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origine : http://transfert.yellis.net/fromm.html
D'après le livre : l'Art d'Ecouter (Editions Desclée
de Brouwer)
La vie : une partie d'échecs.
Au départ d'une partie d'échecs, les chances des
deux joueurs sont à peu près égales.
C'est par une série d'erreurs qui peuvent être rattrapées
individuellement ou qui seront fatales si elles s'accumulent, que
l'un des joueurs perd la partie.
Dans la vie courante, on commet une erreur lorsqu'on accepte un
marché, une compromission, on aliène sa liberté
et son bonheur.
Cela commence dès l'enfance :
- on demande à l'enfant de ne plus jouer avec son copain
noir
(tout cela est parfaitement rationalisé, c'est pour ne pas
fâcher les parents, on lui explique que l'on sait que c'est
dur, et pour finir on lui promet plus ou moins ouvertement une récompense).
S'il accepte la récompense, il commet sa première
erreur fatale.
Plus tard lorsqu'il sort avec une jeune fille pauvre que la famille
refuse. On lui demande gentiment de réfléchir. On
lui propose un voyage pour faire le point, on ne lui interdit pas
de voir la jeune fille.
Mais s'il accepte d'aller en voyage (il acceptera d'autant plus
facilement qu'il a déjà accepté la récompense
dans son enfance), il n'épousera pas la jeune fille, il a
compris le marché et il l'a accepté.
Au moment de choisir son métier, on lui fait miroiter la
carrière de son père, on lui met sous les yeux le
désarroi de celui-ci s'il ne trouve pas de successeur. Et
on lui offre la voiture de sport pour le consoler d'avoir laissé
tomber ses propres aspirations et d'avoir cédé au
chantage dissimulé.
A partir de trois erreurs fatales, c'est un homme brisé,
il a perdu la partie de la vie.
Il faudrait un miracle pour qu'il puisse gagner quand même,
une psychanalyse peut-être ?
Les chantages, marchés, compromissions sont omniprésents
et ne fonctionnent pas à visage découvert, le chantage
affectif des parents en est un bon exemple.
Faut-il encourager le patient ?
Fromm pense que c'est une erreur. L'encourager lui permet de persister
dans ses conduites, de ne pas prendre sa vie en main, et de ne pas
faire le nécessaire pour changer.
Il est intéressant de trouver ce genre d'idées dans
un livre sur la psychanalyse. Ces idées sont plutôt
propagées dans les groupes de soutien pour les personnes
souffrant de dépendance affective, par exemple. Et ces groupes
de soutien sont un complément magistral à la psychanalyse
individuelle.
Je m'explique : parce que vous êtes névrosé,
vous avez trouvé un partenaire dans la vie qui complémente
votre névrose. Par exemple vous voulez tout contrôler
et vous occuper des autres, vous avez épousé un alcoolique.
Eh bien, tant que vous vous occuperez de lui, l'alcoolique restera
alcoolique. Votre attitude à son égard, votre amour,
votre soutien l'empêchera de changer son comportement, ou
plutôt lui permettra de maintenir son comportement.
C'est l'un des messages que diffuse l'association "Al-Anon"
pour les proches d'alcooliques. Une façon d'aider les autres,
c'est de cesser de s'occuper de leurs problèmes, de cesser
de les encourager à persister dans leurs comportements. Ceci
est vrai pour toutes les formes de dépendance (drogues, boulimie,
dépendance affective excessive). Incroyable n'est ce pas
?
Cela est tout à fait pertinent vis à vis de la psychanalyse,
car les personnes névrosées ont tendance à
s'attacher à des personnes dépendantes et cela leur
permet d'entretenir leur névrose. (voir aussi le livre de
Robin Norwood : Ces femmes qui aiment trop)
Pour fortifier le MOI, il faut d'abord trouver ce qui a déstabilisé
le MOI.
Je trouve que les idées d'Eric Fromm développées
dans "L'Art d'Ecouter", illustrent bien le phénomène
de compromission.
La psychanalyse va donner une nouvelle chance !
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