Date: 13 Avril 2003
Subject: [multitudes-infos] Violée mais consentante ?
La femme peuple - démocratie viol et machiste
Nombreux sont les intellectuels qui ont insisté sur l'écart
croissant et de plus en plus visible, entre les élites gouvernantes
des pays démocratiques et les aspirations ou les refus de ceux
auxquelles ces élites doivent, par le biais des urnes, leur pouvoir.
La guerre d'agression entreprise par les USA a mis en évidence
cette fracture en de nombreux pays. A cet égard, il est révélateur
que la coalition états-unienne compte, au déclenchement
des opérations, davantage d'états anonymes, que de nations
clairement identifiées, les dirigeants de ces pays à la
politique étrangère masquée, craignant la réaction
de leur population.
Ainsi, en Espagne, plus de 85 % des citoyens étaient opposés
à la guerre et donc aux décisions de leur premier ministre.
Le premier allié de l'agresseur : M. Blair, devait, au moment
des préliminaires de la guerre, affronter une contestation très
vive dans son pays.
Sur le sol même des États-Unis d'Amérique, même
si elle fut difficile à mesurer, la désapprobation voire
la contestation ont été également très importantes,
au début de l'acte.
Le viol théorisé
Pourtant, la guerre, les bombardements, les combats et les effets induits,
ont eut lieu sans tenir compte de ces oppositions. Pire, il semblait
même parfois que celles-ci augmentait le désir et l'impatiente
pour cette intervention violente.
De fait, la théorie était du côté des agresseurs.
De nombreux conflits armés, à commencer par l'effroyable
boucherie de 14-18, ont montré que les populations, une fois
forcées à la guerre, finissaient le plus souvent par s'y
engager.
Les raisons évoquées par ceux qui ont étudié
cette métamorphose des citoyens, sont nombreuses, mais la plupart
se résument à des mots qui, au-delà de développements
relativement abstraits, cachent souvent un vide réel de représentions,
tel que "patriotisme" (qui ne serait en fait que la perception
de ce vide).
Ce qui est inquiétant dans un tel phénomène apparemment
mécanique, au-delà de ses effets désastreux, c'est
surtout le modèle d'action qu'il sous-tend, pour les élites
dirigeantes qui le provoquent et en usent, et ce qu'il implique au niveau
des représentations que ces élites ont de leur population.
Car dans les faits, ce qui se passe est très proche du viol et
les présupposés concernant "l'autre" en sont
très voisins.
- Un acte particulièrement viril est envisagé du côté
"mâle".
- Du côté "féminin", de nombreuses manifestations
physiques "donneraient à croire" que ce projet "serait
loin d'être partagé"
- L'acte est malgré tout engagé du côté "mâle"
en écartant par contrainte les entraves et oppositions rencontrées.
- Progressivement le côté passif, voir hostile, semble
changer d'appréciation (surtout au niveau primaire des sens)
à propos de l'engagement et participe à son tour à
l'action, pour le bien des deux parties.
Ceci est l'exacte représentation mentale du viol dans l'esprit
d'un grand nombre d'agresseurs sexuels, potentiels ou réels,
et dont se sert abondamment le cinéma à caractère
pornographique comme fantasme type définissant un "genre"
et par là même, un "produit".
Malheureusement pour nous, malheureusement pour l'homme, pour la femme,
ce qui se passe actuellement en Irak, est du même ordre.
Les populations ont résisté à la violence, les
populations ont été forcées.
L'engagement "étant entré dans sa phase active",
chez les violeurs - George W Bush et tout son camp des faucons - on
peut dorénavant, sondages d'opinion publique à l'appui,
prétendre que dans les faits, les populations mondiales, et jusqu'à
la majorité même des Irakiens et Irakiennes, sont désormais
parfaitement consentantes et concourent, de leur plein grès,
en s'associant plus ou moins activement à l'acte, pour leur bonheur.
Luc Comeau-Montasse
Après les évènement récents
ajoutons que le camp des agreseurs n'a pas reculé sur une mise
en scène à destination des spectateurs-à-distance
de façon à prévenir toute accusation de viol, prenant
à témoin l'humanité des écrans qui a pu
entendre les cris de plaisir de celle qui ne saurait désormais
prétendre être la victime d'un abus sur sa personne.
m u l t i t u d e s - i n f o s
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