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Edgar Morin, Pour une politique de civilisation. Editions arléa. 5 euros, 79 pages. 2002.
Clement Homs
Juin 2004 Sujet du message: Fiche : Edgar Morin, Pour une politique de civilisation.

Origine : http://forum.decroissance.info/viewtopic.php?t=452&sid=3e93aaad6e168d26b61c0aa22b8f2186

Présentation de l'auteur : Edgar Morin est agrégé de philosophie, il a participé dans sa jeunesse à la revue Socialisme ou Barbarie dans les années 50 avec C. Castoriadis et Cl. Lefort entre autres. Il est plus particulièrement sociologue (il a étudié dans les années 60 les effets de l'arrivée de la modernité dans un village breton à Plozévet) et épistémologue. Ses oeuvres principales sont intitulées La Méthode (5 volumes), elles s'attachent à appréhender la réalité telle qu'elle se donne à travers un nouveau filtre d'intelligibilité : la " complexité systémique ". Cette sociologie s'inspire fortement de la science de l'écologie : il transpose dans l'étude des sociétés humaines, le vocabulaire (écosystème social en interdépendance...) mais aussi des analyses éthologiques de la pensée écologique. Il est pour cela une des figures intellectuelles éminentes de la pensée écologique française. Il s'est notamment attaché dans la veine de Illich à critiquer radicalement l'idée même de développement (ce qui en fait un auteur proche de la décroissance). Le parti des Verts est encore aveugle à cette oeuvre majeure de l'écologie.

Précision : Le petit livre qui est résumé ici est en fait le premier chapitre d'un livre plus conséquent publié en 1997 avec Sami Naïr : Pour une politique de civilisation. Morin y présente sa pensée politique définie déjà au début des années 70 dans un autre livre : Anthropolitique : Introduction à une politique de l'homme. Voici son chapitrage :

1. Les gigantesques défis.
2. Les maux de civilisation.
3. La difficile prise de conscience.
4. Les résistances collaboratrices.
5. Politique de civilisation.
6. Les impératifs d'une politique de civilisation.
7. La politique de régénération.
8. Le nouvel emploi.
9. Politique de résistance, de restauration éthique et d'espérance.

Pour chacune de ces parties, j'exprime les idées directrices. Au final c'est un peu long (7 pages) et pour la clarté de la fiche peut-être vaut mieux imprimer... :

Flèche Introduction.

A travers la politique de civilisation, il s'agit en somme de régénerer complètairement la vie sociale, la vie politique et la vie individuelle. Cela passe par une réforme intellectuelle : nos esprits sont formés selon une conception qui sépare les connaissances, les isole les unes des autres en les compartimentant, privilégie la connaissance fondée sur le calcul - qui ignore le non calculable c'est-à-dire la vie (ce qui me fait penser à M. Henry), la souffrance, l'amour, le bonheur, le malheur, bref comme le dit le journal la Décroissance : la " joie de vivre " - et met la politique à la remorque du calcul économique. On vit dans la fragmentation des problèmes et dans l'au jour le jour, en sorte qu'il est impossible de concevoir les problèmes fondamentaux et les problèmes globaux.
Par la refondation politique il s'agit de fonder une " anthropolitique " et une politique planétaire capable de concevoir la globalité.

Flèche 1 - Les gigantesques défis.

L'idée centrale est que les développements de notre civilisation en menacent les fondements. C'est alors la thèse de l'ambivalence du progrès qu'avance Morin : le progrès a des effets positifs (confort, un certain bien être matériel indéniable), mais ils sont dialectiquement combinés avec des effets pervers, négatifs et contre-positifs : les uns et les autres sont indissociables, ce qui fait l'extrême complexité du problème de la civilisation Ainsi les solutions matérielles proposées par le capitalisme pour résoudre la question de la condition humaine, sont devenues des problèmes. Elles le deviendront dans le reste du monde et aggraveront les problèmes mondiaux.
Une citation :
Citation:
" nous pouvons supposer que l'extension des mégapoles et de l'industrialisation ne peut être illimitée, et que, si les processus ne sont pas décélérés ou modifiés [ou décroissance?] ils conduiront à des catastrophes irréversibles "

La question préoccupante : est-ce que des seuils d'irréversibilité n'ont ils pas déjà été franchis ? D'où la nécessité de remplacer quantité par qualité.

Flèche 2 - Les maux de civilisation : le mal-être du bien-être.

Le constat : Au sein de la civilisation occidentale, l'élévation du niveau de vie est gangrenée par l'abaissement de la qualité de vie.
Les symptômes de la civilisation occidentale : ils ne sont en fait que l'envers négatifs des bienfaits dont nous continuons à jouir.

