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origine : http://www.la-breche.com/catalog/product_info.php?products_id=1347
La barbarie des stades
Aux thuriféraires de la « religion athlétique
» et du « culte de la performance », voici opposée
la têtue réalité des faits. Censurées,
occultées, refoulées, ces réalités,
loin d'être de simples « déviations »,
« dénaturations » ou « dérives »
comme le répètent à l'envi les idéologues
sportifs, constituent au contraire la substance même du football-spectacle.
Derrière le matraquage footballistique de l'espace public
se profilent toujours la guerre en crampons, les haines identitaires
et les natonalismes xénophobes. Et derrière les gains,
transferts et avantages mirobolants des stars des pelouses, promues
exemples pour la jeunesse », se cachent les salaires de misère,
le chômage, l'exclusion, la précarité et l'aliénation
culturelle de larges fractions de la population invitées
à applaudir les nouveaux mercenaires des stades comme naguère
les foules romaines étaient conviées par les tyrans
aux combats des gladiateurs. Le football-spectacle n'est donc pas
simplement un «jeu collectif», mais une politique d'encadrement
pulsionnel des foules, un moyen de contrôle social qui permet
la résorption de l'individu dans la masse anonyme, c'est-à-dire
le conformisme des automates.
390 pages édition : avril 2006
Les intellectuels et le football Montée de tous les
maux et recul de la pensée.
Marc Perelman
Editions de la Passion - 2000
http://www.philosophie.org/football.html
L'anti-racisme foot
SOS-Racisme a osé, en octobre 98, placarder pendant quelques
jours dans le métro parisien (mais d'où vient tout
cet argent ?), une affiche de grande dimension où l'on voit
le dos d'un maillot de l'équipe de France sur lequel sont
inscrits ces mots : " Ce soir là tous les Français
ont été scandalisés par l'expulsion d'un black
" (Référence à l'expulsion de Marcel Dessailly.)
En bas de l'affiche, on pouvait lire: " N'oublionsjamais qu'on
peut être heureux tous ensemble. "
N'en déplaise à cette association de dépolitisation
de la jeunesse et dont l'ancien président, Fôdé,
Sylla, a depuis pris bonne place pour les Européennes de
1999 sur la liste du Parti communiste, nous maintenons que la lutte
contre le racisme ne passera pas par la défense d'un footballeur,
fût-il de couleur noire. De même, il est une imposture
politique que de situer sur le même plan l'expulsion de France
des sans-papiers sans ressource, démunis de tout, et un joueur
milliardaire après qu'il ait d'ailleurs commis une faute
sur un autre joueur.
Une association SOS-Racisme en tant que telle a participé,
à sa façon, à la fascination pour le football,
et par cela même au renforcement des pires mythes autour d'un
combat antiraciste souterrain de la part des joueurs, un combat
qui n'a jamais existé, n'existe pas, et n'existera pas plus
dans l'avenir. Immense mystification donc de croire que d'être
de couleur et footballeur devrait permettre de lutter contre le
racisme ! De même, immense mystification de croire que d'admirer
et de s'identifier à des hommes de couleur et footballeurs
favoriserait la lutte des jeunes contre le racisme ou la guerre.
À ce moment-là, rappelons-nous le, lorsque se déroulaient
les pires exactions contre leurs propres familles en Algérie,
a t on vu défiler ces mêmes jeunes dans les rues ?
Où était la génération " black,
blanc, beur " si motivée à lutter contre le racisme
et la guerre ?
Alors il faut l'affirmer, c'est bien le football qui a su, au contraire,
apparaître au bon moment, et canaliser toute l'émotion
et la volonté d'agir de la jeunesse vers les stades et ce
au profit des footballeurs (une poignée d'individus) et de
leurs patrons (une autre poignée plus petite encore). Le
spectacle fut en effet consternant : racistes et anti-racistes ont
été au coude à coude fusionnant dans la grande
liturgie footballistique émotionnelle la plus abjecte
.
