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Du crime d’être "Noir" Bassidiki COULIBALY
Homnisphères, 2006

Origine : http://inter.culturel.free.fr/www/spip.php?article8

A la question « peut-on vivre sans identité et sans passé ? » bien des gens se gaussent pendant que d’autres restent sans voix. Il est vrai qu’au premier abord, la question peut surprendre et même déstabiliser car, si les historiens nous martèlent qu’il est impossible de vivre sans passé, les magistrats nous intiment de décliner notre identité, pendant que la société nous inculque qu’elle-même n’est qu’une forêt dense dont chaque arbre généalogique comporte plusieurs individus en guise de branches. Tout cela est conforme à une certaine réalité qu’on ne saurait confondre avec la réalité.

L’inconnu est la réalité de toute rencontre. A priori, on ne peut que se faire des idées (préjugés, jugements, etc.) sur l’autre, l’identité, le passé et la personnalité n’étant éventuellement connus qu’a posteriori. A chaque rencontre, le courant passe ou ne passe pas et on a que faire des questions d’identité, de passé, de personnalité. Bien qu’il y ait autant de cas de figures que de rencontres, il n’est ici question que des deux cas classiques : le cas où le courant passe et le cas où le courant ne passe pas.

Le coup de foudre est le paradigme du meilleur des cas. Les individus qui sont frappés en plein cœur par la flèche de Cupidon n’ont pas de temps à perdre dans des questionnements sur l’identité, le passé, l’arbre généalogique et la personnalité de l’être aimé. Quand on rayonne d’amour, l’être auquel on a affaire est entièrement accepté dans la plus totale ignorance du qui, du pourquoi et du comment, avec vertus apparentes et vices cachés. C’est ce que nous montre avec beauté et maestria le cinéaste Finlandais Aki Kaurismäki (1) dans L’homme sans passé ; il nous montre aussi qu’il est possible (mais pas facile) de vivre sans identité et sans passé, à l’échelle individuelle, ce qui relativise de façon indiscutable le propos d’Elie Wiesel selon lequel « Vivre sans passé est pire que vivre sans avenir ». Il est vrai que l’acteur Markku Peltola alias « l’homme sans passé », tabassé à mort sans raison apparente par trois malfrats, réussit à vivre amnésique (sans identité et sans passé) grâce à la main tendue de Kati Outinen, alias la bénévole de l’Armée du Salut auprès de laquelle il trouve l’amour. L’amour est plus fort que tout, c’est connu. Mais que se passe-t-il dans le cas où le courant ne passe pas ? Que se passe-t-il dans le pire des cas, le pire étant l’existence de ceux qui sont stigmatisés comme étant « Noirs » ? En d’autres termes, lorsqu’on est « Noir », a-t-on droit à un passé autre que celui du « non-Noir » (qu’il soit Arabo-Berbère ou Blanc) ? De quelle identité peut-on se prévaloir lorsqu’on est « Noir » et que l’on s’appelle Toussaint Louverture, Ahmad Baba, Béhanzin, Malcolm X, Elijah Muhammad, Aimé Césaire, Cheikh Anta Diop, Edson Arantes do Nascimiento alias Pelé ? Ceux qu’on appelle encore de nos jours « hommes de couleur », « Nègres », « Noirs », « Black », ont-ils droit à une reconnaissance autre que celle héritée, visible, condensée et figée dans la marque somatique ?

A une époque où certains façonnent à loisir leurs corps par ce que le sociologue David Le Breton a appelé Signes d’identités. Tatouages, piercing et marques corporelles (2002), d’autres remuent terre et ciel pour se procurer des agents corrosifs afin de se dépigmenter la peau. Le Négro-Américain (désormais gris) Michael Jackson est la tête de gondole de ces « Noirs » qui ne veulent plus être « noirs » ou du moins, qui veulent être moins « noirs ». L’affaire paraît anecdotique, mais en réalité elle est révélatrice de la situation dramatique, trouble et complexe des « Noirs ».