- L'envers de l'individualisation : Celle-ci est " à la fois cause et effet des autonomies, libertés et responsabilités personnelles, mais elle a pour envers la dégradation des anciennes solidarité, l'atomisation des personnes, l'affaiblissement du sens de la responsabilité envers autrui, l'égocentrisme, etc ". A ces dissolutions ne s'est substitué que des solidarités bureaucratiques: l'Etat-Providence se charge dès lors de la solidarité (un " ogre philanthropique " selon Octavio Paz) mais elle est anonyme, impersonnelle, tardive. L'Etat assistanciel est de plus en plus indispensable et contribue à la dégradation des solidarités concrètes. De plus l'individualisation par la destruction des solidarités traditionnelles a entraîné le grand mal de nos sociétés : la solitude (des petits vieux...d'où un effet canicule l'été dernier, chose impensable dans le cadre des solidarités communautaires)

- L'envers de la technicisation : la logique déterministe, mécaniste, spécialisée, chronométrée de la machine s'impose dans les représentations sociales + elle substitue la coexistence anonyme aux communications de personne à personne. + Elle impose des critères standardisés et impersonnels qui nuisent à la convivialité. + l'envers de la technicisation tend à faire de la vie sociale une gigantesque machine automatique (ce qu'Illich appelle la " Méga-machine ")

- L'envers de la monétarisation : le rétrécissement de la part du service gratuit, du don, c'est-à-dire de l'amitié et de la fraternité.

- L'envers du développement : la dégradation écologique des milieux de vie + la dégradation des qualités de vie + la marchandisation généralisée des convivialités (entraides, solidarités) qui étaient non-monétaires + la formation d'énormes machinerie bureaucratique produisant de l'irresponsabilité.

- L'envers du bien-être : le mal-être général est diffus, intermittent et diversement vécu. Stress + ennui dans les banlieues + carrières professionnelles qui ne donnent aucun sens à la vie + Ennui des classes populaires et moyennes qui s'adonnent joyeusement à la société du spectacle (football, télé-divertissement)
Citation :
Citation:
"La conjonction de l'égocentrisme - qui réduit l'horizon à son intérêt personnel -, de la spécialisation - qui dissout l'intelligence de ce qui est global - et de compartimentation dans le travail techno-bureaucratisé détermine l'affaiblissement du sens de la solidarité, lequel détermine l'affaiblissement du sens de la responsabilité : vers une démoralité et une déresponsabilité. "

- L'envers de l'urbanisation : Perte des anciennes solidarités + la servitude de contrainte organisationnelles pesant sur la vie quotidienne (métro-boulot-dodo...) + anonymisation + disparition des quartiers (commerces de proximité, concierges...) d'où diminution des occasions d'échange. Ainsi " L'essence communautaire de la ville est en passe d'être mentalement rayée de la pensée et de la sensibilité humaine " + Asphyxie automobile entraînant l'essoufflement de la sociabilité et la montée de l'irritabilité.

Conclusion de ce chapitre :
Citation:
" Ainsi les développements de notre civilisation conduisent-ils à un nouveau sous-développement intellectuel (à cause de l'hyper-spécialisation des savoirs), à un nouveau sous-développement affectif - les êtres n'arrivent pas à trouver la réponse à leur besoin de communication humaine, d'amour, de communauté -, et à un nouveau sous-développement moral dans la dégradation de la responsabilité et de la solidarité. "

De façon générale l'auteur avance ce constat final : " Ainsi ce qui est en cause est beaucoup plus que notre idée de modernité : c'est à la fois notre idée de civilisation et notre idée de développement ". Ainsi pour Morin le débat modernité/ postmodernité c'est du flan !

Flèche 3 - La difficile prise de conscience.

Ce chapitre est pour moi un des plus intéressant car il aborde des questions que nous avons déjà discuté (pédagogie des catastrophes, éthique personnelle...). L'auteur met en lumière une série de difficultés :

- la difficulté à remettre en cause la certitude du caractère positif de notre civilisation.
- La difficulté à remettre en cause la certitude du progrès irréversible inhérent à son développement.
- Déjà pour l'auteur : Quasi impossibilité de sortir de ces certitudes quand on a subi l' " imprinting " des structures de pensée simplifiantes/mutilantes pour appréhender l'ambivalence de la science, de la technique, du marché, du progrès, de l'urbanisation...
- La difficulté du diagnostic posé sur l'état actuel de la civilisation : trop catastrophique ou trop euphorique.
- La difficulté liée à la complexité des problèmes : un noeud gordien mondialisé.
- Un problème de temps : car nous sommes dans une période d'accélération des processus.
- Autre difficulté : La dispersion de nos comportements qui empêche toute réflexion approfondie : " nous nous agitons plus que nous agissons " : c'est le problème du retard de la conscience sur le vécu.
- Autre problème : Les sociétés évoluent selon le processus de décomposition/recomposition. Citation d'Alain Caillé : " La catastrophe est là en permanence, et pourtant elle est conjurée en permanence plus ou moins bien ".

