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Origine : http://www.lesechos.fr/journal20060626/lec1_competences/4439559.htm
En Europe, le championnat anglais bat tous les records. Les salaires
versés aux joueurs, attachés aux clubs de Chelsea
ou de Manchester United, peuvent monter jusqu'à 10 millions
d'euros annuels. Des rémunérations qui, ajoutées
aux charges, font évidemment exploser les dépenses.
Plus personne ne s'étonne que les rémunérations
des joueurs de football atteignent des hauteurs astronomiques. «
Les chiffres annoncés ont été banalisés
par la surenchère », écrivent Jean-Marie Brohm
et Marc Perelman dans leur livre « Le Football, une peste
émotionnelle », en rappelant que les vingt joueurs
les mieux payés au monde ont gagné l'équivalent
de 64 millions d'euros en 1997. Une étude que vient de réaliser
l'agence BBDO d'Allemagne estime que la valeur économique
des vingt plus grandes stars du football mondial se monte aujourd'hui
à 562,2 millions d'euros.
Le Brésilien Ronaldinho est ainsi une « marque »
estimée à 47 millions, devant l'Anglais David Beckham
(44,9 millions). A vingt-six ans, le potentiel économique
de la vedette du Brésil, déjà sous contrat
avec Nike, Pepsi et Sony, est « plus important » que
celui de la coqueluche anglaise (accord avec Adidas, Gillette, Pepsi,
Sony PlayStation, Vodafone) âgé de trente ans. «
Beckham doit sa seconde place au classement à son statut
de «metrosexuel» et à ses lucratifs contrats
personnels », explique BBDO. Le « Top » compte
deux Français avec Thierry Henry à la 9e place et
une valorisation à 28,7 millions d'euros et Zinedine Zidane
au 13e rang avec 27,1 millions.
Dans cette industrie « de main-d'oeuvre » qu'est le
spectacle sportif, écrit Frédéric Bolotny dans
l'étude Eurostaf (Groupe Les Echos) sur « Le sponsoring
sportif », « les stars sont devenues une des principales
sources de création de valeur et donc un support de sponsoring
de premier ordre ». Bien que leur image fasse aussi l'objet
d'une exploitation spécifique, les grands champions sont
de plus en plus utilisés comme « têtes de gondole
» ou « ambassadeurs » de la présence globale
d'une marque, leur procurant ainsi de profitables compléments
de salaire. Cette stratégie est notamment employée
par Orange avec Zinedine Zidane ou par Coca-Cola avec Thierry Henry.
Le jeune joueur anglais de vingt ans, Wayne Rooney, a signé
avec l'éditeur HarperCollins un contrat de 7,3 millions pour
écrire son autobiographie en cinq volumes jusqu'en 2018,
indique le magazine « Capital » dans son numéro
de juin.
Des salaires de princes
« Si quelques bonnes âmes de gauche s'indignent encore
que les salaires, stock-options, jetons de présence et primes
de départ de chefs d'entreprise ou les profits des actionnaires,
liés aux licenciements boursiers, revêtent une allure
de scandale (...), en revanche personne ne trouve anormal que des
mercenaires et chasseurs de primes soient payés comme des
princes », constatent Jean-Marie Brohm et Marc Perelman. «
C'est la loi du marché, estiment les experts d'INEUMconsulting.
Le problème, c'est que certains clubs pèsent plus
que d'autres comme l'anglais Chelsea. »
Depuis que le milliardaire russe Roman Abramovitch a racheté
le club londonien, en 2003, il a dépensé près
de 300 millions en achat de vedettes du ballon rond. De nouvelles
stars sont attendues cette saison comme l'Allemand Michael Ballack
(190.000 euros par semaine) et l'Ukrainien Andreï Chevtchenko
(salaire non dévoilé).
« L'Angleterre bat les records au niveau salaire, et ils
sont quelques-uns à gagner plus de 10 millions d'euros annuels
», admet Frédéric Schatzlé, directeur
du département sport/conseil à l'Union financière
de France qui gère la carrière de jeunes footballeurs
français de vingt ans qui viennent de signer dans des clubs
d'outre-Manche pour 1 million, voire 1,5 million d'euros par an.
Mais l'étude publiée début juin par la société
d'audit et de conseil Deloitte montre que les rémunérations
des joueurs du championnat anglais sont en baisse. « Sur la
dernière décennie, nous avons vu les salaires de la
Premiership augmenter en moyenne de 20 % chaque année, explique
Dan Jones, membre du groupe Sport et Business chez Deloitte. La
réduction de 3 % pour la saison 2004-2005 représente
un fort contraste. »
Chelsea est resté, sur 2004-2005, le club offrant les rémunérations
les plus importantes : 157,9 millions contre 167,7 millions la saison
précédente. Manchester United est loin derrière,
avec 112,5 millions contre 112,3 millions en 2003-2004, comme Arsenal
(96,4 millions contre 102,1 millions). Cette sagesse ne devrait
pas durer, selon Frédéric Schatzlé, «
en raison de l'augmentation des droits télévisuels
». Les bouquets BSkyB et Setanta verseront 2,5 milliards aux
clubs entre 2007 et 2010. Arsenal a, semble-t-il, anticipé
en signant un nouveau contrat avec le Français Thierry Henry
sur quatre ans et 162.000 euros par semaine.
Dans le foot français, dont le poste rémunération
des vingt clubs de Ligue représentait globalement 338 millions
sur la saison 2004-2005 (63 % en moyenne du chiffre d'affaires des
clubs), la tendance est au « raisonnable », estiment
les experts d'INEUMconsulting. Mais le contrat Canal+ (600 millions
annuels sur la période 2005-2008) fait déjà
rêver les clubs. « Je note une augmentation de 10 à
20 % des salaires », indique Frédéric Schatzlé.
Certes, la moyenne de la Ligue 1 - 40.000 euros brut par mois -
est « raisonnable » pour le foot. A condition que les
stars qui tirent le marché vers le haut soient moins «
gourmandes ». Ce qui n'est pas encore le cas aujourd'hui.
ALAIN ECHEGUT
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