Origine : http://www.passerelleco.info/article.php3?id_article=546
Dans son invitation au colportage de décroissance, François
Schneider propose d’utiliser la méthode du consensus,
comme outil essentiel de l’organisation (et) de la communication.
Ce document reprend nombre des éléments détaillés
dans le dossier "Groupe, relation et non-violente" de
ce site que nous consacrons à la méthode du consensus,
avec des extraits de la la revue Passerelle Eco (le n°9 notamment),
et aux cercles de parole à la base de tout processus de communication
non violente.
Ce texte présente en plus des indications particulièrement
adaptées aux plus grands groupes.
Les décisions peuvent être prises de manière
dictatoriale (un individu décide), par la majorité,
ou par consensus. Nous choisissons la décision par consensus
car cette méthode de discussion/décision est la plus
démocratique ce qui est consubstantiel à nos démarches
de décroissance. Y parvenir est fondamental et requiert la
participation, la volonté et la bonne foi de chacun-e.
Le consensus ne consiste ni à atteindre un accord définitif
ni à s’entendre sur tout. Il s’agit de façonner
progressivement des propositions collectives en tenant compte des
points de vue de chacun-e.
Les informations, objections, tendances de chacun-e sont réunies
et synthétisées pour atteindre une décision
acceptable pour tou-te-s ou l’approfondissement d’une
réflexion ou d’un projet.
Le consensus nécessite un accord de base sur un ou des objectifs
et reiquiert la volonté d’y parvenir ensemble.
Le consensus marche si les interrogations et les inquiétudes
individuelles sont étudiées par la créativité
de chacun-e et avec la dynamique de toutes les personnes présentes.
Les propositions doivent être réétudiées
jusqu’à ce que tout le monde se sente à l’aise
avec elles.
Le consensus permet non seulement d’obtenir de meilleures
solutions aux problèmes posés mais aussi de développer
la confiance entre les personnes présentes.
Proposition pour une méthode du consensus
NDLR : le dispositif utilise 2 formes de réunions :
- 1) la plénière (ou assemblée) rassemble
tous les participants
- 2) les ateliers regroupent sur un thème donnée
un plus petit nombre de participants. Plusieurs ateliers peuvent
avoir lieu en même temps dans des lieux différents.
Dans la méthode présentée, la plénière
(ou assemblée) n’est pas un lieu pour les débats,
elle a quatre fonctions :
- 1- Diffuser les informations ou restituer le travail en atelier
(petits groupes)
- 2- Identifier les problèmes et thèmes de discussion
- 3- Valider, ou pas, de manière consensuelle (en utilisant
des signes conventionnels) les propositions des ateliers.
- Renvoyer les ateliers au travail lorsqu’il n’y a
pas consensus. Toute personne qui fait une objection s’engage
à poursuivre l’amélioration de la proposition
en atelier.
Tous les débats se font en atelier après avoir nommé
un rapporteur qui rendra compte en plénière des propositions
clairement et simplement formulée (voir technique des entretiens
de Bichat).
Les ateliers ne comprennent que des participants intéressés
ou concernés par les décisions à prendre.
Etapes du consensus
- 1- Choisir un-e facilitateur/trice et un-e scripte
Suivant la taille du groupe et les difficultés ils/elles
peuvent se faire aider par un-e maître-sse du temps, un-e
scruteur/euse de sensations, un-e distributeur/trice de parole,
les rôles doivent tourner).
- 2- Former un cercle de façon à ce que tout le monde
puisse se voir.
- 3- Présenter la méthode de consensus
- 4- Rapporter tous les faits et informations importantes.
Décrire et présenter clairement et simplement (à
l’écrit si nécessaire) les points que l’on
veut discuter.
- 5- Décider du temps que l’on veut passer dans les
ateliers (plus de rapidité demande plus d’expérience
et de concentration).