Les Solutions aux difficultés ici présentées, sont évoquées par l'auteur dans les chapitres suivants.

Flèche 4 - Les résistances collaboratrices.

Face à l'hyper-développement la société civile se défend en développant des contre-tendances. Morin élabore une typologie de celles-ci :
- Les résistances privées (spontanées) à l'atomisation et à l'anonymisation.

Ex :

Citation:
" Des individus résistent par la multiplication des amours, la recherche des plaisirs, l'entretien des amitiés, les bandes de copains, ce que Michel Maffesoli a appelé le nouveau tribalisme. Ils résistent à l'urbanisation et à la suburbanisation généralisée en multipliant week-end, sorties, vacances, au cours desquels ils changent radicalement de mode de vie et de comportements, ceux-ci devenant néo-ruraux ou néo-naturistes. (...) Les urbains résistent au mal-être par le recours aux médicaments, tranquilisants, gourous, yogis, et leur résistance se désespère dans la drogue et l'alcoolisme. Contre le mal des banlieues, les jeunes créent des bandes ou reconstituent une communauté."

- Autre idée de résistance dans ce passage succulent :

Citation:
" D'autre part, l'économie de marché et le capitalisme n'apportent pas que l'homogénéisation et la massification, ils ne font pas que créer artificiellement de nouveaux désirs et de nouveaux besoins, ils se mettent au service, dès qu'il y a profit, des pulsions de recherche d'une vie intense, ludique et poétique. L'univers télévisuel ou cinématographique ne fournit la vie ludique, intense, amoureuse, aventureuse que par procuration, de façon imaginaire. (...) Toutefois, au-delà des spectacles imaginaires fournis à profusion, les grandes compétitions sportives permettent de communier avec l'aventure hardie des as du volant ou des héros de la voile transocéane. Les grands matchs de football ou de rugby offrent l'occasion de participer, dans des stades gigantesques, ou via la télévision, aux épopées des équipes locales et nationales. tout cela tient de la diversion, du divertissement, de l'évasion et du ressourcement mythico-imaginaire dans l'aspiration à la vie poétique, la vraie vie, aspiration de plus en plus profonde, entretenue par notre civilisation individualiste, mais qu'en même temps celle-ci inhibe sous ses contraintes ou satisfait de façon imaginaire."

Ainsi l'auteur parle d'une " économie de l'évasion " au service de la recherche de la vraie vie. Et le système capitaliste a de plus en plus de cette légitimité pour faire taire les résistances : voir " Auchan, la vie, la vraie ". A côté de cette économie de l'évasion se met en place une " économie écologique " (petits producteurs, produits bio...) souvent réactive à une nourriture industrialisée et homogénéisée : la recherche des produits du terroir, de vins de propriété.

- Ainsi pour résumé, Morin pense qu' : une nouvelle résistance civile est née depuis la convergence de trois prises de conscience : celle de la dégradation écologique, celle de la crise de l'emploi et celle du dépérissement des campagnes. Citation intéressante qui permet nous aussi de nous identifier nous ateliers-décroissance et/ou antipubs, dans ce schéma proposé :

Citation:
" Spontanément, des micro-tissus sociologiques se forment dans leur lutte contre le chômage, la désertification des villages, l'anonymisation de la vie. Ils oeuvrent pour la qualité de la vie et la régénération de notre civilisation. Ainsi la conscience citoyenne et le sentiment solidaire comprennent mieux les problèmes que la connaissance seulement parcellaire, technique ou politicienne "
(je pense alors que bug-in a eu raison de décrire le site zecc comme " Organisation citoyenne " dite non politique)

