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Une synthèse de la décroissance à l'usage des nouveaux venus
Clement Homs

Posté le: 31 Déc 2006 12:12 Sujet du message:

http://forum.decroissance.info/viewtopic.php?t=3946&sid=fb72bdd15e537ca818657f08219a449c

je pense pas que bounan soit de la cheville d'husserl quand même, à ce que j'ai lu, bounan me semble-t-il n'expose pas une critique de la science, il tire seulement les conséquence d'une critique implicite à ce qu'il découvre comme ses résultats (je regarderai le temps du sida, cependant le personnage au vu des polémiques notamment son ouvrage sur Céline, me semble à prendre avec des pincettes, ça a balancé grave contre bounan *). De plus chez husserl, si l'on peut encore parler de " vérité " ce n'est plus possible de le faire sous la lumière de l'objectivité, puisque pour husserl le monde se donne à nous au travers de l'expérience préalable et originaire de la " conscience transcendantale ", la " conscience donatrice originaire ". A partir de là, pour parler comme ceux du paradigme postmoderne, il faut refuser toute réconciliation entre l'homme et le monde, et accepter le " subjectivisme originaire ", et ce que M. Henry appellera l'immanence de la vie (d'ailleurs Maffesoli même s'il reste imprégner - comme Nietzsche - du vouloir-vivre de Schopenhauer, parle en faisant référence à la théorie de l'individuation de Simondon, d' " immanence transcendante "). Henry, qui est certainement celui qui a prolonger le plus radicalement qui soit les résultats d'Husserl, à même écrit que la vie n'était pas du monde.

l'objectivité n'est donc pas possible, y compris pour husserl ou henry : le " monde-de-la vie " pour le premier, le " s'éprouver soi-même " pour le second sont comme dit Husserl l'arche orginaire, un centre de référence où le " monde " se confond avec ma chair. Nous ne marchons pas au milieu des choses ou sur le sol terrestre comme dit le scientisme environnant, nous marchons d'abord dans cette vie ou celle-là qui est l'ultime source de tout droit et de tout être des étants. Le monde ne nous apparait pas comme pour le monde (comme le pense la science et l'écologisme), mais irrémédiablement pour nous. Car l'horizon de son apparition se constitue dans ce que nous sommes, des vivants. A partir de là toute objectivité du monde n'est plus possible.

Peut-être que ces considérations propre à la phénomélogie sont trop en avant par rapport aux différents penseurs de la décroissance. Encore que comme le remarque très bien Cérézuelle, Charbonneau a été très marqué par Max Scheler qui est quand même un disciple de Husserl et pilier de la phénoménologie. Après de Caillé à Latouche en passant par Rist, Perrot, etc, la référence à la critique de la science par la phénoménologie me semble moins prononcé. Même si latouche fait référence (tout en prenant ses distances) à Heidegger. Cependant chez ces auteurs, le noeud qui les relie c'est la critique de l'épistémologie des sciences sociales (leur domaine généralement) et leur prétention à l'objectivité (caillé sur bourdieu ou plus généralement sur l'utilitarisme dans les SS), latouche avec son bouquin Le Procès des sciences sociales (avec son épistémologie de l'inter-texttualité), voir aussi dans le numéro du Courrier de la planète l'éditorial de cette revue répondant à l'article de G. Rist que nous avons mis en ligne ici, et qui se défend (sans aucun arguments) de partager le point de vue de gilbert en raison de leur non volonté d'écarter les épistémologies des sciences sociales. Il est affolant également de voir chez les auteurs de la décroissance le nombre de référence à l'oeuvre de paul Feyerabend et à son " épistélomogie anarchiste ". Charbonneau aussi refuse radicalement l'objectivité, c'est-à-dire cette thèse épistémologique consistant à affirmer sa capacité à connaitre un sujet organisé en un objet d'étude transparent. Les épistémologies objectivistes ne cessent comme la " science normale " propre au scientisme ambiant, de recommader de se méfier de la subjectivité. L'empirisme sociologie, l'objectivisme durkheimien ou le structuralisme (dont bourdieu hérite puisqu'il a recyclé beaucoup de choses du structuralisme marxiste d'Althusser), nient le sujet de leur objet mais aussi le sujet qu'ils sont (distanciation, " neutralité axiologique ", et cie). La production de savoir, en sa possibilité (le chercheur) comme en son point d'attaque (sa chose) est un proces sans sujets.

