|
Date: 22 Févrrier 2004
Subject: [zpajol] (fr) L'Europe des camps
-----Message d'origine-----
Envoyé : dimanche 22 février 2004 00:54
À : a-infos-fr@ainfos.ca
Objet : (fr) L'Europe des camps
_________________________________________________
A G E N C E D E P R E S S E A - I N F O S
http://www.ainfos.ca/
http://ainfos.ca/index24.html
_________________________________________________
La mise à l'écart d'étrangers, dont Sangatte
est devenu le symbole, s'est généralisé, ces
dernières années, au point qu'on peut évoquer
la construction d'une « Europe des camps ». Par cette
généralisation, ces camps perdent leur statut de réponse
exceptionnelle pour devenir les instruments d'une gestion de l'immigration
et de l'asile dotés d'une double fonction : lieux de relégation
des indésirables, ils sont aussi et surtout, pour les Etats,
une façon d'afficher, sur un mode ostentatoire, leur volonté
de maîtriser les flux migratoires.
Dès son premier rapport de mission à Sangatte en
2000, le Gisti a utilisé le terme de « camp »
pour désigner ce « non lieu pour des gens de non droit
», selon la formule du directeur, Michel Derr. Le mot a choqué
la Croix-Rouge française, qui s'en était vu confier
la gestion, ainsi que les pouvoirs publics. Les deux ont préféré
parler de « centre ».
Pourquoi, à la neutralité du centre, opposer le camp
lourd de son cortège de symboles ? Parce que Sangatte, quoique
atypique, a été le révélateur d'un phénomène
qui, depuis quelques années, tend à se répandre
à l'échelle de l'Europe : la mise à l'écart
d'étrangers, par leur regroupement, qu'il soit forcé,
induit ou même volontaire. Parce qu'en se généralisant,
ces regroupements perdent leur statut de réponse exceptionnelle
à une situation exceptionnelle (ainsi a-t-il pu en être
dans le sud de l'Italie à la fin des années quatre-vingt,
lorsqu'il fallait improviser des solutions de fortune pour faire
face aux premiers débarquements massifs de boat people albanais)
mais se transforment en instruments, à part entière,
d'une gestion sinon d'une politique de l'immigration et de l'asile
par les Etats d'arrivée. Parce qu'en s'inscrivant, à
ce titre, dans une logique dont la légitimité n'est
pas démontrée de « maîtrise des flux »
autrement dit de contrôle du déplacement des indésirables
ces regroupements menacent la démocratie, comme à
chaque fois que l'exceptionnel devient la règle [1].
Quelques caractéristiques, rarement toutes réunies
en un seul lieu, servent d'indices pour tenter de recenser les différents
types de « camps d'étrangers » que l'Europe sème
sur son sol ou à ses frontières : l'absence de délit
à l'origine de la mise à l'écart, si ce n'est
le fait de se déplacer « indûment », c'est-à-dire
d'avoir franchi ou tenté de franchir une frontière
sans respecter les règles imposées par les Etats ;
l'indétermination juridique, lorsque la décision de
placement, les modalités du maintien, les garanties procé-durales
ne sont pas encadrées juridiquement ; corrélée
à cette indétermination juridique, l'indétermination
temporelle, lorsque les personnes ne connaissent pas la durée
prévue pour leur maintien ; la dépersonnalisation,
quand les détenus, pour des raisons pratiques (difficultés
de prononciation et de rédaction des patronymes, trop grand
nombre de maintenus...) ne sont plus désignés par
leurs noms mais par des numéros, voire par des marquages
sur la peau [2], ou lorsqu'ils ne sont identifiés qu'en fonction
d'un groupe d'appartenance, (la nationalité, la langue, la
classe d'âge...) ; les violences physiques, entre les gestionnaires/gardiens/policiers
[3] et les détenus, ou entre les détenus eux-mêmes
; les violences morales, avec des brimades ou des humiliations par
exemple les appels individuels ou collectifs lancés par haut-parleur,
de jour comme de nuit, la privation de nourriture, la confiscation
de biens personnels indispensables, la promiscuité imposée
entre hommes et femmes, les injures racistes...
