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Origine : http://www.jyvais.org/article-2856806.html
Il est des êtres qui vous marquent pour la vie et sans lesquels
celle-ci aurait eu une toute autre tournure. Erich Fromm est de
ceux-là. Il a modifié le parcours de ma vie et m’a
donné les moyens - quand j’avais la vingtaine - d’affronter
les impasses d’une histoire familiale et nationale ancrée
dans un univers proche-oriental que j’ai mis plus de trente
ans, par la suite, à comprendre, parce qu’il obéit
à d’autres codes culturels et anthropologiques. Elevé
dans un monde bourgeois, où le commerce et l’argent
étaient les seules valeurs reconnues, assurant non seulement
la sécurité et le statut, mais aussi l’identité
et la liberté, j’ai eu beaucoup de mal à me
constituer, à me libérer de cet univers. J’étais
ainsi soumis à une dévalorisation relative de la culture
et de l’art et il fallait braver milieu familial et social
pour oser croire à la force des idées, celles qui
pouvaient changer ce monde largement inégal et injuste déployé
sous mes yeux. Je ne savais pas alors que ces valeurs marchandes
allaient devenir en Occident aussi prégnantes, sous l’influence
d’autres légitimations liées probablement à
l’éthique du protestantisme et à celle de l’Amérique
libérale contemporaine qui érige le marché
en arbitre suprême.
Sans aborder le détail de ce moment décisif, ma rencontre
avec Erich Fromm avait été précédée
par ma lecture de ses œuvres durant les années 1959-1960.
Je me débattais alors face à l’autorité
paternelle, ce qui n’était pas une mince affaire. Bien
plus tard seulement je me rendis compte qu’au Proche-Orient
tout était encore régi par la famille, le clan, la
communauté. Je me heurtais à un mur de déterminisme.
Aucun choix n’était possible hormis celui que me présentait
mon père. M’opposer à lui était invraisemblable
et, si je m’y risquais, c’était source de colère
de sa part et de culpabilité de la mienne. Aucune liberté
ne semblait possible et quand j’échappais momentanément
aux foudres paternelles, je devais ne pas céder aux pressions
affectives de ma mère, qui essayait par d’autres moyens
de me conduire au même but que celui souhaité par mon
père. Elle cherchait à me convaincre de suivre la
voie commerciale tracée par mon père en la faisant
évoluer vers un monde financier plus moderne que celui des
affaires paternelles, somme toute restées archaïques
et artisanales.
1 Tout choix personnel semblait exclu : un garçon était
supposé prendre la succession de son père, épouser
sa cousine germaine, vivre auprès de ses parents dans la
même maison, « le reste de son âge » pour
citer Joachim du Bellay...Ce n’est que bien longtemps plus
tard que je compris ce que signifiait l’endogamie. Sur le
plan politique, économique et social, je parvenais difficilement
à analyser la réalité libanaise. A cette époque
on parlait volontiers de miracle libanais, de la force d’un
état faible, de Beyrouth comme d’un Paris oriental,
d’un pays jeune de 6000 ans, de Suisse du Proche-Orient et
de tant d’autres clichés. Ce petit pays, à peine
indépendant, scintillait de tous les feux du libéralisme
et de la réussite matérielle, et semblait imperméable
à l’histoire de la région, sauf pour profiter
des coups d’états et des malheurs consécutifs
pour les bourgeoisies nationales qui venaient se réfugier
avec leurs capitaux dans ce havre de paix. Les inégalités
sociales ne troublaient apparemment personne dans les cercles du
pouvoir. A l’âge de la révolte et du besoin de
justice, tout m’angoissait et m’était incompréhensible.
Tout me paraissait confus : l’histoire du Liban, l’origine
des états du Proche Orient, l’existence d’Israël,
la présence au Liban des réfugiés de Palestine,
etc... Etudiant en troisième année de Sciences économiques,
je bénéficiais d’une invitation, émanant
du Département d’Etat américain, à me
rendre avec un groupe d’étudiants arabes aux Etats-Unis.
