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Origine : Luc Douillard de Neuf par mail
Accord discret entre MEDEF et syndicats pour accompagner
délocalisations et dumping social. - “Waterloo”
du droit social - Vauvenargues et le smic mondial.
Sous le titre gourmand « Un accord bien balancé »,
le Monde daté d’aujourd’hui mardi 10 juillet
révèle que le MEDEF et les principaux syndicats français
sont parvenus après 18 mois de négociations et 15
réunions confidentielles à un « relevé
de discussions », un document « non-papier »,
c’est à dire à un accord secret (une tradition
de « dialogue économique » qui remonterait au
Commissariat du Plan de Jean Monnet, tradition réactivée
par Laurence Parisot dès son élection à la
tête du MEDEF en 2005).
Que dit cet accord discret, dont la divulgation est laissée
à l’appréciation de chaque organisation signataire
? On y parle de la « désindustrialisation »,
due aux « transferts géographiques des facteurs de
production ».
Si “aucun secteur ne semble a priori condamné, des
productions et des métiers peuvent disparaître et d’autres
apparaître et se développer, ce qui traduit le phénomène
de renouvellement du tissu économique”.
« Mine de rien, commente avec gourmandise le chroniqueur
du Monde, Frédéric Lemaître, les syndicats acceptent
donc la théorie schumpeterienne du capitalisme selon laquelle
toute innovation technologique crée un phénomène
de destruction créatrice. Une théorie qui, poussée
à l’extrême, rend vaine toute tentative de sauvegarder
les emplois condamnés par le progrès, qu’il
s’agisse hier des ouvrières du textile ou demain des
caissières de supermarchés. »
Appel des partenaires sociaux à une nouvelle politique
industrielle
Challenges.fr | 09.07.2007 | 15:41 |
http://www.challenges.fr/20070709.CHA7356/appel_des_partenaires_sociaux_a_une_nouvelle_politique_.html
Après des discussions, le Medef et 5 syndicats avancent trois
piliers: "l'innovation, les marchés, l'emploi".
Dans un relevé de discussions publié lundi 9 juillet,
syndicats et Medef appellent d'une même voix à une
nouvelle "politique pour l'industrie“ destinée
à enrayer la "menace" de désindustrialisation.
"Une démarche a été initiée voilà
18 mois par des organisations syndicales et une patronale (CFDT,
CFE-CGC, CFTC, CGT, FO, Medef), afin de confronter" les points
de vue sur les questions économiques, expliquent les 6 organisations,
dont le premier travail concerne la "politique industrielle".
Affaiblissement de la compétitivité
Dans ce document de 7 pages que se sont procurés Les Echos,
le Medef et les 5 syndicats abordent leurs "convergences"
et les sujets "qui font problème" entre elles.
“Les mutations en cours dans le monde (...) s'accompagnent
de grands mouvements de restructuration des économies industrialisées
et d'abord des tissus industriels", et "le socle industriel
de la France se contracte depuis plusieurs années, suite
notamment à un affaiblissement de compétitivité",
constatent les organisations.
Toutefois, "si la désindustrialisation est une menace,
elle n'est pas une fatalité", remarquent-ils, avant
de proposer une nouvelle "politique pour l'industrie"
fondée sur trois piliers: "l'innovation, les marchés,
l'emploi".
Un "pays-continent"
"Pour réussir, cette politique de stimulation de la production
(...) suppose une capacité d'anticipation, une priorité
à l'investissement, au développement durable, à
la qualification à tous les niveaux des salariés;
et un dialogue social en amont", estiment le Medef et les syndicats.
Par ailleurs, ils affirment que "la France n'a de chance de
s'affirmer que solidement ancrée dans une Union européenne
capable de se penser elle-même comme un 'pays-continent'".
Un clin d'œil à ses concurrents chinois, indien, américain
et russe.
L'Europe doit se doter "de politiques économiques intégrant
la dimension industrielle qui ne peut se définir seulement
par une politique de la concurrence", avancent les organisations.