Autant de circonstances qui permettent de cerner une réalité
toujours plus complexe, dont le point commun est la violation régulière
et fonctionnelle, sinon délibérée, des droits
fondamentaux que les Etats prétendent pourtant défendre.
La première image qu'évoque le terme de « camp
», c'est celle d'un lieu fermé, géographiquement
identifié, et dévolu au placement d'étrangers.
Cela va de la prison, comme en Allemagne et au Royaume-Uni, aux
insulaires centres de rétention grecs improvisés dans
des bâtiments de fortune au gré des naufrages et des
arraisonnements d'embarcations convoyant des migrants dans l'Adriatique,
des Centri di permanenza temporanea e assistenza italiens aux «
zones d'attente » françaises, des centres fermés
pour demandeurs d'asile en Belgique aux camps-tampons entre l'Union
européenne et les régions d'origine des migrants qu'on
trouve au Maroc, en Algérie, en Ukraine, ou encore à
Malte.
Mais s'en tenir à cette définition du camp aurait
pour effet d'occulter une large part de la réalité.
Sur la base des critères qu'on a recensés, la diversité
des dispositifs administratifs et des contraintes technico-humanitaires
visant à regrouper des migrants invite, en écartant
les discours humanitaires euphémisants et en choisissant
d'accorder toute leur importance aux objectifs de l'UE en matière
de politique migratoire et de contrôle des frontières,
à dépasser la seule référence à
l'enfermement et à considérer comme des camps [4]
l'ensemble des lieux de mise à distance des étrangers.
La démarche implique de prendre en compte toutes les formes
que celle-ci peut prendre, y compris les centres « ouverts
» d'accueil, de transit ou d'hébergement dont la vocation
apparente apporter une assistance et un toit masque mal le fait
que leurs occupants, migrants et demandeurs d'asile, ne disposent
en général d'autre choix que de s'y retrouver. N'est-ce
pas le cas lorsque, s'inspirant des modèles allemands et
belges, le gouvernement français songe à subordonner
le versement d'une allocation de survie aux demandeurs d'asile et
l'instruction de leur requête à la condition qu'ils
acceptent d'être placés dans des centres d'accueil
non choisis ?
Sangatte, centre d'hébergement ouvert - ô combien,
puisque près de 100 000 personnes l'ont librement quitté
pour franchir la Manche - trouve bien sa place dans cette typologie
: le camp, autour et à l'intérieur duquel régnait,
sauf dans les semaines précédant sa fermeture, une
relative libre circulation, a fonctionné sans aucune base
légale pendant trois ans. Une des fonctions de Sangatte était
bien la mise à l'écart, pour les rendre invisibles,
de ces étrangers. Mise à l'écart physique,
mise à l'écart juridique aussi puisque aucun d'entre
eux, bien qu'ils soient tous, et notoirement, en situation irrégulière,
n'a été poursuivi sur ce fondement alors que la loi
le prévoit. C'est lorsque cette invisibilité est devenue
impossible, sous l'effet conjugué de la pression des Britanniques
et de l'intérêt des médias, que les pouvoirs
publics français ont décidé de mettre fin à
Sangatte.
Le raisonnement qui guide notre analyse des facteurs d'émergence
des lieux où l'Europe isole certains étrangers invite,
à la lumière de la période « post-Sangatte
», à une acception encore plus large de la notion de
camp. L'errance des exilés chassés du Pas-de-Calais
et dispersés pour éviter la création de nouveaux
abcès de fixation [5] ne symbolise-t-elle pas le caractère
multiforme que peut prendre le concept de mise à l'écart
des étrangers par les sociétés européennes,
sans qu'il soit besoin de barreaux ni de murs pour entraver leur
circulation et leur légitime recherche d'une terre d'accueil
? Ne peut-on assimiler à une informelle « assignation
à résidence » l'obligation, pour des étrangers,
de n'être pas à un endroit où ils sont considérés
comme gênants ?