Le Football une peste émotionnelle Planète
des singes, fête des animaux.
J.M Brohrn Marc Perelman - Editions de la Passion 1998
Dans cette vaste légion familière, qui regroupe toutes
les tendances de la gauche et de la droite, toutes les tribus de
la jet-set tous les dévots de la société du
spectacle, on reconnaîtra sans peine les bateleurs ordinaires
de l'opium du peuple qui prennent leur pied à voir jouer
les autres du pied et du poing, tel Bemard Pivot (" Le pied
", Contact, le magazine des adhérents de la FNAC, n'
343, mai-juin 1998) lequel associe spontanément le football
et l'amour. " Il est pratiqué, dit-il extasié,
dans le monde entier. L'universalité de ce sport , je parle
du football, n'est elle pas la preuve qu'il obéit sur tous
les continents, dans toutes les races [sic], à des besoins,
des pulsions, des envies, qu'il est un heureux effet de la nature
de l'homme. "
Nous y voilà : la nature éternelle et universelle
de l'homme ! " De tout temps l'homme... ", peut-on lire
dans les mauvaises dissertations de terminales. D'ailleurs Pivot
n'hésite pas à comparer le football à la littérature
et les footeux à des écrivains, " et comme les
livres, les matchs sont décevants ou superbes ". Voilà
la première imposture postmoderne : celle qui consiste à
comparer, voire à mettre sur le même plan des phases
de jeu et des phrases littéraires, à postuler de manière
totalement idéologique que le football fait partie de la
culture au même titre que Shakespeare, Dante, Goethe ou Proust.
Manifestement, pour Pivot une paire de chaussures à crampons
ou une bouteille de beaujolais sont équivalentes à
une oeuvre d'art, la pelouse comparable à un musée
ou à une bibliothèque et les gestes sportifs identifiables
à des créations spirituelles.
Ce type de pensée confusionniste où tout est équivalent,
où il y a inversion des valeurs, où la culture humaine
est ramenée au niveau d'une culture physique et la réflexion
théorique au niveau de la transpiration, est le signe le
plus certain de la crétinisation qui s'est emparée
des " leaders d'opinion ".
Prétendre aujourd'hui que le football participe de la culture,
c'est non seulement se foutre du monde, mais avoir une bien piètre
image de la culture, celle du prêt à penser, du fast
thinking, du zapping et du " nique ta mère " qui
domine aujour"hui dans les médias où officient
les nouveaux chiens de garde. La passion n'autorise pas tout et
sûrement pas cette démagogie gluante qui permet à
des ahuris refoulés d'exhiber leurs préjugés
réactionnaires, comme le fait avec constance Bromberger,
admirateur d'une "passion très masculine " : "
Chaque équipe de mâles protège ses cages qu'elle
doit conserver "vierges", "inviolées"
et tente de "pénétrer" voire de "perforer"
la défense. On doit "déflorer" les buts
adverses Les mots sont évocateurs [ ... ].
Face à l'évolution du statut des femmes, le terrain
de foot est devenu pour les hommes l'espace refuge par excellence.
On y est loin des femmes, on peut dire des choses qu'on ne pourrait
plus se permettre ailleurs. On a le droit à l'excès
verbal, gestuel, aux gros mots sans être jugé vulgaire
ou taxé de machisme.
Et cela s'étend aux supporters devant leur télé
" (Marie Claire et l'Équipe magazine, juin 1998, p.
35). Notre ethnologue de Marie Claire, tout émoustillé
par ces transgressions sexuelles verbales, ne se pose même
pas la question du sens de ce genre de " culture " virile
de la braguette et des " plaisanteries sexuelles "propres
aux beaufs, aux phallocrates, aux bidasses en goguette, aux camionneurs
et, bien sûr, aux habitués des troisièmes mi-temps,
qui sont, chacun en conviendra, des hauts lieux de délicatesse
humaniste et de raffinement culturel.
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