Une des raisons qui me firent l’accepter, c’était
l’idée secrète de rencontrer Erich Fromm, après
avoir lu l’ensemble de ses écrits publiés en
anglais.
J’écrivais à Erich Fromm chez Routledge and
Kegan son éditeur anglais, sans savoir quelle serait sa réaction.
Quelle ne fut ma surprise quand je reçus quelques temps après
une réponse d’Erich Fromm par laquelle il m’invitait
à la rencontrer à New- York. Je prévenais aussitôt
Erich Fromm des dates de mon séjour à New York et
sans tarder il me proposa de l’appeler dès que j’y
serais pour me donner un rendez-vous. Le fait que je vienne du Proche
- Orient, d’un pays arabe, alors que Erich Fromm était
juif allemand, ayant d’abord milité dans les jeunesses
sionistes, puis combattu la création d’un état
juif, devenu antisioniste, avait-il piqué son intérêt
?
Je restais saisi de la chance qui s’offrait à moi
et me sentais pousser des ailes ! Un autre hasard allait doubler
l’invitation américaine par une invitation au Mexique
où se tenait un congrès de Sociologie où je
fus convié à représenter le Liban et ceci n’est
pas indifférent à la suite. Quand j’appelais,
en effet, Erich Fromm en lui proposant de le rencontrer à
New- York durant l’été 1960, avant mon départ
pour Mexico, il me répondit que nous nous verrions plus à
loisir au Mexique, et il m’engagea à lui téléphoner
dès la fin du Congrès. La première rencontre
dans le bureau d’Erich Fromm à Mexico La première
rencontre à Mexico - il me l’avouera plus tard - le
surprit.
Il attendait un professeur dans la quarantaine et c’était
un jeune étudiant de 22 ans qui lui faisait face. Après
la première surprise, il chercha à comprendre les
raisons de ma venue de si loin et ce que j’attendais de lui,
puis sans hésiter, il me proposa de venir m’installer
à Cuernavaca dans une hacienda qu’il connaissait, appartenant
à un français, une maison faisant office de pension
de famille qui était momentanément fermée,
mais où il se ferait fort de m’obtenir une chambre,
et il m’assura qu’il trouverait le temps de me voir
d’une manière intensive. Et il en fut ainsi…Deux
à trois fois par semaines, il me consacrait quatre à
cinq heures d’affilée entre 15 ou 16 heures et vingt
heures. De ces rencontres à Cuernavaca, il ne sera pas question
ici, car elles sont d’un ordre strictement intime , mais je
voudrais évoquer la figure d’Erich Fromm, telle qu’elle
m’est alors apparue.
Le pacte tacite de Fromm
Ce qui m’a frappé dès le premier abord, c’était
son regard clair, intense et doux, pénétrant et respectueux.
Ce regard exprimait immédiatement l’entière
disponibilité, transmettait le gage non dit de la confiance,
rassurait et interrogeait tout à la fois. Ce regard communiquait
- je le saurai plus tard - toute l’humanité d’Erich
Fromm qu’il offrait à son interlocuteur comme une vulnérabilité
et une force tout à la fois, signifiant son ouverture à
l’autre et l’invitant s’il le souhaitait, par
contagion peut-être, à s’ouvrir lui aussi dans
un pacte tacite. En préparant l’ouvrage « Revoir
Freud », que j’ai publié en France à l’occasion
du centième anniversaire de sa naissance, je retrouvais la
théorisation que fait Ercih Fromm de cette relation de sujet
à sujet et qu’il nomme la relation centrale.
L’homme des Lumières et celui de l’expérience
mystique Après ce regard de fraternité et de partage,
je fus frappé, cela aussi m’a marqué pour l’avenir,
par la concordance entre l’œuvre et l’homme. Erich
Fromm vivait ses idées sans hiatus. Juif allemand, né
dans une famille orthodoxe, il s’était libéré
des carcans de la religion sans toutefois renoncer à la spiritualité
du judaïsme. Homme des lumières, il gardait la capacité
d’une pensée paradoxale ; défenseur de plus
de raison, il explorait le monde de la religiosité et de
la mystique, qu’elle fut orientale ou occidentale. C’est
ainsi qu’il s’est sa vie durant penché sur l’expérience
mystique, celle des Saint Jean de la Croix, de Maître Eckhart,
de Hallaj et surtout des Bouddhistes Zen.
