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Cultures et Conflits n°57, avril 2005
L'Europe des camps :
la mise à l'écart des étrangers (2)
Résumé :
Les pays de l'Union Européenne, comme les autres pays occidentaux,
développent une culture politique de séparation et
d'opposition entre ceux qui peuvent circuler librement de par le
monde et ceux pour qui cela est interdit. Ce mur symbolique a pris
notamment la forme d'un commun titre européen de division
du monde et de rejet : le visa Schengen (Cultures & Conflits,
n°49 et 50). La volonté de mise à distance des
étrangers autres que ceux utiles à l'économie
s'exacerbe aujourd'hui avec les politiques de répression
et d'enfermement des exilés : c'est l'Europe des camps. Il
ne s'agit ni seulement des « camps de réfugiés
» qui apparaissent près des zones de conflits ou de
catastrophes ni des « camps de concentration » que l'Europe
connut durant la seconde guerre mondiale. Il s'agit de la multitude
des lieux d'enfermement et de regroupement forcé des exilés
qui se tournent vers l'Europe pour y trouver refuge, qu'ils soient
demandeurs d'asile, réfugiés, sans-papiers ou en transit
dans les pays voisins. La prolifération de ces camps d'exilés
donne à la carte européenne une figure marquée
par l'histoire actuelle de la phobie des exilés. Cette figure
révèle une transformation profonde des cultures européennes
et signale les implications de ce tournant aux marches de l'Europe
: des voisins subordonnés et réduits à la fonction
répressive de gardien des frontières.
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Sommaire : - « Introduction » , Jérôme
VALLUY (Univ. Paris 1, France),
- « La nouvelle Europe politique des camps d'exilés
: genèse d'une source élitaire de phobie et de répression
des étrangers », Jérôme VALLUY (Univ.
Paris 1, France),
- « La diversité des camps d'étrangers en Europe
: présentation de la carte de Migreurop », Caroline
INTRAND (CIMADE, France), Pierre Arnaud PERROUTY (MRAX, Belgique)
:
- « Clandestins au secret. Contrôle et circulation
de l'information dans les centres de rétention administrative
français », Nicolas FISCHER (Science Po, CEVIPOF, France)
- « Enfermement des étrangers : l'Europe sous la menace
du syndrome maltais », Claire RODIER (GISTI, France), Catherine
TEULE (LDH, France)
- « Expansion et sous-traitance des logiques d'enfermement
de l'Union Européenne : l'exemple du Maroc », Abdelkrim
BELGUENDOUZ (Univ.Mohammed V-Agdal, Rabat ,Maroc)
- « Le camps, révélateur d'une politique inquiétante
de l'étranger », Mathieu BIETLOT (Univ. Libre de Bruxelles,
Belgique)
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Présentation et mise en discussion :
le mercredi 20 avril 2005 de 9 h à 17 h ,
Université Panthéon-Sorbonne (Paris 1)
12 place du Panthéon, Paris 5e - Salle n°1
Entrée libre dans la limite des places disponibles
Programme de la journée : <http://terra.rezo.net/article285.html>
Introduction :
L'Europe des années 1930 nous a appris à quel point
des cultures politiques peuvent se transformer sans que les générations
concernées en aient la moindre conscience. Ce risque d'ignorance
s'aggrave probablement lorsque l'on croît, comme souvent aujourd'hui,
être immunisés mieux qu'autrefois contre les phénomènes
idéologiques et les dérives qu'ils entraînent.
A cet égard les sciences sociales endossent une responsabilité
particulière : celle de pouvoir aider à détecter
précocement de telles mutations et à les faire connaître.
Cette fonction de recherche et de formation des esprits implique
de comprendre les mouvements de société afin de bien
en évaluer l'ampleur.
