Origine http://ecodistributive.chez-alice.fr/index.php?page=argumentaire
A la jonction du libéralisme et de l'intérêt
collectif, cette alternative au capitalisme est simple et facile
à mettre en oeuvre dès aujourd'hui.
Depuis quelques dizaines d'années, problèmes économiques
obligent, nous tergiversons entre rigueur et relance de la consommation,
misère et insécurité se propagent pendant que
le PIB augmente. Margaret Thatcher a-t-elle raison, « There
Is No Alternative » ? Voyons pourquoi les solutions classiques
nous mènent à des impasses et découvrons comment
l'Economie Distributive solutionne nos problèmes économiques
actuels.
1) IMPASSES DES SOLUTIONS CLASSIQUES
1.1 IMPASSES DU CAPITALISME
En occident, grâce au capitalisme, nous ne vivons plus de
famine, notre confort a été grandement amélioré...
Mais des problèmes inhérents à cette économie
se font plus importants chaque jour.
Croissance sans limite obligatoire :
Pour garder la confiance des investisseurs (qui réclament
toujours plus de dividendes) et surtout à cause du fonctionnement
de prêt avec intérêts (qui impliquent une croissance
sans fin de la masse monétaire), nous sommes acculés
à générer une croissance exponentielle... dans
une planète limitée (d'après les calculs d'empreinte
écologique, il faudrait 3 ou 4 terres pour permettre à
tous les habitants actuels de la Terre de vivre avec le niveau de
vie des Français) : il n'y a pas besoin d'être économiste
pour comprendre que nous sommes dans une impasse économique.
Gestion de l'abondance en créant de la rareté :
Dans notre organisation actuelle, une entreprise ne peut vendre
ses produits que s'ils sont rares. Lorsque le marché est
saturé (blé, voitures, services...), plutôt
que de profiter collectivement de l'abondance, soit on impose de
nouveaux besoins avec les répercussions que l'on connaît
sur l'environnement, soit on détruit une partie des stocks
pour recréer de la rareté et pouvoir vendre à
nouveau. C'est logique mais suicidaire, non ?
Il est vrai que sans cela, le PIB chuterait. Or, on mesure encore
le bien-être de la population avec le PIB. Les accidents de
la route sont-ils bons pour le moral de la population ?
Il est normal qu'il y ait de moins en moins de travail :
Une entreprise qui utilise beaucoup de main d'oeuvre a souvent
intérêt à s'implanter dans un pays à
faible coût de main d'oeuvre. Beaucoup de tâches pénibles
disparaissent grâce à la mécanisation. Il y
a de moins en moins besoin de nous en tant que force de travail
dans nos pays. (Et c'est tant mieux, non ?) Seulement aujourd'hui,
c'est problématique pour beaucoup de gens...
Plus l'économie fleurit, plus la population s'appauvrit
:
Au début du capitalisme, la richesse était partagée
par le biais des salaires versés à la main d'oeuvre.
La population s'enrichissait grâce à ce salariat. Aujourd'hui,
la richesse provient de machines qui ne reçoivent pas de
rémunération, le salariat diminuant, la richesse reste
de plus en plus dans les mains du capital. La population ne s'enrichit
plus, elle s'appauvrit. (La part des salaires dans le PIB a baissé
de 10% au profit de celle de l'actionnariat depuis une vingtaine
d'année.)
Dans l'économie dite de « Libre initiative »,
les bonnes volontés ont du mal à trouver les moyens
:
Les personnes motivées et compétentes sont souvent
limitées par la concurrence (il n'y a pas de place pour tout
le monde), par les besoins de financement (dont les banques de crédit
usent aujourd'hui de façon arbitraire) et surtout par les
besoins de rentabilité économique (qui fait passer
l'intérêt particulier avant l'intérêt
collectif).
Environnement, social... les solutions simples et économiques
ne peuvent pas se diffuser :
Toute innovation / solution (écologique, sociale...) simple,
bon marché, ne peut guère être diffusée,
car elle rapporte trop peu ou fait perdre de l'argent à ceux
qui vivent de solutions plus onéreuses (même si elles
sont moins efficaces).
Les Etats peuvent de moins en moins intervenir dans l'économie
:
Les Etats européens ont « privatisé »
leur compétence en gestion de la monnaie. S'interdisant d'en
émettre et recourant à l'emprunt, ils sont de plus
en plus endettés et ont de moins en moins de marge de manoeuvre
pour d'éventuelles redistributions supplémentaires
ou soutien de certains secteurs.
