


Quelques modification de mise en page ont été effectuées par le gestionnaire du site de la commission des
Les soustitres sont de la responsabilité de la mise en page (atmosphère... ça me rappelle travail, famille, patrie)

[1] Il existe actuellement sur toute la France trois centres de détention pour mineurs. Il est prévu de confier au privé la construction de deux nouveaux de ces pénitentiaires pour enfants
[2] texte d'un groupe de chercheurs Source : Fabienne Messica, transmmis par Laurent Ott sur une liste de pédagogie Freinet
[3] ndlr : et les enseignants ?
[4] note de la mise en page : l'armée d'Israël et ses destructions des maisons des familles de l'entourage d'un auteur d'un acte de résistance
[5] Laurent OTT : enseignant et éducateur à Longjumeau (91)


Association INTERMEDES : http://assoc.intermedes.free.fr
Lutte contre la solitude enfantine et soutien de la fonction éducative


ENFANTS ET FAMILLES : LES NOUVEAUX PARIAS
16 décembre 2002, par SOLITUDE ENFANTINE
Désolée, si je suis un peu hors sujet". J'habite au Québec : je fais une recherche "tous azimuts" sur la solitude enfantine, les artistes et la déviance.
Traitement par l'institution scolaire des enfants "perturbés" ou en conflit avec l'institution (quelles qu'en soit les raisons : pauvreté, violence, monoparentalité, etc.etc.)
Je voudrais rassembler du matériel, sociologique, littéraire, cinématographique, etc. dans le but ultime de "convaincre" un réalisateur de faire un film sur ce sujet.
Axe de réflexion : sentiment de solitude = inadaptation ou déviance = créativité (chez le futur artiste mais combien d'enfants ne trouvent pas ce moyen, sont invisibles et finalement "sacrifiés".

Note 1 : au Québec, 40 p. 100 des garçons "décrochent" de l'école avant le BEPC et le suicide est en augmentation exponentielle parmi les garçons).
Note 2 : ai relevé qq part une information : 50 p. 100 des enfants roms ont été placés dans des écoles pour enfants à troubles de comportement.
Note 3 : le point de vue majoritaire des enseignants du Québec est 40 p. 100 des enfants ont des "troubles du comportement".
Note 4 : rien trouvé sur le net concernant débats éventuels entre psychopédagogues ou psychologues pour enfants et milieu scolaire.
Note 5 : négation du corps dans société occidentale ? Merci.


Le lien d’origine : http://vertsedu.lautre.net/spip/article.php3?id_article=100