Les logiques de stigmatisation, de mise à l'écart
et d'enfermement des migrants sont apparues graduellement dans les
paysages politiques occidentaux. Le phénomène est
encore peu étudié dans les sciences sociales mais
suffisamment déjà pour inciter deux revues à
réunir différents spécialistes du sujet. La
revue Cultures & Conflits Sociologie politique de l'international
et la revue Politix Revue des sciences sociales du politique
(n°1 / 2005 « Etrangers : la mise à l'écart
») entendent, par la publication simultanée et coordonnée
de numéros sur ce sujet, l'inscrire sur l'agenda scientifique
et dans l'espace public : comment analyser ce mouvement actuel de
stigmatisation, mise à l'écart et enfermement des
migrants ? Quelles informations, quelles connaissances sont disponibles
pour quels publics ?
Ceux deux numéros bénéficient de travaux,
études et recherches produits depuis le début de l'année
2003 par des réseaux associatifs et universitaires : le réseau
MIGREUROP
(<http://www.migreurop.org>http://www.migreurop.org) a organisé
le colloque sur « Les camps d'étrangers en Europe »
en juillet 2003 au Parlement européen et produit la carte
« Des camps d'étrangers en Europe et dans les pays
méditerranéens » publiée dans ce numéro
et dans celui de Politix. Le réseau T.E.R.R.A. (Travaux,
Etudes et Recherches sur les Réfugiés et l'Asile ;
<http://terra.rezo.net>http://terra.rezo.net) a organisée
la Rencontre sur les « Les camps d'étrangers en Europe
» à l'Université Paris 1 en septembre 2003,
a lancé en janvier 2004 un « Appel à manifestation
d'intérêt », repris ci-dessous, sur le thème
« Stigmatisation, mise à l'écart et enfermement
des nouveaux migrants dans les pays occidentaux et zones limitrophes
(demandeurs d'asile, réfugiés, déboutés
du droit d'asile, sans-papiers) » et, a co-organisé,
avec l'Université d'Evry, Paris 8 et le CNAM, le colloque
« Des zones d'attente aux camps : Sangatte… Lampedusa…
Guantanamo… » en juin 2004.
Cultures & Conflits , pour sa part, prolonge ainsi un travail
collectif amorcé il y a près de dix ans avec un numéro
23 « Circuler, enfermer, éloigner » consacré
aux zones d'attente et aux centres de rétention. Le numéro
26/27 « Contrôles : frontières-identités
» met l'accent sur les enjeux politiques et administratifs
relatifs à l'immigration et à l'asile. Le numéro
31/32 « Sécurité et immigration » apporte
l'éclairage d'une connaissance des logiques sécuritaires
qui traversent les deux numéros précédents.
Plus récemment, les numéros 49 « La mise à
l'écart des étrangers. Les logiques du visa Schengen
» et le numéro 50 « La mise à l'écart
des étrangers. Les effets du visa Schengen » faisaient
apparaître une logique concertée et assumée
tendant, à travers une politique commune de visa européen,
à scinder le monde en deux : d'un côté ceux
qui peuvent circuler librement et de l'autre ceux que ne le peuvent
pas.
A cette Europe d'un commun titre de rejet correspond aussi, telle
est notre hypothèse, la genèse d'une Europe des camps
d'exilés. Lorsque nous parlons de « camps d'exilés
» il ne s'agit pas seulement des « camps de réfugiés
» tels qu'on les connaît dans toutes les parties du
monde, y compris en Europe, à proximité des pays ou
des zones de conflits armés ou de catastrophes naturelles.
Il ne s'agit pas du tout des « camps de concentration »,
instruments de génocide, tels que l'Europe les connut durant
la seconde guerre mondiale. Il s'agit de l'ensemble des lieux d'enfermement
et de regroupement forcé des exilés qui se tournent
vers l'Europe pour y trouver refuge, qu'ils soient demandeurs d'asile,
réfugiés, sans-papiers (déboutés du
droit d'asile ou n'ayant pas demandé l'asile) ou simples
migrants de passage dans un pays voisin de l'Europe. Certains camps
sont fermés, quasi-carcéraux, d'autres sont ouverts
mais néanmoins contraignants voire incontournables. L'enfermement
relève aussi de « zones d'attentes », de «
centres de rétention », « d'hébergement
» (éventuellement forcé), parfois d'une prise
en charge humanitaire d'urgence. Certains lieux sont institutionnalisés
tandis que d'autres paraissent plus incertains, improvisés
à la hâte à l'occasion d'un afflux de migrants.