- Donc Ok : la société civile résiste mais... attention ce sont très souvent des " Résistances collaboratrices " qui collaborent au système en lui permettant de se perpétuer. Cette interprétation est une thèse importante du livre, ce qui va amener l'auteur à aborder la question de la prise de conscience sous un angle nouveau ( quel suspens je vous dis ! Très content )
L'auteur décrit alors l'état actuel de la civilisation : le seuil de passage entre résistance et collaboration est encore indiscernable. Les résistances sont trop dipersées et n'arrivent pas à véritablement s'identifiée (leur projet, leur identité...). Nous sommes dans une situation à la fois " précrisique " et " polycrisique ". Mais " aucune crise ne jaillit véritablement, mis à part quelques éruptions violentes qui permettent une évacuation temporaire des gaz volcaniques, puis leur reformation ". Et ainsi les choses continuent.
En fait les contre-tendances et contre-courants ne se sont pas encore rencontrés, synergisés. Et on arrive alors à la solution proposée par l'auteur à toutes les difficultés repérées :

Citation:
" Ce sont ces contre-tendances et ces résistances qu'il s'agirait de réunir en faisceau, de stimuler et d'intégrer dans une politique de civilisation. Partout jaillissent des initiatives pour régénérer le tissu social et la vie citoyenne. Mais ces initiatives sont dispersées, locales. Il faut non les systématiser mais les systémiser, c'est-à-dire les relier pour qu'elles constituent un tout, où solidarité, convivialité, écologie, qualité de vie, cessant d'être perçues séparément, seraient conçues ensemble. "

Par la synergie des résistance alors, un possible changement de civilisation sera possible.

Flèche 5 - Politique de civilisation.

Le projet de politique de civilisation, qui était le projet initial du socialisme du XIX siècle, s'est trouvé soit trahi et inversé (le communisme bureaucratique en URSS), soit effiloché (l'Etat-providence social-démocrate aboutissant à la désolidarisation de la société).

La politique de civilisation se serait : plus de communauté, de fraternité et de liberté, la suppression de la barbarie dans les rapports humains. Ce serait aussi faire advenir un nouvel âge de la technique dépassant son stade barbare actuel. Il faudrait réhumaniser les administrations, les entreprises, ainsi que la vie quotidienne.

Flèche 6 - Les impératifs d'une politique de civilisation.

- Solidariser (contre l'atomisation et la compartimentation). Contre une solidarité anonyme faite par l'Etat. Pour une solidarité concrète et vécue de personne à personne. Une politique de solidarité serait de canaliser le potentiel des bonnes volontés, par exemple par la création de " maisons de solidarité " dans les quartiers. + Le développement d'une " économie solidaire " sous des formes mutualistes appuyées sur des solidarités locales. Elle comporterait également des coopératives et associations à but non lucratif pour assurer des services sociaux de proximité.

- Ressourcer (contre l'anonymisation). L'auteur prône des ressourcements républicain, français, européen et terrien. (mais refus du nationalisme)

- Convivialiser (contre la dégradation de la qualité de vie). Dans la qualité de vie le sens existentiel, prime sur le sens matériel. Attention une politique de qualité de vie ne peut faire venir le bonheur, qui est seulement une affaire individuelle. Cependant elle peut permettre sa contextualisation. Cette politique de qualité de vie pourrait prendre plusieurs formes : elle doit impérativement approfondir la résistance spontanée de la société civile pour la qualité de vie + reprendre le " changer la vie " de Rimbaud-surréaliste, en permettant d'habiter poétiquement le monde (Holderlin). En effet " la trahison et l'effondrement de l'espoir poétique de la Révolution ont répandu une grande nappe de prose sur le monde ". Cependant " nous sommes voués à la complémentarité et à l'alternance poésie/prose " (prose = activités matérielles).

Dans cette politique voilà comme l'auteur traite la question du travail : " La notion de travail correspond à la prosaïsation des occupations productrices. La notion de travail devrait dépérir au profit de la notion d'activité, laquelle combine l'intérêt, l'engagement subjectif, la passion, voire la créativité, c'est-à-dire la qualité poétique. ". De plus la réduction continue du travail doit se faire au profit d'activités civiques, d'activité culturelles, de la vie personnelle. La politique de civilisation introduira une part de farniente (la paresse de Paul Lafargue) et de méditation dans la vie.

- Moraliser (contre l'irresponsabilité et l'égocentrisme.)

Flèche 7 - La politique de régénération.

- Transformer les villes en cités + régénérer des bourgs et villages.
- Une politique de régénération des campagnes (recolonisation) : destinée à encourager les exodes urbains.
- Une nouvelle Politique Agricole Commune (PAC) : il est d'accord avec les conceptions de la Confédération paysanne. " Le mot d'ordre consommationniste de la politique de civilisation est : moins mais mieux. "

Flèche 8 - Le nouvel emploi.

