http://www.psychanalyse-paris.fr/psychanalyse-humaniste-dossier.html
La psychanalyse est un humanisme. Son éthique est une éthique
du désir, une éthique du sujet désirant...
"Le désir de connaissance est un désir fondamental
pour tout être humain." Claude Nachin
"Il existe une capacité du désir pur, qui n’a
pas besoin de référence à l’objet. L’éthique
du désir est de rester fidèle à cette exigence
: soustraire le désir à son attachement à l’objet.
Le désir ultime est donc celui de la non satisfaction du
désir, le désir de rester ouvert." Slavoj Zizek
"Le désir n’est pas désir d’un objet,
mais désir de ce manque qui dans l’autre désigne
un autre désir." Serge Weidenhaum
"Le désir s’ébauche dans la marge où
la demande se déchire du besoin." Jacques Lacan
à consulter également :
Démesure et limites de la sublimation, Éditions Pleins
Feux, coll. « Auteurs en question », Nantes, 2005, p.42.
3. « La psychanalyse est un humanisme » ...
— http://www.adpf.asso.fr/adpf-publi/folio/kristeva/03.pdf
enfin voyez ce portrait d’un psychanalyste humaniste :
http://groups.google.com/group/germinalyse/web/denis-vachon-psychologue-psychanalyste-humaniste
cordialement Non la psychanalyse n’est pas plus un humanisme
qu’une "Weltanchauung" ce qui n’empèche
pas le psychanalyste de vouloir rester accrocher ? l’humanisme
et parfois mème de s’en revendiquer... Relisez l’intro
de "Télévision" Michel Leca
C’est peut-être vrai, mais il en reste que tout change,
évolue, se transforme, voyez certains groupes où la
psychanalyse propose à ses co-listers trop "captifs"
d’une pensée unique toujours les mêmes thèmes
" qu’ on se demande si certains échanges ne pouvaient
pas se faire mieux entre eux, c’ est à dire, ne pas
occupant l’ ordinateur de chacun tous les jours avec des dizaines
de messages." (répétitifs voire compulsifs)
je vous cède bien-sûr
"mais le mot(humanisme) ne sonne-t-il pas trop épuisé
? C’ est a dire, usé par de multiples points de vue
à un point qu’ il parfois sonne comme un passe-partout...
(je pense à tout l’ anti-humanisme qui est évidemment
une façon de défendre ’homme, tout en dénonçant
les discours de répression qui le détruisent... C’
est à dire, il faudrait conjuguer la psychanalyse avec la
sociologie, la politique et l’ anthropologie pour ne pas en
faire une espèce de religion de bonne volonté...
C’est bien pour cela qu’il faut FORGER un nouvel éclairage
sur ce concept VIEILLI et je crois que l’efficace psychanalytique
dans un champ d’ouverture à d’autres disciplines
peut y souscrire. de plus nous avons déjà un héritage
;
la preuve
Erich Fromm, le penseur et le psychanalyste (1900-1980)
Il est l’un des représentants de l’école
de Francfort. Il étudie la philosophie avec Jaspers et la
psychanalyse avec Theodor Reik. Ancien membre de l’Institut
psychanalytique de Berlin, il pratique une psychanalyse " humaniste
" ou " existentielle ".
c’est donc un formidable acquis culturel sur lequel on peut
se baser, en voici les grandes lignes :
L’humanisme de Fromm se fonde sur sa croyance et sa compétence
en psychanalyse, en vertu de cette connaissance, que l’inconscient
de l’humain est l’expression en lui de l’humain
" total ", universel et de toute l’humanité.
L’humain étant un être social, sans nulle réalité
en dehors d’une société, c’est sa société
qui décide des facultés qu’elle va favoriser
en lui, par exemple à travers les traditions culturelles.