Le provisoire peut-être durable comme on le constate pour
bon nombre de camps de réfugiés dans le monde, mais,
il peut être aussi stratégiquement éphémère
pour éviter toute focalisation médiatique ou mobilisatrice.
Ces sites peuvent être définis juridiquement ou relever
de « régimes » d'exception ; refléter
une banalisation politique et technocratique de la mise à
l'écart des migrants ou bien une extension des « zones
grises » de non droit à l'intérieur même
des Etats de droit. Les camps varient aussi au regard des conditions
de vie et de respect des droits humains : on va des formes d'hôtellerie
imposée voire quasi-carcérale… à des
camps déjà indignes de l'humanité même
si aucun amalgame ni rapprochement n'est acceptable avec des camps
évoquant un génocide quel qu'il soit. Comment désigner
ensemble ces lieux et ces camps sans dériver soit vers l'outrance
verbale de comparaisons illégitimes soit vers celle des euphémismes
qui fleurissent aujourd'hui dans les discours politiques et technocratiques
? Quelles en sont les caractéristiques sociales, économiques,
juridiques et en quoi permettent-elles de les comparer, de les réunir
conceptuellement mais aussi de les différencier ? Comment
vit-on dans ces lieux d'enfermement et camps de regroupement ? Comment
sont vécues ces situations par les personnes concernées
et quelles sont leurs réactions à ces situations ?
Pourquoi ces camps prolifèrent-ils aujourd'hui en Europe
et autour de l'Europe comme dans le reste de l'occident ?
Ce domaine de recherche est très vaste et le présent
numéro de Cultures & Conflits , loin de prétendre
en faire le tour, est consacré spécifiquement à
un aspect : la banalisation actuelle en Europe et par l'Europe d'une
logique politique de mise à l'écart des étrangers
au moyen des camps d'enfermement et de regroupement forcés
d'exilés. Hier comme aujourd'hui, la multiplication des lieux
d'enfermement et des espaces de regroupement semble être un
phénomène social global, de longue période,
international, reflétant des mutations profondes dans les
sociétés concernées, leurs cultures, leurs
institutions. Les pays occidentaux, notamment européens,
ont pu se croire prémunis contre ce genre d'évolution
par certaines tragédies du passé. Mais ces croyances
ne résistent pas à l'investigation historique sur
le devenir des lieux et dispositifs d'enfermement des étrangers
dans la seconde moitié du vingtième siècle.
D'où l'intérêt d'études pouvant éclairer
les conditions actuelles de multiplication des camps de migrants
au regard d'évolutions plus larges, dans la dernière
décennie, sur les systèmes politiques, les mouvements
d'opinions publiques, les mutations idéologiques notamment
des classes dirigeantes, les débats médiatiques…
dans les sociétés occidentales. Que dévoile
sur ces sociétés la banalisation des formes de mise
à l'écart, de regroupement et d'enfermement des migrants
? Comment se sont construits les représentations sociales
actuelles relatives aux nouveaux migrants et les stigmates dont
ils sont aujourd'hui porteurs (faux-réfugiés donc
tricheurs, parasites et envahisseurs, facteurs d'insécurité,
etc.) ? Comment passe-t-on dans les politiques publiques occidentales
de la stigmatisation à la criminalisation des nouveaux migrants
?
Etudier la multiplication des lieux d'enfermement en tant que phénomène
occidental et, plus étroitement, européen, n'implique
aucune restriction territoriale tant la portée du phénomène
excède évidemment ces cadres géographiques.
