Origine : http://lgbti.un-e.org/spip.php?article30
Annonce de l’atelier
PATCHWORK DE NOTES SUR LA DECONSTRUCTION DERRIDIENNE
Trouble dans les mathématiques...
Depuis Descartes et jusqu’au XIXème siècle,
le paradigme de la science était positiviste, la recherche
de la Vérité. Or au début du XXème siècle,
le paradoxe de l’infini va bouleverser les fondements des
Mathématiques.
Certains mathématiciens vont tenter alors avec la notion
d’axiome de refonder les mathématiques. Mais d’autres
vont montrer dans les années 30 que quelque soit l’axiome,
il y aura toujours du non-démontrable. Ainsi les mathématiques
ne sont pas fondées ce qui remet en question également
les autres sciences qui prennent les mathématiques comme
modèle scientifique. Toute approche scientifique aurait des
postulats métaphysiques.
...et dans le langage
D’abord on peut rappeler qu’on peut considérer
la logique comme un langage abstrait, un « langage pur »
ou que le langage peut être réduit à de la logique.
Dans les années 20 le structuralisme russe va essayer de
sortir de l’impasse des mathématiques. On ne va plus
s’intéresser au problème entre vérité
et démontrabilité, entre réalité et
langage mais seulement au langage.
Les sciences humaines et sociales vont emprunter le concept de structure.
Selon Levi-Strauss la structure est une totalité, un principe
régulateur qui va expliquer les relations des éléments
entre eux. Le structuralisme ne va pas s’intéresser
à l’origine des structures. Par exemple on peut considérer
la perception comme logique mais elle ne traduisant pas la réalité.
Popper nous rappelle que l’expérience ne prouve pas
que quelque chose un jour ne sera pas faux. La méthodes expérimentale
ne prouve que l’erreur. Il n’y a donc pas de vérité
scientifique.
Derrida élève de Foucault, qui a grandi dans le structuralisme,
va critiquer l’idée de structure :« si on admet
l’idée de structure, il faut admettre qu’il y
a structuralité de la structure ». Derrida s’attaque
donc à ce qu’on peut appeler un deuxième positivisme,
celui qui pense qu’on peut à partir du langage ou de
la logique construire une connaissance.
Derrida considère qu’on ne peut pas construire sur
le langage. Pour cela il s’appuie sur la sémiotique
qui montre que pour construire le sens d’un texte on va utiliser
toute l’encyclopédie du lecteur. Or dans une encyclopédie,
chaque terme renvoie à un autre terme à l’infini.
Derrida utilise le terme de "différance" écrite
avec un A pour montrer que la différence entre les termes
est active puisque chaque terme renvoie, rappelle toujours un autre
terme.
Derrida pense que chaque fois qu’on veut arrêter un
sens, qu’on cherche une définition, cela relève
d’une métaphysique. Par exemple lorsque on parle d’une
chaise, lorsque cherche à la définir, on suppose qu’il
y aurait un sens qui viendrait de l’objet, qu’il y aurait
une connaissance comme dévoilement de l’essence de
la chaise.
Derrida critique l’idée de prétendre dégager
une nature ou une structure figée d’un phénomène
à partir du langage. Ainsi pour Derrida on ne peut pas construire
sur le langage, on ne peut que déconstruire, défaire
le langage.
Déconstruire le langage des sciences humaines
Derrida nous propose pour défaire le langage scientifique
d’abord d’identifier qui nomment. Derrida reprend l’idée
nietzchéenne que la volonté de puissance des savant
se retrouve dans les catégories scientifiques produites.
Ensuite de repérer quels types de concept, de définitions
sont retenus, d’où elles viennent alors qu’on
ne peut pas arrêter le sens du fait de son fonctionnement
encyclopédique.
Enfin Derrida reprend le concept de performativité d’Austin.
« Quand dire, c’est faire ». Quand on parle on
fait plein d’autres choses qui relèvent de l’acte
d’énonciation et qui transforme le message. Pour Derrida,
ce qu’on fait est aussi important que ce qu’on dit.