Faudra-t-il une nouvelle destruction massive des richesses et de
la main d'oeuvre, telle que celle opérée par la 2è
guerre mondiale, pour relancer la vie économique... pour
une période comme celle des 30 glorieuses ?
1.2 IMPASSE DU COMMUNISME
Les régimes communistes ont donné lieu à des
capitalismes d'Etat dictatoriaux. La planification venant d'en haut,
la population avait très peu de liberté.
Ils ont été mis en place dans des situations de pénurie,
ce qui n'a pas arrangé les affaires. Les monnaies utilisées
sont restées thésaurisables et ont permis la spéculation.
Corruption et spéculation ont pu continuer...
L'épanouissement des populations n'étant pas la motivation
première, la plupart des régimes communistes n'ont
que très partiellement redistribué les richesses et
ont abouti à des impasses.
1.3 IMPASSE DE L'ECONOMIE SOCIALE ET DU DEVELOPPEMENT DURABLE
L'économie capitaliste nous emmène dans un mur. L'Economie
Sociale et Développement Durable permettent l'émergence
d'alternatives micro-économiques souvent très intéressantes.
Ils ralentissent l'arrivée dans le mur mais, en conservant
la logique de profit, n'évitent pas l'impasse !
1.4 ET LA DECROISSANCE SOUTENABLE ?
Les promoteurs de la Décroissance Soutenable nous alertent
judicieusement de toutes ces dérives. Tout le monde ne peut
consommer comme les Occidentaux, sinon il faudrait plusieurs terres.
Ils proposent des solutions très intéressantes, surtout
sur le champ de la transformation individuelle.
On peut cependant regretter quelques aspects :
• Tout n'est pas à décroître : ne peut-on
pas augmenter les transports tout en réduisant fortement
leurs impacts sur l'environnement ?
• Mais surtout, l'homme étant sur terre pour s'épanouir,
comment peut-on se fédérer derrière un slogan
de décroissance ?
• On peut regretter le peu de propositions sur le plan macro-économique
de la part de ses promoteurs.
S'ils la connaissaient vraiment, l'Economie Distributive leur plairait.
2) L'ECONOMIE DISTRIBUTIVE
2.1 ORIGINE
En 1888 aux USA, Edward Bellamy (dans le roman « Looking
Backward ») ébauche une économie de type distributiste
plutôt militaire.
On repère ensuite les propos du major H.C. Douglas en 1919
en Ecosse.
En France, dans les années qui suivent la grande dépression
née en 1929 et jusqu'en 1939 :
• Jacques Duboin, ancien député et Sous-Secrétaire
d'Etat au Trésor, fonde l'association « Le Droit au
Travail et au Progrès Social » et la revue «
La Grande Relève ». Il dénonce les énormes
destructions de richesses destinées à lutter contre
l'abondance qui ferait baisser les prix, il jette les bases d'une
économie distributive ;
• Louis Even, catholique breton, fonde le jounal «
Vers demain ». Il défend « Le Crédit Social
» impliquant l'idée d'un dividende universel ;
• Gustave Rodrigues, agrégé de philosophie,
publie en 1934 « Le Droit à la Vie » en reprenant
des idées de Bellamy ;
• Georges Valois publie en 1936 un numéro spécial
de Nouvel Age sur le même sujet ;
Une tentative de Front de l'Abondance en Juillet 1936 avorte, certains
refusant de lui donner une coloration politique. Rodrigues et Valois
meurent lors de la 2è guerre mondiale.
Après 1945 :
Le Droit au Travail et au Progrès Social prend en France
le nom de Mouvement Français pour l'Abondance (MFA), et en
Belgique, celui de Mouvement Belge pour l'Abondance (MBA). Ces deux
associations acquièrent une très grande audience au
cours des quinze années qui suivent la fin de la guerre mondiale
et jusqu'à l'arrivée de la télévision.
Ils n'ont plus à dénoncer la destruction de marchandises
pour maintenir les profits, ni le chômage qui résulte
de l'automatisation de la production, puisque les destructions de
la guerre (de biens matériels et de main d'oeuvre) ont relancé
l'économie. Mais ils affirment qu'il ne s'agit que d'un moment,
et que la même crise structurelle réapparaîtra,
en beaucoup plus grave, quand les progrès techniques feront
que l'humanité sera en mesure de produire encore plus avec
encore moins de main d'oeuvre. Moins de salaires seront versés,
et le scandale de la misère dans l'abondance réapparaîtra.
