Origine : http://loblogo.typepad.fr/loblogo/2009/05/la-nouvelle-raison-du-monde-retour-sur-une-conf%C3%A9rence-des-auteurs.html
Le hasard a voulu que le même jour je m'intéresse
à un livre et que je sois informé que les auteurs
de ce livre faisaient une conférence le soir sur son contenu.
Une bonne façon d'apprécier un livre qui, de prime
abord, semble assez théorique et rébarbatif : La Nouvelle
Raison du Monde.
Le sujet : le néolibéralisme, qu'il faut penser sérieusement
(appel que lancent les auteurs) et dont il faut prendre conscience
des nouvelles subjectivités qu'il met en place dans nos sociétés.
Je vous donne les principaux points que j'ai retenu de cette conférence,
très intéressante (Pierre Dardot m'a impressionné
de clarté), qui s'est tenue dans le 14ème arrondissement
de paris, lundi 18 mai.
Il ne faut pas confondre néo-libéralise et libéralisme
(ce qui revient à confondre une plante avec un rocher). Le
néolibéralisme, au delà d'une doctrine, est
un système de normes qui commande les pratiques de la société
: aussi bien ceux qui gouvernent que ceux qui sont gouvernés.
Le gouvernement est dès lors moins une institution qu'une
activité. Le néolibéralisme noue le gouvernement
des hommes par d'autres hommes et le gouvernement de chacun par
chacun, pour proposer un gouvernement des autres par la manière
de se gouverner soi (et là, on raccroche tout de suite toutes
les idées développées dans le manuel du parfait
manager).
Le Néolibéralisme pose l'intervention du gouvernement
comme un levier des transformations nécessaires pour diffuser
ses normes... car l'objectif est de conduire la conduite des hommes.
4 points spécifiques à avoir en tête :
1. Le Néolibéralisme assume que le Marché
n'est pas une réalité naturelle : il est à
construire. La mise en place (ou la création) et l'entretien
des Marchés nécessite une intervention massive de
l'Etat. C'est aussi à l'état d'intervenir pour protéger
les sociétés des dérives des Marchés
(et là, il n'y a pas de situation plus actuelle...)
2. La norme : la concurrence. C'est l'essence du Marché.
3. L'état doit s'appliquer à lui même la norme
de la concurrence, et il ne doit pas se contenter de la faire appliquer.
Suivez mon regard vers la DGME (Direction Générale
de la Modernisation de l'Etat), bras armé de cette démarche
de modernisation. L'idéal est donc une société
de droit privé, avec un droit public vidé au maximum
de sa substance.
4. L'état, avec les acteurs de la gouvernance mondiale (Davos
?) doit veiller à prolonger cette logique à l'individu
:
1. Rapports entre individus
2. Rapports de chaque individu à lui même
Et c'est sur ce dernier point que les perspectives s'obscurcissent
sérieusement. En effet, le principe déployé
par le néolibéralisme est de dire que les individus
peuvent être contraints par des situations qui permettent
la contrainte des pratiques, via les subjectivités diffusées.
Illustration concrète, une citation à propos de Margaret
Thatcher : "L'économie est la méthode. L'objectif,
c'est le coeur, l'âme."
Le néolibéralisme pousse la construction d'un individu
pour obtenir un individu-entreprise. Or comme l'entreprise est un
espace de concurrence et d'évaluation, les mêmes principes
s'appliquent à chacun. Au final, il n'y a plus de limite
temporelle ou spatiale. L'individu est flexible, disponible qui
doit, de manière "normale", se dépasser
constamment dans son boulot. Il suffit de jeter un coup d'œil
sur les relations entre cadres dans les grandes entreprises pour
comprendre tout de suite de quoi l'on parle.
La conférence s'arrête là où les choses
deviennent intéressantes : la résistance par rapport
aux subjectivités diffusées par la généralisation
de la pensée néolibérale. Pas de méthode,
mais des nouvelles pratiques à inventer. Intéressant
! Affaire à suivre...
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