Verrouiller le langage dans des définitions et verrouiller
des discours participent d’une recherche pour retrouver et
imposer une essence (exemple l’invention de l’ homosexualité).
Pour Levinas il y a violence quand on utilise le verbe être.
On peut s’interroger alors sur la violence dans nos discours
quand on utilise des concepts scientifiques ?
La déconstruction derridienne renvoie donc entre autre à
trois questions : qui nomment dans les sciences humaines ? Quels
types de discours sont tenus ? Qu’est-ce qu’on fait
en tenant ces discours ?
Nous avons évoqués quelques pistes de réflexion
où ce concept de déconstruction peut être utile
:
La mémoire : nous avons évoqué
le fait que la mémoire est toujours reconstruite tel que
l’a suggéré Freud.
Le moi : Le concept de déconstruction permet
de rappeler que l’identité est multiple, conflictuelle,
et qu’on ne peut pas arrêter une définition de
son être. « Je suis ceci, cela » Il y a quelque
chose d’incarcerant dans le fait de dire je suis. Mon identité
est toujours à venir. Ce qui fait dire à Deleuze que
les marginaux ou les fous ne sont pas assez clandestins.
Le pouvoir : Il n’y a pas de langage sans
rapport de pouvoir, un langage sans verbe être ne serait plus
un langage, on ne peut faire qu’une recherche critique sur
le pouvoir dans les sciences. Par exemple, le concept de culture
: culture est un mot polysémique dans les sciences humaines.
Chacun, chacune l’emploie selon sa propre définition,
en clôture le sens en fonction de son intérêt,
définitions qui masquent des rapports de pouvoir. La déconstruction
permet de débusquer ces rapports. Par exemple : le rapport
nature/culture chez Levi-Strauss avec le mythe du bon sauvage.
La critique de Derrida des sciences, son invitation à défaire
le langage invite à chercher, à réfléchir
aux autres possibilités de connaissances que le langage.
Par exemple, les sensations ? La sensibilité ? L’art
?
Autre exemple, le concept de structure : Derrida
distingue deux structures, une fluide et l’autre fixe dont
on peut retracer les capitons : Le travail du savant serait de bloquer
la structure. Pour Derrida son travail critique a pour objectif
au contraire de déconstruire la structure de la structure.
Deleuze propose de retourner à des structures fluides, de
changer les relations entre individus ou éléments
de la structure pour s’opposer à cette fixité.
La biologie, la chimie : Sont évoqués
les travaux de féministes qui ont montré que même
en biologie, le choix des définitions du genre des concepts
n’est pas neutre (par exemple le choix du genre des hormones).
Le concept de déconstruction permettrait de montrer les rapports
de pouvoir genrés dans l’acte d’énonciation
du genre d’un concept, d’une notion.
La méthode scientifique : Feyerabend critique
les critères de la philosophie des sciences : « La
Science ne vaut pas mieux que la sorcellerie. » Le monde scientifique
est élitiste et conservateur. Il défend un anarchisme
épistémologique, dire tout et son contraire selon
ses caprices. Il propose juste de mesurer les pratiques induites
par les sciences, par la magie, par les églises...
Le finalisme : La théorie du dessein intelligent
est cohérente avec elle même mais pas le créationnisme.
Le finalisme est une tendance en science, est-il dépassable
? Les désirs du progrès scientifique ne conduisent-ils
pas à se penser comme au sommet de quelque chose ? Quelles
structures sociales y a-t-il derrière le finalisme ? Quels
sont les freins qui nous empêchent de sortir des représentations
finalistes ?
Les Institutions universitaires :Si tu t’auto-analyses,
si tu te mets à nu, tu te fragilises par rapport à
l’Université et par rapport aux stratégies de
reconnaissance. La déconstruction Derridienne sert à
ta réflexion non pas comme une méthodologie mais comme
un outil d’analyse des situations institutionnelles qu’on
produit.
Déconstruire, ca nous fait popper !
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