Suite à un article dans l’hebdomadaire Le Point, qui
utilise les thèses de Sébastien Roché pour
faire l’amalgame entre immigration et délinquance,
Anne-Marie d’AC a réagi. Le texte critiqué est
publié à la suite de ce document.
Ces textes ont été diffusé sur des listes
militantes.
Les thèses de Sebastien Roché sont disponibles sur
cette page :
http://www.elections2002.sciences-po.fr/Enjeux/sebroch1.html
lLa page origine de l'article
http://www.lepoint.fr/france/document.html?did=148942
Commentaires d'Anne-Marie de AC
Les idées publiées par Le Point sont choisies par
une "certaine gauche" : Franz-Olivier Giesbert, Alain
Duhamel, Bernard-Henri Lévy…
Le Point publie actuellement sur son site Internet une foule d'informations
qui ont pour cible les populations défavorisées, celles
qui "nous coûtent cher", celles qui sont la cause
de "l'insécurité", de "la délinquance".
Il est indéniable que nous connaissons tous au moins un
jeune "différent" de l'image que l'on se fait d'un
"jeune normal, français, blanc" qui, effectivement,
a pu nous gêner, voir agresser d'une manière ou d'une
autre.
Pourquoi retenons-nous le souvenir du "jeune différent",
plus que celui du jeune pickpocket blanc ? – Toute différence,
notamment physique, attire l'attention et marque les esprits. Faites
un voyage en Asie, par exemple, et vous verrez qu'on vous remarque,
car vous y êtes drôlement différents des autres
avec vos grands nez…
Pour la police, il est bien plus facile de repérer les jeunes
à faciès et habillement "suspect", qu'elle
piste systématiquement et elle a donc toutes les chances
de trouver parmi eux quelques délinquants.
En plus, vu la ségrégation scolaire, sociale et à
l'embauche, un jeune pas "bien blanc ni catholique" ne
trouve pas sa place dans notre société, il est exclu
des boîtes de nuit, n'a pas les moyens de partir en vacances
etc. Étant mis au rebus de la société, il n'a
souvent qu'un moyen pour s'affirmer, voire pour survivre : commettre
des actes illicites.
En ce qui concerne l'augmentation des actes commis avec violence
ou de destruction : regardez combien de jeunes ont été
révoltés par les lois injustes promulguées
sans procédure démocratique. S'il n'y avait pas eu
de provocation de la part du pouvoir, ni le CPE et d'autres injustices,
on n'aurait pas arrêté les centaines de jeunes contestataires.
En marge des manifs, se furent majoritairement les jeunes à
la figure plus bronzée qui se sont retrouvés entassés
dans des commissariats. Entre autre des jeunes bronzés qui
étaient de simples touristes italiens ont dû, à
plusieurs occasions, alerter leur ambassade.
Les méchants petits blancs sont peut-être plus habiles
pour ne pas se faire attraper et ils seraient plus difficilement
localisables dans des quartiers où règne une plus
grande mixité sociale, va-t-on savoir.
L'augmentation spectaculaire de la délinquance constatée
chez les jeunes "issus de l'immigration" au cours des
derniers mois est essentiellement due à la nécessité
de manifester contre un État répressif, injuste, qui
est ni démocratique, ni social. Cet État n'a aucune
envie de consacrer les sommes nécessaires à l'amélioration
des conditions vitales des populations délaissées.
Changeons d'État et la délinquance des jeunes régressera
!
Et n'oublions pas que les chiffres servent à montrer la
"réalité" telle qu'on veut bien la présenter
pour renforcer davantage l'État policier et les discriminations
qui rassurent le "brave et honnête citoyen", qui
réclame plus d'ordre, plus de surveillance, à risque
de nuire à sa propre liberté.
En faisant confiance aux auteurs du Point, je ferais mieux de ne
plus jamais m'aventurer du côté de la place André
Messager, forteresse rouge des HLM : "Quelle que soit leur
origine, les jeunes des HLM sont plus délinquants que les
autres."