Sa rencontre avec Suzuki et l’ouvrage qu’ils ont fait
ensemble, avec de Martino, établit des ponts entre expérience
mystique et psychanalyse. Pour ma part, au Liban où la religion
était indiquée sur la carte d’identité
et où donc tout est imprégné par elle, je commençais
avec Erich Fromm- je songe à son ouvrage « The Dogma
of Christ » ou à « You shall be as gods »
- un parcours long et complexe de compréhension des cadres
de pensée de ma culture. Cela m’a aidé à
mettre mes distances avec tout ce qui touche aux diverses formes
d’emprise du groupe (famille, clan, communauté) et
a renforcé nécessairement mes aspirations individuelles.
Il me restait à séparer aspirations individuelles
et narcissisme, ce qui fut un tout autre travail.
Le renoncement progressif à la toute puissance de l’ego
et l’apprentissage du partage m’ont aidé à
défendre des valeurs à portée politique. Au
Proche-Orient, dans la mesure où les individus n’existent
que comme des personnes membres d’un groupe (communauté,
clan, etc.), il est ontologiquement impossible pour cette société
de mettre en oeuvre un projet politique qui assure la liberté
individuelle, et cela dans tous les domaines. Pourtant le projet
politique d’une société tient aux relations
de ses membres comme individus avec cette société.
L’engagement politique :
Dans le domaine politique, Erich Fromm, en socialiste engagé,
savait que l’on ne bâtissait rien sans respecter les
legs du passé et que les révolutions n’étaient
plus possibles de la même manière qu’au XVIIIème
siècle ou même au moment de la révolution russe
de 1917, depuis que les sociétés occidentales étaient
devenues de sociétés de techno-structures. C’est
ce qu’il développa dans un livre - programme politique
en 1968 pour la campagne présidentielle de Eugène
Mc Carthy contre Richard Nixon, que j’ai traduit sous le titre
Espoir et Révolution et qui est paru fin 1970 chez Stock
à Paris. La connaissance approfondie de l’œuvre
de Marx, y compris de ses manuscrits philosophiques de 1844 et les
ouvrages d’Erich Fromm sur lui « Le concept de l’homme
chez Marx » ou encore « Au-delà des chaînes
de l’illusion » m’ont introduit au marxisme en
m’évitant d’emblée les dérives
du communisme ou du dogmatisme idéologique des exégètes
de Marx.
Ce que j’appellerais le cadeau de confiance que m’a
fait Fromm en m’accueillant, et en m’aidant à
débusquer le langage caché de la réalité
psychique, mais aussi celui de la réalité économique,
politique et sociale, a changé ma vie et m’a donné
le courage de toutes les questions et de tous les combats. Il m’a
aussi conseillé un programme de lectures très vaste
allant des pré-socratiques à Orwell. C’est dire
que Erich Fromm au-delà de la psychanalyse, dont il m’a
ouvert le champ, m’a attiré vers le monde des idées,
en me transmettant la conviction que leur force peut soulever les
montagnes, même si en apparence elles sont inopérantes.
Dans la tradition prophétique, il m’a aussi sensibilisé
au courant de pensée qui nourrit, avec la pensée grecque
- et je le saurais par la suite avec la pensée arabe- la
modernité occidentale. Il est vrai qu’aujourd’hui,
à l’heure où nous traversons une crise de civilisation
à l’échelle mondiale, on peut se prendre à
douter de la capacité des idées à changer le
monde ! Les idées d’Erich Fromm, en tout cas, ont certainement
changé ma vie. Elles m’ont dès le départ
appris à me méfier de la dichotomie entre pensée
et sensibilité, entre l’utilisation de la pensée
pour renforcer le pouvoir et la domination et l’usage de la
pensée pour renforcer la libération et la liberté.