Certains des membres du MFA choisissent d'orienter leur action
vers la politique. Ils constituent, à l'initiative de Maurice
Landrain, les GED (Groupes pour l'Economie Distributive), et se
présentent, sans grand succès, à des élections
à Paris. D'autres préfèrent militer au sein
des syndicats de salariés, ce sont les GSED (Groupes de Salariés
pour l'Economie Distributive), surtout actifs à St Nazaire
et à Marseille où le militant le plus actif est le
résistant Joseph Pastor.
Après 1975 :
• Charles Loriant succède à Jacques Duboin
à la présidence du MFA, qui devient le MFA-SD (Mouvement
Français pour l'Abondance par le Socialisme Distributif).
Ce mouvement perd peu à peu son originalité, donc
son audience, et disparaît avec Charles Loriant.
• Marie-Louise Duboin succède à son père,
Jacques Duboin, à la direction du mensuel « La Grande
Relève ». L'analyse des évènements permet
de présenter de nouveaux arguments en faveur de l'Economie
Distributive, d'en débattre et d'en actualiser les thèses,
par exemple en proposant le contrat civique pour organiser la démocratie
dans l'économie et veiller à la préservation
des ressources et de l'environnement.
• Roger Winterhalter expérimente des « Marchés
Plus » dans le cadre de la Maison de la Citoyenneté
Mondiale de Mulhouse, en réseau avec d'autres initiatives
transfrontalières.
• Jean Grenier consacre sa retraite à faire connaître
l'Economie Distributive dans le Sud Ouest de la France...
2.2 LES 4 PRINCIPES DE L'ECONOMIE DISTRIBUTIVE
1. REPARTITION DES REVENUS de la naissance à la mort, comme
usufruit de l'énorme patrimoine que nous trouvons en naissant,
patrimoine qui est le fruit d'une oeuvre collective ; vu l'énorme
richesse collective, il n'est pas nécessaire de sacrifier
les riches
2. ET DES TACHES PAR LE SERVICE SOCIAL (il faut bien produire les
richesses) :
• en partageant le travail entre tout le monde, le temps
de travail est fortement diminué ;
• libre choix de son activité (travail qui plaît,
étudier à son rythme, s'occuper de ses enfants...)
(Si des travaux plus pénibles ne trouvaient pas preneur,
on pourrait inciter des gens en diminuant le temps de travail, ou
en instaurant un service obligatoire de quelques années...
Au pire, pour des personnes qui refuseraient de s'impliquer pour
la collectivité, ou pourrait instaurer un simple «
RMI », Revenu Minimum de Non Insertion.)
3. AVEC UNE MONNAIE NON SPECULATIVE, de consommation, basée
sur la production, qui s'annule lorsqu'on s'en sert : la monnaie
redevient un simple moyen d'échange.
(Fabriquée lorsqu'on fabrique un bien ou service, elle est
détruite lorsqu'on consomme les biens et services. Le montant
de la masse monétaire émise pendant une période
donnée est égal au prix total des biens mis en vente
dans le même temps.)
Cette économie permet une vraie LIBRE INITIATIVE :
• Chacun achète ce qu'il veut avec son argent (l'un
préférera une grosse maison, l'autre préférera
un appartement et voyager, un autre une belle voiture). Mais tous
pourront jouir d'un toit, de chauffage, de nourriture, de soins.
• Les porteurs de projet nécessitant des moyens supplémentaires
s'adresseront à la collectivité (comme on est habitué
à le faire aujourd'hui en s'adressant à une banque)
qui décidera en fonction du bien collectif (en non plus du
profit que la banque en retire).
et l'EPANOUISSEMENT DE CHACUN qui peut à la fois choisir
son service social et également jouir de son temps libre
(entreprendre, arts, loisirs...)
L'ED PERMET DE GERER L'ABONDANCE
AU PROFIT DE TOUS ET SANS REPASSER PAR LA CASE RARETE
La fabrication des biens se fait en fonction de la demande, comme
aujourd'hui,
mais sans l'influence mercantile :
• le commerçant conseille en fonction de l'intérêt
des gens et non plus en fonction de la commission sur la vente (qui
n'existe plus), les producteurs n'ont plus besoin de pousser à
la consommation ;
• les prix sont calculés en fonction des matières
premières, du temps de main d'oeuvre, de la rareté
et des impacts écologiques et non plus en fonction du profit
de l'actionnaire.