Des « Noirs », on en trouve sous tous les cieux, dans tous les pays, de toutes les religions, à tous les niveaux des hiérarchies sociales. Mais peut-on dire « les Noirs » comme s’il s’agissait d’une espèce à part, comme s’il s’agissait d’un conglomérat d’individus tous pareils ? D’ailleurs, qu’est-ce qu’un « Noir » ? Qu’est-ce qu’être « Noir » ? Qui sont « les Noirs » ? « Les Noirs » font-ils partie de l’humanité ? A toutes ces questions que l’on se pose encore de nos jours sur « les Noirs », certains se satisfont des réponses héritées d’Hérodote et de sa lignée plus que bimillénaire : Louis XIV, Jean-Baptiste Colbert, John Locke, David Hume, François Marie Arouet Voltaire, Jean-Jacques Rousseau, Charles de Secondat Montesquieu, Napoléon Bonaparte, Emmanuel Kant, Georg Wilheim Friedrich Hegel, Adolf Hitler, Samuel Phillips Huntington, Olivier Pétré-Grenouilleau et beaucoup d’autres. Pour Hérodote et sa lignée, « les Noirs » sont des êtres à part dont l’humanité est fort douteuse, donc des êtres sans identité, sans passé, sans civilisation ; l’affaire est entendue une fois pour toute. Dans le même temps, d’autres ont élaboré des réponses qui sont aux antipodes de celles d’Hérodote et ses zélateurs : Etienne Félix Berlioux, Lucien Peytraud, Arturo Labriola, William B. Cohen, Antoine Gisler, Jean-Paul Sartre, Jacques Heers, Serge Daget, Carminella Biondi, Louis Sala-Molins, Martin Bernal entre autres et beaucoup d’anonymes. Et les premiers intéressés, « les Noirs », que pensent-ils de tout cela et que pensent-ils d’eux-mêmes ?

De la période pré-islamique à nos jours, « les Noirs » (appellation impropre qu’il faut considérer comme entre guillemets) eux-mêmes se sont posés des questions et se posent toujours des questions sur leurs identités, leurs passés, leurs places dans l’humanité : Ahmad Baba, Ottobah Cugoano, William E. B. DuBois, Marcus Garvey, Sylvère Alcandre, Frantz Fanon, Félix Moumié, Fela Anikulapo Kuti, Norbert Zongo, Edouard Glissant, Dieudonné Mbala Mbala... Il est de la plus haute importance d’écrire les mots « identités » et « passés » au pluriel lorsqu’on parle des « Noirs » : la singularité de chaque individu, la spécificité de chaque communauté humaine, l’inédit de chaque situation historique à travers le temps et l’espace interdisent l’usage du singulier, ce que Fanon n’a cessé de souligner dans ses écrits. Tous ceux qui ont enfreint cette interdiction de bon sens pour s’adonner à l’arbitraire de la généralité se sont englués dans le piège sinistre et nauséabond du racisme et de la haine, tel Marcus Mosiah Garvey qui fit du Ku Klux Klan son partenaire idéologique. Que l’on soit « Noir », « Blanc » ou autre, il faut (impératif et nécessité) absolument prendre en compte le crime contre l’humanité dont « les Noirs » ont été victimes pendant douze siècles, et non quatre comme on a pris l’habitude de le croire et de l’enseigner, si on souhaite vraiment répondre sérieusement aux questions ayant trait aux « Noirs ». Pour amorcer un début de clarification, il n’est pas de trop de revenir au film d’Aki Kaurismäki.

En effet, dans L’homme sans passé, il s’agit d’un ouvrier qui débarque à Helsinki, à la recherche d’un job. Les trois malfrats qui l’ont massacré pour le fun l’ont laissé inconscient et c’est par miracle qu’il s’est retrouvé en vie, mais sans aucun souvenir de son identité et de sa vie antérieure. Sans identité et sans passé, il redécouvre tout de même la joie de vivre grâce à « l’amour du prochain » dont il a bénéficié ; happy end ! Alors, pourquoi « les Noirs » ne feraient-ils pas comme « l’homme sans passé », eux qui sont les miraculés non pas d’un tabassage à mort, mais d’un génocide, du « génocide utilitariste le plus glacé de la modernité » (Sala-Molins), et d’un déni d’humanité qui persiste jusqu’à aujourd’hui ?

