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Le Poison Noir ... Méfiez-vous des bulles noires !!!


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Date: Fri, 5 Sep 2003 20:27:41 +0200

Subject: [infozone_l] Le Poison Noir ... Méfiez-vous des bulles noires !!!

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En Inde, Pepsi et Coca-Cola cristallisent les problèmes de qualité de l'eau
La polémique sur les taux de pesticides contenus dans les bouteilles de Pepsi et de Coca, a mis en lumière le problème des normes appliquées en Inde. Au regard des textes en vigueur, PepsiCo et Coca-Cola ne sont pas dans l'illégalité, malgré les risques sanitaires.
Militant pour l'information du public dans les domaines de la science, de la santé et de l'environnement, le CSE a testé 12marques de boissons non alcoolisées, fabriquées et distribuées par PepsiCo et The Coca-Cola Company, à la recherche d'éventuelles traces de pesticides (16 organochlorés, 12 organophosphorés et 4 pyréthroïdes de synthèse) abondamment utilisés en Inde.

En Europe, la directive 80/778/EEC précise les normes de qualité requise pour l'eau de boisson destinée à une consommation humaine : maximum 0,0001 mg/l par pesticide, pour un total maximum de 0,0005 mg/l (0,0001 mg/l à compter du 25 décembre 2003). L'adoption des normes de l'UE est actuellement à l'étude en Inde, et ce sont elles qui ont servi de référent au CSE : les normes indiennes, édictées par le Bureau of Indian Standards, se contentent de préconiser des résidus de pesticides " en-dessous de seuils détectables "... ce qui, bien entendu, dépend de la technique de détection employée.

La matière première en cause
Publiés en juillet 2003 par l'ONG, les résultats des tests se sont avérés accablants pour quatre pesticides : deux organochlorés, le lindane et le DDT, et deux organophosphorés, le malathion et le chlorpyrifos. 100 % des échantillons contenaient du lindane (jusqu'à 42 fois la norme européenne) et du chloropyrifos (jusqu'à 72 fois la norme), 81 % du DDT (jusqu'à 25 fois la norme) et 97 % du malathion (jusqu'à 196 fois la norme). Le poids moyen total de pesticides était de 0,0180 mg/l (36 fois la norme de l'UE) pour les marques PepsiCo, et de 0,0150 mg/l (30 fois la norme) pour Coca-Cola. Les deux entreprises ont immédiatement réfuté ces accusations (voir(1) ).

Pour le CSE, ces résidus proviennent de l'eau extraite des nappes phréatiques par les usines. La plupart des fabricants utilisent en effet cette eau, gratuite, comme matière première. Les moins regardants la pompent à 30 mètres, les plus précautionneux descendent à 150. Mais les pesticides, infiltrés dans les sols après épandage dans les champs, subsistent à ces profondeurs. L'ONG avait en outre démontré en février leur présence dans plusieurs marques d'eau en bouteilles, fabriquées (pour certaines, par PepsiCo et Coca-Cola) à partir des mêmes eaux souterraines.
Seule la nanofiltration à travers de très fines membranes, permet d'épurer l'eau de ses particules en suspension, bactéries, virus et pesticides.
Mais son coût élevé la marginalise. Et puisque aucune loi ne leur impose de normes impératives, les fabricants se contentent généralement de microfiltration, de désinfection au chlore ou d'irradiation aux UV.

L'or bleu en péril Environ
40 % de la population indienne (plus de 400 millions de personnes) n'a pas accès à l'eau potable, et 20 % des urbains n'ont pas l'eau courante. Les Indiens doivent bouillir leur eau pendant 20 minutes, ou installer des purificateurs - à l'efficacité parfois douteuse. Si ce comportement permet d'éradiquer en partie bactéries et microbes, épidémies de diarrhée, dysenterie ou de gastro-entérite se succèdent néanmoins, et il demeure inopérant contre les pesticides et métaux lourds. Il y a quelques années, avant une visite en Inde, le président Clinton s'était d'ailleurs muni d'eau potable en quantité.