Je manquais de confiance en moi et en mes capacités à
penser par moi-même et c’est Fromm qui m’a appris
à me méfier d’une pensée conventionnelle,
uniquement descriptive ; il m’a encouragé à
toujours rechercher la part cachée, intérieure de
la réalité.
Comprendre l’autre, c’est tenter de le comprendre de
l’intérieur, analyser les problèmes sociaux
et politiques, c’est chercher à en saisir les ressorts
profonds et internes et non se contenter de les décrire et
de les cataloguer. Cela devait me servir dans mon travail d’historien.
Je savais que Erich Fromm était un héritier de Spinoza
et de Marx, dont il a fait fructifier l’héritage, je
découvre aujourd’hui qu’il se situe aussi dans
la filiation de Giambatista Vico. En relisant les lettres échangées
avec Erich Fromm entre les années soixante et quatre vingt,
je retrouve sa présence, sa pénétration d’esprit,
son ouverture et sa disponibilité aux autres, sa lucidité,
son attention aux mots. Ne jamais accepter que les mots soient des
coquilles vides, mais des symboles de chair et de vie, des mots
incarnés où pensée et émotion sont réunis.
Ainsi, les mots amour, liberté, justice, respect, courage
constituaient tout un programme, un hymne à la vie.
Ce dont je suis redevable à Fromm :
D’abord, je voudrais insister sur le fait que les écrits
d’Erich Fromm sont lisibles et clairs et ne sont pas protégés
par un système de codage pour n’être accessibles
qu’aux spécialistes, protégeant par ce codage
la connaissance et le pouvoir. Erich Fromm s’offre et se lit
sans protection, avec cette ouverture qui est don. On a pu lui reprocher
une théorisation parfois faible, mais à la limite
ce n’était pas sa préoccupation majeure. Ce
qui lui importait, c’est la pensée vivante. Sans le
savoir quand je le lisais en 1959 et les années suivantes,
son approche théorique convenait parfaitement à mon
histoire et n’est-ce pas cela une vraie rencontre d’êtres
et d’idées ?
Né au Liban, je baignais entre deux cultures, entre deux
mondes, entre deux sensibilités. L’insistance d’Erich
Fromm sur le caractère schizoide des sociétés
contemporaines, comparé au caractère hystérique
de celles du XIX ème siècle, ne pouvait pas mieux
répondre à mes attentes. Je citerai aussi sa critique
du monde de l’argent et des apparences, qui me confortait
dans ma propre critique à l’égard de la société
libanaise. Je rappelle ici que le dernier livre publié du
vivant de Fromm est :
« Avoir ou Être » et que nous nous en étions
entretenus avant sa mort en 1978 et 1979.2 Je garde enfin de ces
dernières rencontres à Locarno au moment des entretiens
entrepris avec lui, le souvenir des soirées de discussion
sur beaucoup de sujets, et notamment sur la question d’Israël
et de la Palestine et donc sur le terrorisme déjà
très actif à l’époque ! Sa critique du
terrorisme qu’il soit palestinien ou israélien allait
de pair avec sa défense de la cause juste des palestiniens
et il fut parmi les premiers en 1948 avec Hannah Arendt à
réclamer le retour des réfugiés de 1948.Au
moment où je traduisais « The Revolution of Hope »,
il m’avait interrogé sur les organisations palestiniennes
et je lui avais fait, dans une lettre du 7 mars 1970, un petit résumé
des plus connues, à commencer par Al Fateh en lui indiquant
les leaders et les principes de ces organisations. Il me répondait
le 4 avril : …
« It was enlightening to me and I have now for the first
time an idea of the various currents and groupings in the Arab resistance
movement. This is really very helpful to me and I appreciate very
much the trouble you have taken to send me such a detailed memo.
...
I am against terror tactics. I was against them when the Israelis
applied them against the British, and I am against them when the
Arabs apply them against the Israelis. I do not believe in hate
as a constructive sentiment for the liberation of any nation, and
of course I am not a friend of nationalism, whether it is Arab or
Israeli. This is something different from undestanding deeply the
motivation for Arab nationalism and from my severe criticism of
Israeli policy, not only since the foundation of the State, but
altogether, àf a completelyr Jewish state as such. I think
the only solution would have been that suggested by Rabi Magnus,
of a by-national Jewish- Arab state, similar to the Swiss canton
system.”