" Les besoins de la société sont transformés
en besoins personnels et finissent par constituer le caractère
de la société, la personnalité de base de tout
individu. " (" Humanism and Psychoanalysis " in Contemporary
Psychoanalysis, vol. 1, 1964, p.27.) L’esprit d’une
société dont l’humain est membre influe fortement
sur le développement de sa personnalité. Il favorise
certaines facultés présentes dans l’inconscient,
les fait émerger à la conscience, jusqu’à
ce que l’individu s’identifie à elles. Mais à
l’inverse, les facultés et dispositions allant à
l’encontre des modèles culturels d’une société,
sont aussi souvent refoulées et déniées. De
là vient que " notre conscience représente essentiellement
la société et la culture dans laquelle nous vivons,
tandis que notre inconscient représente l’homme universel
au sein de chacun de nous. " (L’humain au cœur,
p.128).(Dominique Terrazzoni)
Cet objet idéal de la pensée, je crois que l’on
peut le moderniser, l’actualiser sans pour cela tomber dans
ses lacunes, et si vous me permettez de citer Søren Kierkegaard
:
« Il s’agit de trouver une vérité qui
soit une vérité pour moi, de trouver l’idée
pour laquelle je veux vivre et mourir... »
cordialment
frans tassigny
source : http://germinalyse.blogspot.com/2007/05/psychanalyse-spculative.html
la psychanalyse est un humanisme (seconde partie)
samedi 9 juin 2007, par Frans TASSIGNY
http://www.psychanalyse-paris.fr/la-psychanalyse-est-un-humanisme.html
Jattend d’autres envois plus critiques certes et vous signale
également que J.Lacan était un grand lecteur de Fromm,
il lui prêtait d’ailleurs aventageusement une définition
de l’inconscient : " l’inconscient c’est
la mémoire oubliée"* commentait-t-il ,
enfin voyez la réaction de C.K : "chez freud et lacan
l’inconscient à des définitions bien précises
et à croire que chez Fromm ce n’est pas cela - je préfère
non-conscient à inconscient. mais sincèrement ce que
Fromm dit là n’est pas le fruit de la psychanalyse
- pourquoi l’incorporer dans la psychanalyse comme pour produire
un système infaillible.. quel audace.. *la dernière
phrase de Fromm s’approcherait plutôt de Jung... Adorno
reprochait entre autre à Fromm de l’imiter.. "
LA PSYCHANALYSE HUMANISTE D’ERICH FROMM
« Ce qui fait l’importance de la découverte
de Freud, c’est qu’il mit au point une méthode
qui permet d’accéder à la vérité
au-delà de ce que l’individu croit être vrai,
et il a pu faire cela en découvrant les effets du refoulement
et, en corrélation des rationalisations. Il a démontré
empiriquement que le chemin de la guérison passe par la connaissance
exacte, de la part du patient, de sa propre structure mentale et,
de là, par le défoulement. Cette application du principe
selon lequel la vérité libère et guérit
est le grand, et, sans doute, le plus grand exploit de Freud, même
si sa façon d’appliquer ce principe a subi bien des
distorsions et a souvent produit de nouvelles illusions ».
( E.F. Grandeur et limites de la pensée freudienne p 8)
Ces quelques lignes, extraites de l’introduction de Grandeur
et limites de la pensée freudienne résument assez
bien l’attitude générale d’Erich FROMM
envers le fondateur de la psychanalyse : il considère les
découvertes de Sigmund Freud comme une contribution capitale
à la connaissance de l’homme, comme une théorie
radicale offrant un « potentiel révolutionnaire »
de transformation de la société : « la découverte
de Freud était potentiellement révolutionnaire parce
qu’elle aurait pu amener les individus à ouvrir leurs
yeux à la réalité de la structure de la société
où ils vivent et, de là, à désirer la
changer en accord avec les intérêts et les aspirations
de l’immense majorité » Ce qui est radical et
fondamental dans l’approche freudienne, ce n’est pas
sa théorie de la sexualité, ni la métapsychologie
psychanalytique. C’est la mise en relief « (du) rôle
capital du refoulement et la signification fondamentale du secteur
inconscient de notre vie mentale ». Freud, après Galilée
et Darwin, a fait tomber (virtuellement) la « dernière
illusion », en quelque sorte : « cette théorie
était radicale parce qu’elle s’attaquait à
la dernière forteresse de la croyance de l’homme en
son omnipotence et en son omniscience, la croyance en sa pensée
consciente considérée comme donnée primordiale
de l’expérience humaine (...) ; personne n’avait
mis en doute que sa pensée consciente était la dernière
donnée sur laquelle (l’homme) pouvait compter. Freud
a privé l’homme de l’orgueil qu’il plaçait
dans sa rationalité. Il est allé jusqu’aux racines
-c’est ce qu’exprime littéralement le mot «
radical »- et a découvert qu’une bonne partie
de notre pensée consciente ne fait que dissimuler nos pensées
et nos sentiments véritables et nous cache la vérité
: la plus grande partie de notre pensée consciente est un
faux-semblant, une simple rationalisation de pensées et de
désirs dont nous préférons ne pas avoir conscience
». C’est autour de cet axe central que s’organise
l’apport fondamental de Sigmund Freud à la connaissance
de l’être humain. C’est cet apport que revendique
avant tout la Psychanalyse humaniste dans l’héritage
freudien.
