" Nous, officiers et soldats, combattants réservistes des
Forces de Défense d'Israël, qui avons été
élevés dans le berceau du Sionisme, du sacrifice et du
don de soi pour le peuple d'Israël et pour l'Etat d'Israël,
- Nous qui avons toujours servi sur les lignes de front, qui étions
les premiers à mener toutes sortes de missions, dans le but de
protéger l'Etat d'Israël et de le renforcer.
-Nous, officiers et soldats, combattants réservistes qui avons
servi l'Etat d'Israël pendant de longues semaines lors de chaque
guerre, malgré le prix élevé pour nos vies personnelles,
- Nous qui,en accomplissant notre devoir militaire dans les Territoires
occupés, avons reçu des ordres et des directives qui n'avaient
rien à voir avec la sécurité de notre pays, et
dont le seul but était de poursuivre notre contrôle sur
le peuple palestinien.
-Nous dont les yeux ont vu couler le sang des victimes des deux camps
à cause de cette occupation. Nous qui prenons conscience que
les ordres qui nous sont donnés dans les territoires occupés
détruisent toutes les valeurs avec lesquelles nous avons grandi
dans ce pays.
-Nous qui comprenons maintenant que le prix de l'occupation est la perte
du caractère humain des forces de défense d'Israël
et des valeurs de la société israélienne .
- Nous qui savons que les Territoires ne sont pas Israël , et que
toutes les colonies sont destinées à être évacuées.
-Nous déclarons que nous ne continuerons pas à poursuivre
cette guerre pour les Colonies. Nous ne mènerons pas de combats
au-delà des frontières de 1967 pour opprimer, chasser,
affamer et humilier un peuple entier.
-Nous continuerons à servir dans les forces de défense
d'Israël pour toute mission de protection et de défense
du pays. L'occupation des terrritoires et l'oppression d'un peuple ne
sont pas au service de cet objectif: nous n'y prendrons pas part. "
En Janvier 2002, cinquante deux soldats et officiers de réserve
israéliens signent un appel dans lequel ils déclarent
refuser de servir au delà des frontières de 1967. Malgré
l'aggravation de la situation au Proche-Orient et le raidissement qu'elle
suscite au sein de la société israélienne, cette
déclaration a recueilli aujourd'hui 437 signatures. 35 des pétitionnaires
sont actuellement en prison.
Le courage de refuser
Ce mouvement qui s'appelle "le courage de refuser" témoigne
d'une fracture dans la société israélienne qui
se situe à un point névralgique. En effet, ces insoumis
ne se recrutent pas dans les milieux habituels de l'extrême-gauche,
de l'anti-sionisme ou du soutien classique à la cause palestinienne.
La majorité d'entre eux n'appartiennent à aucun groupe
politique. S'ils refusent d'opprimer et d'humilier un peuple, s'ils
affirment la nécessité de la fin de l'occupation et le
droit des palestiniens à un Etat libre et souverain, ils se tiennent
prêts à défendre leur pays en cas de danger. Le
courage de refuser, c'est d'abord un réflexe moral, l'affirmation
de valeurs humanistes et le refus d'une "sale guerre". C'est
aussi l'affirmation que la seule alternative aux logiques meurtrières
de l'occupation, c'est "deux peuples, deux Etats, un seul avenir".
Solidaires des Insoumis
SICO, Solidaires des Israéliens Contre l'Occupation, un groupe
indépendant de toute affiliation politique qui s'est crée
en Mai 2001 a décidé de faire connaître le mouvement
des refuzniks en France. Ce groupe a pour but de soutenir tous ceux
qui, en Israël, s'opposent à la politique de colonisation
et reconnaissent le droit légitime des Palestiniens à
un État libre, viable et souverain. Il organise le 22 Mai 2002,
une rencontre avec des représentants de ce mouvement à
la Bourse du travail de Saint Denis. Cette rencontre sera suivie par
une tournée dans les grandes villes de France. D'autre part,
une pétition de soutien à ces réservistes initiée
par Maya Vigier et Patrick Silberstein, qui a recueilli plus de 600
signatures et a rejoint les rangs du SICO sera remise officiellement
à l'ambassade d'Israël. Les initiateurs de cette pétition
mettent également en place un système de parrainage par
chaque signataire de chacun des refuzniks.
Déconstruire la figure de l'ennemi
En tant que mouvement de solidarité qui dépasse les communautarismes,
Sico soutient tous ceux qui, comme le Courage de Refuser, reconnaissent
l'humanité de l'adversaire et participent à la déconstruction
de la figure de l'ennemi. L'ennemi est celui dont l'existence menace
notre propre existence. Cette représentation rend impossible
toute médiation et toutes négociations entre Palestiniens
et Israëliens. En affirmant que l'occupation et les crimes qu'elle
entraîne n'ont pas de justification, le Courage de Refuser rompt
avec les logiques totalitaires.
Entre ma mère et la justice
On se souvient de l'alternative qu'avait posée Albert Camus pendant
la guerre d'Algérie. "Entre ma mère et la justice,
avait-il écrit, je choisis ma mère.". Le mouvement
des insoumis invite à refuser les termes de cette alternative
parce qu'elle est fallacieuse. Choisir la justice, c'est aussi, et dans
tous les cas de figure, choisir aussi sa mère ou son pays. Les
Israéliens n'en conviendront pas facilement : mais les insoumis
aiment la justice et leur mère, ils aiment la justice et leur
pays.
Pour ce mouvement, il n' y a pas de contradiction entre la fidélité
à son histoire, à sa famille, à son pays et les
valeurs universelles qui imposent la fin de l'occupation. Sans sous
estimer le sentiment d'une menace existentielle ni la peur du néant
qui habitent Israël et souvent les communautés juives, il
affirme qu'un élément constitutif de cette menace est
l'impossibilité pour les Palestiniens d'acceder à une
vie digne et libre. En ce sens, le Courage de Refuser est peut-être
plus encore, le courage d'accepter l'autre.
Fabienne Messica membre de Sico, Solidaires des Israéliens contre
l'Occupation
Refuzniks israéliens, Ces soldats qui refusent de combattre
en territoires occupés,
Tamir Sorek et Fabienne Messica, Éditions Agnès Viénot,
collection Moisson Rouge
Site du Cédétim http://www.cedetim.org
Mail du Cedetim : cedetim@globenet.org
Lien d'origine http://www.cedetim.org/palestine
ou
http://www.cedetim.org/palestine/TexteFabienne.html
CEDETIM
Centre de recherches et d'initiatives de solidarité internationale
21ter rue Voltaire - 75011 Paris - France
Tel : +(33) 01 43 71 62 12 / Fax : + (33) 01 43 79 32 09
Mail cedetim @ globenet.org