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Refuzniks israéliens : deux peuples, deux Etats, un seul avenir
Fabienne Messica


" Nous, officiers et soldats, combattants réservistes des Forces de Défense d'Israël, qui avons été élevés dans le berceau du Sionisme, du sacrifice et du don de soi pour le peuple d'Israël et pour l'Etat d'Israël,
- Nous qui avons toujours servi sur les lignes de front, qui étions les premiers à mener toutes sortes de missions, dans le but de protéger l'Etat d'Israël et de le renforcer.
-Nous, officiers et soldats, combattants réservistes qui avons servi l'Etat d'Israël pendant de longues semaines lors de chaque guerre, malgré le prix élevé pour nos vies personnelles,
- Nous qui,en accomplissant notre devoir militaire dans les Territoires occupés, avons reçu des ordres et des directives qui n'avaient rien à voir avec la sécurité de notre pays, et dont le seul but était de poursuivre notre contrôle sur le peuple palestinien.
-Nous dont les yeux ont vu couler le sang des victimes des deux camps à cause de cette occupation. Nous qui prenons conscience que les ordres qui nous sont donnés dans les territoires occupés détruisent toutes les valeurs avec lesquelles nous avons grandi dans ce pays.
-Nous qui comprenons maintenant que le prix de l'occupation est la perte du caractère humain des forces de défense d'Israël et des valeurs de la société israélienne .
- Nous qui savons que les Territoires ne sont pas Israël , et que toutes les colonies sont destinées à être évacuées.
-Nous déclarons que nous ne continuerons pas à poursuivre cette guerre pour les Colonies. Nous ne mènerons pas de combats au-delà des frontières de 1967 pour opprimer, chasser, affamer et humilier un peuple entier.
-Nous continuerons à servir dans les forces de défense d'Israël pour toute mission de protection et de défense du pays. L'occupation des terrritoires et l'oppression d'un peuple ne sont pas au service de cet objectif: nous n'y prendrons pas part. "

En Janvier 2002, cinquante deux soldats et officiers de réserve israéliens signent un appel dans lequel ils déclarent refuser de servir au delà des frontières de 1967. Malgré l'aggravation de la situation au Proche-Orient et le raidissement qu'elle suscite au sein de la société israélienne, cette déclaration a recueilli aujourd'hui 437 signatures. 35 des pétitionnaires sont actuellement en prison.

Le courage de refuser
Ce mouvement qui s'appelle "le courage de refuser" témoigne d'une fracture dans la société israélienne qui se situe à un point névralgique. En effet, ces insoumis ne se recrutent pas dans les milieux habituels de l'extrême-gauche, de l'anti-sionisme ou du soutien classique à la cause palestinienne. La majorité d'entre eux n'appartiennent à aucun groupe politique. S'ils refusent d'opprimer et d'humilier un peuple, s'ils affirment la nécessité de la fin de l'occupation et le droit des palestiniens à un Etat libre et souverain, ils se tiennent prêts à défendre leur pays en cas de danger. Le courage de refuser, c'est d'abord un réflexe moral, l'affirmation de valeurs humanistes et le refus d'une "sale guerre". C'est aussi l'affirmation que la seule alternative aux logiques meurtrières de l'occupation, c'est "deux peuples, deux Etats, un seul avenir".
Solidaires des Insoumis
SICO, Solidaires des Israéliens Contre l'Occupation, un groupe indépendant de toute affiliation politique qui s'est crée en Mai 2001 a décidé de faire connaître le mouvement des refuzniks en France. Ce groupe a pour but de soutenir tous ceux qui, en Israël, s'opposent à la politique de colonisation et reconnaissent le droit légitime des Palestiniens à un État libre, viable et souverain. Il organise le 22 Mai 2002, une rencontre avec des représentants de ce mouvement à la Bourse du travail de Saint Denis. Cette rencontre sera suivie par une tournée dans les grandes villes de France. D'autre part, une pétition de soutien à ces réservistes initiée par Maya Vigier et Patrick Silberstein, qui a recueilli plus de 600 signatures et a rejoint les rangs du SICO sera remise officiellement à l'ambassade d'Israël. Les initiateurs de cette pétition mettent également en place un système de parrainage par chaque signataire de chacun des refuzniks.

Déconstruire la figure de l'ennemi
En tant que mouvement de solidarité qui dépasse les communautarismes, Sico soutient tous ceux qui, comme le Courage de Refuser, reconnaissent l'humanité de l'adversaire et participent à la déconstruction de la figure de l'ennemi. L'ennemi est celui dont l'existence menace notre propre existence. Cette représentation rend impossible toute médiation et toutes négociations entre Palestiniens et Israëliens. En affirmant que l'occupation et les crimes qu'elle entraîne n'ont pas de justification, le Courage de Refuser rompt avec les logiques totalitaires.
Entre ma mère et la justice
On se souvient de l'alternative qu'avait posée Albert Camus pendant la guerre d'Algérie. "Entre ma mère et la justice, avait-il écrit, je choisis ma mère.". Le mouvement des insoumis invite à refuser les termes de cette alternative parce qu'elle est fallacieuse. Choisir la justice, c'est aussi, et dans tous les cas de figure, choisir aussi sa mère ou son pays. Les Israéliens n'en conviendront pas facilement : mais les insoumis aiment la justice et leur mère, ils aiment la justice et leur pays.
Pour ce mouvement, il n' y a pas de contradiction entre la fidélité à son histoire, à sa famille, à son pays et les valeurs universelles qui imposent la fin de l'occupation. Sans sous estimer le sentiment d'une menace existentielle ni la peur du néant qui habitent Israël et souvent les communautés juives, il affirme qu'un élément constitutif de cette menace est l'impossibilité pour les Palestiniens d'acceder à une vie digne et libre. En ce sens, le Courage de Refuser est peut-être plus encore, le courage d'accepter l'autre.

Fabienne Messica membre de Sico, Solidaires des Israéliens contre l'Occupation


Refuzniks israéliens, Ces soldats qui refusent de combattre en territoires occupés,
Tamir Sorek et Fabienne Messica, Éditions Agnès Viénot, collection Moisson Rouge

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