On le voit avec les politiques européennes dites «
d'externalisation de l'asile » : leur influence dépasse
les frontières des Etats qui les conduisent. En amenant les
Etats voisins puis, plus largement, les Etats « partenaires
» (notamment dans les programmes de coopération, aide
au développement et action humanitaire) à faire le
travail de rétention, d'enfermement et d'expulsion des migrants
en transit, s'opère une externalisation non plus de l'asile
mais de la répression et de l'enfermement des migrants. D'un
côté la carte des délivrances de visas démarque
la zone des individus pouvant circuler dans le monde entier de celle
des individus cantonnés aux pays non occidentaux ; de l'autre
côté celle des lieux d'enfermement et regroupement
des migrants gomme la frontière même de l'occident
qui sous-traite et transfert ces activités dans les pays
tiers. Par suite, le phénomène commence à apparaître
comme problème public dans certains pays d'origine ou de
transit des migrants. Des mobilisations sociales se font jour contre
l'influence occidentale et parfois simultanément contre la
soumission volontaire des autorités nationales ou locales
à cette influence. Cette inscription des pays d'origine ou
de transit dans le champ de recherche se justifie aussi par la proportion
considérable de réfugiés, migrants forcés
et autres déplacés accueillis par les pays non occidentaux.
On peut donc s'interroger sur l'incidence des enjeux migratoires
dans les relations entre les pays occidentaux et les autres pays.
S'agit-il d'un nouveau « rideau de fer » qui tombe avec
son chapelet de conflits locaux et de morts aux frontières
de l'occident ? Que produisent les mobilisations liées à
ce clivage international, qu'elles soient gouvernementales, militaro-policières
ou sociales et politiques, sur les sociétés concernées
?
Les contributions réunies dans ce numéro ne prétendent
évidemment pas répondre à toutes les questions
mais explorent quelques dimensions essentielles de ce vaste sujet
:
• L'Europe politique se présente sous un jour particulier
lorsque l'on considère les efforts actuels pour multiplier
en son sein et chez ses voisins les dispositifs de regroupement
forcé et d'enfermement des exilés (demandeurs d'asile,
réfugiés, sans-papiers, clandestins…). La nouveauté
réside moins dans l'existence de ces dispositifs que dans
la facilité avec laquelle ils sont affichés comme
instruments ou finalité de politiques publiques. Ceci révèle
une transformation profonde des cultures européennes et de
la gouvernance à l'égard des exilés, autrefois
victimes à aider, aujourd'hui coupables menaçants.
Or cette convergence européenne, souvent imputée aux
opinions publiques passe par trois processus dont on peut montrer
l'origine élitaire : la spirale du rejet des demandes d'asile,
le tournant national-sécuritaire à l'égard
des étrangers et l'harmonisation européenne de la
lutte contre l'immigration sous couvert de « Justice, Liberté
et Sécurité » (JLS). Les cultures politiques
européennes se transforment ainsi sous l'effet de la montée
en puissance d'une xénophobie de gouvernement. (J. Valluy)
• Les camps d'enfermement d'étrangers, qui constituent
la partie la plus visible du processus, se multiplient ainsi dans
tous les Etats membres et autour de l'Europe sous des formes diverses
et variées. Les premières démarches indépendantes
de recensement et de classement de ces camps ont récemment
vue le jour. Elle font apparaître un phénomène
d'ensemble à l'échelle du continent européen
et de la zone euro-méditerranéenne. Et si les formes
de regroupement forcé et d'enfermement sont très hétérogènes,
ces espaces se ressemblent par leur caractère déshumanisant
pour les migrants et la multiplication des violations de droits
fondamentaux. Etroitement liés à d'autres politiques
de maintien à l'écart des étrangers (politique
des visas, politiques des charters, politiques de « l'asile
»…) les camps sont supposés servir à l'endiguement
de l'Europe avec néanmoins une efficacité faible pour
un coût élevé, de telle sorte que la raison
de leur existence semble se situer dans l'ordre symbolique. L'actualité
la plus récente est celle de l'externalisation des camps
(C. Intrant, P.A. Perrouty).
• Parmi les espaces d'internement destinés aux étrangers
qui se multiplient aujourd'hui en Europe, les centres de rétention
administrative présentent la particularité de se trouver
directement au contact des sociétés européennes,
mais aussi de leurs espaces publics. Ces centres s'insèrent
dans des dispositifs plus vastes de détection des étrangers
présents irrégulièrement sur le territoire
des Etats Schengen. Ils doivent à ce titre permettre de prélever
sur les exilés une information favorisant leur éloignement
du territoire ou tout au moins leur « traçabilité
». L'exemple d'un centre de rétention français,
permet d'analyser la manière dont s'organise concrètement
ce prélèvement de l'information, mais également
de voir comment cette organisation est relativisée voire
déjouée par la possibilité de contacts non
formalisés et non maîtrisés des étrangers
retenus avec l'espace public dont ils ont été retranchés,
notamment à travers le rôle d'une association, la Cimade,
disposant d'un quasi-monopole d'accès associatif aux centres
de rétention administrative en France. (N. Fischer).