Pour répondre à cette question, il faut partir du fait historique primordial que tous « les Noirs » ont pour patrie anthropologique l’Afrique, continent qui est aussi, d’après les paléontologues, la patrie originelle de l’être humain. Du VIIe au XIXe siècle, le continent africain tout entier fut assiégé de l’intérieur et de l’extérieur, et « les Noirs » pris dans les feux croisés des « génocideurs » islamo-chrétiens. Les commerçants-missionnaires de l’islam sont les premiers « génocideurs » à s’inviter et à s’imposer en Afrique Noire, « l’hospitalité africaine » aidant. Le crime contre l’humanité est légitimé et légalisé par la religion musulmane et au nom du Coran : les barons de la chasse aux « Nègres », de l’esclavage et de la traite négrière sont alors exclusivement musulmans, qu’ils soient Arabo-Berbères ou « Noirs ». Avec l’arrivée des « génocideurs » chrétiens d’Occident à partir du XVIe siècle, le commerce du « bois d’ébène » se mondialise et en 1670, Colbert, ministre Français de Louis XIV et auteur du Code noir, peut écrire au premier président du Parlement de Rennes « qu’il n’y a aucun commerce dans le monde qui produisît tant d’avantages » (2) que celui des Nègres. A l’instar des « génocideurs » musulmans, les « génocideurs » chrétiens légitiment et légalisent leur crime par la Bible : ici, l’élite occidentale (religieuse, politique, juridique, guerrière, philosophique, littéraire, commerçante, etc.) a toujours prêté main-forte à ce crime contre l’humanité et aux dénis d’humanité. Des exceptions existent cependant, et c’est grâce à ces dernières que nous pouvons faire la part entre les héritiers d’Hérodote et les autres. A ce jour, nous ne pouvons pas en dire autant des négriers orientaux et « Noirs », de leurs élites et de leurs opinions publiques : ils n’acceptent pas l’histoire (comme dirait Canetti), ils refusent d’assumer leurs responsabilités, ils gardent le silence avec toutes sortes d’armes. Dans un cas comme dans l’autre, les bourreaux musulmans et chrétiens ont invariablement le même argument « béton » pour justifier leurs crimes contre l’humanité : le « Noir » n’existe que pour l’esclavage et la servitude parce qu’il est « noir », parce qu’il n’est pas « blanc ». Nous sommes en 2005 et force est de constater que ceux qui continuent de voir le monde en « blanc » et « non-blanc », si ce n’est en « blanc » et « noir » sont légion, que ce soit au niveau de l’homme de la rue ou parmi les élites orientales et occidentales. Et pour cause !