- 6- Formation de petits groupes autour de chaque question, 5 personnes
par groupe est idéal pour que tout le monde participe
- 7- Un rapporteur est nommé et si nécessaire un
distributeur de parole.
Il a pour mission de circonscrire le débat.
Lorsque le travail en atelier doit aboutir à une décision
collective, il fera évoluer et raffiner une proposition potentiellement
acceptable en plénière.
A la fin du temps imparti cette proposition doit être lue
en atelier puis en plénière.
Lorsqu’il s’agit d’une réflexion, d’un
débat sur un thème donné sans qu’il n’y
ait de décision à prendre, le rapporteur s’attachera
à élaborer un compte rendu de la discussion bref et
simple (atelier de Bichat).
Le processus peut utiliser une grande variété d’outils
(tours de table, brainstorming petits papiers, théâtre...).
Il doit prendre en compte les sentiments personnels et toutes les
remarques.
- 8- Décision consensuelle en plénière
Lorsqu’il y a une décision à prendre, la proposition
est lue par le rapporteur, et le facilitateur aide à la précision
de la formulation par le biais de quelques questions réponses
qui n’ont que ce seul but, les débats se font en atelier
uniquement.
S’il n’y a pas de consensus sur la proposition, le
facilitateur aidera à dégager les points de divergence
à prendre en compte en atelier avec ceux qui ont des objections
ou des remarques.
S’il n’y a pas de décision à prendre,
le rapporteur fait la lecture du compte rendu sous la forme d’entretiens
de Bichat, avec une courte discussion pour faire préciser
quelques points ou appeler à la formation d’autres
ateliers.
En cas de difficultés il faut peut-être déterminer
de manière consensuelle d’autres outils de discussion
et d’échange mieux adaptés au problème
donné (théâtre, demande d’études,
invitation d’experts, groupe de travail spécial, décision
à la majorité...).
Rôles pour faciliter la méthode du consensus
- Facilitateur/trice
Appelle à la réunion.
Aide au processus, résume les résultats, énonce
les suggestions, et fait attention que tout le monde ait la possibilité
de parler et que les gens restent dans le sujet.
Il/elle ne donne pas son avis et ne doit pas accaparer la parole.
Il/elle propose la formation d’atelier de travail lorsqu’un
débat afférant surgit.
Il/elle aide à évaluer l’importance et la facilité
des thèmes à aborder, et aide à identifier
ceux qui ne sont pas pertinents.
Il/elle a pour mission d’atteindre les objectifs dans le temps
imparti, tout en restant inventif pour proposer le plus tôt
possible la meilleure méthode.
- Rapporteur
A le même rôle que le facilitateur mais en atelier,
il/elle raffine les propositions et rapporte informations et propositions
finales en plénière
- Script
Ecrit les suggestions, les inquiétudes et les décisions
consensuelles, si possible sur un papier affiché visible
pour tout le monde.
- MAitre-sse du temps
Garde les yeux sur le temps, se sent responsable pour respecter
le temps de discussion convenu.
- Distributeur/trice de parole
Seconde le-la facilitateur/trice ou le rapporteur en s’occupant
exclusivement de distribuer la parole dans l’ordre des mains
levées en principe.
Il/elle peut juger nécessaire de faire parler une personne
avant pour clore un sujet.
- Scruteur/euse de sensations
Observe l’atmosphère et comment les gens se parlent.
Il/elle est notamment sensible aux comportements sexistes ou autres
discriminations et intervient dans la conversation si nécessaire.
Donne ses impressions après coup.
Tout le monde est responsable du bon déroulement du consensus
et de l’atmosphère.
Le/la facilitateur/trice et le/la scruteur/euse de sensations peuvent
aider mais ils n’enlèvent pas aux autres participants
de la réunion la responsabilité à faire aboutir
le consensus. L’expérience vient par la pratique, à
terme chacun-e doit être capable de tenir un de ces rôles.