• Un autre type de camps apparaît en République
de Malte (400 000 habitants). Située à mi-chemin entre
le continent européen et l'Afrique, elle est depuis toujours
à la croisée des circuits migratoires qui traversent
la zone méditerranéenne. Face aux embarcations de
fortune qui échouent par choix ou par hasard sur les plages
maltaises les autorités mettent en œuvre une politique
systématique d'enfermement des étrangers. Malte, en
rejoignant l'Union Européenne, y fait entrer ainsi un des
résultats possibles des politiques européennes : l'enfermement
généralisé des migrants, sans distinction de
statuts ou situations individuelles, dans cinq camps fermés
et gérés selon un modèle très bureaucratique.
Les conditions matérielles de détention, dans des
locaux inadaptés, ne répondent pas aux standards minimum
en matière d'hygiène et de respect de la vie privée.
Les détenus qui sollicitent l'asile sont soumis à
un régime incompatible avec les normes internationales. Malte
offre aujourd'hui un exemple de société européenne
vivant au milieu des camps et s'habituant à cette situation.
(C. Rodier, C. Teule).
• L'évolution politique de l'Europe, notamment celle
qui traverse les politiques anti-migratoires des Etats européens
ainsi que les politiques dites de « justice, liberté
et sécurité » conduites par l'Union Européenne
pèsent de plus en plus lourdement sur les pays du maghreb.
L'Europe impose à ses voisins, par voie de coopérations
asymétriques et de partenariats dominés, la sous-traitance
des tâches de traque, dissuasion et éloignement des
migrants. Les relations euro-méditerranéennes se trouvent
ainsi orientées de plus en plus exclusivement par cette lutte
contre l'immigration. Avec aussi un intérêt financier
à collaborer, le Maroc, comme d'autres pays limitrophes,
devient un terrain d'expérimentation avancée des logiques
de répression et d'enfermement de ceux qui s'exilent vers
l'Europe. A travers ce processus d'influence l'Europe diffuse ses
propres logiques sécuritaires et anti-migratoires dans les
politiques publiques et plus largement dans la vie politique de
ses voisins dont elle affecte l'agenda politique ainsi que les modalités
d'action publique. (A. Belguendouz).
Contrairement à la banalisation dont ils font l'objet dans
les discours officiels et bien qu'ils ne soient pas comparables
aux camps de déportation et d'extermination propres aux régimes
totalitaires, les centres de regroupement forcé et d'enfermement
des exilés sont à proprement parler des camps, c'est
à dire des lieux de maintien sous contrôle d'humains
indésirables. A côté voire à l'encontre
de leurs fonctions officielles (limiter les flux migratoires et
organiser le rapatriement des étrangers non admis), ces camps
répondent à des finalités multiples, symboliques,
politiques et économiques : cantonner l'étranger dans
l'image et le rôle que lui réservent nos sociétés.
Il s'agit d'utiliser la précarité de l'immigration
irrégulière pour renforcer les appareils répressifs,
la dérégulation du rapport salarial et la flexibilité
du travail. La fonction réelle et symbolique des camps s'inscrit
ainsi dans un schéma plus global de société
: le néolibéralisme sécuritaire. La société
disciplinaire décrite par Foucault semble s'adapter par là
au contexte de la mondialisation et de la production post-fordiste.
(M. Bietlot)
Jérôme VALLUY (mars 2005)
Université Panthéon-Sorbonne (Paris 1) - Centre de
Recherches Politiques de la Sorbonne (Paris 1 / CNRS) TERRA
(Travaux, Etudes et Recherches sur les Réfugiés et
l'Asile : <http://terra.rezo.net>
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