http://germinalyse.blogspot.com/2007/06/la-psychanalyse-humaniste-d-erich-fromm.html
ensuite :
FROMM ET FREUD
Quelle est l’attitude générale d’Erich
FROMM envers le fondateur de la psychanalyse : il considère
les découvertes de Sigmund Freud comme une contribution capitale
à la connaissance de l’homme, comme une théorie
radicale offrant un « potentiel révolutionnaire »
de transformation de la société : « la découverte
de Freud était potentiellement révolutionnaire parce
qu’elle aurait pu amener les individus à ouvrir leurs
yeux à la réalité de la structure de la société
où ils vivent et, de là, à désirer la
changer en accord avec les intérêts et les aspirations
de l’immense majorité »Ce qui est radical et
fondamental dans l’approche freudienne, ce n’est pas
sa théorie de la sexualité, ni la métapsychologie
psychanalytique. C’est la mise en relief « (du) rôle
capital du refoulement et la signification fondamentale du secteur
inconscient de notre vie mentale ».Freud, après Galilée
et Darwin, a fait tomber (virtuellement) la « dernière
illusion », en quelque sorte : « cette théorie
était radicale parce qu’elle s’attaquait à
la dernière forteresse de la croyance de l’homme en
son omnipotence et en son omniscience, la croyance en sa pensée
consciente considérée comme donnée primordiale
de l’expérience humaine (...) ; personne n’avait
mis en doute que sa pensée consciente était la dernière
donnée sur laquelle (l’homme) pouvait compter. Freud
a privé l’homme de l’orgueil qu’il plaçait
dans sa rationalité. Il est allé jusqu’aux racines
-c’est ce qu’exprime littéralement le mot «
radical »- et a découvert qu’une bonne partie
de notre pensée consciente ne fait que dissimuler nos pensées
et nos sentiments véritables et nous cache la vérité
: la plus grande partie de notre pensée consciente est un
faux-semblant, une simple rationalisation de pensées et de
désirs dont nous préférons ne pas avoir conscience
». http://psychanalyse.blogspot.com/2007/06/fromm-freud.html
ainsi qu’une bibliographie des oeuves de Fromm en français
:
FRANCAIS L’art d’aimer / Erich Fromm ; traduit de l’anglais
par J. Laroche et Françoise Tcheng. - Paris : Editions Universitaires,
1967. - 158 p. ; 2O cm. - (Psychothèque).
- Titre original : The art of loving. - réédité
en 1968 aux éditions EPI, coll. Hommes et groupes. - Avoir
ou être ? : un choix dont dépend l’avenir de
l’homme/ Erich Fromm ; traduit de l’américain
par Théo Carlier ; postface de Ruth Nanada Anshen. - Paris
: Laffont, 1978. - 43 p. ; 2O cm. - (Réponses).
- Titre original : To have or to be ? , édité chez
Harper & Row en 1976. - Bibliographie, 10 p. - ISBN 2-221-OO127-
3 (broché) Bouddhisme Zen et psychanalyse / Daisetz T. Suzuki,
Erich Fromm et R. de Martino ;traduction de Théo Léger.
- Paris : Presses Universitaires, 1971. - 200 p. ; 18 cm.
- (L’actualité psychanalytique). - La conception de
l’homme chez Marx / Erich Fromm ; traduit de l’anglais
par M. Matignon. Paris : Payot, 1977. - 151 p. ; 18 cm.