Trucs pour la méthode du consensus
Pour un consensus rapide et pour économiser l’énergie
les "trucs" suivant sont intéressants :
- Temps :
Multipliez votre temps de parole par le nombre de participants autour
de la table et vous obtenez le temps que durera la réunion
si tout le monde parle autant que vous.
En d’autres termes, ne parlez pas pour vous faire plaisir,
ne répétez pas ce que d’autres ont déjà
dit et ne rentrez pas dans les détails de votre argumentation.
- Pauses :
Les pauses créent une atmosphère plus relax, après
une marche, un bon repas ou un jeu, le consensus marche beaucoup
mieux.
- Je :
Ne parlez pas pour les autres, parlez pour vous, à propos
de votre opinion, de vos sentiments. Les gens ne sont pas intéressés
par ce qu’"on" devrait faire ou par ce que "les
gens" pensent.
Utilisez "je" et restez en à ce que vous voulez
personnellement dire.
- Écoute Active
L’écoute active est plus qu’attendre jusqu’à
ce que l’autre ait fini de parler.
Ne pensez pas immédiatement à contredire, demandez
à mieux comprendre, laissez une pose à ceux qui sont
moins rapides que vous.
- Coopération
Dans une prise de décision consensuelle, il n’est
pas question de savoir qui gagne ou qui fait passer ses idées,
c’est plus une question de trouver ce que vous avez en commun
et coopérer. Évitez la concurrence et laissez les
autres inspirer.
- Impressions
Dites comment vous vous sentez et comment vous ressentez le comportement
des autres et posez des questions sur leurs besoins.
- Responsabilité
Tout le monde est responsable de la prise de décision consensuelle.
- Confiance
Il faut savoir faire confiance dans la capacité des petits
ateliers à prendre en compte toutes les objections imaginables.
Une information ne doit pas être répétée
même d’un jour sur l’autre, il faut considérer
l’autre comme un auditeur attentif, et l’être
soi-même pour garder de courtes réunions motivantes.
- Besoins de base
Lors de choix difficiles, remonter aux besoins de base derrière
les décisions permet de réaliser que les points de
vue sont bien souvent peu éloignés.
- A l’écart
Dans certains cas, après travail en ateliers, des personnes
peuvent se tenir à l’écart de certaines décisions,
sans bloquer le processus. Elles ne sont alors pas tenues de prendre
part l’exécution de ces décisions.
- Préparation
Il est bon de suggérer les thèmes d’une pléniére
dans une assemblée précédente pour pouvoir
les mûrir. Une décision est mieux élaborée
en plusieurs étapes : information/débat/décision,
il faut du temps.
- Responsabilisation
L’assemblée et les ateliers ne doivent pas tout discuter,
lorsqu’il y a eu auparavant accord sur la prise en charge
d’une tâche par une personne ou un groupe donné,
elle doit pouvoir être effectuée sans être rediscutée.
Les signes et la communication non verbale
Les signes sont maintenant utilisés par de nombreux groupes
en Europe dans les discussions au consensus. Ils permettent de ne
pas se couper pas la parole.
- Signe d’accord en agitant les mains
Ils permettent de repérer d’un regard le niveau de
consensus qui se dégage au fur et à mesure que les
propositions sont faites. Ils permettent d’éviter l’applaudimètre,
et la répétition des idées.
- Doigt levé : pour demander la parole
- Moulin des mains : l’intervention traîne en longueur
- T composé avec les deux mains : problème technique,
ne concerne pas les idées mais l’aménagement
de l’espace de discussion [1]
- Point levé : block, je quitte le projet si mon opinion
n’est pas prise en compte.
Le block doit bien sûr être utilisé avec grande
modération, il est bien plus utile d’expliquer le problème
et de proposer des solutions. Il impose à la personne qui
bloque de participer à l’atelier qui traitera de ce
problème délicat.
Notes [1] NDLR : ce signe appelle à une interruption
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