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Origine : http://www.lesechos.fr/info/energie/4604962.htm
Après les ouragans Katrina, Rita, Wilma qui ont dévasté
en 2005 La Nouvelle-Orléans et le golfe du Mexique, la saison
des cyclones 2006 a été très calme. Une exception,
estime Peter Höppe, qui rappelle que la fréquence et
l'intensité de ces phénomènes climatiques devraient
continuer de progresser. Il explique aux « Echos » en
quoi le changement climatique va entraîner une demande croissante
en matière de protection contre les risques.
La saison d'ouragans cette année peut-elle être aussi
calme que l'an dernier ?
C'est peu probable. Le faible nombre d'ouragans dans l'Atlantique
l'an dernier a résulté de la combinaison de deux facteurs
: d'une part, le début de la saison avait été
marqué par une forte concentration de particules de sable
provenant du Sahara, à environ 2 km d'altitude, qui a limité
la remontée des masses d'air humide ; d'autre part, en fin
de saison, c'est-à-dire vers le mois d'octobre, la présence
d'El Niño dans le Pacifique a modifié le régime
des vents dans l'Atlantique Nord et donc freiné la formation
de cyclones. Or, El Niño n'apparaît que tous les trois
à sept ans en moyenne. En outre, les températures
à la surface de l'eau sont supérieures à la
moyenne des années précédentes, ce qui devrait
favoriser la formation d'ouragans. L'agence météorologique
américaine Noaa, par exemple, table sur la formation de 7
à 10 ouragans dans l'Atlantique cet été, autrement
dit 2 à 3 de plus que la moyenne à long terme. D'un
autre côté, la saison a déjà commencé
calmement, et si le calme perdure dans l'Atlantique, les instituts
pourraient être amenés à abaisser leurs prévisions.
Pour l'instant, seule l'activité cyclonique au-dessus de
la mer est à peu près prévisible dans l'ensemble.
Il est impossible, par contre, de prédire l'arrivée
des cyclones sur les côtes, ni l'endroit où ils touchent
terre.
Observe-t-on déjà les effets du changement climatique
sur le long terme ?
Nous sommes convaincus que le réchauffement de la planète
se traduit déjà par des changements dans la fréquence
et l'intensité des catastrophes naturelles et que ces effets
ne vont faire qu'augmenter dans les années à venir.
Des régions qui étaient rarement touchées auparavant
le deviennent plus souvent, comme on a pu le constater avec les
inondations en Grande-Bretagne, la sécheresse en Suisse et
dans le sud de l'Allemagne au printemps ou encore les orages violents
qui ont frappé les Etats-Unis. On a aussi pu observer des
phénomènes totalement nouveaux, comme le cyclone Catarina
dans l'Atlantique Sud ou l'ouragan Vince qui s'est formé
près de l'archipel de Madère. Par ailleurs, les régions
qui, déjà aujourd'hui, sont fréquemment sinistrées
le seront de plus en plus souvent. Sur une très longue période,
il y a eu en moyenne 6,2 ouragans par an dans l'Atlantique Nord,
alors que sur les douze dernières années la moyenne
était déjà de 8 chaque année. Dans les
prochaines décennies, la fréquence et l'intensité
de ces phénomènes climatiques devraient continuer
de progresser, car la température de l'air et de l'eau augmente.
Il y a aussi des cycles naturels et d'autres facteurs d'influence.
Chaque année ne surpasse donc pas nécessairement l'année
précédente. Mais, sur le long terme, la tendance générale
est clairement à la hausse.
Le changement climatique représente-t-il une opportunité
pour les réassureurs, du fait de l'augmentation des primes,
ou un risque lié à la hausse des coûts ?
Le changement climatique est une chance pour le métier de
la réassurance, parce que nous connaissons les risques et
nous savons les calculer. Une tempête coûte, certes,
beaucoup plus cher aujourd'hui qu'il y a cent ans, lorsque l'on
voit les villes qui sont situées au bord des côtes,
comme Miami, et sont en expansion rapide. En raison de l'aggravation
de l'exposition, les primes versées aux assureurs ont fortement
augmenté dans les zones à risque. En fait, les réassureurs
doivent ajuster de manière dynamique leurs modèles
en fonction de la modification de l'exposition. Le changement climatique
offre aussi des opportunités, car une politique efficace
de protection du climat ouvre la voie à de nouvelles technologies
qu'il faudra assurer, comme par exemple les parcs éoliens
offshore ou les grandes installations photovoltaïques. Les
exploitants de ces installations souhaitent se couvrir par exemple
contre un ensoleillement trop faible. Globalement, nous partons
de l'idée que le changement climatique va entraîner
une demande croissante en matière de protection contre les
risques.
PROPOS RECUEILLIS PAR INGRID FRANÇOIS À FRANCFORT
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