- (Petite Bibliothèque Payot). - Notes bibliographiques.
- ISBN 2-228-33170-8 (broché) La crise de la psychanalyse
: essais sur Freud, Marx et la psychologie sociale / Erich Fromm
; traduction par Jean-René Ladmiral. Paris : Anthropos, 1971.
- 292 p. ; 19 cm. - (Sociologie et connaissance).
- Titre original : The crisis of psychoanalysis. De la désobéissance
et autres essais / Erich Fromm ; traduit de l’américain
par Théo Carlier. - Paris : R. Laffont,1982. -176 p. ; 23
cm. - (Réponse. Santé/ dirigée par Jo&üml
;lle de Gravelaine).
- Titre original : On disobédience and other essays. - ISBN
2-221-OO873-1 (broché). contient : Disobedience as a psychological
and moral problem, publié initialement in Clara Urquhart,
A Matter of Life, (Londres, Jonathan Cape), cop. 1963. The application
of humanist psychoanalysis to Marx’s theory, publié
initialement in Socialist humanism : an international symposium.(New-York,
Doubleday), cop.1965. Prophets and priests, initialement publié
in Ralph Schoenmann, Bertrand Russel,philosopher of the century.
cop.1967. Humanisme as a global philosophy of Man, publié
initialement sous le titre "A global philosophy of man"
in The humanist, Yellow spring, Ohio,1966. cop. 1965. Let Man prevail
et Humanist socialism, initialement publiés in Let Man prevail
:a socialist manifesto and program, New-York. cop. 196O. The psychological
aspects of the guaranteed income, initialement publié in
R. Theobald, The Guaranteed income. N-Y :Doubleday and C°, cop
1966. The case for unilateral disarmement, publié initialement
in Daedalus, cop.196O. Zur Theorie und Strategie des Friedens, publié
initialement in Friede im nuklearen Zeitalter. Eine Kontroverse
zwischen Realiste, und Utopisten, 4 Salzburger Humanismusgespräch,
éd. à Munich, cop197O. Le dogme du Christ : et autres
essais / Erich Fromm. Paris : Complexe, 19.. . - (Textes).
- suivi d’autres essais : La psychanalyse : une science ou
un parti. Le caractère révolutionnaire. Des limites
et des dangers de la psychologie. Espoir et révolutions :
vers l’humanisation de la technique / Erich Fromm ; traduction
de Gérard D. Khoury. Paris : Stock, 1970. - 187 p. ; 21 cm.
- Titre original : the revolution of hope : toward a humanized
technology. L’homme pour lui-même / Erich Fromm ;traduit
par Janine Claude. Paris : Editions sociales françaises,
1967. - 192 p. ; 24 cm. - (Collection des sciences humaines appliquées).
- Titre original : Man for himself. - Le langage oublié
: introduction à la compréhension des rêves,
des contes et des mythes / Erich Fromm ; trad. par Simone Fabre.
Paris : Payot, 1975. - 210 p. ; 18 cm.
- Titre original : The forgotten language. - ISBN 2-228-32610-4
La mission de Sigmund Freud : une analyse de sa personnalité
et de son influence / Erich Fromm ; trad. de l’américain
par Paul Alexandre. - Bruxelles : Complexe, 1975. - 112 p. ; 23
cm. - (Textes ).
- Titre original : World perspectives series. - La passion de détruire
: anatomie de la destructivité humaine /Erich Fromm ; traduit
de l’américain par Théo Carlier. - Paris : Laffont,
1975. - 523 p. ; 24 cm. - (Réponses ).
- Titre original : The anatomy of human destructiveness , édité
en 1973 chez Holt, Rinehart et Winston. - (broché). La peur
de la liberté / Erich Fromm ; traduit de l’anglais
par C. Janssens. Paris : Buchet-Chastel, 1963. - 244 p. ; 22 cm.
- Titre original : The fear of freedom.
- la bibliographie en annexe de "Grandeur et limites de la
pensée freudienne" de E. Fromm donne comme titre original
: Escape from Freedom, édité à New York en
1941. Edition allemande à Francfort en 1966 :Die Furcht for
der Freiheit. Psychanalyse et religion / Erich Fromm ; traduit par
D. Merllie. - Paris : EPI, 1978. - 16O p. ; 2O cm. - (Hommes et
groupes).
