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La victoire du non et son ampleur montrent que la majorité
des gens font le lien entre leurs conditions de vie et la politique
néolibérale mise en oeuvre par les différents
partis gouvernementaux et la construction européenne. Ce
référendum montre un clivage de classe au sein de
la société, entre ceux ayant intérêt
à ce que le capitalisme continue son évolution ultra-libérale
et la majorité qui n'en peut plus de la précarité,
du chômage, du renforcement de l'exploitation de la force
de travail, de la misère, de la destruction des services
publiques... Si on le compare avec le scrutin du 21/04/02 (Le Pen
présent au deuxième tour), on peut émettre
l'hypothèse, par exemple dans la Région Nord/Pas de
Calais, que les voix ayant manqué à Jospin se retrouvent
globalement dans le non ce 29 mai.
L'ensemble des élites (politiques, médiatiques et
financières) traverse une crise de représentativité
d'une très grande ampleur. Chirac vient de nous en donner
la confirmation. Les nominations de Villepin et de Sarkosy au gouvernement
montrent qu'il n'a pas l'intention de changer de politique et qu'il
prépare l'outil répressif en cas de mouvements sociaux.
Le sécuritaire et la xénophobie seront les deux piliers
de l'hôte de Matignon.Personne ne croit plus au discours présidentiel
sur la lutte contre le chômage, voire sur la fracture sociale.
Depuis près de 30 ans, on ne cesse de nous seriner que le
chômage est un drame national. En fait de drame, les gouvernements
de droite et de gôche ont dérèglementé
l'exploitation de la force du travail au profit des capitalistes
: baisses des charges, subventions des embauches, réductions
des allocations chômage, allégement du code du travail
pour faciliter les licenciements, flexibilité, annualisation
du temps de travail, recul de l'âge de la retraite... Depuis
30 ans nos conditions de vie et de travail n'ont cessé de
se dégrader !
Depuis 30 ans, les flux migratoires seraient à l'origine
des remises en cause des acquis sociaux ! C'est bien le MEDEF et
les lobbies de Bruxelles et des USA qui imposent leurs diktats aux
ténors politiques sensés nous gouverner !
Fondamentalement n'assistons nous pas à l'émergence
d'une crise aussi profonde que celle qu'a connu l'Occident au XVII
et XVIII^éme siècles ? La bourgeoisie peut-elle encore
faire partager son modèle social à l'ensemble de la
population ? En cas de crise majeure, ne fera-t-elle pas appel à
des forces politiques réactionnaires, en désespoir
de cause, afin de maintenir
son ordre social ?
Pour l'heure, il importe de poser la question de l'alternative
au capitalisme, de la rupture avec celui-ci.
Il nous faut reprendre les débats de fond, comme celui sur
le chômage :
pense-t-on qu'on puisse répondre à ce problème
par la création d'emplois ?
Autrement dit, est-il réaliste qu'à brève
échéance (2 ou 3 ans) il y ait 400 000 ou 500 000
chômeurs, comme dans les années 60, le reste de la
population active ayant des emplois garantissant un avenir social,
c'est-à-dire en allant à l'encontre du modèle
anglo saxon (le chômage aux USA et en GB, si l'on regarde
les chiffres officiels, recule mais la pauvreté augmente en raison de la précarité)?
De même, voulons nous vivre dans une Europe forteresse, ou
bien espérons nous un monde ouvert et solidaire, remettant
en cause les rapports Nord/Sud/Est ? Pouvons nous continuer à
accepter que les richesses soient accaparées par aussi peu
de gens ? Ne faut-il pas redéfinir un nouveau partage de
celles-ci fondé sur l'égalité et la solidarité
?
Le productivisme nous mène droit dans le mur : destruction
de la planète et misère sociale. La décroissance
est une piste de recherche d'alternatives tant au niveau de la redéfinition
de la place de l'économie dans la société,
que dans l'imagination nécessaire à penser de nouveaux
rapports sociaux, mettant au centre la politique, au sens étymologique.
Une des questions fondamentales porte sur les formes d'organisation
sociale :
Comment s'organiser socialement pour les personnes composant une
société connaissent et maîtrisent leurs conditions
d'existence ?
Comment ces mêmes personnes déterminent les raisons
de vivre ensemble et non plus que ce soient des élites le
faisant pour leurs propres intérêts ?
Juin 2005 JC
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