Contrairement à Markku Peltola (héros de L’homme sans passé), les « peuples noirs » ont été victimes, coup sur coup, d’un génocide prémédité et très organisé, et de crimes coloniaux à l’échelle planétaire. Au déni d’humanité de l’esclavage et des traites négrières a succédé le déni d’humanité des colonisations : c’est la terreur blanche qui s’abat de plus belle sur « les Noirs » déportés massivement aux quatre vents. Acte 1, l’Afrique, la patrie originelle des « Noirs » est d’abord saignée à blanc pendant d’interminables siècles. Acte 2, l’Afrique est ravagée et dépecée par les « nations civilisées » à partir de 1885 (officiellement). Acte 3, en Afrique, aux Amériques, en Europe, en Océanie, dans les Caraïbes, « les Noirs » se retrouvent apatrides et, ne sachant pas à quel saint se vouer, se vouent à tous les saints de toutes les coteries. Disons qu’ils font avec les moyens du bord pour résister à la condamnation sans appel aux travaux forcés ad vitam aeternam et pour vivre avec le deuxième traumatisme auquel ils ont survécu. En Afrique et hors d’Afrique, plusieurs stratégies de lutte pour la survie furent inventées et appliquées avec plus ou moins de bonheur, tels les différents panafricanismes. Face aux dénis d’humanité que sont l’esclavage, les traites négrières et les colonisations, il y a toujours eu des « Noirs » qui ont dit non et qui se sont opposés avec énergie et fermeté à leurs bourreaux, quelle que soit leur couleur. Il y a toujours eu aussi des « Noirs » qui n’avaient d’autres ambitions que de faire du profit en toute circonstance. De telles attitudes sont propres à toute l’humanité, qui est faite de n’importe qui et de n’importe quoi : en tout lieu et de tout temps, les esclavagistes et les colonialistes n’ont jamais visé autre chose que le lucre, le maximum de profit avec la sueur, le sang et les cadavres des autres. De la sueur, du sang, et des cadavres, l’Afrique et les « peuples noirs » n’ont jamais cessé d’en fournir, de force et parfois de gré à l’humanité « blanche » et assimilée, tout en étant considérés comme des moins que rien. Ce n’est pas ce que racontent l’Histoire et les manuels scolaires : ils sont écrits par les « vainqueurs » que sont les nations musulmanes et chrétiennes. Que faire ?

Les réponses à cette question ne tomberont pas du Ciel : on ne peut pas dire que « les Noirs » ont reçu grand-chose de Lui depuis qu’ils ont été « découverts » par les autres, non pas les Chinois, mais les Arabo-Berbères et les Occidentaux. Ce ne sont pas non plus de ces derniers qu’il faut attendre des réponses autres que celles dogmatiques de leurs universalismes théologiques respectifs : Yahvé, Dieu, ou Allah sont l’alpha et l’oméga de toute réponse, les garants de tout, sans exception. Pourquoi ne pas poser la question aux Asiatiques, eux qui se sont gardés de mettre la planète à feu et à sang alors qu’ils en avaient les moyens bien avant tout le monde ? Sans doute répondraient-ils aux « Noirs » que les réponses à cette question se trouvent en eux-mêmes, et qu’ils les auraient trouvées s’ils étaient équilibrés et zen ! Voilà « les Noirs » renvoyés à eux-mêmes pour trouver des réponses à la question « Que faire ? ». Et ce n’est pas gagné d’avance !

Ce n’est pas gagné d’avance car « les Noirs » qui font quotidiennement la preuve qu’ils sont les serviles héritiers de leurs « ancêtres domestiqués » (Fanon, Peau noire, masques blancs) sont légion. Maintenus en esclavage pendant plusieurs siècles, des « Noirs » gardent consciemment et inconsciemment la mentalité d’esclave, la mentalité de sous-homme. Dressés à « la férocité blanche » (Plumelle-Uribe), certains « Noirs » sont devenus plus féroces que leurs maîtres « Blancs » ou « Arabes », pendant que par opportunisme ou par lâcheté, d’autres n’ont pour seul souci que de tirer leur épingle du jeu, individuellement. Et par tous les moyens : ils forment le gros du bataillon. Bien sûr, c’est en tant qu’individu que Markku Peltola a bénéficié de la main tendue de la bénévole de l’Armée du Salut, et nous sommes innombrables, nous « les Noirs », à devoir, à titre individuel, notre salut à des mains tendues, rarement noires ou basanées d’ailleurs : là n’est pas le problème. Il se trouve qu’au titre de communauté singulière ayant été victime d’un génocide, c’est la main tendue de la « communauté internationale » que les Juifs ont saisi au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Dans un registre similaire, les Japonais ont mis à profit le Plan Marshall pour se refaire une santé après avoir reçu deux bombes atomiques sur leurs têtes. Mais des « Noirs » en tant que communauté singulière, stigmatisée et victime d’ethnocide et de génocide, qu’en est-il ? Combien sont-ils, « les Noirs » qui ne jurent que par les livres sacrés (Coran, Bible) qui ont servi à légitimer et à légaliser le génocide et les dénis d’humanité dont ils ont été victimes ? Légion. Combien sont-ils, « les Noirs » qui n’ont d’autres fantasmes que ceux de leurs « anciens » maîtres ? Légion. Ils sont combien, les « Nègres gréco-latins » (Sartre) qui, domestiqués à l’école de leurs maîtres, ne savent qu’obéir au doigt et à l’œil et faire le beau, tel un cabot ? Légion. En bleu de travail, en boubou folklorique, en costume trois pièces, ou en redingote d’académicien, des « Noirs » de service ont toujours joué des coudes pour accéder à la chambre de bonne des « maîtres ».

