|
Message Internet sur la liste Infozone
Date: 25 Novembre 2003
Subject: [infozone_l] Réfléxions sur l'école
----------------------------------------
A G E N C E D E P R E S S E A - I N F O S
http://www.ainfos.ca/
http://ainfos.ca/index24.html
____________________
Un texte du syndicat éducation CNT AIT du gard :
L'ABRUTISSEMENT DE MASSE : L'ECOLE "une société
sans école" d'Yvan ILLICH.
"II est vrai que le problème pédagogique ou
scolaire n'a plus son lieu de solution dans l'école car il
pose le problème de l'organisation sociale dont il dépend.
Je n'énumérerais pas ici les lieux de résistance,
mais il est au moins curieux de les trouver là où
on espérait une politique plus favorable au changement".
Illich répète "qu'un programme politique qui
ne reconnaît pas explicitement le besoin de déscolarisation
n'est pas révolutionnaire ; c'est de la démagogie
qui n'aboutit à aucun résultat. Tous les programmes
politiques des années 70 devraient être jugés
selon ce critère :
envisagent-ils clairement la déscolarisation ? Quelles sont
les lignes directives qu'ils proposent pour assurer la qualité
de l'Éducation dans la société future ?"
II sera bientôt clair que le simple fait de ne pas envisager
la désinstitution de l'école actuelle indique que
l'on songe déjà, avant que la révolution ne
soit acquise, à bénéficier pour soi du même
mécanisme de reproduction sociale qui a réussi à
embourgeoiser toutes les révolutions européennes des
dernières décennies . La manière dont l'école,
dans les démocraties socialistes, fabrique une nouvelle stratification
sociale et la reproduit est ici édifiante" Étienne
VERGNE (Attention écoles ed Fleurus)
"A l'école, l'enfant apprend à lire, à
écrire et à compter. Cela est fort bien. Mais il suffirait
de retenir l'écolier de 8 heures à 10 heures du matin,
sept à huit ans de suite, pour lui enseigner cette science
rudimentaire. Or, l'école veut occuper dans notre vie une
place beaucoup plus grande (...). Elle veut nous apprendre à
penser ; elle veut réformer notre caractère ; elle
veut nous moraliser et faire de nous de bons citoyens (...). Et
comme cela exige beaucoup de temps, elle nous prend presque toute
notre enfance(...). Et elle (nous) prend quelque chose de plus précieux
que tout ce qu'elle (nous) donne" :
Gérard MENDEL quant à lui compare les institutions
scolaires d'aujourd'hui aux usines du XIXème siècle
et les concentrations d'enfants aux concentrations ouvrières.
Il en déduit une conscience de classe naissante dans la jeunesse
et une véritable lutte des générations entre
parents-possédants et enfants-exploités. "Sans
une évolution pédagogique rapide, nous nous exposons
à un proche retour en force des dictatures". C'est l'axiome
posé par Mendel dans "Pour décoloniser l'enfant"
(éd Payot). La montée actuelle des mouvements d'extrême
droite donne encore plus de force à sa mise en garde. Cette
révolution, il la voit comme "une prise de conscience
et une assumation des conflits chez l'enfant et l'adulte, à
commencer par une constitution des enfants en classe, afin que chaque
classe - égale en droit - travaille mutuellement à
son progrès, vers une société équilibrée".
Mendel donne également (et surtout) une très intéressante
analyse du "phénomène autorité" et
de son cortège de culpabilité, agressivité,
projections, etc.
"Les forces politiques qui se dégagent à partir
des rapports économiques de production sont conduites tout
naturellement à se couler dans les plis des rapports psychologiques
préexistants ". Mendel démontre que "si
jusque là les pouvoirs se sont servis du conditionnement
à l'autorité, celle-ci va être remplacée
dans notre société technologique par un autre principe
(l'efficacité) bien plus dangereux". Nous sommes déjà
confrontés à ce principe !
