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Comparaison entre recherche-action et recherche classique
Hugues Bazin


Origine : http://biblio.recherche-action.fr/document.php?id=137

Résumé

Comparaison entre Recherche-action situationnelle et recherche classique

Table des matières

Recherche-action situationnelle et recherche classique

Recherche-action et sciences positives



 

 

RECHERCHE-ACTION SITUATIONNELLE

RECHERCHE  CLASSIQUE

Commande

Problématisation d’un contexte : commande publique et demande publique doivent un moment pouvoir se rejoindre.

Formulation des problèmes : pas de relation entre l’attente d’un commanditaire et l’émergence d’une demande publique.

Démarrage

Provoquer une situation : réunion des acteurs autour d’une situation commune dont ils définissent la problématique et les modalités collectives de travail ; la négociation est permanente et fait partie de l’évaluation.

Négocier un accès au « terrain » : rencontre individuelle ou collective des acteurs à partir d’enquêtes  ou groupe de travail méthodologique ; négociation et évaluation sont deux étapes séparées dans l’espace et le temps.

Type de position - relations 

Position impliquée, relations horizontales et égalitaires : le chercheur initie une organisation démocratique  en tant que membre parmi les autres de la situation de travail,  mais c’est le travail collectif des praticiens qui définit la situation.

Position neutre,  relations verticales et hiérarchiques : le chercheur est extérieur, renvoyé à la représentation d’un pouvoir scientifique et institutionnel (il sait des choses que ne connaît  pas le profane, il travaille avec les décideurs).

Type de production de connaissance

Connaissance par une série de transformations individuelles et sociales, production continue, en temps réel, transparente ; les intéressés participent à toutes les étapes : la connaissance produite en situation révèle des éléments impossibles à obtenir par des moyens classiques.

Connaissance par collecte de données, résultat différé sous la forme d’un produit finit (rapport), méthodologie et positionnement peu clairement explicités, enjeux sous- jacents non dits (partenariat géo-institutionnel, fonctionnement de structure, logique catégorielle de marché , etc.).

Outils de production

Qualitatif (entretien approfondi, monographie, autobiographie, enquête sociale) et  interactif (autoformation, dynamique de groupe, atelier coopératif, expérimentation par la recherche- action).

Quantitatif  (enquête par questionnaire, données statistiques) et qualitatif (entretien, monographie, observation, analyse documentaire).

Efficience du savoir produit
et diffusion de la connaissance

La connaissance est directement agent de transformation, les acteurs intègrent le principe de recherche- action dans leur cadre professionnel sans médiation ou intermédiaire ; la connaissance est diffusée par des plates-formes numériques (open source, sans droit d’accès), des rencontres d’ateliers et d’interventions publiques, des cursus autoformant.

Les acteurs accèdent difficilement au produit final. Il faut un corps intermédiaire (opérateur, technicien) pour décrypter cette connaissance et c’est eux qui l’utilisent en tant que savoir opérationnel ; la connaissance peut ou non être diffusée sous forme de livres, de colloques ou de séminaires.

Rapport au temps et analyse
de la connaissance

S’inscrit dans une logique de processus, c’est un work in progressqui s’auto- évalue et s’auto- forme de manière collective ; travail sur les représentations sociales et le principe de construction de la réalité, feed-back (analyse du retour des intéressés  sur les documents produits).

S’inscrit dans une période relativement courte ; la recherche ne dégage pas un processus collectif, elle est évaluée par des spécialistes ; interprétation souvent solitaire du chercheur, pas de feed-back.

Transformations réelles

Les acteurs maîtrisent le sens d’une transformation de la réalité : rapport au travail  et utilisation de sa production.

Les transformations éventuelles sont différées et restent sous l’autorité des commanditaires sans que les acteurs en maîtrisent les tenants et les aboutissants.

Approche épistémologique
d’une situation sociale

Systémique : complexité, la situation est plus que l’addition des éléments qui la composent, c’est un système d’interactions et d’événements.

Microsociologique : la situation est un analyseur de l’ensemble de la société.

Analytique : la situation est une somme d’éléments étudiés séparément, relations linéaires de cause à effet.

Positiviste : la situation est un fait social, objet d’étude  qu’il faut étalonner dans un échantillonnage représentatif.

Objectivité et scientificité

Pas d’hypothèses ou de méthodologies préalables, aller-retour entre implication et distanciation, l’influence du chercheur  fait partie de la recherche et les situations de crise sont un support d’analyse, objectivation par comparaison dans l’espace entre les situations de travail et dans le temps entre les étapes de transformation individuelle et sociale.

Objectivation par séparation chercheur/objet de recherche, application d’une grille d’analyse pré- établie, d’une méthodologie qualitative ou quantitative vérifiant les hypothèses initiales, « évite » toutes influences du chercheur et les situations de crise sont vécues comme une erreur d’implication.




Recherche-action et sciences positives
Par Susman et Evered [1978], "An Assessment of the Scientific Merits of Action Research", in Administrative Science Quarterly, vol. 23, no. 4

Recherche-action

Sciences positives

Position de valeur

développent des systèmes sociaux et libèrent le potentiel humain

les méthodes sont neutres

Temporalité

observent l’actualité en l’interprétant à la lumière du passé et du futur anticipé

axées sur le temps présent

Relation avec les unités
de recherche

les membres du public cible sont des sujets conscients qui collaborent avec le chercheur

l’observateur est non impliqué et les membres du public cible sont l’objet de l’étude

Traitement des unités étudiés

es cas eux-mêmes peuvent représenter une base suffisante comme source d’information

les cas n’ont d’importance qu’en tant que représentants d’une population

Langage employé

langage plus connotatif et métaphorique

utilisent un langage dénotatif et descriptif

Réalité des unités

les êtres humains n’arrêtent pas d’introduire des artefacts dans l’observation

existent indépendamment des créatures humaines

Intentions épistémologiques

développe des avis multiples en vue de l’action afin d’obtenir les résultats souhaités

prédisent les événements à partir de jugements dans un ordre hiérarchique

Accroissement
des connaissances

tient compte des “conjectures” et n’hésite pas à créer des situations en vue du changement de la connaissance

opèrent par une stratégie d’induction et de déduction

Critères de confirmation

repose essentiellement sur l'évaluation des effets de l’action

s’appuient sur une consistance logique, la conjecture et le contrôle

Base de généralisation

les résultats sont étroitement liés à la situation, au contexte

base large, à valeur universelle et hors du contexte

Bazin H. [2006], Comparaison entre recherche-action et recherche classique, document électronique in Bibliographie R-A

disponible  sur http://biblio.recherche-action.fr/document.php?id=137#tocto2