- Titre original : Psychoanalysis and religion. (broché)
Société aliénée et société
saine : du capitalisme au socialisme humaniste.
Psychanalyse de la société contemporaine/Erich Fromm
; traduit par Janine Claude. Paris : Courrier du Livre, 1967. -
352 p. ; 23 cm. - (L’Université permanente).
- Titre original : The sane society, édité à
New-York : éd. Rinehart,1955. - contient : présentation
de la psychanalyse humaniste d’Erich Fromm / par Mathilde
Niel.- réédité en 1971.
- Vous serez comme des dieux : une interprétation radicale
de l’Ancien Testament / Erich Fromm ; traduit de l’américain
par Paul Alexandre ; postface de Evelyne Sznycer et Serge Pahaut.
- édition revue et annotée par E.Sznycer et S. Pahaut.
Bruxelles : Complexe, 1975. - 214 p. ; 23 cm. - (Textes ). - Index.
- (broché)
tout ces textes ont été mis en ligne par un chercheur
indépendant voyez donc son blog : http://erich-fromm.blogspot.com/
cordialement
frans tassigny
la psychanalyse est un humanisme ( fin ) et ajout Roudinesco
Avoir ou Etre, un choix dont dépend l’avenir de l’Homme
lundi 11 juin 2007, par Frans TASSIGNY
http://www.psychanalyse-paris.fr/la-psychanalyse-est-un-humanisme,93.html
Ci-dessous une réflexion reprise d’un site consacré
à Erich Fromm. Reproduite ici comme contribution à
ce groupe de discussion pour encourager à l’ouverture
d’un débat. Jean Vaysse
Réflexions sur Avoir ou Etre Avoir ou Etre, un choix dont
dépend l’avenir de l’Homme, est l’un des
derniers grands livres d’Erich Fromm. Dans ce livre, nourri
des apports de la psychanalyse, mais aussi du marxisme, de l’humanisme
classique, du bouddhisme zen, Fromm distingue entre deux «
modes » d’existence : le mode être et le mode
avoir. Ce sont, plus que des types de caractères ou des modes
de vie, de véritables orientations déterminant l’identité
et la place qu’un individu assume dans le monde. Cela dépend
de multiples facteurs, dont deux principalement, la structure sociale,
celle d’une société humaine à une période
donnée de l’histoire, et la structure de caractère
individuelle.
Notre époque se caractérise par la prédominance
du mode avoir. Cela veut dire que les choses sont le plus souvent
pensées, ressenties, vécues en termes de possession.
Dans le mode être, à l’inverse, ce qui a de l’importance
est ce qu’on est plus que ce qu’on a.
A plusieurs reprises dans Avoir ou Etre (mais cette analyse était
déjà présente dans son œuvre antérieure
) Fromm souligne comment certaines façons de s’exprimer,
dans la vie courante, traduisent la prévalence du mode avoir
ou du mode être. Ainsi, au lieu de « j’aime »,
on dira « j’ai un amour », si le mode avoir est
celui qui l’emporte. Ou « j’ai une pensée
» au lieu de « je pense ».
Le lecteur adhèrera rapidement à cette remarque d’Erich
Fromm et à la critique sociale qu’elle implique contre
l’esprit de possessivité et d’accumulation de
nos sociétés où l’on mesure les individus
en termes de valeur en fonction de ce qu’ils possèdent.
Vaut davantage celui qui a non seulement un bon compte en banque
mais aussi un bon « compte identitaire » : qui a un
amour digne de ce nom, une pensée valorisante, des amis de
valeur, une existence riche en tout point.
