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Origine : http://www.decroissance.info/Le-miracle-chinois-est-un-desastre
Ici, là-bas, partout comme ailleurs, tous les aspects de
la vie sociale et individuelle se laissent toujours plus envahir
par les produits industriels, et coloniser par la métaphysique
de l’économisme et du progressisme occidental. La transformation
de la moindre organisation sociale vivotant sur la planète
en une société administrée par les représentations
économiques, donne lieu obligatoirement à une société
de la valeur, de la valeur d’échange et de la plus-value,
c’est-à-dire à la constitution de sociétés
industrielles, spectaculaires et techniciennes. L’occidentalisation
du monde qui n’est rien d’autre que l’économicisation
globale de la vie immédiate, est dès lors planétaire.
La mise en développement de la Chine connaît actuellement
chacune des ruptures de ce processus avec une vitesse jamais inégalée.
Par rapport aux trois siècles qui ont vu la constitution
et l’intégration toujours plus poussées des
sociétés européennes et nord-américaines
en un Léviathan techno-politico-économique impérialiste
[1], l’actuel Grand Bond en avant de la Chine se fait aujourd’hui
en quelques dizaines d’années. Et cette mise en développement,
puis la croissance économique qui est le mode stabilisé
de fonctionnement de la machinerie, déploient alors le ravage
écologique des territoires et sous-sols chinois comme la
réalisation même de cette société économique.
C’est ainsi qu’ici comme ailleurs, dans le Vénézuela
chavézien, sur les bords du lac Victoria comme sur les hauts
plateaux himalayens traversés par le chemin de fer de l’acculturation
générale, « une société toujours
plus malade, mais toujours plus puissante, a recrée partout
concrètement le monde comme environnement et décor
de sa maladie, en tant que planète malade » [2].
« Pour pouvoir étudier une société
développée, il faut qu’elle soit déjà
un peu pourrie »
Le fils caché d’Alfred Métraux.
Communisme et capitalisme, avers et revers d’une même
monnaie : le développement de l’économie inventée.
Même les « observateurs », « expertocrates
», sondocrates, journalistes, machinistes et autres prêtres
à longues et courtes robes de l’Eglise économique
le confessent : la croissance chinoise est un processus à
haut risque, les autorités chinoises ne peuvent plus guère
le cacher. Celles-ci sont même obligées de sous-estimer
délibéremet la croissance du P.I.B. qui « serait
en réalité plus proche de 16% que des 9,5% annoncées
jusqu’à présent » [3], pour ne surtout
pas affoler les théoriciens-inventeurs de l’économie.
Quand on sait en plus qu’une étude conjointe de la
Banque mondiale et de deux banques régionales estimait en
2005 que les dommages causés par la pollution coûtaient
chaque année à la Chine l’équivalent
de 7,7% de son PIB [4], on imagine le grand bon en avant dans le
ravage de la Planète que permet concrètement la «
mise en développement » de la Chine. Mais comme le
rappelle ce diplomate dans la langue de fer de l’impératif
développementiste, « La République populaire
est condamnée à la croissance » [5].
Cependant, nul, du reste, ne saurait faire évidemment reproche
à la Chine de la tension enregistrée sur le marché
énergétique ou sur celui des matières premières
ces dernières années. La Chine n’est pas en
cause, comme si nous mêmes n’étions pas co-responsables
de ce désastre. Car comme l’écrit Vermander,
« la crise du modèle de développement n’est
pas d’abord une crise du modèle chinois. La taille
du pays ne fait qu’amplifier des contradictions déjà
bien connues au niveau mondial... » Pour le dire autrement
que dans la langue de bois des analystes patentés, la crise
écologique de la Chine renvoie à des causes multiples,
certaines propres à ce pays, mais le fait majeur du surgissement
de cette crise, c’est qu’elle dévoile la réalité
véritable du déploiement de l’économie
de croissance comme de toute économie alternative. Ainsi
la crise écologique planétaire n’est pas un
simple défaut de gestion ou de gouvernance comme aimeraient
à le faire croire les appareils idéologiques de la
propagande mondiale, elle est le déploiement et la réalisation
même de l’invention de l’économie, c’est-à-dire
de son autonomisation transcendante et auto-référentielle
en un hors-monde pour mieux administrer les humains comme de simples
choses. Ce n’est pas l’économie chinoise qui
est malade, c’est l’ontologie économique, c’est-à-dire
le projet métaphysique du Léviation techno-économique
né au XVIIe et XVIIIe siècles qui arrive tout simplement
au point agonisant de son aboutissement [6]. La crise écologique
mondialisée n’est en fait que le déploiement
de la crise de la valeur, elle est donc le premier pas vers la fin
véritable de toute « histoire économique ».