Enfin, syndicats et patronats se sont penchés sur d'épineuses
questions comme "comment rendre plus lisibles et efficaces
les aides aux entreprises?" ou "faut-il spécialiser
la France et l'Europe sur certains secteurs (...) stratégiques,
par exemple l'énergie, la santé ?".
Un "non-accord" bien balancé
LE MONDE | 09.07.07
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-933267@51-927451,0.html
Jamais à court d'imagination, les diplomates appellent ce
type de document un "non-papier", c'est-à-dire
un texte sur lequel deux Etats se mettent d'accord mais qui n'a
pas d'existence officielle et dont, publiquement, les chancelleries
ne valident pas le contenu. A leur manière, le Medef et les
syndicats viennent d'inventer le premier "non-accord"
social. Officiellement, il s'agit d'un "relevé de discussions",
un accord qui, formellement, n'en est pas un. Symboliquement, le
texte ne comporte aucune signature et, après moult discussions,
il ne fera même pas l'objet d'une communication commune. A
chaque organisation de le rendre public ou non.
Ce "non-accord" porte sur la politique industrielle.
Sa genèse remonte à 2005. Laurence Parisot, élue
en juillet de cette année-là à la tête
du Medef, entend renouveler le dialogue social. Pour ce faire, elle
confie à Véronique Morali, une énarque qui
était à l'époque directrice générale
de Fimalac, une commission chargée du "dialogue économique".
Une nouveauté. Pour le patronat, l'économie de marché,
ça ne se discute pas. Pour des raisons opposées, la
CGT pense la même chose : ses statuts précisent qu'"elle
agit pour une société démocratique, libérée
de l'exploitation capitaliste". Pour les purs et durs, discuter
des contraintes du capitalisme est une forme de collaboration de
classe.
Véronique Morali sonde d'abord ses interlocuteurs en discussions
bilatérales et rejette rapidement les sujets trop délicats,
comme le financement des entreprises, suggéré par
la CGT, ou le coût du travail, un ballon d'essai lâché
par la CFTC. En revanche, la politique industrielle semble plus
consensuelle.
En guise d'introduction, des experts sont invités à
plancher devant les partenaires sociaux. Entre Jean-Hervé
Lorenzi (Cercle des économistes), Jean-Louis Levet et Jacky
Fayolle (Institut de recherches économiques et sociales),
Michel Didier (Rexecode) et Gilles Leblanc (Ecole des mines), un
savant équilibre politique est trouvé.
Dix-huit mois et quinze réunions plus tard, chacun semble
satisfait du résultat... même si certains ont la satisfaction
plus discrète que d'autres. Le fruit de leurs réflexions
est un texte de cinq pages dont chaque mot a été pesé
au trébuchet, suivi de ce qui semble être une annexe.
Intitulée "Les questions soulevées par certains",
celle-ci marque, en fait, les limites du consensus, même s'il
n'y a pas formellement de point de désaccord.
Pas question pour autant de gommer les différences. L'introduction
précise qu'"identifier des enjeux qui doivent être
pris en compte ne signifie pas que les intérêts des
uns et des autres sont les mêmes. Ceux-ci se confrontent dans
le cadre des relations sociales et de la négociation. Ce
document est une contribution aux débats sur les questions
économiques qui marquent de leur empreinte le contexte dans
lequel se discutent ou s'affrontent les différents intérêts,
les différentes logiques que nous représentons".
Le document aborde ensuite le vif du sujet : "Les préoccupations
communes" vis-à-vis de la politique industrielle.
Premier constat : l'industrie reste le "moteur de la dynamique
économique". Certes son périmètre évolue.
