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Origine :
http://www.lemague.net/dyn/article.php3?id_article=1507
Gavés de foot, de tennis, de rugby, de vélo... voici
un petit livre salutaire qui va vous guérir de votre overdose.
On le doit à Michel Caillat, sociologue du sport et membre
du Mouvement critique du sport. « Le sport est éducatif
», « Le sport est apolitique », « Le sport
favorise l’intégration », « La lutte contre
le dopage est une priorité »... Toutes ces foutaises
sont disséquées sur 125 pages croustillantes. A tout
seigneur, tout honneur, c’est au baron Pierre de Coubertin
que Michel Caillat s’attaque pour commencer.
A droite comme à gauche, tout le monde encense l’«
humaniste »... sans l’avoir jamais lu. Une étude
de ses déclarations sur les femmes, les races, le colonialisme,
l’Allemagne nazie vaut pourtant le détour. Le 16 août
1936, Coubertin clôture les Jeux olympiques de Berlin par
ces mots : « Que le peuple allemand et son chef soient remerciés
pour ce qu’ils viennent d’accomplir... » Que demande
le peuple ? Du pain et des jeux. Oui, mais des jeux virils. «
Une olympiade femelle serait inintéressante, inesthétique
et incorrecte » affirme le baron sénile. Un point de
vue partagé au passage par David Douillet dans son bouquin
L’Ame du conquérant...
Au fil des pages, Michel Caillat résume les enjeux politiques
et économiques qui hantent le sport et il tue le mythe du
sport éducatif et fraternel. George Orwell le constatait
déjà à son époque, « Le sport,
c’est la guerre sans les coups de feu ». Une guerre
qui fait malgré tout pas mal de blessés et, occasionnellement,
des morts. Une thèse sur la saison 1980-81 de foot en Rhône-Alpes
a recensé 30 000 blessures qui ont occasionné 68 880
jours d’arrêt de travail ! Soit un coût de 1,06
million d’euros d’indemnités journalières
et 228 600 euros de frais médicaux. Qui a dit que le sport
c’est la santé ? Sans doute pas les bébés
champions victimes de traumatismes physiques et moraux. Les champions
dopés peuvent aussi compter leurs hernies, leurs arthroses,
leurs cancers quand ils ne sombrent pas dans la dépression
ou l’alcoolisme.
Bref, le sport n’est pas l’avenir de l’homme.
Après la fête illusoire de l’après Mondial
98, vinrent les sifflets contre La Marseillaise lors du match France-Algérie
en 2001... Le sport ne guérit pas plus le monde qu’il
ne guérit les corps. Par quel miracle serait-il une panacée
universelle ? Le sport se nourrit de libéralisme, de sexisme,
d’élitisme, de haines chauvines... Jetons le bébé
avec l’eau du bain et retrouvons des plaisirs physiques, des
jeux, sans vainqueur ni perdant.
Le sport, Michel Caillat, éditions Le Cavalier bleu (collection
Idées reçues), 8 euros.
le 02/10/2005
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