Premisses à l’occidentalisation de la Chine.
A la différence de nombreuses idées convenues sur
le caractère supposé récent de l’actuel
boom économique chinois, l’économicisation de
cet Etat-continent ne date pas de la dernière décennie.
Dès le milieu du XIXe siècle, les « guerres
de l’ouverture » (Guerres de l’opium, etc) ont
été le coup de gong qui allait entraîner l’écroulement
d’un monde, d’une civilisation, c’est-à-dire
de la vue confucéenne du monde. Les portes de « la
» civilisation (occidentale) s’ouvraient alors à
l’entrée de la Chine dans ce qui est considéré
comme l’histoire universelle de la Marche Royale du Progrès,
et l’imitation de l’Occident s’instutua dans différents
épisodes « réformateurs » tout au long
de ce siècle. Cependant, à la différence des
analyses abstraites de Rostow (le grand théoricien des sociétés
de croissance économique), pensant l’économicisation
du monde sous le modèle de la substitution de la modernité
à la tradition, l’histoire de la perforation des valeurs
traditionnelles chinoises par l’ontologie capitaliste montre
à l’inverse une véritable « hybridation
de développement » selon le mot de Gilbert Rist : c’est-à-dire
« un syncrétisme qui produit des sociétés
totalement différentes de celles qui les ont précédées,
et l’apparition de populations entières, certes modernisées,
mais non point modernes » [7]. Et la formule fameuse du réformateur
Zhang Zhidong énonce de façon très nette ce
mélange de valeurs confucéennes et des moyens de la
science et de la technique occidentales : « le savoir chinois
comme base, le savoir occidental comme moyen ».
L’insurrection Taiping (1851-1864) se marquait ainsi par
un refus de l’idéologie confucéenne, remplacée
par un syncrétisme religieux empreint d’influences
chrétiennes mal assimilées ou volontairement déformées
[8]. C’est ensuite entre 1860 et 1875, les réformateurs
de la « Restauration Tongzhi », qui « ont glissé
dans leur politique de renaissance confucéenne et de rétablissement
de l’ordre ancien [mis au défi par l’Occident],
quelques éléments d’occidentalisation : constructions
d’arsenaux et de naivres à vapeur, traductions de manuels
européens de science ou de technologie, établissement
à Pékin d’une école d’interprètes,
etc. Ces emprunts on le voit, s’orientent avec prédilection
vers la technique - et spécialement vers l’armement,
qui a fait ses preuves au cours des “ guerres de l’ouverture
” » de la Chine [9].
Le barrage des Trois Gorges, construit sur l’immense fleuve
Yangtzé, vient d’être terminé avec un
an d’avance. Ses 2 309 mètres de long et 185 mètres
de hauteur en font, le premier complexe hydroélectrique au
monde et comme disent les idéologues du Progrès, "
l’un des ouvrages entrepris par l’Homme les plus importants
à ce jour ".
Industrialisation, urbanisation, automobilisme : l’invention
de la société de consommation administrée,
de l’autonomie à l’hétéronomie.