En raison des phénomènes d'externalisation et de dépendance
croissante entre les activités industrielles et de services,
"la frontière entre les deux secteurs est de plus en
plus floue". Néanmoins, "la sphère industrielle,
élargie à l'immatériel, représente 40
% du PIB". Conclusion : pas de développement économique
possible "sans un socle industriel fort, compétitif,
innovant". Un constat de nature à rassurer les syndicats,
mieux implantés dans le secteur secondaire que dans le tertiaire,
mais aussi certaines fédérations patronales, comme
la métallurgie, qui avaient vécu la victoire de Laurence
Parisot sur ses rivaux Francis Mer et Guillaume Sarkozy comme celle
des services sur l'industrie.
Malgré tout, "la désindustrialisation est une
menace", reconnaît le document. Le terme "délocalisation"
n'y figure pas, mais, en raison du poids économique pris
par l'Asie et la révolution technologique, des "transferts
géographiques des facteurs de production sont perçus
comme de la désindustrialisation locale".
Si "aucun secteur ne semble a priori condamné, des
productions et des métiers peuvent disparaître et d'autres
apparaître et se développer, ce qui traduit le phénomène
de renouvellement du tissu économique". Mine de rien,
les syndicats acceptent donc la théorie schumpeterienne du
capitalisme selon laquelle toute innovation technologique crée
un phénomène de destruction créatrice. Une
théorie qui, poussée à l'extrême, rend
vaine toute tentative de sauvegarder les emplois condamnés
par le progrès, qu'il s'agisse hier des ouvrières
du textile ou demain des caissières de supermarchés.
Néanmoins, la désindustrialisation "n'est pas
une fatalité". "L'innovation et la productivité
globale des facteurs de production libèrent des marges de
manoeuvre. (...) Le développement de nouveaux projets industriels
en France dépend notamment de la qualité et de l'attractivité
de notre espace économique et social."
D'où la deuxième partie qui demande : "Quelle
politique pour le développement de l'industrie ?".
Le patronat reconnaît qu'"une politique industrielle
est indispensable". Tournant le dos à une logique purement
libérale, le texte estime qu'"il faut une vision et
la mise en oeuvre d'une politique de long terme, avec une puissance
publique - Europe, Etat, collectivités territoriales - qui
joue son rôle d'anticipation et d'impulsion de priorités
stratégiques par des choix structurants, conçus comme
des leviers pour le développement de la production et de
biens et services industriels compétitifs sur notre territoire".
Si la "politique pour l'industrie" est évidemment
surtout l'affaire des industriels, elle concerne également
les institutions financières, l'Etat et l'Europe. Les partenaires
sociaux souhaitent que l'Union européenne définisse
"une stratégie de développement industriel"
et se pense comme un "pays continent". Patronat et syndicats
jugent que la dimension industrielle de la politique économique
"ne peut se définir seulement par une politique de concurrence".
Ils déplorent trois lacunes dans la mise en oeuvre des objectifs
définis à Lisbonne pour que l'économie européenne
soit la plus compétitive au monde en 2010 : "Les financements,
une véritable politique commerciale européenne et
les retards pris dans la simplification du brevet européen."
Si l'avenir de l'industrie française passe par un "effort
massif d'investissement", le texte souligne l'importance, dans
les branches et dans les entreprises, de l'information et de la
négociation sociale en amont. En effet, "il appartient
aux partenaires sociaux (...) et aux pouvoirs publics concernés
de conduire une politique de formation pour chacun tout au long
de la vie professionnelle, d'anticiper et d'accompagner la mobilité
géographique et professionnelle, et de trouver des réponses
adaptées permettant d'associer les salariés aux résultats
collectifs".
Bien que non signée, cette déclaration n'est pas
destinée à intégrer immédiatement les
archives des partenaires sociaux. Tous sont convenus d'élaborer
désormais un tableau de bord des indicateurs économiques.
Avec, pour certains, un rêve : que, à l'instar de ce
qui se passe en Belgique, ce tableau de bord constitue peu à
peu une référence nationale.
Frédéric Lemaître
Article paru dans l'édition du 10.07.07.
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