"Nouveau millénaire, Défis libertaires"
Licence
"GNU / FDL"
attribution
pas de modification
pas d'usage commercial
Copyleft 2001 /2014

Moteur de recherche
interne avec Google
Sport business
Les Echos du 26 juin 2006
L'augmentation constante des droits télévisuels devrait encore favoriser la surenchère financière dans les clubs de football.

Origine : http://www.lesechos.fr/journal20060626/lec1_competences/4439559.htm


En Europe, le championnat anglais bat tous les records. Les salaires versés aux joueurs, attachés aux clubs de Chelsea ou de Manchester United, peuvent monter jusqu'à 10 millions d'euros annuels. Des rémunérations qui, ajoutées aux charges, font évidemment exploser les dépenses.
Plus personne ne s'étonne que les rémunérations des joueurs de football atteignent des hauteurs astronomiques. « Les chiffres annoncés ont été banalisés par la surenchère », écrivent Jean-Marie Brohm et Marc Perelman dans leur livre « Le Football, une peste émotionnelle », en rappelant que les vingt joueurs les mieux payés au monde ont gagné l'équivalent de 64 millions d'euros en 1997. Une étude que vient de réaliser l'agence BBDO d'Allemagne estime que la valeur économique des vingt plus grandes stars du football mondial se monte aujourd'hui à 562,2 millions d'euros.

Le Brésilien Ronaldinho est ainsi une « marque » estimée à 47 millions, devant l'Anglais David Beckham (44,9 millions). A vingt-six ans, le potentiel économique de la vedette du Brésil, déjà sous contrat avec Nike, Pepsi et Sony, est « plus important » que celui de la coqueluche anglaise (accord avec Adidas, Gillette, Pepsi, Sony PlayStation, Vodafone) âgé de trente ans. « Beckham doit sa seconde place au classement à son statut de «metrosexuel» et à ses lucratifs contrats personnels », explique BBDO. Le « Top » compte deux Français avec Thierry Henry à la 9e place et une valorisation à 28,7 millions d'euros et Zinedine Zidane au 13e rang avec 27,1 millions.

Dans cette industrie « de main-d'oeuvre » qu'est le spectacle sportif, écrit Frédéric Bolotny dans l'étude Eurostaf (Groupe Les Echos) sur « Le sponsoring sportif », « les stars sont devenues une des principales sources de création de valeur et donc un support de sponsoring de premier ordre ». Bien que leur image fasse aussi l'objet d'une exploitation spécifique, les grands champions sont de plus en plus utilisés comme « têtes de gondole » ou « ambassadeurs » de la présence globale d'une marque, leur procurant ainsi de profitables compléments de salaire. Cette stratégie est notamment employée par Orange avec Zinedine Zidane ou par Coca-Cola avec Thierry Henry. Le jeune joueur anglais de vingt ans, Wayne Rooney, a signé avec l'éditeur HarperCollins un contrat de 7,3 millions pour écrire son autobiographie en cinq volumes jusqu'en 2018, indique le magazine « Capital » dans son numéro de juin.

Des salaires de princes

« Si quelques bonnes âmes de gauche s'indignent encore que les salaires, stock-options, jetons de présence et primes de départ de chefs d'entreprise ou les profits des actionnaires, liés aux licenciements boursiers, revêtent une allure de scandale (...), en revanche personne ne trouve anormal que des mercenaires et chasseurs de primes soient payés comme des princes », constatent Jean-Marie Brohm et Marc Perelman. « C'est la loi du marché, estiment les experts d'INEUMconsulting. Le problème, c'est que certains clubs pèsent plus que d'autres comme l'anglais Chelsea. »

Depuis que le milliardaire russe Roman Abramovitch a racheté le club londonien, en 2003, il a dépensé près de 300 millions en achat de vedettes du ballon rond. De nouvelles stars sont attendues cette saison comme l'Allemand Michael Ballack (190.000 euros par semaine) et l'Ukrainien Andreï Chevtchenko (salaire non dévoilé).

« L'Angleterre bat les records au niveau salaire, et ils sont quelques-uns à gagner plus de 10 millions d'euros annuels », admet Frédéric Schatzlé, directeur du département sport/conseil à l'Union financière de France qui gère la carrière de jeunes footballeurs français de vingt ans qui viennent de signer dans des clubs d'outre-Manche pour 1 million, voire 1,5 million d'euros par an. Mais l'étude publiée début juin par la société d'audit et de conseil Deloitte montre que les rémunérations des joueurs du championnat anglais sont en baisse. « Sur la dernière décennie, nous avons vu les salaires de la Premiership augmenter en moyenne de 20 % chaque année, explique Dan Jones, membre du groupe Sport et Business chez Deloitte. La réduction de 3 % pour la saison 2004-2005 représente un fort contraste. »

Chelsea est resté, sur 2004-2005, le club offrant les rémunérations les plus importantes : 157,9 millions contre 167,7 millions la saison précédente. Manchester United est loin derrière, avec 112,5 millions contre 112,3 millions en 2003-2004, comme Arsenal (96,4 millions contre 102,1 millions). Cette sagesse ne devrait pas durer, selon Frédéric Schatzlé, « en raison de l'augmentation des droits télévisuels ». Les bouquets BSkyB et Setanta verseront 2,5 milliards aux clubs entre 2007 et 2010. Arsenal a, semble-t-il, anticipé en signant un nouveau contrat avec le Français Thierry Henry sur quatre ans et 162.000 euros par semaine.

Dans le foot français, dont le poste rémunération des vingt clubs de Ligue représentait globalement 338 millions sur la saison 2004-2005 (63 % en moyenne du chiffre d'affaires des clubs), la tendance est au « raisonnable », estiment les experts d'INEUMconsulting. Mais le contrat Canal+ (600 millions annuels sur la période 2005-2008) fait déjà rêver les clubs. « Je note une augmentation de 10 à 20 % des salaires », indique Frédéric Schatzlé. Certes, la moyenne de la Ligue 1 - 40.000 euros brut par mois - est « raisonnable » pour le foot. A condition que les stars qui tirent le marché vers le haut soient moins « gourmandes ». Ce qui n'est pas encore le cas aujourd'hui.

ALAIN ECHEGUT