Origine : http://www.notre-planete.info/actualites/actu_1045_changement_climatique_Stern_5500_milliards_dollars_recession_economique.php
Il y a un an, le gouvernement britannique demandait à Nicholas
Stern, économiste, de mesurer les conséquences économiques
du réchauffement climatique au niveau planétaire.
Les résultats de cette étude montrent que le changement
climatique induit par les activités humaines pourrait engendrer
une récession économique mondiale.
C'est le rapport "le plus important sur le futur que j'aie
jamais reçu depuis que je suis devenu premier ministre",
a déclaré le premier ministre britannique Tony Blair
dans une lettre ouverte publiée lundi 30 octobre dans The
Sun. "Le rapport Stern devrait être considéré
à travers le globe comme le dernier mot sur la raison pour
laquelle le monde doit agir maintenant pour limiter les dégâts
que nous causons à notre planète", a-t-il ajouté.
E, effet, "le changement climatique est une menace avérée
et sérieuse qui demande une réponse urgente",
tels sont les premiers mots de la conclusion de ce rapport inégalé
de 700 pages, menée par l'ancien responsable de la Banque
mondiale et actuel conseiller auprès du gouvernement britannique
sur les questions de changement climatique et de développement.
Des conséquences colossales qui affecteront l'économie
mondiale
Cette étude estime que le changement climatique pourrait
coûter à l'économie mondiale jusqu'à
5 500 milliards de dollars. Cela représentera entre 5 et
20% du PIB mondial, voire plus si les gouvernements ne prennent
pas des mesures radicales dans les 20 prochaines années.
En comparaison, il suffirait de mobiliser 1% du PIB mondial chaque
année (soit 275 milliards d'euros), dans la lutte contre
les émissions de gaz à effet de serre, pour éviter
les pires conséquences économiques et humaines du
changement climatique, selon N. Stern.
C'est pourquoi, les actions menées et les investissements
financiers engagés pour les deux décennies à
venir seront déterminants pour le climat de la seconde moitié
du XXIème siècle. En l'absence d'action forte, les
conséquences économiques et sociales seront comparables
à celles engendrées par les deux guerres mondiales
et la Grande Dépression de 1929.
De surcroît, le nombre de réfugiés, victimes
de la sécheresse ou d'inondations, pourrait s'élever
à quelque 200 millions de personnes.
Enfin, il sera difficile voir impossible de rendre réversible
ces conséquences qui pourraient perdurer pendant des siècles.
La première conséquence de la poursuite de nos émissions
massives de gaz à effet de serre serait un doublement de
leur concentration (par rapport à l'ère pré-industrielle)
dans l'atmosphère à l'horizon 2035, ce qui entraînera
une augmentation de 2°C de la température moyenne du
globe. A long terme, il y aurait plus d'une chance sur deux que
cette hausse atteigne 5°C, averti l'étude.
On compare souvent ces 5°C avec l'écart moyen de température
qui nous sépare du dernier âge glaciaire où
l'Europe du Nord se retrouvait sous une épaisse calotte de
glace tandis que le niveau des océans était inférieur
de 120m. Les conséquences ne seraient bien sûr pas
ici un refroidissement, mais un réchauffement dans les mêmes
proportions, sur un pas de temps trop court pour assurer l'adaptabilité
de nos sociétés et des écosystèmes,
qui feront face à des bouleversements majeurs.
Tous les pays seront affectés, et notamment les plus pauvres
même si leur responsabilité dans le réchauffement
de la planète demeure marginal, tandis que les pays riches
continueront d'augmenter leurs dépenses économiques
induites par les catastrophes naturelles souligne le rapport de
N.Stern.
Dorénavant, il n'est plus temps de prévenir le changement
climatique qui est déjà en marche, il s'agit davantage
d'anticiper et d'atténuer ses conséquences.
C'est pourquoi, afin de limiter les dégâts, il faudrait
diminuer d'ici à 2050 les émissions en gaz à
effet de serre de 25% par rapport aux niveaux actuels. Dans l'idéal,
c'est à dire pour stabiliser les concentrations, une diminution
de 80% serait nécessaire.
Un rapport qui fait consensus et qui doit préparer l'avenir
Après la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, c'est la France,
via une déclaration de la ministre française de l'Ecologie,
Nelly Olin, qui s'est déclarée "en plein accord"
avec les conclusions du rapport Stern qu'elle défendra aux
côtés des britanniques lors de la prochaine conférence
climat de Nairobi, le 15 novembre.
Dès la publication du rapport, Tony Blair avait déclaré
: "il ne fait pas de doute que les preuves scientifiques du
réchauffement climatique provoqué par l'émission
de gaz à effet de serre sont maintenant écrasantes
(...) et il ne fait pas de doute que les conséquences pour
notre planète seront littéralement désastreuses
(...) Il n'y a rien de plus grave, rien de plus urgent, rien qui
n'exige plus des décisions".
Christophe Magdelaine
|