Quels que soient leurs contours physiques, les camps d'étrangers
sont le dernier chaînon en date d'une tradition séculaire
de mise à l'écart des indésirables, figure
qui, depuis plus d'un siècle, a souvent pris les traits de
l'exilé. Mais ce ne sont pas seulement des hommes ou les
pratiques contestables des autorités que sont destinés
à cacher les camps. Ce que révèlent les barbelés,
réels ou virtuels, c'est l'échec de plusieurs décennies
de politique européenne de contrôle des frontières
qui, sans qu'aient jamais été remis en cause les présupposés
sur lesquels elle est fondée, est lancée dans une
course folle vers une répression toujours plus forte.
Les camps sont un des dispositifs destinés à masquer
l'impensé de cette politique, qui s'appuie sur des raisonnements
non seulement liberticides mais erronés. Le refus d'admettre
la liberté de circuler comme un droit fondamental et de reconnaître
que, dans un monde inégalitaire et déchiré
par les conflits, les motivations au départ seront toujours
supérieures aux freins à l'arrivée, conduit
l'ensemble des pays d'Europe dans une impasse dont les camps sont
la paradoxale issue.
Car, alors que le respect des règles démocratiques
et des droits fondamentaux des individus continue de sceller officiellement
le pacte politique de ces sociétés, la politique de
l'« Europe forteresse » conduit à les bafouer
quotidiennement. Les camps permettent de résoudre cette contradiction
et de développer des pratiques liberticides, voire extralégales,
loin du regard d'une opinion publique démocratique censée
ne pas pouvoir les admettre mais disposée à détourner
le regard. Les camps révèlent encore une autre aporie
: ces lieux de relégation contrôlée traduisent
la dialectique entre la nécessité de cacher et la
volonté de communiquer. Bien que l'impuissance des Etats
à atteindre leurs objectifs de régulation des flux
migratoires soit patente, ils s'emploient à la déguiser
et à donner l'apparence d'une action, en réalité
moins efficace qu'ostentatoire. Les camps participent de cette logique
de spectacularisation du politique et, sur les questions migratoires,
ils sont même en train d'en devenir un élément
fondamental. La pierre angulaire du dispositif étant le refoulement
des étrangers non admis au séjour [6], les camps,
parce qu'ils sont censés être le préalable àl'expulsion,
peuvent donner l'illusion que les pouvoirs publics atteignent leurs
objectifs.
Les camps sont surtout un support de communication idéal
pour les gouvernements, dans le sens où l'opacité
et l'absence de regard extérieur sur les réalités
internes de ces lieux de mise à l'écart leur permet
de construire un discours non soumis aux aléas de la contradiction.
Interdire l'entrée des camps aux militants et aux associations
constitue même une des activités principales de ceux
qui en assurent la gestion tout en s'employant à travestir
la réalité. Alors que les fonctions manifestes de
certains camps [les centres de rétention ont ainsi pour objectif
officiel de rendre en pratique possibles les décisions judiciaires
et administratives d'expulsion] sont parfois loin de donner satisfaction
[7], les fondements de ces dispositifs ne sont jamais remis en cause.
Il apparaît ainsi que les fonctions latentes du camp (objet
communicationnel pour gouvernement dépourvu de pensée
et d'action politique) sont bien plus importantes que leur fonction
officielle.
Toujours partie prenante d'une logique où les gouvernants
ne peuvent, ni ne veulent vraiment, atteindre les objectifs qu'ils
proclament, les camps n'ont pas pour véritable but d'empêcher
les projets et les trajectoires migratoires des candidats au séjour
en Europe mais plutôt de les freiner, voire de les réorienter.