Beaucoup de détracteur de la décroissance comme Attac, disent qu'elle va entrainer chomage et crise sociale de reconversion. Morin aborde quelques solutions.

- Emplois ruraux et éco-emplois : régénération de la petite et moyenne propriété et des coopératives + utilisation de l'ingénierie génétique pour des actions philanthropiques comme lors des famines (cependant les OGM doivent êtres démocratiquement gérés, et pas par des intérêts privés) + aides à la réinstallation de petits métiers dans villages (boulangers...) + octroi de parcelles de maraîchage aux retraités ou télé-travailleurs s'installant à la campagne + développement des institutions d'aide à domicile en milieu rural + institution de corps de métiers de protection de l'environnement et d'entretien des espaces naturels.

- Emplois de solidarité : des métiers pour aider lors des problèmes administratifs, métiers pour aide à la petite enfance, pour la viellesse... Pour une véritable convivialité dans les maisons de retraite et hopitaux, ou carrément leur abolition. (il estime qu'on pourrait créer 300 000 emplois d'aide pour les vieux).

- Emplois de convivialité : création de centres voués à la vie intérieure (musicothérapie, yogisme...) + aide d'installation de bains turcs, sauans, café-concerts... + Elargissement des maisons de la culture en espaces-forums pour les débats sur les problèmes locaux et généraux. + des métiers d'humanisation des transports (SNCF...)

- Etat et initiative privée : la complémentarité. Morin appelle à la mise en place future par un vaste mouvement de résistance, des " Etats généraux de civilisation " où se rassembleraient tous ceux qui ont des expériences et des idées pour faire advenir cette politique de civilisation. L'Etat est complémentaire des initiatives collectives, associatives et individuelles. Il donne les cadres pour seulement susciter des actions. De plus Jacques Robin avance que l'économie solidaire pourrait créer 2 millions d'emplois.

- Un New Deal de civilisation : un plan de grand travaux pour la pitéonnisation de tous les centres villes. Place aux vélo + des parkings dans les périphéries pour les " pollueuses " avec tramway pour arriver dans les centres. Pour financer tout cela il propose un " fond spécial européen ". De façon plus ample un prône la mise en place d'un " fond de civilisation " pour financer le NewDeal.

- Une réforme de l'entreprise : elle serait vouée non plus seulement à la production de biens et de services, mais à l'autoproduction d'une communauté et à la participation à la citoyenneté : " entreprise citoyenne ", bref une entreprise communauté de destin, avec coresponsabilité, et dépassant la recherche de profit.

Flèche 9 - Politique de résistance, de restauration éthique et d'espérance.
En conclusion (pour bien marteler l'idée générale du livre) :
Citation:
" la politique de civilisation est la qualité de vie, le bien-vivre et non le seul bien-être, lequel, réduit à ses conditions matérielles, produit du mal-être. " (...) " Il faudra révolutionner notre mode de vie, notre mode de produire, notre mode de consommer, à la fois pour survivre et pour vraiment vivre "


Clement Homs

MessagePosté le: 23 Juin 2004 9:20 Sujet du message: Répondre en citant

Bon je l'avais sous la main, lors je n'ai pu m'empêcher de la mettre : Je cite alors la conclusion finale qui est vraiment intéressante vis-à-vis aussi de l'identification de notre propre mouvement (décroissance et antipubs) :

Citation:
" Nous avons déjà indiqué certains des contre-courants favorables à l'émergence d'une politique de civilisation. Ainsi pouvons nous penser :

- que le contre-courant écologique s'amplifiera en même temps que les développements techniques et industriels qui dégradent la biosphère;

- que le contre-courant à la logique invasionnelle de la machine artificielle suscitera une aspiration de plus en plus amples à la convivialité.

- qu'un contre-courant au consommationnisme se développera sous deux aspects : d'une part dans la recherche d'un consumation (intensité de vie, extase, jeu, fête), d'autre part dans la recherche d'une nouvelle frugalité, tempérance, et simplicité dans la qualité;

- que le développement du capitalisme provoquera à nouveau le développement de l'anticapitalisme et pourra prendre la forme d'une décroissance (sic!) du rôle de l'argent, du profit;

- que les aspirations qui ont nourri communisme et socialisme seront toujours renaissantes et pourraient prendre la forme d'une nouvelle conscience civique, solidariste et responsable.

- qu'un contre-courant déjà très puissant contre l'homogénéisation civilisationnelle se traduira par des ressourcements de plus en plus multiples et puissants (le problème étant de savoir s'ils comporteront le ressourcement dans la Terre-Patrie ou la pure et simple refermeture sur les nationalisme, ethnies ou religions).