A chaque gain de productivité, c'est le temps de travail
qui diminue, donc tout le monde en profite. Les solutions les plus
simples peuvent se généraliser très rapidement.
La propriété privée laisse place à
la PROPRIETE D'USAGE, améliorant la tranquillité de
beaucoup
de gens (qui n'étaient jamais assurés de réussir
à payer loyers ou emprunts).
L'homme aujourd'hui a besoin de STIMULANTS : le revenu n'en est
plus un, mais il reste les principaux :
+ la réputation
Qui n'est pas attentif à l'image qu'il donne à son
entourage ?
+ le besoin d'être actif, de se réaliser
Quasiment personne ne peut rester longtemps sans rien faire. Qui
refusera
de s'impliquer dans une activité qui lui plaît et dans
laquelle il se sent utile ?
(On pourrait éviter les dérives du service public
français en généralisant ce fonctionnement
intéressant du privé : chacun rend compte à
son responsable et peut se faire licencier s'il ne réussit
pas à bien remplir son rôle, mais sans risquer une
précarisation comme aujourd'hui.)
4. L'ED est évolutive. Les choix se font par des CONSULTATIONS
DEMOCRATIQUES au niveau le plus local possible et en privilégiant
au maximum les modes participatifs.
2.3 TRANSITION A PORTEE DE MAIN (cf. annexe pour plus de détails)
Cette solution est facile à mettre en oeuvre :
Le nerf de la paix est la monnaie. Il suffit qu'une majorité
politique décide d'en créer une.
Les moyens informatiques rendent aisés les calculs des richesses
et revenus, ainsi que l'utilisation de la monnaie.
Cela se fait à l'échelon d'un pays ou d'un groupe
de pays. Les échanges avec les autres pays s'articulent de
la même manière qu'on gérait les échanges
avec les pays d'Europe de l'Est... le temps que ces pays décident
de la même économie.
Pour aider les gens à s'y préparer, on peut créer
une Agence pour la Préparation de l'Economie Distributive.
2.4 DIFFICULTES DE MISE EN OEUVRE
Erreurs de jeunesse...
Pour comprendre pourquoi ce modèle n'a pas été
plus connu, on peut considérer que certains propos de Jacques
Duboin paraissaient limités et ont peut-être refroidi
certains de ses concitoyens :
• comme la plupart des hommes de son temps plutôt scientistes,
il avait une confiance « aveugle » en la science, il
n'avait pas imaginé qu'on puisse arriver aux dérives
anti-écologiques que l'on connaît aujourd'hui ;
• sa conception était également fortement étatisée,
il n'imaginait pas que la base puisse réellement participer
à la vie politique.
Il faut également prendre en compte la peur du politique.
Une tentative de Front de l'Abondance en Juillet 1936 a avorté,
certains refusant de donner une coloration politique.
Pourquoi, 70 ans après, cette alternative est-elle encore
confidentielle ?
Avec la deuxième guerre mondiale, la massive extermination
de richesse et de main d'oeuvre a permis une phase de croissance
très confortable, « les 30 glorieuses », qui
a contenté la plupart des gens.
La formation à la critique a été (jusque là)
peu développée, dans les sociétés occidentales,
en particulier dans les champs de l'économie et de la politique.
Les idées dominantes ont étouffé nombre de
nouveautés. Le développement de la télévision
dans les années 60 a confisqué l'attention au profit
du développement de la société de consommation.
Depuis, chocs pétroliers, chômage en croissance...
nous sommes englués dans des tentatives de réformes
compliquées pour équilibrer au moindre pire les injustices
et aberrations du système actuel.
La peur du manque est, de surcroît, toujours bien diffusée,
faisant croire qu'il n'y a pas assez pour tout le monde, incitant
chacun à se recroqueviller dans son individualisme.
Quelles sont les principales réticences exprimées
aujourd'hui ?
Ca ressemble à du communisme ? Ne déplorez-vous pas
aujourd'hui le manque de prise en compte de l'intérêt
collectif ? Oui, il y a besoin d'un minimum de gestion collective,
non ? A l'inverse des planifications centralisées des pays
dits communistes, l'Economie Distributive se base sur une double
démocratie économique : (1) ce sont les consommateurs,
en achetant les produits et services, qui induisent la production
; (2) investissements et budgets prévisionnels ne sont pas
centralisés auprès de technostructures, mais décidés
à l'échelon local concerné. Autre différence
importante : ce n'est pas un parti qui décide des rémunérations,
mais un partage équitable des richesses en fonction des règles
démocratiques locales. Dernier point : facilitées
par les pénuries, les spéculations étaient
pratiquées allègrement. De telles spéculations
ne peuvent plus avoir lieu dans notre abondance actuelle.
