Origine :
http://paris.indymedia.org/article.php3?id_article=54507
Voilà une semaine que des affrontements opposent des gentes
déterminé-e-s aux forces casquées du gouvernement.
Depuis la prise de la Sorbonne et son évacuation, les unes
des journaux figent le mouvement « anti-cpe » dans une
phase « violente », oeuvre de « casseurs »
(uniquement des hommes bien entendu ...).
Depuis une semaine, je discute avec mes voisin-e-s du métro
ou du RER, avec la plupart des employé-e-s assis-es derrière
les caisses de supermarché, des conducteurs de transports
en commun que j'utilise. J'ai toujours reçu du soutien envers
la lutte que nous menons.
Certes j'ai dû souvent expliquer l'usage spectaculaire du
mot « casseurs » par les médias, expliquer qu'il
s'agit bien de manifestant-e-s (et nombreu-ses-x de surcroît),
qu'il n'y a rien de gratuit dans ces actes, qu'ils montrent juste
la détermination d'un mouvement qui ne souhaite pas connaître
les mêmes échecs que les précédents,
qui vise à tout prix à éviter les mêmes
erreurs.
Que Villepin ne retire pas son texte, ni aujourd'hui, ni demain,
ni dans une semaine, qu'il s'obstine, c'est ce que nous voulons
tou-te-s : que la lutte perdure, que les discussions déjà
amorcées se développent, s'amplifient... et que chacun
prenne enfin position : pour ou contre le monde que l'on propose
et que subissent les plus précaires, celleux qui n'en peuvent
plus de leur boulot, de leur patron, de leur vie.
Car nous sentons partout, dans l'air et dans les mots, un soutien,
des questionnements, une envie que ça explose.
Nous cherchons un lieu (ou plusieurs) qui puisse devenir un point
de ralliement, un lieu de convergence où tou-te-s les grévistes,
du public comme du privé, les précaires, les activistes
et les autres pourraient se rencontrer, partager leurs expériences,
leurs souffrances, leurs espoirs et repartir avec l'envie de continuer,
de pousser plus loin le combat que nous avons commencé.
Nous voulons la grève générale, que la machine
s'arrête, que la routine soit cassée. Nous voyons déjà
les sourires, la joie qui animent celleux qui en veulent à
ce monde, celles qui sont déjà en lutte.
Nous nous reconnaissons dans la rue sans nous connaître.
Nous ne sommes plus des anonymes.
Nous ne voulons pas de chefs, ni de porte-parole. Celleux qui existent,
nous ne les reconnaissons pas. Que certain-e-s s'assoient à
la table du gouvernement et illes seront désavoué-e-s.
Nous n'avons rien à négocier et tout à prendre.
Nous le savons maintenant plus que jamais.
Chirac a été élu contre Le Pen, sa majorité
s'est installée grâce à l'abstention de l'électorat
de gauche.
Les lois, les décrets, les ordonnances appliquées
depuis sont illégitimes, comme les gouvernements qui se sont
succédés.
Tout est passé : des politiques qui s'attaquaient aux plus
faibles, aux plus dominé-e-s (sans-papiers, chômeur-se-s,
rmistes...), des lois qui, pourtant, avaient réussi à
former contre elles de véritables mouvements (retraites,
réforme Fillon...), des mesures policières «
d'exception » qui sont devenues la règle.
Nous avons vécu l'Etat d'urgence et la répression
des émeutes d'Octobre-Novembre 2005. Passif-ve-s. Cela n'arrivera
plus.
Nous voulons faire plus qu'un « coup d'arrêt ».
Nous critiquons ce monde et les valeurs, les évidences qu'il
porte en lui. Nous critiquons l'Ecole et la formation, le salariat,
la croissance et le « plein emploi », le progrès
et son cortège de destructions. Nous critiquons les rôles
que la société voudraient nous faire jouer : nous
ne serons pas des cyniques sans pitié, des « gagnants
» prêts à écraser les autres, des consommateurs
passifs ou des esclaves.
Nous ne combattons pas que la précarité, nous combattons
l'exploitation et la soumission obligatoire. Nous savons qu'illes
sont nombreu-ses-x celleux qui n'osent plus s'opposer. Et illes
n'ont ni un CPE, ni un CNE, mais un CDI ou un contrat précaire.
Nous combattons pour une dignité bafouée, piétinée
sur l'autel de la compétition capitaliste.
Voilà pourquoi les soutiens affluent, la colère mûrit
et une grêve générale s'annonce (peut-être).
Nous savons qu'il n'y a pas d'alternative à gauche pour
2007, que les urnes ne nous amèneront que de nouvelles déceptions,
que tout est à faire ici et maintenant de manière
autonome, sans compter ni sur les syndicats, ni sur les partis.
Nous n'avons aucune confiance dans les médias et nous ferons
tout pour mettre à nu les mensonges qu'ils répandent.
C'est par les prises de parole, les inscriptions sur les murs et
dans le métro, le bouche-à-oreille et les médias
alternatifs que nous rétablierons la vérité,
que nous créerons des liens, des connivences.
Enfin, la lutte ne doit pas s'arrêter aujourd'hui pour une
autre raison : les interpelé-e-s, les inculpé-e-s
de ces derniers jours, de Novembre, de tous les mouvements sociaux
de ces dernières années ont besoin de notre soutien
total pour qu'une amnistie soit possible.
Nous ne lâcherons rien (ni personne) !
Solidarité entre tou-te-s les insurgé-e-s quelque
soit leurs modes d'action ou d'intervention !
PS : ce "nous" est celui de tou-te-s celleux qui se reconnaîtront
dans ce texte et de celleux qui me l'ont inspiré... Vous
pouvez en faire ce que vous voulez : tract, appel ou autres... Je
n'en suis pas le maître.
Une traduction de ce texte en italien a été faite,
la voilà
http://italy.indymedia.org/news/2006/03/1023990.php
Avec tous mes remerciements pour celui (ou celle) qui l'a faite.
Pour des images indépendantes du mouvement sur Paris, allez
sur le site de télésorbonne :
www.telesorbonne.com/
texte publié pour la première fois dans la nuit du
17 au 18 mars :
http://paris.indymedia.org/article.php3?id_article=54238
anonyme article:54507 placo
le dimanche 19 mars 2006 à 17h36
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