A mesure que l’industrialisation de la Chine avance sous
les coups de butoirs de la mise en représentations économiques
de l’effervscence du travail vivant, les ponctions opérées
sur les ressources naturelles sont toujours plus gigantesques. En
2003, l’augmentation de la consommation d’acier était
de 29 %, celle du pétrole de 14 %, et en 2005, la consommation
d’électricité augmentait elle de 12 %. Une étude
récente de l’Agence nationale pour la protection de
l’environnement indiquait que les niveaux de pollution en
Chine quadrupleraient dans les quinze prochaines années si
la courbe de croissance de la consommation énergétique
restait constante [10]. La croissance chinoise est également
vorace en biens d’équipements lourds (machines-outils,
matériel de centrales électriques). La Chine est ainsi
devenue le premier camp de travail mondial intégré
à l’économie-monde comme son arrière-base
d’approvisionnement en objets. La désindustrialisation
qui résulte des délocalisations notamment en Europe,
entraîne l’industrialisation des « Sud »,
et tout particulièrement de la Chine. Les analystes qui considèrent
nos sociétés européennes comme post-industrielles,
ignorent bien évidemment que c’est le redéploiment
à l’échelle mondiale de la société
comme organisation sociale totale qui rend insaisissable ici l’industrialisation
toujours plus poussée. La Chine est devenue la première
Usine de l’organisation sociale mondiale. Ainsi 85 % des tracteurs
mondiaux, 75 % des montres, 60 % des lecteurs DVD sont produits
en Chine. Nos analystes ont beau se lamenter comme autant de pleureuses
sur la non-application dans ce nouvel secteur industriel des «
règles de sécurité » et de « protection
environnementale » que promeut la régulation juridique
propre à la société manchande - ce qui provoque
une interminable série de catastrophes humaines et environnementales
comme les accidents à répétition intervenus
dans les mines de charbon en sont une tragique illustration -, la
langue de bois de la pensée unique économiciste ne
tient pas à considérer le négatif de son déploiement
autrement que comme manque de ce même développement.
C’est là le propre de la croissance illimitée.
Le lien entre crise écologique et tensions sociales est
jour après jour de plus en plus évident, car le développement
chinois s’est fait exclusivement au profit des villes. Comme
lors des politiques du « développement endogène
» des années 50-60 dans les pays soit-disant «
dé-colonisés », les campagnes et notamment l’agriculture
paysanne n’ont reçu aucun soutien de la part de politiques
publiques. Les régions rurales ont ainsi eu à subir
l’imposition de nombreux projets d’infrastructures (barrages
des Trois Gorges, etc), mis en place comme conditions de possibilité
de la croissance des littoraux chinois. Le déséquilibre
croissant entre le « niveau de vie » (défini
selon les critères de l’économisme) des villes
(150 millions de chinois appartenant à la classe moyenne)
et des campagnes est caractéristique de la « mise en
développement de la Chine ». Cependant le monde urbain
chinois n’est pas en reste. Seize des vingt villes les plus
polluées au monde sont chinoises et la Banque mondiale estime
que la pollution atmosphérique est la cause de 300 000 décès
par an.
La stratégie actuelle des hiérarques chinois est
de doper la demande intérieure, c’est-à-dire
de créer de toute pièce une « société
de consommation ». A Pékin, personne ne remet en cause
l’axiome établi par Deng Xiaoping il y a quinze ans
: la grandeur de la Chine et le bonheur de ses masses passent par
l’ouverture économique, par une industrialisation massive
et par un exode rural qui est le plus brutal de l’Histoire.
Cette société invente et construit dès lors
patiemment la « consommation », c’est-à-dire
par l’orchestration politique de la perte d’autonomie
personnelle et collective consistant à la maîtrise
de ses propres conditions de vie. La perte de l’autonomie
alimentaire et matérielle est devenue l’objectif numéro
un de la poursuite de la croissance chinoise, et c’est l’élément
principal du déracinement urbain : 400 millions de paysans
chinois sont amenés dans les années qui viennent à
venir grossir les villes, 400 millions de nouveaux consommateurs,
pauvres mais potentiels pour la Grande Machine d’hétéronomisation
de la satisfaction des besoins. Il est vrai que l’Ogre philanthropique
qu’est l’Etat chinois déjà omnipotent
est à même d’achever et d’étendre
la logique de Séparation dans toutes les formes d’activités
vivantes. Les altermondialistes comme tous le jacobinisme culturel
français on le sait, oppose idéologiquement l’économique
au politique, alors qu’il n’en est rien dans la réalité
concrète. L’ontologie politique de la modernité
(séparation, représentation, etc.) est ainsi à
même de déployer l’autonomie de l’économique.