Enfin, nous savons que l'approfondissement des crises ou l'approche bien visible des catastrophes peuvent susciter prises de conscience et prises de décisions salvatrices. De Tchernobyl à la vache folle, nous ne sommes qu'au début des catastrophes dont tôt ou tard on découvrira les causes et origines civilisationnelles. La politique de civilisation deviendra alors - clairement - la seule issue pour freiner la machine productiviste/énergivore, remplacer les énergies polluantes, passer du quantitatif au qualitatif, produire et consommer moins mais mieux.
La politique de civilisation est une mission de nécessité et d'ampleur historique. Elle doit se développer sur la décennie et se poursuivre au-delà. Elle indique non un " modèle ", ni un " projet " de civilisation, mais une voie.
Elle appelle à la fois à la reconquête du présent, à la régénération du passé, à la reconstruction du futur.
Elle permet de ressusciter une espérance concrète. Cette politique de résistance à la nouvelle barbarie porte en elle le principe d'une nouvelle espérance.

L'ingrédient vital dont nous avons tous besoin - et la politique aussi -, c'est l'espoir. La résurrection de l'espoir n'est pas ici la résurrection de la Grande Promesse, c'est la résurrection d'une possibilité. Ni l'incertitude, ni l'angoisse ne sont supprimées, mais, comme on ne peut supporter l'incertitude et l'angoisse que dans la participation, dans l'amour, dans la fraternité, dans l'action, la politique de civilisation porte en elle l'élan, la participation, l'espérance ".

Voilà... et chapeau si vous avez suivi jusqu'au bout. J'aimerais proposer cette fiche dans le cadre du futur atelier-lecture de Montpellier, je pourrais la photocopier en quelques exemplaires et la distribuer ? qu'est-ce que vous en dites ? Surtout dite moi les passages inutiles, incompréhensibles, ou peut-être plus intéressants (et où il faudrait apporter des précisions...).


Arioch

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Messages: 329

MessagePosté le: 23 Juin 2004 9:47 Sujet du message: Répondre en citant
Salut Koba,

Je n'ai lu que le résumé du chap 2 - Les maux de civilisation : le mal-être du bien-être (j'ai peu de temps tu as dû t'en rendre compte, je ne réagis pas autant que je le souhaiterais à tes posts Pleure ou Très triste )

Je trouve ça très bien, et à mon avis, ça ne vaut pas le coup de tronquer l'ensemble de ton travail (qui dans l'ensemble doit je pense être aussi bon que la partie que j'ai lu Cool ).

A l'oral, une présentation de cette fiche de lecture te prendrais à mon avis environ 1/4 d'heure, ce qui est tout à fait acceptable dans une réu générale ; après on peut voir pour le débat... peut être 3/4 d'heure pour un temps total de 1h ça me paraît bien pour proposer à l'ordre du jour.

Il faut voir aussi parce que y'a Bug-in qui veut faire la présentation de Bolo Bolo...


Clement Homs

Inscrit le: 08 Avr 2004
Messages: 1431

MessagePosté le: 24 Juin 2004 16:18 Sujet du message: Répondre en citant
Pour la réu géné du 5 juillet Bug-in peut présenter Bolo'Bolo , j'y mi sacrifie (é puis cé lui qui a dis le premier!). Ce jour là je pense que je distribuerai simplement ma fiche en photocopie (aussi par mail peut-être). Un débat peu avoir lieu une autre réu. Je sais pas comme tu as présenté l'atelier-fiches à la dernière réu ? Peut-être qu'il faudrait que je présente rapido comment cet atelier pourrait fonctionner non ? Sur ce point j'attend des idées de bug... Sinon ton idée du 1/4 d'heure présentation et 3/4 d'heure débat c'est pas mal, enfin moi ça me va. Mais est-ce que tout le monde va accepter d'empiéter autant sur la réu ? Hum ! Suspens torride... Roulement des yeux


Arioch

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Messages: 329

MessagePosté le: 24 Juin 2004 16:48 Sujet du message: Répondre en citant
L'idée a plutôt été bien reçue qd je l'ai présentée.
Tu as raison de parler de la problématique du temps, puisqu'elle a été maintes fois abordée et de nouveau la dernière fois (puisqu'on a abordé le "comment doit-on organiser et gérer nos réunions ?").