Il y a plus de deux mille ans, Sima Qian (145-86 av. J.-C.) le premier historien chinois affirmait avec assurance que « Ceux qui n’oublient pas le passé sont maîtres de l’avenir ». Quand on sait avec quels soins de maniaques les « vainqueurs » écrivent l’Histoire, quand on sait avec quelle hargne de cerbères les « vainqueurs » contrôlent l’Histoire, quand on connaît l’outrancière partialité avec laquelle on enseigne l’Histoire aux enfants (les travaux de l’historien Marc Ferro sur ces points sont salutaires), on prend aisément la mesure de la détermination des « vainqueurs » à rester toujours les maîtres. Mais « les Noirs », ces « vaincus » de l’Histoire qui se plaignent d’être les mal-aimés de l’humanité, qui se lamentent d’être les grands perdants de l’Histoire, qui se désolent de n’avoir pas les moyens de se faire respecter, eux qui s’adonnent de génération en génération aux « mimétismes nauséabonds » (Fanon) de leurs maîtres orientaux et occidentaux, prendront-ils en compte un jour les sages paroles de Sima Qiang ?

L’ensemble des questions élaborées ci-dessus sont d’une actualité brûlante (surtout en France, et sans jeu de mots) et nécessitent des réponses mûries et urgentes, des réponses claires et pratiques. Les pages qui suivent ne sont ni un remède miracle, ni un programme politique, ni un recueil de leçons (de morale, d’histoire, de propagande...). Elles espèrent sortir des individus du conditionnement idéologique (qui est partout), réveiller des consciences individuelles de leur léthargie intellectuelle, amener tous les acteurs de l’Histoire humaine à regarder par deux fois les vérités officielles et à rendre à César ce qui est à César, aux « Noirs » ce qui est aux « Noirs ». L’Egypte des pharaons a eu son heure de gloire, la Chine ancienne a eu son heure de gloire, Athènes a eu son heure de gloire, tout comme Rome, Paris... Comme on le dit, la roue tourne, ce que l’économiste italien Arturo Labriola exprimait en ces termes : « La plus sûre loi de l’histoire, la plus constante, la seule invariable, est que nul peuple ne réussit à garder indéfiniment la suprématie (...). Une civilisation comme l’occidentale - dont toute la mentalité est conquête - est une organisation permanente de la guerre, d’où une double menace sur elle : ou par l’abandon de l’esprit de guerre ou par la généralisation de la guerre. Tout cela est possible, et tout cela est arrivé. (...) Aucun type de civilisation n’a posé autant de conditions d’un arrêt possible de son développement comme celui que nous pouvons appeler capitaliste, occidental ou anglo-saxon. Mais l’élément tragique de la situation est que, pour triompher, il a supprimé toutes les autres espèces de civilisation, dans tous les continents, civilisations qui maintenant ne sont plus qu’un souvenir archéologique. Ceci pourrait poser le problème d’une finale déchéance de l’humanité » (3).

A bon entendeur, salut !


Notes

(1) A. Kaurismäki, L’homme sans passé, 2002, Grand Prix du Jury, Prix d’interprétation féminine pour Kati Outinen, Festival de Cannes 2002.

(2) G. Guenin, L’épopée coloniale de la France racontée par les contemporains, Paris, Larose, 1932, p. 102.

(3) A. Labriola, Crépuscule de la civilisation. L’Occident et les peuples de couleur, Paris, Mignonet, 1932, pp. 17-18.