La naissance de la consommation chinoise y est alors fulgurante,
ainsi le géant américain Wal-Mart va ouvrir prochainement
une vingtaine de nouveaux magasins en Chine et embaucher près
de 150 000 personnes sur les cinq prochaines années [11].
Par ailleurs, les ventes de voitures individuelles ont augmenté
en moyenne de 50% durant les trois dernières années,
et les ventes annuelles devraient passer de 4,4 millions de véhicules
en 2003 à 13 millions en dix ans. La Chine est d’ores
et déjà le second producteur mondial d’émissions
de dioxyde de carbone, et comme le note Vermander, « la continuation
des tendances observées réduirait irrémédiablement
à néant les efforts accomplis contre l’effet
de serre par le reste du monde ». De plus cette demande énergétique
gigantesque est un non-sens flagrant. Si la Chine consommait aujourd’hui
autant de pétrole par tête d’habitant que le
fait Taiwan (ne parlons même pas des Etats-Unis), sa consommation
serait d’ores et déjà de 49 millions de barils
par jour alors que la production mondiale actuelle est de 85 millions
de barils/jour. Et la situation est déjà alarmante
puisque déjà en 2003, l’augmentation de la consommation
de pétrole brut était de 13,6%. La perte de l’autonomie
entrâine alors chaque chinois à devenir le rouage d’une
organisation sociale totale, où la servitude volontaire est
la caractéristique première du contrat social.
La précarité sociale, les réquisitions de
terres et la corruption attisent la colère des paysans, ici
dans un village du Guangzhou en juillet 2005.
Le ravage de la planète comme décor de la maladie
de la société économique : Environnement et
croissance chinoise.
La ponction matérielle opérée par la valorisation
capitaliste sur l’environnement menace le Chine d’un
désastre écologique sans précédent.
La question de l’eau est tout d’abord des plus préoccupantes.
L’eau souterraine est ainsi polluée dans 90% des villes
[12], tandis que selon les statistiques officielles (on imagine
la réalité réelle...), plus de 60% des cours
d’eau sont impropres à tout usage. Et l’alternance
des inondations et des sécheresse est de plus causée
par la déforestation.
De plus le marché du bois en Chine est depuis plusieurs
années en croissance exponentielle. En dix ans, la consommation
chinoise de bois a augmenté de 70%. Sur son territoire l’érosion
en milieu rural était si catastrophique, que les autorités
en sont arrivées à interdire les coupes de bois en
zones sensibles. Entre 15 à 20% des espèces animales
et végétales sont ainsi considérées
en péril, contre une moyenne mondiale située entre
10 et 15%, illustration parfaite des ravages de la Terre par la
société économique. Cependant cette relative
et récente préservation du domaine forestier intérieur
est aujourd’hui contrebalancée à l’échelle
mondiale par les massives importations de bois auxquelles la Chine
se livre notamment au détriment des forêts asiatiques
et océaniennes. C’est ainsi que la Chine a rappelé
Cheung Sze Pang, directeur adjoint de Greenpeace Chine, «
est le premier importateur mondial de bois tropicaux, et une grande
partie de ces espèces sont exportées depuis l’Indonésie
et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, où entre 76% et 90%
de l’abattage des arbres est illégal » [13].