Si les auteurs du Point étaient honnêtes, ils interpréteraient
le terme "victimisation collective" des populations d'origine
immigrée de Mucchielli correctement et ne diraient pas en
se référant à lui "A tort ou à
raison, le syndrome du colonisé est toujours vivace."
Le sociologue utilise en effet le terme victimisation pour montrer
qu'en banlieue, notamment, les habitants se sentent victimes de
la violence de leurs quartiers, ils ont peur pour leurs enfants
et pour eux-mêmes. Le chercheur, à l'opposé
du magazine, ne met pas l'accent sur "victimes de l'ancien
État colonial", mais bien sur "victimes de la situation
dans leur environnement".
" Au 1er janvier 2004, les étrangers représentaient
12 241 détenus dans les prisons françaises, sur une
population carcérale de 55 355 personnes" : cela donne
quand-même 43 114 détenus français – mais
n'oublions pas de soulever le bel amalgame entre "étrangers",
"enfants d'immigrés, mais français", "enfants
nés français en France qui ont des grands-parents
étrangers"… Il suffit qu'on ait un nom d'origine
étrangère pour qu'on soit traité d'étranger.
Et que penser de cette affirmation sibylline du magazine de "gôche"
:
« J'ai vu une liste de 3 000 auteurs de violences urbaines
établie par les RG parisiens, et il n'y avait que 59 noms
"gaulois" », relate le criminologue Xavier Raufer.
Qui ajoute : « Etant donné qu'il ne s'agit que de garçons,
c'est bien la preuve que ce n'est pas un problème racial.»
Être de gauche pour cette bande de rédacteurs et de
journalistes, cela se limite apparemment à ne pas parler
de religion… Mais les sous-entendus sont si forts, qu'ils
ne donnent aucune envie de croire les analyses et les promesses
de ceux qui ont fait la publicité pour le TCE ou pour des
candidats socialistes.
Bises à tous ceux qui sont encore lucides !
Anne-Marie AC ! 02/10/2006
LE POINT et Sebastian Roché
Le point 24/06/04 - N°1658
http://www.lepoint.fr/france/document.html?did=148942
Délinquance
Les statistiques qui dérangent
Le sujet est l'un des tabous les plus forts de la République
: 60 à 70 % des délinquants sont issus de l'immigration.
C'est ce que révèlent les synthèses de la police
nationale
Christophe Deloire
La scène se déroule à la cour d'appel de Douai.
Le président de chambre demande son identité à
un prévenu : « Abdelkrim ». Le juge de rétorquer
: « Vous avez un nom prédestiné ! » Le
président de la Fédération nationale des musulmans
de France (FNMF), Mohamed Bechari, a raconté cette anecdote
à un cénacle de députés en soulignant
le caractère scandaleux du propos. La boutade du magistrat
a beau être très douteuse, elle révèle
la triste impression donnée par le défilé dans
les prétoires.
Autre décor. Un haut fonctionnaire du ministère de
l'Intérieur rentre à son domicile avec une liasse
de rapports sous le bras. Son épouse, qui ne connaît
rien à la police, a la curiosité de jeter un oeil
sur les documents. Réaction offusquée de madame :
« Mais vous n'arrêtez que les étrangers ! »
Lui est obligé de se justifier, de répondre : «
Mais non, ma chérie, nous ne faisons pas de tri en fonction
des origines.»
Le sujet est des plus sensibles. C'est même l'un des tabous
les plus ancrés de la République. La part des enfants
de l'immigration dans la criminalité et la délinquance
ressortit au secret d'Etat. La lecture des synthèses quotidiennes
de la Direction centrale de la sécurité publique (DCSP)
et de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), où
sont recensés une partie des faits perpétrés
en France, laisse sidérés les très rares initiés
qui y ont accès.
Le Point a pu consulter ces notes, dans lesquelles il apparaît
que plus de la moitié, voire 60 ou 70%, des suspects répertoriés
ont des noms à consonance étrangère. Cet élément
est délicat à manipuler. En aucun cas l'on ne saurait
déduire avec certitude une origine d'un patronyme. Il ne
s'agit pas non plus de tirer des conclusions absurdes sur un caractère
« culturel » de la criminalité. Mais écarter
ces constatations d'un revers de manche est une grave erreur qui
occulte l'échec de l'intégration.