Je lui répondais le 31 mai 1970:
“ The by-national Jewish-Arab state would be a rational solution
if only the two parts were sincerely willing to accept each other
and live in peace. Resistance an war are logical consequence of
occupation and violence ( can we speak of terrorism except when
some Palestinian extremist group deliberately attack civilian, as
the Israeli extremists Did in the past ( The Stern), when they for
instance attacked the King David Hotel. In this meaning, I am also
against terror, but resistance has another content when it is the
only possibility left for the Palestinians to assert their rights.”
Pour terminer ce témoignage, je citerai la réponse
d’Erich Fromm concernant le terrorisme, qui me paraît
toujours actuelle, à l’heure où la politique
américaine ne fait que renforcer le terrorisme arabe, auquel
elle a déclaré la guerre, avec des accents de croisade
contre le mal :
« Thank you for your letter of May 31 st just arrived. I
have read with great interest your remarks on the Arab-Jewish situation.
I realise what you mean by differentiating between resistance and
terror but I think that while the distinction can be made theoretically,
it is very difficult to uphold it practically. As long as the guerrilla
fighters can attack an opposing army, the distinction is pretty
clear and realistic. But when the liberation fighters do not attack
an army, and for practical reasons this is often impossible, and
instead attack peaceful settlers or other civilians, then the resistance
necessarily employs terroristic methods. With attacks against individual
settlements, buses, etc., the liberation fighters have actually,
it seems to me , used terroristic methods just as the Zionist extremist
groups like the Stern gang used the same method of terror in their
fight against the British.
I do not for a moment forget that the air attacks of the Israeli
army against so-called military targets near Cairo are also for
all practical purposes terroristic and that it is no excuse if it
is explained that killing children wad due to an error or whatever
excuse is. It seems to me one should introduce another element and
that is, the question whether military moves of the resistance have
any realistic chance to change the political and military picture
or whether they just vent indignation and hate of those who have
been deprived of their land against those who sit on it. It is quite
clear and has proved for many years, that the resistance of the
NLF in Vietnam has a real and indubitable military function . It
is not clear to me whether at this moment the Arab resistance has
any such function. I should like to comment on the fact that until
and including the first World war, the use of force had been voluntarily
restricted by certain compassionate considerations mainly in two
directions.
One did not kill civilian populations, and by and large did not
use torture event if its use would produce important military information.
Since and during the second World War these restrictions have been
abandoned first by all great powers and are now in a situation where
force is used on all sides without restrictions. Of course all this
has nothing to do with the full condemnation of Israeli agressiveness,
its refusal to evacuate the conquered territories, etc. etc. The
refusal of the Israeli government even to permit Nahum Goldman,
the most intelligent, realistic and humanist of Zionist leaders,
to meet with Nasser is only a glaring example of the intransigence
of Israeli government.”
Trente cinq ans après, l’analyse d’Erich Fromm
reste prophétique et rejoint celle d’Edward W. Said,
l’intellectuel palestinien récemment disparu : Face
aux impasses de la violence sous toutes ses formes et aux réalités
de la démographie dans les prochaines années, la seule
solution n’est-elle pas un état bi-national et le renoncement
au terrorisme ?
Ou bien continuera-t-on en Israël à pratiquer une politique
de l’exclusion, se protégeant par un mur qui fait de
l’Etat juif un grand ghetto, avec l’approbation des
Etats Unis, tandis que s’accentueront les extrémismes
islamiques et le terrorisme international, que la guerre américaine
en Irak ne fait que conforter ?
Il est à craindre que le Proche-Orient reste encore pour
longtemps une zone sismique, imperméable aux solutions équitables
dans le respect de tous, malgré la vision prophétique
d’hommes justes comme Fromm et Said.
Gérard D. Khoury, Aix en Provence, 6 août 2005
publié par Jean Vaysse dans: idées
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