Quand on sait que la moitié des rondins de bois provenant
des dernières forêts primaires de la planète,
c’est-à-dire la Malaisie, l’Indonésie
et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, sont exportés vers
la Chine et que 75% du commerce du bois papou est lié aux
exportations vers la République populaire, qui a par ailleurs
plus que triplé ses exportations de meubles et de contreplaqué
vers le reste du monde, on imagine la résonance écologique
de cette affaire. Car en effet, la Chine n’est pas seulement
un consommateur de bois, elle est surtout le vaste de camp de travail
mondial de sa transformation. Si elle importe ce bois, c’est
aussi pour le transformer et le réexporter vers l’Union
européenne (Lapeyre, Ikéa, etc), le Japon et les Etats-Unis
(les pays de la Triade). Ainsi en dix ans, les exportations de contreplaqué
de la Chine à destination de l’Europe ont progressé
de 100%. Et Greenpeace pense que le commerce illégal risque
de contribuer à la quasi-disparition des forêts d’Asie
du Sud-Est d’ici les dix prochaines années [14].
En France, Conforama et la « Fédération française
des importateurs du bois » ont promis (juré-craché
on ne recommencera pas...) de boycotter de tels produits. Le développement
durable, le capitalisme éthique et eco-responsable ou encore
tous les éco-citoyens qui osent organiser des « journées
sans achats » voire de très inquiétantes «
grèves de la consommation », continuent inlassablement
à vouloir faire croire au « matériel humain
» qui sert de rouage à la Méga-machine, qu’un
autre logiciel est possible et ce simplement en le réclamant.
Un logiciel « durable » ou carrément «
décroissant, républicain et humaniste » où
il s’agit de « favoriser le moins nuisible et surtout,
aller chercher le maximum par unité de production ! des combustibles
renouvelables et l’efficacité énergétique,
le recyclage et la gestion méticuleuse des réserves
d’eau sont quelques-une des réponses typiques qui affichent
toute un idéal commun : l’idéal d’une
société gérant efficacement ses ressources
» en écologicisant l’économie et les sciences
économiques, comme le souhaitait le bio-économiste
Georgescu-Roegen [15]. La nouvelle politique mondiale de gestion
des ressources (le « développement durable »
dans le langage de la propagande) comme la décroissance politicienne
sont aussi borgnes l’une que l’autre : ils ignorent
réellement l’option de l’autolimitation et se
restreignent à prêcher une nouvelle ère d’efficacité
juridique et économique. La deuxième n’ignorant
pas l’autolimitation, mais ne sachant la poser que comme appliquée
par un écologisme économiciste totalisant versant
naturellement sur le totalitaire. « C’est ainsi note
W. Sachs que se dessine, au nom de l’écologie, l’occidentalisation
du monde poussée plus loin, un colonialisme culturel (non
intentionnel) qui, fnalement, se retourne contre l’objectif
premier qui est de trouver la paix avec la nature » [16].
La réaction éco-citoyenniste et le replâtrage
éco-réformiste de la Méga-machine sont en effet
aujourd’hui aussi bien portés par les institutions
internationales que par les alternatifs, même « décroissants
». C’est qu’aujourd’hui devant le désastre
écologique grandissant, après que la machinerie ait
détruit les ressources naturelles et préalablement
à cela, les conditions des activités autonomes pour
les transformer en « consommation » (et pas seulement
de biens inutiles et nocifs !), tout individu réduit ipso
facto à être un esclave de l’hétéronomie
généralisée ne peut que toujours plus réclamer
aux machinistes un autre logiciel possible. La réaction citoyenniste
consistant à « faire pression » sur tous les
« propriétaires de la société »
(Max Weber) qu’ils soient les caciques du Parti communiste
chinois, nos parlementaires français ou encore tous les Al
Gore américains, est bien une réaction machinique
qui ne sait plus poser autrement la question écologique qu’à
l’intérieur même de l’éternisation
de la Méga-machine à développer. Car «
pour que le mode d’enrichissement capitaliste se tranforme
en véritable système, il a [bien] fallu attendre que
le pouvoir politique et le pouvoir économique se trouve en
pratique confondus » [17]. La politique écologique
comme équipement de la marchandise ou l’approfondissement
de la démocratie, ne sont pas la solution pour les objecteurs
de croissance. C’est ainsi que pour sortir réellement
de l’économie et non pas faire seulement semblant,
il faudra aussi dé-penser le et la politique pour mieux les
ré-inventer.
