Un exemple de déconstruction des méthodes utilisées
pour nous induire en erreur, ou nous faire croire de belles choses.
La promesse encore et toujours !!!!
L'UTILISATEUR, CET INCONNU
L'art et la manière de jouer du pipeau
Etienne Oehmichen, L'Ordinateur Individuel, le 12/06/2002 à
07h00
Parler de processeur 128 bits ou d'un lecteur de CD 40x, ça
fait sérieux. Même si ça ne veut rien dire.
Dans la pratique du marketing, l'habitude de jouer du pipeau, autrement
dit de gonfler les performances des produits vendus, est un usage courant.
Mais cette pratique atteint des sommets avec la micro-informatique.
Ainsi, les constructeurs de processeurs évoquent allègrement
leurs puces 64 ou 128 bits, sans que l'on sache vraiment à quoi
correspondent ces valeurs.
S'agit-il du bus d'adresses ? Du bus de données ? Du bus de
contrôle... ? (A ce titre, je vous invite à relire la chronique
de mon confrère Anicet Mbida, de 01 Informatique , qui se pose
bien des questions sur l'utilité d'afficher ce type de caractéristiques)
.
Mais ces composants ne sont pas les seuls concernés par cette
course aux chiffres records : l'utilisateur qui achète un graveur
de CD estampillé 4x/12x/40x est en droit d'attendre une vitesse
de gravure de 4x, soit 600 Ko/s. Or, l'expérience prouve que
ces chiffres sont très rarement atteints dans la réalité.
Pour celui qui doit graver plusieurs dizaines de CD par jour, la perte
de temps est considérable.
De la même façon, les imprimantes dont la fiche technique
annonce une vitesse de 8 pages par minute ne fonctionnent effectivement
à cette vitesse que si vous vous contentez d'imprimer un point
noir sur chaque page. Vous imprimez des photos ? Armez-vous de patience,
car il vous faudra diviser cette vitesse par un facteur d'au moins 20,
un petit détail que la documentation oublie de préciser.
Quant à votre modem censé fonctionner à 56 000
bits par seconde, il est exceptionnel qu'il atteigne vraiment cette
valeur (il est vrai que, dans ce cas, il faut accuser l'étroitesse
des " tuyaux ").
Je terminerai par les disques durs. Lorsque le constructeur vous annonce
un disque de 20 Go (par exemple, le Presario 700, de Compaq), vous n'y
trouvez en fait que 18,63 Go (1 Go vaut en effet précisément
1 073 741 824 octets). Cela représente plus de 7 % de différence.
Certes, toutes ces petites tromperies, prises individuellement, sont
anodines et ne méritent pas franchement la qualification de publicité
mensongère (sauf peut-être celle sur la capacité
des disques durs...). Il n'en reste pas moins que ces mini-arnaques,
une fois accumulées, conduisent l'acheteur moyen à payer
un produit dont il ne reçoit pas le bénéfice promis.
Pas étonnant, alors, qu'il se montre de plus en plus méfiant
quant aux promesses des constructeurs.
Etienne Oehmichen
Chef de service à L'Ordinateur Individuel
La page origine : http://www.01net.com/article/186486.html