Ceux qui aiment dominer vont perdre un moyen d'exercer du pouvoir
sur autrui. Mais qui ici a envie de servir de dominé à
ceux qui ont envie de pouvoir ?
Ceux qui veulent profiter du système... pourraient avoir
un « RMI » qui leur permettrait de subsister mais pas
de jouir de la richesse. Mais seront-ils plus nombreux que dans
notre système actuel ?
Il faut des gens responsables. Connaissez-vous beaucoup de personnes
qui ne se considèrent pas responsables ?
Si ça marchait, ça se saurait... Beaucoup d'économistes,
de politiques, de citoyens sont pris par l'urgence et le court terme,
attendant que les autres s'y mettent. Préférez-vous
continuer à vous enfoncer ou bien...
La peur du changement ! Ceux qui aiment se plaindre vont perdre
des occasions de râler. L'Economie Distributive bouleverse
ce que nous avons appris officiellement. Beaucoup de nous, habitués
à une situation, ont du mal à la quitter, même
si elle leur fait mal. Mais ne connaissons-nous pas suffisamment
de méthodes pour accompagner le changement ?
Certains voudraient aller encore plus loin : fonctionnement sans
monnaie, gratuité, par des gens responsables... comme cela
existe déjà dans quelques endroits. Reconnaissons
que la généralisation de ce genre de principes n'est
pas pour aujourd'hui. L'Economie Distributive est une étape
intermédiaire très intéressante et à
notre portée.
« Bien sûr, moi, je comprends. Mais les autres gens
auront besoin de beaucoup de temps... »
3) AVANCEES ET PERSPECTIVES
Des débuts d'expérimentation ont déjà
vu le jour, avant que le FMI ou les banques centrales ne s'arrangent
pour les stopper : Canada, Argentine... Aujourd'hui, en Alaska pour
la distribution d'une partie des profits du pétrole (peut-être
pour acheter la conscience écologique de la population ?).
Maturité de la population.
Beaucoup d'entre nous ont accepté le capitalisme car on
nous a appris à l'école comme dans nos familles qu'il
n'y avait pas d'alternative, même dans les milieux alternatifs
: « fatalement, on est obligé de vivre dans le capitalisme,
il faut se battre contre les autres pour vivre ». Maintenant
que vous savez qu'il existe une autre façon de vivre, n'allez-vous
pas diffuser cette idée ?
De plus en plus de personnes ouvrent les yeux, (même si ce
n'est pas ce qui est montré à la TV). Etant dans une
démocratie, nous avons une clef dans notre bulletin de vote.
Nous sommes de plus en plus nombreux à nous intéresser
à des alternatives micro-économiques : SEL (Système
d'Echange Local), monnaie SOL, Marché Plus, AMAP (Associations
pour le Maintien de l'Agriculture Paysanne)...
Maturité des politiques;
Cette solution est aujourd'hui à notre portée. Le
Brésil ne vient-il pas de commencer à instaurer un
Revenu d'Existence ? En France, Christine Boutin n'a-t-elle pas
réussi à réunir plusieurs ténors de
la droite ET de la gauche en juin 2004 pour un débat constructif
sur le Revenu d'existence ?
La plupart des politiques rencontrés sur l'Economie Distributive
reconnaissent qu'on est dans des impasses (même si beaucoup
sont encore frileux sur l'idée qu'on puisse trouver des solutions).
Il existe bien quelques femmes et hommes politiques, capables d'oser
des solutions, plus motivé(e)s par leur humanisme que par
leurs ambitions personnelles, non ?
L'ampleur de la réussite du rassemblement du Larzac en 2003,
la palme d'or de Fahrenheit 9/11 en 2004, la facilité de
communication grâce à l'internet... Dès qu'un
pays réussira à débattre de ce sujet, ça
se propagera chez les voisins.
En France, l'Economie Distributive ne pourrait-elle pas devenir
LE projet des prochaines présidentielles ?
CONCLUSION
Nous n'avons plus besoin de marcher sur la tête de notre
voisin.
Cette présentation vous a-t-elle interpellé ? Assurément,
elle a besoin d'être décortiquée et étoffée
en calculs économiques, en propositions de plan de transition...