« La vérité est révolutionnaire »,
disait Lénine. L'on ne saurait résorber que les problèmes
que l'on connaît. Une analyse de la « surreprésentation
» des Français d'origine étrangère dans
la commission d'infractions est d'autant plus éclairante
que l'explication avancée en règle générale
est erronée. On a coutume de considérer que la corrélation
se fait seulement entre la pauvreté et la délinquance.
Le propos ne suffit pas à rendre compte de la réalité
(voir interview de Sebastian Roché).
En aucun cas, il ne s'agit d'apposer des tampons « immigré
» sur des Français. Cela serait plus que tendancieux.
En revanche, analyser un fait social n'est pas dépourvu d'intérêt.
Les synthèses quotidiennes de la DCSP et de la DCPJ attestent
que le pourcentage d'auteurs issus de l'immigration est surtout
élevé à la rubrique des « violences volontaires
» et des « vols à main armée ».
Quand il était ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy
a parfois fulminé sur le sujet. En réunions restreintes.
Au 1er janvier 2004, les étrangers représentaient
12 241 détenus dans les prisons françaises, sur une
population carcérale de 55 355 personnes. Comme l'observe
Laurent Mucchielli, directeur du Cesdip, dans un article publié
par la revue Criminologie, « près de la moitié
des mis en cause pour vol à la tire sont des étrangers
» et « les étrangers sont nettement surreprésentés
en matière d'homicide et de tentative d'homicide ».
Selon l'auteur, il y a là « une version moderne de
la sur- délinquance traditionnelle des milieux sociaux les
plus précarisés dans une société industrielle
».
Mais les questions du jour ne concernent pas tant les étrangers
que les Français issus de l'immigration. La situation est
infiniment plus complexe. D'abord, les fichiers mentionnant les
origines des Français sont interdits et empêchent des
travaux statistiques fouillés. Ensuite, la délinquance
dépend de facteurs psychologiques très ténus.
Le criminologue Alain Bauer, par ailleurs président de l'Observatoire
de la délinquance, explique qu'on ne sait rien des facteurs
qui font un délinquant, sinon une chose : « Un auteur
d'agression est souvent quelqu'un qui a été battu
et dont le cas n'a pas été traité.»
Cela vaut-il pour les violences abstraites ? Laurent Mucchielli
invoque une « victimisation collective » des populations
d'origine immigrée, la « perspective d'un destin social
misérable » qui induit « d'intenses sentiments
de frustration et d'exclusion ». A tort ou à raison,
le syndrome du colonisé est toujours vivace. Il y a près
de dix ans, la commissaire Lucienne Bui Trong, chargée des
violences urbaines à la Direction centrale des RG, relevait
que 85 % de leurs auteurs sont d'origine maghrébine et qu'ils
agissent en raison d'une sorte de « paranoïa »
vis-à-vis de la société française. «
J'ai vu une liste de 3 000 auteurs de violences urbaines établie
par les RG parisiens, et il n'y avait que 59 noms "gaulois"
», relate le criminologue Xavier Raufer. Qui ajoute : «
Etant donné qu'il ne s'agit que de garçons, c'est
bien la preuve que ce n'est pas un problème racial.»
Le 2 juin, lors d'un comité interministériel à
l'intégration présidé par Jean-Pierre Raffarin,
Dominique de Villepin se lance dans un discours sur l'intégration
avec le lyrisme dont il a le secret. L'actuel ministre de l'Intérieur,
soucieux de la « cohésion nationale », s'alarme
de la propagation d'idéologies néfastes dans les banlieues
; il note la défiance vis-à-vis des autorités
et considère qu'il ne faut pas dissocier les schémas
mentaux et les actes.