[1] On peut voir au sujet de ce processus aux Etats-Unis le très
intéressant article de Matthieu Amiech, « Les Etats-Unis
avant la grande industrie. Remarques sur la main visible des managers,
d’Alfred Chandler », in revue Notes et Morceaux Choisis,
n°7, décembre 2006, Editions de La Lenteur
[2] Guy Debord, La planète malade, 2004
[3] Johanna Melka, intégriste de la secte économique
Ixis CIB. Rapporté par E. Morlas, « Pékin admet
avoir sous-estimé la croissance » dans Le Monde du
17 décembre 2005. Réévalué de 16,8%,
la somme des « richesses » capitalistiques abstraites
du travail vivant est désormais estimée par les professionnels
de l’ingénierie sociale du Bureau National des Statistiques
à 1651 milliards d’euros.
[4] Cf. Benoît Vermander, « La Chine face à
la crise écologique » dans la revue Etudes, mars 2006,
n°4043.
[5] Jean-Jacques Mevel, « Pékin s’attaque aux
dégats de la croissance », Le Figaro, 3 mars é006
[6] Pour une analyse des Lumières comme idéologie
même du capitalisme, voir Robert Kurtz, Critique de la démocratie
balistique, mille et une nuits, 2006 : « A la fin de l’histoire
de la modernisation, progrès et réaction, Lumières
et contre-Lumières coïncident directement dans la forme
commune brisante qu’est la socialisation par la valeur. Et
il apparaît alors que la “ pursuit of happiness ”
n’a jamais signifié que l’autorisation de s’adonner
à la pulsion de conservation de soi dans le cadre de la concurrence
destructrice imposée par le capitalisme , que les “
formes pures a priori ” de Kant n’ont jamais été
qu’un programme de destruction mondial ; et que sa “
paix perpétuelle ” n’a jamais été
que la paix des cimetières d’un monde ravagé
par la valeur. »
[7] Gilbert Rist, Le développement. Histoire d’une
croyance occidentale, Presses de Science-Po, 2001, p. 169
[8] Remarquons pourtant à propos de l’insurrection
Taiping que Lucien Bianco, comme tous ces « historiens »
adeptes de la secte téléologique qui vont découper
dans le réel ce que leur pensée avait déjà
au préalable l’intention de trouver, dans un passage
à mourrir de rire de son ouvrage sur Les origines de la révolution
chinoise, 1915-1949 écrit que c’est finalement la «
corruption, le népotisme, la rivalité entre dirigeants
et l’absence de direction ferme » qui sont autant de
« traits qui empêchent de voir une révolution
moderne dans ce qui n’est plus une simple jacquerie ».
L’insurrection est alors interprétée comme un
« mouvement de type millénariste : à l’époque
moderne, de tels mouvements apparaissent assez fréquemment
dans la toute première étape de la transformation
des sociétés traditionnelles [l’influence de
la théorie des cinq étapes de Rostow est très
nette] sous la pression de forces extérieures, telles que
l’impérialisme » (p. 32).
[9] L. Bianco, op. cit., p. 34
[10] B. vermander, op. cit. La même étude notait que
le niveau d’émission du dioxyde de sulfure était
le plus élevé au monde, et que les pluies acides couvraient
déjà 30% du pays.
[11] B. Philip, Le Monde du 22 mars 2006, p.14. En 2004, Wal-Mart
a acheté en Chine pour 14,8 milliards d’euros de produits
pour alimenter les rayons de ses supermarchés dans le monde
entier. Le transport conteneurisé est aujourd’hui l’épine
dorsale de la mondialisation, mais également un des acteurs
méconnus du changement climatique et de l’entrée
dans l’ère du pétrole cher.
[12] Qiu Baoxing, vice-ministre de la Construction, parle d’un
risque d’écroulement de l’écosystème
des eaux urbaines, risque plus sévère qu’en
aucun autre pays du monde, Le Quotidien du Peuple, 2 novembre 2005.
Relevé par B. Vermander.
[13] Rapporté par Bruno Philip, « Le marché
exponentiel du bois en Chine » dans Le Monde, 31 mars 2006.