La première oppression, celle que tout le monde subit et
fait subir, qui prépare les suivantes et sans laquelle probablement
aucune ne serait possible, c'est l'oppression des enfants. Grâce
à des méthodes psychopédagogiques de plus en
plus raffinées, de plus en plus scientifiques et de plus
en plus nombreuses, on nous prépare un monde hyper-dangereux
où les individus seront, dès leur naissance, fichés
et encadrés, afin de devenir des bons petits citoyens dociles.
L'école donne un avant-goût de cette politique.
"Ce que les gens apprennent dans les écoles qui se multiplient
en Malaisie ou au Brésil, c'est avant tout à mesurer
le temps avec la montre du programmeur, estimer l'avancement avec
les lunettes du bureaucrate, apprécier la consommation accrue
avec le cour du marchand, et considérer le pourquoi du travail
avec les yeux du responsable syndical. Cela, ce n'est pas le maître
qui le leur enseigne, mais le parcours programmé produit
et oblitéré en même temps par la structure scolaire.
Ce qu'enseigne le maître n'a guère d'importance dés
lors que les enfants doivent passer des centaines d'heures assemblés
par classes d'âges, entrer dans la routine du programme (le
parcours ou curriculum), et recevoir un diplôme en fonction
de leur capacité à s'y soumettre.
Qu'apprend-on à l'école ?
On apprend que plus on y passe d'heures, plus on vaut cher sur le
marché.On apprend à valoriser la consommation échelonnée
de programmes. On apprend que tout ce que produit une institution
dominante vaut et coûte cher, même ce qui ne se voit
pas, comme l'éducation et la santé. On apprend à
valoriser l'avancement hiérarchique, la soumission et la
passivité, et même la déviance type que le maître
interprétera comme symptôme de créativité.
On apprend à briguer sans indiscipline les faveurs du bureaucrate
qui préside aux séances quotidiennes, à l'école,
le professeur, à l'usine, le patron. On apprend à
se définir comme détenteur d'un stock de savoirs dans
la spécialité où l'on a investi son temps.
On apprend, enfin, à accepter sans broncher sa place dans
la société, à savoir la classe et la carrière
précises qui correspondent respectivement au niveau et au
champ de spécialisation scolaire."
(....) Au cours de mes conférences dans les Écoles
normales, je suis souvent ahuri par le manque de maturité
de ces filles et garçons pleins de savoir inutile. Ah, ils
en savent des choses. Ils brillent dans la dialectique, ils citent
les classiques ; mais dans leur perspective sur la vie, beaucoup
d'entre eux sont des nouveautés. Tout cela parce qu'on leur
a appris à savoir mais qu'on ne leur a pas permis de ressentir.
Ces jeunes gens sont aimables, plaisants, passionnés, mais
quelque chose leur manque - le facteur émotif, le pouvoir
de subordonner la pensée au sentiment. Je leur parle d'un
monde qui leur a manqué et qui leur manquera toujours. Leurs
livres d'étude ne traitent pas du caractère humain
de l'amour de la liberté, de l'autodétermination et
ainsi le système se perpétue qui ne cherche ses modèles
que dans les livres.".
Les écoles sont toujours obligées d'hésiter
péniblement entre la discipline et l'enseignement ; parce
qu'elles sont des institutions bureaucratiques, elles optent fréquemment
en faveur de la discipline aux dépens de L'enseignement.
Ce choix peut faire d'elles de bonnes unités politiques,
mais les rend inaptes à constituer de bonnes unités
d'enseignement. Les enfants qui abandonnent en cours d'études
sortent non pas du système éducatif, mais du système
politique, et au moment où ils décident de se retirer,
ils peuvent être aussi perplexes que leurs professeurs en
ce qui concerne les différences existent entre les deux systèmes."
Lien du texte : http://cnteducation30.free.fr/pedagogielabrutissementdemasse.htm
**************************************************
Halte à l'illusion démocratique, révolutionnons
ce monde !
**************************************************
I N F O Z O N E
s a m i z d a t . n e t
http://listes.samizdat.net/wws/info/infozone_l
|