Magali Uhl influencée par henry, Husserl, la sociologie compréhensive et l'ethnopsychanalyse a écrit là dessus, Subjectivités et sciences humaines. Essai de métasociologie.

Sur le nominalisme dans la décroissance (cf. un autre post), dire que le nominalisme est le fondement philosophique de la décroissance n'est pas une interprétation personnelle, c'est un revendication de nombreux auteurs. Latouche a écrit tout un article sur le nominalisme dans son rapport à l'après-développement dans le MAUSS, Singleton (cf son article dans Entropia), etc. Le principe du nominalisme a été inventé par guillaume d'Occam à partir d'une phrase d'aristote qui dit qu' " il vaut mieux prendre des principes moins nombreux et de nombre limité ", c'est là ce qu'on appelera le rasoir d'Occam qui rasera la barbe à l'idéalisme platonicien. Ainsi la décroissance ne cesse de dénoncer les " mots toxiques " qui pervertissent le jugement comme dit latouche. La novlangue est bien entendu la reine de cet effondrement anthropologique du langage dans le non sens, et qui ne fonctionne non pas sur le mensonge, mais sur le découragement préalable de toute constestation par la persuasion cladestine de l'ordre du langage qui envahit la vie inobjectivable. Le nominalisme s'oppose par principe à l'épistémologie réaliste (cf. Robert Kurz et son appel à une Internationale anti-réaliste), Antihèsne critique ainsi le mode de production du langage qui fonctionne sur une ontologie de l'universel et du général (cf. la querelle des universaux au moyen age) : " je vois un cheval, je ne vois pas la caballéité ". Le nominalisme déconstruisant les présupposés des mots qui creuse des bassins sémantiques très particulier, déconstruit leur dimension universelle d'appréhension mais aussi " l'attitude naturelle envers le monde " comme dit husserl, c'est-à-dire cette tendance naturelle à considérer le monde comme une réalité en soi et dont la possibilité d'apparition est détachée de toute la subjectvité transcendantale. Le nominalisme ouvre alors vers la particularité, vers la singularité, l'individualité, vers le concret et le vivant. Le général, l'universel et l'interchangeable dans le langage ordinaire de la domination sont mis en nu par le rasoir d'Occam. La critique radicale du langage de la domination économique sur la vie connait alors une voie royale à travers le nominalisme.

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* sans parler dans Sans valeur marchande, la critique de l'encyclopédie des nuisances qu'il entreprend dans son dernier essai qui est un peu ridicule. Certes, la question de la critique d'une " société industrielle " est a posé avec des bases solides, il faut faire attention de pas verser dans le proudhonisme des petites structures économiques, conditions des écologistes et de trop nombreux " objecteurs de croissance " qui n'ont pas compris grand chose à la critique de l'économie de croissance. Cependant il faut bien donner raison à l'EDN, le situationnisme a trop longtemps cherché à balancer la société de l'échangeabilité (forcément marchande) en conservant le progrès (cf. mon texte sur " Debord père de la décroissance " sur le site 1libertaire). Ces prises de têtes autour de l'héritage situ, si elles se font toujours dans le style d'écriture classique, sont un débat fondamental pour poser la décroissance. Et à la différence des contempteurs de l'EDN, il faut le poser avec les interprétations que font de Marx, Jappe, Kurz et Henry. La critique de la valeur ne s'oppose en rien à une critique de la société industrielle. [/i]

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" Les enfants croient au Père Noël. Les adultes votent. " (Pierre Desproges).