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Les policiers de la Bac, cibles d’un universitaire
OLIVIER SCHLAMA
26/10/2011

Origine : http://www.midilibre.fr/2011/10/25/les-policiers-de-la-bac-cibles-d-un-universitaire,407791.php

Le travail de la Brigade anti-criminalité décrit sans concession.
Anthropologue, Didier Fassin dénonce dans un livre certaines pratiques recensées lors d’une immersion de quinze mois.
En immersion dans une Brigade anti-criminalité (Bac) de la banlieue parisienne, l’anthropologue Didier Fassin en a fait un livre à charge contre la police. "Discours racistes", "pratiques discriminatoires", "scènes d’humiliation", "contrôles d’identité abusifs" et au faciès, "culture du chiffre" : dans La Force de l’ordre, les policiers roulent à 200 km/h pour le plaisir, des "blacks" sont contrôlés pour rien ou des peccadilles, mais rarement comme auteurs d’infractions. Y sont décrits des comportements de "cow-boys", tutoiement de rigueur et insultes racistes, avec les jeunes des cités HLM.

Césure police-population
Fassin, professeur de sciences sociales à Princeton (Etats-Unis) et directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), s’explique : "J’ai voulu comprendre ce qui se passe du côté des institutions ." Il a eu le feu vert pour suivre pendant quinze mois une Bac entre 2005, lors des émeutes auxquelles il n’a pas assisté, et 2007. Son récit confirme la césure police-population, singulièrement avec la jeunesse. Il évoque, "l’inefficacité" des Bac et de leur travail souvent effectué dans "l’illégalité", notamment dans les contrôles. "C’est vrai que ces contrôles sont abusifs", raconte ainsi un commissaire sous couvert d’anonymat.

"La loi vient après l'ordre"
"Je comprends qu’aux jeunes, ça leur pèse. Mais c’est une espèce de jeu. Moi, je suis le flic, je vais te contrôler. Toi tu es le présumé coupable, tu te fais contrôler." Ces pratiques, selon lui, sont à mettre au crédit des lois et discours sécuritaires depuis les années 1990, de Charles Pasqua et Nicolas Sarkozy notamment. Mais aussi, "depuis un demi-siècle, des concentrations de populations et d’immigrés". "La loi vient après l’ordre", résume le chercheur. "On a demandé aux policiers d’être interventionnistes" et les Bac ont été créées "rien que pour cela". Pour du "saute dessus".

Etat de guerre
Didier Fassin "espère ouvrir le débat". Pour "faire bouger les choses, au nom de la démocratie". La partie n’est pas gagnée : "La plupart des jeunes policiers de la Bac ont une image dangereuse de la banlieue. Ils parlent d’un état de guerre." Responsable régional du Syndicat unité SGP police, Bruno Bartocetti estime, lui, que "les policiers travaillent dans le respect des droits de l’Homme. Toutefois, il faut sortir de la course au résultat - en 2003, l’Hérault avait été le premier département avec un quota de gardes à vue -, laisser les policiers travailler sur la durée et éviter d’interpeller à outrance et forcément d’être excessif."