Mais il serait sans doute intéressant de fouiller davantage
cette question : je pense que la remarque de Fromm, prise textuellement
et limitée à cela, est somme toute assez banale (sans
être fausse pour autant). Ou trouve pas mal de réflexions
du même ordre dans le discours « baba cool » des
années soixante dix, y compris ses avatars spiritualistes,
voire sectaires. Cela peut aller jusqu’à l’appel
à se dépouiller de ses biens et de son héritage
intellectuel pour tendre vers un idéal d’ « être
» désintéressé et forcément pur…
En lisant ces phrases sur le mode avoir (« j’ai un
amour, une pensée… ») et l’être («
j’aime, je pense… ») on dérive aisément
dans une observation introspective sur soi-même et sa façon
de s’exprimer. On se surprend à s’interroger
et à scruter son propre discours : « suis-je quelqu’un
de possessif, qui thésaurise les sentiments, ou un être
actif et aimant ? La façon dont je parle trahit-elle cette
identité ? »
Dans cette petite exploration mentale on constate peut-être
une certaine tendance à « avoir » (une religion,
des idées avancées, des principes, des amours etc.).
On plaidera sans doute alors la défense suivante, face à
l’accusation de possessivité ou, osons ce néologisme,
d’ « avoirisme » : « n’existe-il-pas
des structures linguistiques dont je dépends car elles existent
avant moi et en dehors de moi, on me les a inculquées dès
mon plus jeune âge, qui m’imposent ces tournures de
phrase, sans qu’elles soient nécessairement des tournures
d’esprit… »
En fait la réflexion frommienne sur le mode être et
le mode avoir ne s’attarde pas sur l’aspect langagier
de la question ; la remarque n’est pas non plus faite par
hasard. Il s’agit d’impliquer le lecteur, de l’associer
à la réflexion de l’auteur, de solliciter de
sa part une lecture active et participative. Cette stratégie
est typique du psychanalyste Fromm. Dans l’Art d’Aimer,
il faisait une autre remarque tout aussi impliquante et dérangeante
si on s’y arrête de trop. Il proposait en effet l’idée
suivante : dans l’amour, contrairement à ce que pensent
la plupart des gens de notre temps, l’important n’est
pas d’être aimer mais d’aimer. C’est pourquoi
son « Art d’Aimer » ne sera pas un manuel du «
comment séduire et se faire des amis »… L’aimer
et non l’être aimé.
Même stratégie, mêmes effets sur le lecteur.
Qui lit l’Art d’Aimer se demande bientôt s’il
est plus préoccupé de recevoir et garder l’amour
de l’être aimé ou bien de ce qu’il (ou
elle) met en action et donne à l’autre dans l’état
amoureux.
Cette remarque de Fromm non plus n’est pas à prendre
au pied de la lettre ! Faute de quoi on aboutirait à un terrible
paradoxe amenant à la conclusion de l’impossibilité
de l’amour (au sens d’une relation réciproque
et égalitaire à deux) : si l’important est aimer
et non être aimé, et si je me soucie de l’autre
qui m’aime, l’important pour lui (elle) est de m’aimer
; je lui dois donc d’être dans cet état «
passif » du désir d’être aimé, sans
quoi je nie l’amour de l’autre… D’où
d’ailleurs la délicieuse ambiguïté de ce
terme, l’amour de l’autre : celui qu’il me porte
ou celui que j’ai pour lui ?
Après ce détour, la question de deux modes d’existence,
l’Etre et l’Avoir, doit être posée avec
la même acuité. Oui c’est aliénation de
ne plus aimer ou penser mais seulement avoir des sentiments ou des
idées… C’est le propre d’un monde ou l’on
ne veut plus : on « a » de la volonté. Mais c’est
tomber dans une autre forme d’aliénation que de s’enferrer
dans une sorte d’idéal de l’Etre-en-soi.
Etre ou Avoir : un choix dont dépend l’avenir de l’homme
? Que sont et que deviendront ceux qui n’ont rien : pas de
travail, pas de logement, pas de papiers… ?
Publié par Jean-Michel, dit JV
enfin :
afin de proposer une note plus "politico-historique"
à ce débat voici :
ERICH FROMM, du freudo-marxisme à la psychologie
humaniste
Né à Francfort s/Main, en 1900, Erich Fromm fut profondément
imprégné de mystique juive. Lié au cercle de
Rabbi Nobel, il participa à la création du Freies
Jüdisches Lehrhaus, fréquenté par M. Buber. Il
se forma à la psychalyse auprès de Hanns Sachs et
Th. Reik. Il fut un des premiers psychanalystes non médicaux,
et écrivit dans les revues psychanalytiques : Zeitschrift
fur psychoanalytische Pädagogik et Imago. En 1931, il s’intègre
à l’ Institute für Sozialforschung et collabore
à la Zeitschrift. note 1Ses recherches portent sur une approche
psychanalytique du marxisme, il tente de "marier" Freud
et Marx en développant une intégration de la psychanalyse
dans la pensée sociale.
