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Origine : http://www.cequilfautdetruire.org/article.php3?id_article=1359
Roulez bio avec une pastille verte ! Sincèrement angoissés
par le réchauffement climatique, les candidats au trône
carburent au bio. Discours durable ? Le temps que les lobbies pétrolier
et agricole se paient une virginité sur le dos des morts
de faim.
LA COURSE AU PÉTROLE VERT est lancée. Chez les poids
lourds de la présidentielle, les biocarburants font l’unanimité,
histoire de racoler les bobos tendance nature. Chez les blouses
blanches, on est à fond pour tester le procédé
à grande échelle en avalisant la transformation industrielle
du maïs ou du soja en éthanol. Mais voilà : un
litre de pétrole vert réclamerait un litre de pétrole
fossile et beaucoup trop d’hectares pour satisfaire toute
la demande... Du coup, les labos s’orientent vers les algues
et les champignons ! Le projet européen Nile expérimente
le modelage des génomes de champignons filamenteux, de l’éprouvette
jusqu’aux essais moteurs. Les accords entre le Brésil
et les États-Unis pour l’exploitation de trente millions
d’hectares de canne à sucre sont déjà
signés. Total, Ford, Dreyfus et Monsanto passent à
l’attaque pour rafler le marché de l’éthanol
et du biodiesel. Qui l’emportera ?
Nicolas Hulot, l’anesthésiant du débat politique,
a mis de l’huile dans le moteur. Du coup, les candidats roulent
sur un 2-temps : climat d’insécurité et insécurité
du climat. Au chapitre Énergie et Transports du programme
des quatre principaux candidats ? Un simple copier-coller des directives
économiques internationales. Ségolène rabâche
le rapport du 10 janvier de la commission européenne. Il
faut « anticiper l’épuisement du pétrole
en soutenant massivement les énergies renouvelables et encourager
les contributions des agriculteurs à la fourniture d’énergie
». Même purin pour Le Pen, qui annonce « la substitution,
à hauteur de 10 %, des importations de pétrole par
les carburants verts ». Côté Bayrou, rien de
nouveau sous le soleil : « Taxation "progressive"
des énergies fossiles ». Quant à Sarkozy, l’épuisement
des sols, connaît pas : « L’agriculture a une
carte à jouer car les biocarburants sont de nouveaux marchés
solvables » ! L’écologie est absente de son abécédaire.
Belle leçon d’hypocrisie ! Ces programmes aux allures
publicitaires servent tout au plus de témoins de mariage
aux industries agricole et pétrolière.
(JPEG)
Utilisé dans la fabrication de l’éthanol, le
sucre est un enjeu exemplaire. Les pays de l’Union entendent
en importer à moindre coût en sortant vainqueurs du
cycle de négociations en cours à l’OMC. L’affaire
est trop juteuse pour s’attarder sur les impacts environnementaux
et sociaux de l’agriculture intensive. Robert Louis-Dreyfus
prend les devants avec sa filiale LD Commodities. Pas étonnant
que l’Olympique de Marseille souffre d’obésité
: RLD est le n°2 du sucre et de l’éthanol au Brésil.
Un pactole de 1,9 milliard de dollars en 2006, grâce à
l’implantation de cinq nouvelles usines. Les trusts semenciers
s’arrachent les brevets. Après le scandale des OGM
dans l’alimentation, Monsanto se reconvertit dans les biocarburants.
Mais comble de malchance, son maïs montre des faiblesses de
rendement en éthanol ! Alors la firme s’est trouvé
un complice en destruction massive. En août dernier, le géant
vert a signé un partenariat de trois ans avec Sandia National
Laboratories, du groupe Lockheed Martin, spécialiste des
projets militaro-nucléaires US. Les marchands de canons sont
de la partie, et rien de contre-nature là-dedans. Après
tout, Monsanto fabriquait déjà le fameux Agent orange,
un herbicide plutôt guerrier dont plus de 41 millions de litres
furent déversés sur le Vietnam.
« Les carburants végétaux ne sont ni verts,
ni bios, ni équitables. »
Plus près de chez nous, les rois du pétrole jouent
des coudes. Shell, BP et Total se partagent le butin et redorent
leur blason en proposant des carburants verts à la pompe.
Quant à l’industrie automobile, elle n’a pas
manqué le rendez-vous du salon de l’agriculture 2007.
Dans le hall 2, ils étaient presque tous là : Peugeot,
Ford, Renault... Dans cet univers merveilleux, les favoris à
la présidentielle participent cheveux au vent à la
foire aux mensonges. Et ce malgré le cri d’alarme de
l’association Kokopeli : « Les carburants végétaux
ne sont ni verts, ni bios, ni équitables. » Des villages
d’indigènes colombiens ont été rasés
et leurs terres confisquées : des champs de palmiers à
huile ont pris leur place pour fournir du biodiesel.
Au Brésil « 200 000 migrants coupent à la machette
la canne à sucre, douze heures par jour et pour un salaire
de misère. La nuit, ils sont entassés dans des baraquements
sordides. Tous les ans, des migrants-esclaves meurent de chaleur
ou d’épuisement ». Le professeur Pimentel conclut
que la production des biocarburants, gourmande de charbon et de
pétrole, réchauffe davantage la planète que
l’essence ! Transformer des aliments en pétrole...
Les présidentiables s’en tamponnent d’autant
plus volontiers que ça paye au contrôle d’Alliance
pour la Planète, la popote à Hulot qui distribue les
bons points : 16 sur 20 pour Royal et 13 sur 20 pour Bayrou. Fidel
Castro, en congé maladie, a quand même rendu sa copie
lors des négociations latino-américaines en déclarant
que les biocarburants condamnaient trois milliards de personnes
à mourir prématurément de faim ou de soif.
Si cela arrivait, quelle note Hulot mettrait-il aux génocidaires
bio ?
Mis à jour le :15 avril 2007. Auteur : Marie Bové.
Article publié dans CQFD n° 44, avril 2007.
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