L'eau et les boissons non alcoolisées en bouteilles représentaient donc, dans l'imaginaire collectif indien, pureté et sécurité sanitaire. Jusqu'à la publication des résultats des tests du CSE, et leur confirmation tempérée par le gouvernement le 21 août.
Les appels au boycott et destructions de bouteilles se sont multipliés, les plus extrémistes allant jusqu'à brûler des portraits de stars de Bollywood qui prêtent leur image à PepsiCo et Coca-Cola. Les deux multinationales américaines dominent le marché des boissons non alcoolisées. Au début des années 90, les fabricants se sont massivement tournés vers les marchés émergents du Moyen-Orient, d'Europe de l'Est et d'Asie. PepsiCo a investi l'Inde en 1991, tandis que Coca-Cola, banni du pays en 1977, y est revenu en 1993. En mars 2001, le gouvernement fédéral indien a estimé le marché des boissons non alcoolisées à 1,2 milliard de dollars en valeur, et six milliards et demi de bouteilles en volume. Soit environ six bouteilles par habitant par an, contre 17 au Pakistan ou 21 au Sri Lanka. Le chiffre atteint 50 à Delhi.

Une agriculture intensive, par nécessité
Grande comme six fois la France, l'Inde compte près de 18 fois plus d'habitants. Nourrir tant bien que mal une telle population implique de recourir à une agriculture intensive, appuyée par les fertilisants et pesticides, souvent utilisés sans réel discernement. Le coton, qui n'occupe que 5 % des terres arables, représente ainsi la moitié des pesticides consommés en Inde. Mais ni les fabricants de pesticides, ni le gouvernement, ne prennent en charge la sensibilisation des agriculteurs.

L'utilisation de produits biodégradables pourrait pourtant être une solution au problème de l'eau, qu'il faut traiter à la source.
" Il ne faut pas avoir peur des pesticides ", a récemment déclaré au quotidien Times of India O.P. Dubey, directeur général adjoint du Conseil indien de recherche agricole. " Grâce à eux, nous sommes autosuffisants en nourriture ". Reste que ces produits présentent des risques pour la santé.
Le DDT, toxique et carcinogène, fut interdit dans la plupart des pays occidentaux dès les années 70. Bien que le pays ait ratifié en 2001 une convention internationale prévoyant son interdiction (et celle de 11 autres pesticides, dangereux pour l'environnement), l'Inde en a répandu près de 7 000 tonnes l'an passé. Ses défenseurs allèguent qu'il protége les cultures et permet de contenir les épidémies de typhus et de malaria.
Or, les insectes vecteurs de ces maladies ont, à la longue, développé une résistance (prouvée) au DDT, dont l'efficacité devient dès lors relative.

David Martin (Filigrane Press)
Mis en ligne le : 22/08/2003


(1) CHRONOLOGIE D'UN SCANDALE

4 février 2003 : Le CSE publie un rapport signalant la présence de pesticides dans 13 marques d'eau en bouteilles en Inde.

5 février : Le gouvernement lance une enquête sur la pertinence des normes en vigueur.

9 février : Le ministre du Développement de la ressource humaine, de la Science et de la Technologie, reconnaît la validité de l'étude du CSE.

18 juillet : Le ministère fédéral de la Santé annonce de nouvelles normes sur l'eau en bouteilles pour le 1er janvier 2004.

5 août : Le CSE publie un rapport signalant la présence de pesticides dans 12 marques de boissons non alcoolisées.

5 août : PepsiCo et Coca-Cola convoquent une conférence de presse commune, rejetant les accusations du CSE et menaçant de poursuivre l'ONG.

6 août : PepsiCo et Coca-Cola présentent des tests effectués sur l'eau utilisée dans leurs boissons par un laboratoire de leur choix.

6 août : Le ministre de la Santé commande des tests indépendants sur 15 boissons.

8 août : Plusieurs états annoncent des tests aléatoires, dans les points de vente comme sur les lieux de production. Certains interdisent les produits de PepsiCo et Coca-Cola par précaution.

8 août : PepsiCo dépose un recours légal contre le CSE, afin que l'ONG cesse ses publications et retire les informations de son site. Dans le même temps, Coca-Cola Company demande à la Haute Cour de Bombay de lever l'interdiction pesant sur ses produits dans l'état.

11 août : La Haute Cour de Delhi appelle à la nomination d'un comité d'experts indépendants, et la publication de résultats sous trois semaines.

21 août : Le ministre de la Santé confirme la présence de pesticides dans 75 % des échantillons testés, dans des proportions inférieures à celles avancées par le CSE, mais largement supérieures aux normes de l'UE. Le ministre admet que les normes actuelles sont insuffisantes.


Source : http://www.novethic.fr/novethic/site/article/index.jsp?id=42705 .
Publié sur I N F O Z O N E .
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s a m i z d a t . n e t http://listes.samizdat.net/wws/info/infozone_l