Il en est ressorti en majorité que la présence et la qualité d'un modérateur était indispensable, ainsi qu'un sécrétariat pour la postérité Clin d'oeil

Il en est aussi ressorti que en faisant une seule réunion générale par mois, on avait juste le temps de présenter les avancées des ateliers et présenter / proposer les actions militantes à suivre (actualités) principalement, mais que peu de place restait pour discuter + philo, de manière organisée ou davantage à l'emporte-pièce, avec un intervenant ou pas ; et pour mieux se connaître aussi.
Il était ainsi proposé de faire davantage de rencontre pas forcément sous forme de réunion à MLK mais plus sous forme de repas ou d'après-midi détente le WE au jardin collectif par exemple, ou encore dans un lieu sympa (café ou librairie Scrupules...). Moments pendant lesquels auraient aussi pleinement leur place les fiches de lecture + débat.

Voilà.


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MessagePosté le: 24 Juin 2004 16:53 Sujet du message: Répondre en citant

hum okay... je propose que l'on parle de nos fiches de lectures en public, genre l'esplanade de montpellier ou des trucs ou il peut avoir des gens qui débarquent d'ailleurs :p ça pourrait être amusant et agréable.
Mais il est aussi vrai que ça permettrai la visite d'autre lieu (jardin collectif etc...)


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MessagePosté le: 26 Juin 2004 10:20 Sujet du message: Répondre en citant
Bon j'ai lu toute la fiche de lecture, voici qq petits commentaire :

Dans le 2 :
Il me semble qu'il manque l'envers de la liberté d'expression (et de la démocratie en général) [faudra que je resssorte la critique de Platon], en effet tout le monde parle en même temps, tout ce qui est dit est acceuillit avec une égalité totale, cette soit disante "totale tolérance" ou "égalitarisme" crée les pires effets : intolérance de l'intelligence, du coup grande place à la bétise, même dans les discours de manière générale, le nombre gagne face à la qualité.

Il me semble qu'il manque aussi une critique sur la "destruction du temps", nous avons pour nous de moins en moins de temps, on nous dit qu'il nous en faut plus sans montrer pourquoi... pourtant les causes de cette nécessité d'avoir plus de temps sont grave :
Moins de temps = moins de réflexion (comme dit maurin on s'agite plus qu'on agit, et bien c'est pareil en intelligence : on résiste plus que l'on construit).
De plus cette destruction créé une perte de la curiosité, on ne voit plus de choses curieuses, on a plus le temps, c'est trop loin, il faudrait oser se perdre, mais on a pas le temps... La curiosité est tout de même un dès moteur du progrès (dans son sens le plus bénéfique) et nous l'avons perdu. Je pense que c'est aussi ce manque de temps et donc de curiosité qui crée le manque de solidarité et non pas l'urbanisation. J'habite pas à montpellier et ça ne m'empêche pas d'être solidaire avec vous et d'autre groupe, mais pour ça j'ai du vous connaitre et écouter ma curiosité...

Dans ta fiche à un momment tu dis "imprinting" c'est le terme du livre? Formatage ne correspondrait-il pas? (c'est dans le 3)

Dans le 4
Tu parles de moyens (surtout la citation) pour réunir les diversités locales et stimuler... on sait que le CROAC en est l'exemple même sous forme de réunion puis action.
Je pense que ce qui n'a toujours pas été fait, c'est la création d'un journal. Un journal qui pourrait aussi entre autre parler de ces actions du CROAC mais aussi des actions des autres associations, la notre y compris, ainsi que d'autres sujets plus diverses, il ne s'agirai pas de faire de la pub pour des assos, mais bien de traiter un sujet nuance.
Le journal à l'origine était crée pour les démocraties, car selon la théorie de Montesquieu elle était impossible dans les grand états (pour ça on avait créé la représentation aussi). Le journal est la pour recréer la solidarité. A mon avis évidement il devrait avoir une politique particulière de rédaction (j'ai mon id derrière la tête évidement), en tout cas je suis motivé (quand j'ai le temps, c'est le plus difficile à avoir). On pourrait l'édité en électronique, évidement, facilement... Mais surtout il faudrait pouvoir l'édité Papier... Ce serait un journal solidaire et pour l'autonomie.
Franchement devenir journaliste ça ne vous dit pas? On se monte un journal? (putain, j'ai trouvé mon boulot).

Dans le 8
Il n'en parle pas du tout mais une politique d'emploi pour aider les JEUNES me semble aussi nécessaire, quand je dis pour aider les jeunes, je ne veut pas dire leur créer des emplois pour eux, mais tout simplement créer des emplois qui ont pour but l'aide des jeunes a l'autonomie. Mais p.e est ce une part de l'éducation en fait surtout, grande abscente de cette fiche. Il faut une coéducation, vieux et jeune.