Il s’éloigne progressivement du freudisme orthodoxe
dès 1935. Ses critiques susciteront l’animosité
des psychanalystes classiques. Pourtant, malgré la critique
de l’universalité des concepts freudiens (dcelui du
complexe d’Oedipe par exemple) et le parallèle qu’il
établit entre les rapports oedipiens et les rapports sociaux
propres au monde capitaliste, il s’écarte de l’école
de Francfort.Ses dernières recherches dans le cadre de l’Institut
de la Recherche sociale ont trait à la formation de la personnalité
autoritaire. Mais le concept de personnalité autoritaire
développé par Fromm désigne une attitude spirituelle
autonome dégagée de tout réseau pulsionnel
: sa personnalité ne s’enracine pas dans le corps.
La psychanalyse redevient ainsi, chez Fromm, une psychologie de
l’âme autonome. On comprendra les dissensions profondes
qui séparent Fromm d’un Marcuse. Pourtant Fromm considère,
que les traits qui constituent la personnalité sont, plus
que la résultante de pulsions refoulées, le produit
de processus sociaux, où l’individu recherche la sécurité
en refusant sa liberté. Le conflit entre le potentiel inné
et les obstacles sociaux au développement humain sont à
l’origine des névroses. Pourtant, l’individu
peut toujours s’adapter au milieu social et mener une vie
autonome. Cette recherche d’autonomie purement individuelle
entrainera Fromm dans les courants multiformes de la psychologie
humaniste centrée sur l’égo. Les ouvrages repris
ci dessus ne s’inscrivent donc pas dans la lignée directe
de la théorie critique spécifique de l’école
de Francfort. Ils témoignent cependant de l’évolution
d’une pensée toujours imprégnée d’un
humanisme socialiste et d’un souci de l’émancipation
humaine, que Fromm conçoit plus comme une libération
individuelle que comme une conquête révolutionnaire
ou sociale. note 2
notes
note 1) notamment l’article mentionné dans la bibliographie
de "grandeur et limite de la pensée freudienne"
: Uber Methode und Aufgabe einer Analytischen Sozial-psychologie
: Bemerkungen über Psychoanalyse und historischen Materialismus
in : Zeitschrift für Sozialforschung, Leipzig, 1 (1932). p.28-54.
note 2.) les sources de la notice biographique sont : ASSOUN P.L.
, l’école de Francfort., et l’article Erich Fromm
in Encyclopaedia Universalis (Thesaurus). voir aussi Martin JAY,
"l’imagination dialectique", Paris : Payot.
source : http://psychamarx.blogspot.com/
pour conclure avec E.Roudinesco :
Réhabilitons en l’invention freudienne en lui donnant
une dignité que les psychanalystes tentent sans cesse de
lui faire perdre dans leur arrogance à se prendre pour les
seuls détenteurs du corpus freudien c’est-à-dire
à un courant très riche du mouvement psychanalytique,
représenté par Erich Fromm et Karen Horney, et qui
se propose de "dépasser" le freudisme classique
jugé conservateur et dogmatique. Ce mouvement s’inspire
en fait du culturalisme et des thèses du médecin autrichien
Alfred Adler, pour créer de nouvelles écoles de psychothérapie
adaptées, sur le plan clinique, aux nouveaux modes de vie
des sociétés occidentales de la deuxième moitié
du XXe siècle. Selon Fromm, en effet, dont il faut rappeler
qu’il vouait une véritable passion à la psychanalyse,
la nécessité s’imposait de critiquer l’autoritarisme
patriarcal des héritiers de Freud, au nom d’un certain
relativisme et d’une conception plus adaptative de la cure.
E.Ro
voyez les valleurs humanistes de la psychanalyse
cordial ft
jeudi 7 juin 2007
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