L'immense majorité des migrants passés à un
moment ou à un autre dans un camp réussit, sinon toujours
à s'implanter durablement en Europe, du moins à contrecarrer
les projets (les refouler, les expulser...) des administrations
qui organisent leur rétention. L'influence du transit par
le camp porte ainsi moins sur la finalité que sur les modalités
des parcours. Les camps jouent alors le rôle de sas pour marquer
officiellement les conditions de domination et de négation
des droits qui seront la caractéristique principale de l'existence
de ces migrants en Europe.
La comparaison avec le sas (c'est par exemple ainsi qu'on peut
définir les zones d'attente françaises, ou encore
Ceuta et Melilla, ces enclaves espagnoles au Maroc ou viennent s'embouteiller
des migrants maghrébins et sub-sahariens) permet de relativement
bien cerner la fonction de ces camps. Ce sont des lieux d'organisation
du passage entre deux pays, un temps de latence où vont être
remodelés les désirs, les attentes, les dispositions
des candidats au séjour. Il s'agit aussi d'un moment privilégié
de socialisation aux pratiques policières et administratives
autour desquelles devra s'organiser la vie des migrants.
Le fait qu'il est impossible de prouver que les zones d'attente
découragent les supposés « faux demandeurs d'asile
», ou que les centres de rétention n'améliorent
pas sensiblement l'effectivité des décisions de reconduite
à la frontière, ne doit pas conduire à conclure
que ces dispositifs sont inutiles. Ils remplissent une fonction
latente non négligeable : celle de préparer leurs
occupants à la vie de clandestin. Pour la plupart des individus
retenus, le camp est ainsi le lieu de passage d'une existence administrative
reconnue, une « existence de papier » à une existence
de « sans-papiers ».
Des destins de « sans-papiers »
La condition de sans-papiers est avant tout marquée par la
négation des droits fondamentaux. L'énergie mise à
entraver l'accès des migrants à l'information juridique
la plus élémentaire révèle l'intention
de les nier comme individus porteurs de droits. L'analyse des situations
vécues dans certains camps de réfugiés en Afrique
[8] où se multiplient exactions et abus à l'encontre
des réfugiés [9] les plus démunis illustre
bien, même si les situations sont différentes, l'entreprise
quasi systématique de déshumanisation des migrants
que constitue le passage forcé par le camp.
Certes, elle ne s'appuie pas prioritairement sur l'utilisation
de la violence et ne vise pas toujours à l'élimination
physique des personnes [10]. Ce sont souvent des logiques administratives
de négation de l'identité et des droits qui sont à
l'oeuvre, dans le but de rappeler aux candidats à l'exil
leur destin de sans-papiers soumis aux aléas et au caractère
arbitraire des décisions de la police, de l'administration,
de l'employeurŠ Dénoncer l'Europe des camps L'existence
avérée d'une Europe des camps et le déni des
droits fondamentaux des étrangers ne doit pas conduire à
penser que l'histoire se répète, non plus qu'à
surestimer la puissance des pouvoirs administratifs et politiques
à l'origine de cette entreprise protéiforme d'enfermement.
Plus que de la résurgence d'un pouvoir politique autoritaire,
les camps sont le symptôme de l'impuissance des Etats à
réguler les flux migratoires et de leur soumission à
la logique de la politique spectacle et communi-cationnelle. En
ce sens, la dénonciation de l'Europe des camps est un combat
qu'il faut mener non seulement sur le terrain de la défense
des droits mais aussi sur le terrain du discours, avec ses images
et son vocabulaire.