Clement Homs


Inscrit le: 08 Avr 2004
Messages: 1431

MessagePosté le: 28 Juin 2004 20:03 Sujet du message: Répondre en citant

Chalut !
Je suis total ok avec toi sur l'envers de la démocratie comme en a parlé Platon, mais aussi comme des sales nazis comme Carl Schmidt ou Heidegger ( même si ces trois penseurs sont de droite, ils sont paradoxalement, mais oui, parmi les penseurs les plus percutants que l'on ait connu...). C'est clair il n'y a qu'à voir l'Allemagne des années 1933, mais aussi pour moi (je sais que ça pas plaire à tout le monde), les dernières élections en espagne qui ont porté au pouvoir Zapatero (pour moi la réaction des citoyens est en fait une panique émotive générale qui n'a aucun sens...mais bon je pourrais m'en expliquer...)

Alors comme tu dis le lien Education (populaire ou pas selon moi) et Démocratie est un lien non pas primordial, mais qui est la condition même de la possibilité de la démocratie. Et même je dirais rapidement. Pas de démocratie (véritable j'entends) avant une Education concrète et ressentie par chacun ( pas abstraite et étatisée comme aujourd'hui). L'erreur originaire peut-être du mouvement démocratique au XVIII et XIX siècles s'est peut-être d'avoir crû que l'on pouvait mener les deux chantiers en même temps et sur un même front. On vois bien aujourd'hui, l'école n'est plus comme le dit J.C. Michéa que " l'enseignement de l'ignorance ", quand elle sert seulemrent de strapontin à la sacro-sainte " Intégration " (prônée par notre Gauche bien-pensante) dans le capitlisme = la professionnalisation de l'Ecole ou l'Ecole au service du Marché). L'apprentissage des savoirs-faire que devait enseigner l'Ecole, s'est transformer, sous les pressions économiques les plus avilisantes, en apprentissage de savoirs professionnalisant adapter à la Société. Bon M'enfin... Sinon je suis aussi super d'accord avec toi quand tu parles de la co-éducation vieux-jeunes... Je sais que mon frère qui est un grand lecteur de Illich, m'a parlé par exemple que cet auteur serait pour une société où l'on abolirait les écoles (une institution étatique et policière) et créerait tout un semis de bibliothèques-médiathèques gratuites et immenses totalement intégrées dans un continuum avec l'espace de la cité (des superficies qui atteindraient un campus universitaires) où les gens viendraient par eux-mêmes s'instruire mais aussi participer à l'élaboration des savoirs (co-éducation, université du Tiers-Temps...). Ces Bibliothèques seraient des centres de vie (citoyenne y compris), dans le cadre d'une société de sortie du travail (la RTT doit se faire dans le sens de permettre de s'enrichir par les activités nobles : savoirs-faire, arts, savoirs, participation à la vie civique...)

Sinon à propos de " l'imprinting ", c'est bien écrit par Morin = " formatage " comme tu dis.

A propos du temps, total d'accord avec toi. J'ai eu un cours de socio, où le prof (spécialiste de la sociologie du temps) parler pour qualifier notre époque, de " plainte temporelle " : on se plaint du temps qui passe trop vite, où l'on a pas assez de temps pour soi... (Là aussi on pourrait analyser les effets du saociété de décroissance, sur les nouvelles temporalités sociales et individuelles qu'elle induit, à travers déjà l'idée de réduire le volume de nos déplacements...)

Sinon un journal local ou départemental qui donne des infos régulières sur toutes les chapelles d'actvistes et militants, c'est clair cela doit être pas mal à organiser. Et moi je suis plutot partant, surtout que j'ai une petite expérience avec Palin Psao (Bon l'année prochaine avec mon concours, je pourrais plus rien faire). Mais bon on pourrait discuter de ce journal solidaire et pour l'autonomie dans un autre topic... Car je me vois bien déjà que je vais partir dans tous les sens Très content

Tout ce que t'as dit est fort intéressant (tes idées sur le revenu minum aussi, mais j'ai pas pu encore y réagir). On pourrait créer un topic pour analyser les liens décroissance-démocratie ou encore décroissance-éducation, faire des listes des grandes idées ou utopies qu'on trouve sympa, et discuter de leur mise en place, les affiner, et faire même nos propres auto-critiques... Dans l'esprit de l'Affirmation (et non de la négation) on pourrait alors donner un visage à ce Grand Chantier, qu'est la société de décroissance !