[14] Cf. par exemple, rapport de Greenpeace, « Partners in
Crime », octobre 2005.
[15] Wolfang Sachs et Gustavo Esteva, Des ruines du développement,
Ecosociété, 1996, p.75
[16] W. Sachs et G. Esteva, op.cit., p. 73-74.
[17] François Partant, Que la crise s’aggrave !, Parangon,
2002 (1979), p. 19
le jeudi 11 janvier 2007
par Clément Homs
La Chine enregistre une croissance record pour 2006 et évite
la surchauffe
25 janvier 2007, par M a n u
L’économie chinoise a enregistré une croissance
de 10,7 % en 2006, soit le taux de progression du produit intérieur
brut (PIB) le plus élevé depuis 1995, à la
faveur de la vigueur des investissements et des exportations. C’est
la quatrième année consécutive que le pays,
désormais la quatrième économie mondiale, connaît
une croissance à deux chiffres de son PIB. Le produit intérieur
brut a atteint 20 940,7 milliards de yuans l’an passé,
soit 2 688 milliards de dollars (2 067 milliards d’euros)
à un taux moyen de 7,8 yuans pour un dollar en 2006. La croissance
chinoise avait été de 10,4 % en 2005, 10,1 % en 2004
et 10 % en 2003, selon les chiffres officiels récemment révisés.
A ce rythme, la Chine pourrait ravir dès 2008 la troisième
place à l’Allemagne, dont le PIB a progressé
de 2,5 % l’an dernier. "C’est possible, si la Chine
maintient une croissance de 8-10 % tandis que la croissance en Europe
tourne autour de 2 %", estime Sun Mingchun, économiste
de Lehman Brothers. "Le message est on ne peut plus clair :
l’économie est en pleine expansion. Pour 2007, je prévois
une nouvelle croissance de 10,7 %", a déclaré
Tim Condon, qui dirige la recherche financière marchés
Asie d’ING à Singapour.
Sur le seul quatrième trimestre de 2006, la Chine a enregistré
une progression de 10,4 % de son PIB, selon les données du
Bureau national des statistiques publiées jeudi. Les économistes
anticipaient une hausse de 10,1 % pour les trois derniers mois de
l’année et une progression de 10,5 % pour la totalité
de 2006. Pour 2007, le Bureau des statistiques a évoqué
une croissance "soutenue et solide".
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3216,36-859370@51-844321,0.html
L’avenir du climat se joue aussi en Chine
20 janvier 2007, par M a n u
Ce pays est en passe de devenir l’usine mondiale du XXIe
siècle. Mais sa croissance se heurte à un début
de pénurie des matières premières sur le marché
international et a des impacts à grande échelle sur
l’environnement.
Source : L’atlas. Le Monde Diplomatique. Hors-Série.
Février 2006.
<
La Chine, poubelle du monde.
19 janvier 2007, par M a n u
Dans le contexte de la mondialisation, et davantage encore depuis
l’adhésion de la Chine à l’Organisation
Mondiale du Commerce (OMC), ce pays est devenu en quelque sorte
« l’usine du monde ». Rares sont les produits
dans le monde qui ne sont pas totalement ou partiellement «
made in China ». Pour deux raisons, essentiellement : il constitue
un inépuisable réservoir de main-d’oeuvre (très)
bon marché, et on peut y produire sans trop se soucier des
effets environnementaux. Mais les conséquences pour le monde
et pour les Chinois eux-mêmes sont terribles. Sur le plan
social, l’exploitation proche de l’esclavage des travailleurs
chinois autorisée par les successeurs de Mao entraîne
le monde dans une spirale à la baisse des conditions de travail.
Même dans des pays en développement africains, des
entreprises délocalisent ! Sur le plan environnemental, à
elle seule la Chine rend illusoire tout espoir d’enrayer le
réchauffement climatique, sans parler des conséquences
pour la vie de ses habitants . Cette machine infernale, impulsée
par la mondialisation économique, peut-elle s’arrêter
?
L’article complet dans le Journal du Mardi
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