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La psychanalyse selon Erich Fromm

origine : http://transfert.yellis.net/fromm.html


D'après le livre : l'Art d'Ecouter (Editions Desclée de Brouwer)

La vie : une partie d'échecs.

Au départ d'une partie d'échecs, les chances des deux joueurs sont à peu près égales.

C'est par une série d'erreurs qui peuvent être rattrapées individuellement ou qui seront fatales si elles s'accumulent, que l'un des joueurs perd la partie.

Dans la vie courante, on commet une erreur lorsqu'on accepte un marché, une compromission, on aliène sa liberté et son bonheur.

Cela commence dès l'enfance :

- on demande à l'enfant de ne plus jouer avec son copain noir

(tout cela est parfaitement rationalisé, c'est pour ne pas fâcher les parents, on lui explique que l'on sait que c'est dur, et pour finir on lui promet plus ou moins ouvertement une récompense).

S'il accepte la récompense, il commet sa première erreur fatale.

Plus tard lorsqu'il sort avec une jeune fille pauvre que la famille refuse. On lui demande gentiment de réfléchir. On lui propose un voyage pour faire le point, on ne lui interdit pas de voir la jeune fille.

Mais s'il accepte d'aller en voyage (il acceptera d'autant plus facilement qu'il a déjà accepté la récompense dans son enfance), il n'épousera pas la jeune fille, il a compris le marché et il l'a accepté.

Au moment de choisir son métier, on lui fait miroiter la carrière de son père, on lui met sous les yeux le désarroi de celui-ci s'il ne trouve pas de successeur. Et on lui offre la voiture de sport pour le consoler d'avoir laissé tomber ses propres aspirations et d'avoir cédé au chantage dissimulé.

A partir de trois erreurs fatales, c'est un homme brisé, il a perdu la partie de la vie.

Il faudrait un miracle pour qu'il puisse gagner quand même, une psychanalyse peut-être ?

Les chantages, marchés, compromissions sont omniprésents et ne fonctionnent pas à visage découvert, le chantage affectif des parents en est un bon exemple.

Faut-il encourager le patient ?

Fromm pense que c'est une erreur. L'encourager lui permet de persister dans ses conduites, de ne pas prendre sa vie en main, et de ne pas faire le nécessaire pour changer.

Il est intéressant de trouver ce genre d'idées dans un livre sur la psychanalyse. Ces idées sont plutôt propagées dans les groupes de soutien pour les personnes souffrant de dépendance affective, par exemple. Et ces groupes de soutien sont un complément magistral à la psychanalyse individuelle.

Je m'explique : parce que vous êtes névrosé, vous avez trouvé un partenaire dans la vie qui complémente votre névrose. Par exemple vous voulez tout contrôler et vous occuper des autres, vous avez épousé un alcoolique. Eh bien, tant que vous vous occuperez de lui, l'alcoolique restera alcoolique. Votre attitude à son égard, votre amour, votre soutien l'empêchera de changer son comportement, ou plutôt lui permettra de maintenir son comportement.

C'est l'un des messages que diffuse l'association "Al-Anon" pour les proches d'alcooliques. Une façon d'aider les autres, c'est de cesser de s'occuper de leurs problèmes, de cesser de les encourager à persister dans leurs comportements. Ceci est vrai pour toutes les formes de dépendance (drogues, boulimie, dépendance affective excessive). Incroyable n'est ce pas ?

Cela est tout à fait pertinent vis à vis de la psychanalyse, car les personnes névrosées ont tendance à s'attacher à des personnes dépendantes et cela leur permet d'entretenir leur névrose. (voir aussi le livre de Robin Norwood : Ces femmes qui aiment trop)


Pour fortifier le MOI, il faut d'abord trouver ce qui a déstabilisé le MOI.

Je trouve que les idées d'Eric Fromm développées dans "L'Art d'Ecouter", illustrent bien le phénomène de compromission.

La psychanalyse va donner une nouvelle chance !