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Origine http://luette.free.fr/page1/page78/page78.html
Guy Debord, est l'intellectuel du ressentiment et de la pureté.
Frédéric Schiffter, philosophe du pessimisme gai,
nous dépeint, dans son livre "contre Debord", un
philosophe atrabilaire, qui sacrifit sa pensée à ce
que Clément Rosset nomme "la mystique de l'authenticité",
laquelle, s'avère aussi conservatrice que révolutionnaire.
Guy Debord toucha un grand nombre de "réactifs",
qui ne se sont pas privés de récupérer et détourner
la pensée du petit chef des situationnistes.
Comme le souligne Schiffter, la théorie philosophique du
célèbre situationniste procède d'une vieille
métaphysique. "Debord considère que l'être
de ces contemporains, falsifié par la marchandise, se serait
éloigné dans une représentation, condamné
à ne revenir que sous les formes dégradées
et dégradantes de l'avoir et du paraître. Quel fut
au juste cet être ? Debord ne le précisera jamais ."
Pour Schiffter, la pensée de Debord est un alliage savant
de l'état de nature Rousseauilliste, de la théorie
du fétichisme de la marchandise chère à Marx,
de l'essence inversée de l'homme de Feuerbach, de la vision
historique de Hegel... mais le plus intéressant dans la critique
de Schiffter, c'est qu'il fait de Debord un digne successeur de
Platon. Le pape des Situs ne ferait que singer à l'aide dune
phraséologie assez lourde, le blabla des philosophes troublés
par le réel : "des philosophes ne voulant pas voir le
réel tel qu'il est, inessentiel, le recouvrent d'un double
illusoire qui finissent par percevoir comme l'essentiel."
Exemple, avec Le mythe de la caverne : " Dans son allégorie
de la caverne, Platon décrit la misérable condition
de prisonniers condamnés à prendre le reflet de la
réalité même. Envoûtés par la marchandise,
interdits face à son "monopole de l'apparence",
les spectateurs modernes -entendons : vous et moi, mais pas lui,
Debord- subissent un sort analogue. Dans le monde "réellement
inversé du spectacle", où s'immobilisent les
destinées, tout ce qui existe prend l'inconsistance de l'apparence.
A l'instar de la caverne Platonicienne, le spectacle est le lieu
du "regard abusé" où se fabrique notre "fausse"
conscience. Non seulemnt nous les captifs du spectacle, nous n'avons
pas vu que "la première phase de la domination de l'économie
sur la vie sociale avait entraîné une évidence
dégradation de l'être en avoir" , mais, à
présent, nous ne nous rendons aucunement compte que les résultats
accumulés de l'économie, conduisent à un glissement
généralisé de l'avoir au paraître. Pour
Debord, les spectateurs que nous sommes devenus ne se définissent
pas comme des hommes ayant perdu leur ombre, mais comme des ombres
ayant rompu toute attache avec l'Homme."
Alain Finkielkraut consacrait son émission "Répliques"
(1) du samedi 23 septembre 2006, à guy Debord, à l'occasion
de la sortie de ses oeuvres complètes aux éditions
Quarto de chez Gallimard.
Finkielkraut a bien des défauts, mais il possède une
qualité : il ose inviter ses contradicteurs à sa table.
Pour preuve, le samedi 23 septembre 2006, le philosophe recevait
Guy Scarpetta (1), auteur d'un article du Monde diplomatique daté
de septembre 2006, intitulé "Guy Debord, l’irrécupérable"
et Philippe Sollers, écrivain.
En fin d' émission les invités abordent un texte inédit
de Debord qui a pour titre "Notes sur la question des immigrés".
Un texte iconoclaste qui laisse songeur sur la façon dont
il serait perçu aujourd'hui par les adeptes de la moraline
ambiante. La luette vous invite à le lire sur le site confrontation.
http://confrontations.free.fr/articles.php?lng=fr&pg=69
(1) Ecouter l'émission Réplique : Guy
Debord
http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/repliques/
(2) Guy Debord,
l’irrécupérable
http://www.monde-diplomatique.fr/2006/08/SCARPETTA/13756
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