Pour mieux comprendre, je vous recommande le livre de Marie-Louise
Duboin (« Les affranchis de l'an 2000 » de Marie-Louise
Duboin, éditions Voici la clef) qui se lit comme un roman.
Vous avez compris les nécessités de lever certains
tabous (les côtés utopiques et suicidaires de la croissance,
du plein emploi...) et de réfléchir autrement. Vous
venez d'entrevoir qu'il existe (au moins) une alternative au capitalisme,
à la jonction du libéralisme et de l'intérêt
collectif. Parlons-en autour de nous, instaurons le débat.
Nous avons tous à gagner dans ce changement de société.
Eric Goujot
militant de la Vie
http://ecodistributive.chez.tiscali.fr
ANNEXE : IDEES POUR UN PLAN DE TRANSITION
Rappel : L'ED est évolutive. Les choix se font par des CONSULTATIONS
DEMOCRATIQUES au niveau le plus local possible.
L'Agence de Préparation de l'Economie Distributive (APED)
aide les gens à s'y préparer, par des conférences
débats, écoutant les problèmes particuliers.
Parallèlement, elle fait en sorte que tous les moyens qui
sont déjà disponibles pour produire plus ou mieux
soient utilisés. Elle répertorie les tâches
utiles pour la collectivité qui ne sont pas encore pourvues
(entretien des forêts, aide aux personnes nécessiteuses,
création de lien social...)
Toute personne résidant en France se fait ouvrir un compte
courant dans la banque de son choix, ou à la Poste. Le n°
de compte contient le n° de sécurité sociale afin
qu'une personne ne puisse ouvrir qu'un seul compte.
Les services fiscaux évaluent les revenus mensuels moyens
de chacun à l'aide des déclarations remplies l'année
précédente. On connaît les chômeurs et
RMIstes recensés, les enfants. Les « marginaux »
viendront d'eux-mêmes se faire recenser lorsqu'ils verront
leur intérêt.
L'INSEE recense les moyens, dont les moyens inutilisés (entreprises
en faillite, usines sans commandes...)
L'INSEE recense les véritables besoins : les besoins solvables
et les besoins qui vont naître des gens qui étaient
jusque là insolvables.
Le débat démocratique aboutit aux règles d'établissement
du premier revenu social. Si les gens ne sont pas prêts à
partager en parts égales, on choisit une solution de transition
: on évite toute variation brutale ou injuste en attribuant
à chacun ce qu'il touchait dans l'organisation précédente
dans les limites d'un revenu maximum, d'un revenu minimum d'activité
et d'un revenu minimum de non activité. L'important est qu'au
démarrage tout le monde ait de quoi vivre et une motivation
pour aider à ce que le système s'améliore.
Chacun établit avec sa commune ou avec l'APED un contrat
civique. Dans cette phase transitoire, ceux qui avaient une activité
rémunératrice poursuivent leur activité. Ceux
qui avaient des activités non rémunératrices
mais utiles pour la collectivité les continuent (s'occuper
de ses enfants, activités artistiques...) Ceux qui n'avaient
pas d'activité utile pour la société en trouvent
(éventuellement avec l'aide de l'APED) sinon ils se contentent
du revenu minimum de non activité.
Institution d'une dynamique supplémentaire motivante et
créatrice : n'importe quel groupe peut présenter au
niveau d'une commune un projet dont le budget s'exprime en heures
de travail et en moyens matériels. Si la proposition est
acceptée, quand les moyens matériels sont trouvés,
le groupe obtient un contrat pour réaliser son projet au
cours d'une période déterminée moyennant un
bonus ou le revenu minimum d'activité (si les personnes ne
touchaient que le revenu minimum de non activité).
Les transactions avec l'étranger se font par l'intermédiaire
des Banques Centrales. Celles-ci les comptabilisent mais ne les
empêchent pas.
Les multinationales ont le choix : vendre leurs filiales implantées
dans le pays à ce pays. Les autres sont considérées
comme possessions étrangères et les relations commerciales
se font comme si elles étaient basées à l'étranger.
Les salariés ont le choix : être payé par leur
société en devises étrangères convertibles
par la Banque Centrale ou recevoir le revenu minimum d'activité
(leur travail est alors considéré comme une fourniture
de travail par la France).
On peut également envisager que les entreprises françaises
fonctionnent comme avant, à condition qu'elles ne fassent
pas appel à l'Etat et qu'elles procurent à leur personnel
un salaire au moins égal au revenu minimum d'activité.
Contact : economie.distributive at cooperation.net
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