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Date: Sat, 22 May 2004 20:55:23 +0200
Subject: [multitudes-infos] Quel pouvoir de gauche ?
J'ai entendu Gilles Deleuze dire que la gauche n'est pas une affaire
de gouvernement. Non pas qu'elle en soit incapable mais en son principe
elle n'est pas faite pour cela. Cela pourrait étonner ! Non
pas qu'il dise que gouverner c'est le boulot de la droite...Quelle
abbération !
Mais alors qu'est-ce que cela veut dire cette phrase ? Pourquoi
donc la gauche n'a pas vocation de gouverner ? Que peut apporter
la gauche pour que la société puisse profiter de son
potentiel, de son intrusion du devenir ?
Je vous résume ici ( sûrement imparfaitement) cet
entretien :
"Je pense qu'il n'y a pas de gouvernenment de gauche. Ce n'est
pas qu'il n'y ait de différences entre les gouvernements.
Il y a un gouvernement favorable à certaines exigences ou
réclamations de la gauche mais un gouvernement de gauche
n'existe pas car la gauche n'est pas affaire de gouvernement. Il
y a deux manières de le définir ; c'est une affaire
de perception. Ne pas être de gauche c'est un peu comme une
adresse postale : partir de soi, la rue où en est, la ville,
le pays, les autres pays, de plus en plus loin...
On commence par soi. Comment faire pour que la situation dure ?
On sent bien qu'il y a des dangers, que cela ne va pas durer. Coment
faire pour que l'Europe dure , etc... ?
Etre de gauche c'est l'inverse : c'est percevoir le pourtour : le
monde, le continent, l'europe, la France, ma rue, et moi. C'est
un phénomène de perception.
On perçoit l'horizon, on perçoit à l'horizon.
Tu vois d'abord à l'horizon. Tu sais que cela ne peut pas
durer. Ce n'est pas par générosité...Ces injustices
qui ne doivent pas durer... C'est trouver les arrangements, les
agencements mondiaux qui feront que, être de gauche c'est
de savoir que les problèmes du tier-monde sont plus proches
de nous que nos problèmes de quartier. C'est vraiment une
question de perception, ce n'est pas une question de belle âme.
C'est cela être de gauche pour moi.
Deuxièmement, être de gauche, c'est un problème
de devenir, c'est ne pas cesser de devenir minoritaire. La gauche
n'est jamais majnoritaire en tant que gauche. La majorité
suppose un étalon. En occident l'étalon que suppose
toute majorité c'est : homme, adulte, mâle, citoyens
des villes... Par nature la majorité , c'est celui qui à
tel moment ou l'ensemble qui à tel momment réalisera
cet étalon. C'est à dire l'image sensée de
l'homme adulte, mâle, citoyen des villes. Si bien que à
la limite la majorité ce n'est jamais personne mais c'est
un étalon vide.
Un maximun de personnes se reconnaissent dans cet étalon
mais en soil'étalon est vide. Les femmes vont compter et
vont intervenir dans la majorité ou dans des minorités
secondaires d'après leur groupenment d'après cet étalon.
A côté de cela il y a tous les devenirs minoritaires.
Les femmes ont un devenir femme du coup les hommes aussi ont un
devenir femme... La gauche c'est l'ensemble des processus de devenir
minoritaire : la majorité c'est personne et la minorité
c'est tout le monde. C'est cela êtr ede gauche c'est savoir
que la minorité c'est tout le monde..."
Chaleureusement
Christian
m u l t i t u d e s - i n f o s
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Site Web de la revue multitudes : http://multitudes.samizdat.net
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