Lutter contre l'euphémisation et faire connaître la
réalité des camps d'étrangers en Europe, c'est
se donner le pouvoir de faire évoluer des systèmes
qui ne pourront plus se cacher derrière le rideau de fumée
du devoir humanitaire, notamment invoqué lors de l'ouverture
du camp de Sangatte ou de l'introduction de la Croix-Rouge française
dans la zone d'attente de Roissy-Charles de Gaulle [11]. Il faut
imposer la pluralité des discours sur une réalité
dont les représentations sont pour l'instant dictées
par ceux-là seuls qui ont pensé et mis en place ces
lieux d'enfermement. C'est aussi une façon de réinscrire
les politiques migratoires, dont les camps font partie intégrante,
dans le cadre d'un débat démocratique et raisonné
auquel, pour l'instant, elles échappent.
Notes
[1] Giorgio Agamben, L'Etat d'exception, Paris, Seuil, 2003.
[2] Au début des années 90, la police de l'air et
des frontières avait « tatoué » à
l'encre indélébile un groupe de Chinois maintenus
à la zone d'attente de Roissy-Charles de Gaulle, alléguant
que ces étrangers cherchaient à échapper aux
poursuites en échangeant volontairement leurs identités.
[3] ANAFE, violences policières en zones d'attente, mars
2003 (format PDF, 324 Ko)
[4] La définition du camp qu'on trouve dans Le petit Robert
ne fait d'ailleurs pas référence à l'enfermement
: « Zone d'habitations sommaires édifiées pour
une population qui fait l'objet d'une ségrégation
». [5] Voir dans ce numéro, l'article p. 33.
[6] C'est notamment une affirmation récurrente de Nicolas
Sarkozy pour qui la crédibilité d'une politique d'immigration
se joue avant tout sur la possibilité de refouler les non-admis.
Au niveau européen, cet impératif d'augmentation des
reconduites à la frontière est aussi une obsession
(cf. négociations d'accords de réadmission avec les
pays tiers, proposition de décision sur les charters...).
[7] Les taux effectifs de reconduite sont faibles (moins de 20
% selon le ministère de l'intérieur) et n'augmentent
pas avec l'allongement de la durée de rétention. L'immense
majorité des expulsions a en effet lieu pendant les six premiers
jours de rétention (Source : CIMADE, La Cimade contre l'allongement
de la durée de la rétention administrative, format
PDF, 222 Ko).
[8] Michel Agier, Aux bords du monde, les réfugiés,
Flammarion, 2002.
[9] Suite au scandale causé par la dénonciation des
abus sexuels commis par des salariés d'associations humanitaires
dans les camps de réfugiés de Tanzanie notamment,
le HCR dans ses nouveaux Principes directeurs pour la prévention
et l'intervention, présenté ce 19 septembre, accorde
ainsi une grande place à la prévention de la violence
sexuelle contre les réfugiés.
[10] Même si, en décembre 2002 et janvier 2003, deux
étrangers sont morts à Roissy au cours de tentatives
d'expulsions forcées, qu'en Italie le ministre Bossi n'a
pas hésité à affirmer qu'il fallait faire couler
les bateaux transportant des candidats à l'immigration illégale
(v. notamment , « L'application de la loi Bossi au canon »,
l'Humanité, 17 juin 2003), et que le réseau UNITED
évalue à quatre mille le nombre de personnes ayant
trouvé la mort depuis dix ans en essayant de traverser les
frontières menant vers l'Europe.
[11] Depuis le 6 octobre 2003.
Claire Rodier & Emmanuel Blanchard
Juriste, permanente au Gisti ; Enseignant en sciences économiques
et sociales [ texte tiré de Plein droit n° 58 décembre
2003, la revue du GISTI, qui comporte un dossier très intéressant
intitulé «Des camps pour étrangers» (www.gisti.org
) ]
********************
Agence de Presse A-Infos
http://www.ainfos.ca Vous voulez reproduire ce message? Pas de problème,
veuillez s'implement inclure cette section.
_____________________________________________
ZPAJOL liste sur les mouvements de sans papiers archives : <http://news.gmane.org/gmane.politics.activism.zpajol>
|