Déracinement
Comment faire pour savoir ce qu'il se passe dans les cours d'immeuble
? Faut-il tenir compte des origines des Français pour mieux
cerner certains problèmes ? Le Premier ministre, Jean-Pierre
Raffarin, pense qu'il serait judicieux d'approfondir la connaissance
de la réalité, pour étudier les difficultés
propres aux populations d'origine immigrée, surtout en matière
de discrimination à l'emploi. Le 3 décembre 2003,
à l'occasion du 20e anniversaire de la Marche des beurs,
Raffarin expliquait que « nous avons besoin d'une grande enquête
statistique et sociologique sur la question de l'intégration
et des inégalités, parce qu'il n'y a rien de complet
aujourd'hui ».
Le 2 juillet, le ministre de la Cohésion sociale, Jean-Louis
Borloo, installera un observatoire des statistiques, mis en place
par le Haut Conseil à l'intégration (HCI). L'instance,
qui sera dirigée par Jacqueline Costa-Lascoux, est censée
coordonner tous les chiffres disponibles. Peut-être permettra-t-elle
de mieux cerner les effets du « déracinement »,
géographique ou culturel, de certains Français. «
Il n'est ni prévu ni exclu de travailler sur la question
de la délinquance », assure-t-on prudemment au HCI.
L'état des lieux ne sera pas facile à établir.
Un chercheur, Laurent Lagrange, a observé une surdélinquance
des enfants de l'immigration dans un quartier de Mantes-la-Jolie,
mais pas dans un quartier comparable d'Amiens. Ce n'est pas avec
des idées fixes, bien ou mal-pensantes, que l'on épuise
la réalité
« Mon grand-père était face à l'uniforme
en Algérie, moi, je suis face aux policiers. »
Le Point : Les jeunes d'origine étrangère sont-ils
surreprésentés dans la délinquance ?
Sebastian Roché : J'ai mené une étude à
Grenoble et à Saint-Etienne sur un échantillon de
près de 2 300 jeunes de 13 à 19 ans qui prouve que
les jeunes d'origine étrangère commettent plus de
délits que les autres, et surtout des délits plus
graves. Parmi les adolescents dont les deux parents sont français,
30,2 % ont commis au moins trois petits délits dans leur
vie, alors que le chiffre s'élève à 42,4 %
pour les adolescents d'origine maghrébine.
Et pour les actes graves ?
La différence est plus importante. S'agissant des agressions,
des vols de voiture, cambriolages, vols avec violence, 3,9 % des
jeunes d'origine française en ont commis au moins trois,
contre 9,7 % des jeunes Maghrébins. J'ai, par ailleurs, fait
dépouiller tous les dossiers des jeunes jugés par
le tribunal des mineurs en quinze ans dans l'Isère. J'ai
trouvé que 39,5 % des auteurs sont issus de parents français,
et 46,9% d'origine étrangère.
L'explication est-elle relative au niveau social ?
En fait, 87 % des parents des jeunes d'origine étrangère
sont ouvriers ou employés, alors que seulement 42 % des parents
« français » le sont. Mais la prise en compte
du statut socio-économique n'explique pas tout. Comparons,
par exemple, les chiffres de la délinquance des jeunes qui
habitent en HLM et de ceux qui n'y habitent pas. Quelle que soit
leur origine, les jeunes des HLM sont plus délinquants que
les autres. Mais la différence est infime si l'on s'intéresse
seulement aux jeunes d'origine étrangère. Il y a donc
un facteur spécifique.
Quel est-il ?
Il est difficile de déterminer les variables pertinentes.
La perception des autorités semble importante. Ceux qui ont
une image positive de la police et de leur père acceptent
plus facilement les normes de la société. Les voyous
raisonnent ainsi : « Mon grand-père était face
à l'uniforme en Algérie, mon père s'est retrouvé
bêtement à l'usine, je suis, moi, face aux policiers.
» Plus les jeunes ressentent l'indifférence des pouvoirs
publics, plus ils sont impliqués dans la délinquance.
A tort ou à raison, il y a une mémoire collective
d'un exercice de l'oppression française
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