Origine :
http://forum.decroissance.info/viewtopic.php?t=452&sid=3e93aaad6e168d26b61c0aa22b8f2186
Présentation de l'auteur : Edgar Morin est agrégé
de philosophie, il a participé dans sa jeunesse à
la revue Socialisme ou Barbarie dans les années 50 avec C.
Castoriadis et Cl. Lefort entre autres. Il est plus particulièrement
sociologue (il a étudié dans les années 60
les effets de l'arrivée de la modernité dans un village
breton à Plozévet) et épistémologue.
Ses oeuvres principales sont intitulées La Méthode
(5 volumes), elles s'attachent à appréhender la réalité
telle qu'elle se donne à travers un nouveau filtre d'intelligibilité
: la " complexité systémique ". Cette sociologie
s'inspire fortement de la science de l'écologie : il transpose
dans l'étude des sociétés humaines, le vocabulaire
(écosystème social en interdépendance...) mais
aussi des analyses éthologiques de la pensée écologique.
Il est pour cela une des figures intellectuelles éminentes
de la pensée écologique française. Il s'est
notamment attaché dans la veine de Illich à critiquer
radicalement l'idée même de développement (ce
qui en fait un auteur proche de la décroissance). Le parti
des Verts est encore aveugle à cette oeuvre majeure de l'écologie.
Précision : Le petit livre qui est résumé
ici est en fait le premier chapitre d'un livre plus conséquent
publié en 1997 avec Sami Naïr : Pour une politique de
civilisation. Morin y présente sa pensée politique
définie déjà au début des années
70 dans un autre livre : Anthropolitique : Introduction à
une politique de l'homme. Voici son chapitrage :
1. Les gigantesques défis.
2. Les maux de civilisation.
3. La difficile prise de conscience.
4. Les résistances collaboratrices.
5. Politique de civilisation.
6. Les impératifs d'une politique de civilisation.
7. La politique de régénération.
8. Le nouvel emploi.
9. Politique de résistance, de restauration éthique
et d'espérance.
Pour chacune de ces parties, j'exprime les idées directrices.
Au final c'est un peu long (7 pages) et pour la clarté de
la fiche peut-être vaut mieux imprimer... :
Flèche Introduction.
A travers la politique de civilisation, il s'agit en somme de régénerer
complètairement la vie sociale, la vie politique et la vie
individuelle. Cela passe par une réforme intellectuelle :
nos esprits sont formés selon une conception qui sépare
les connaissances, les isole les unes des autres en les compartimentant,
privilégie la connaissance fondée sur le calcul -
qui ignore le non calculable c'est-à-dire la vie (ce qui
me fait penser à M. Henry), la souffrance, l'amour, le bonheur,
le malheur, bref comme le dit le journal la Décroissance
: la " joie de vivre " - et met la politique à
la remorque du calcul économique. On vit dans la fragmentation
des problèmes et dans l'au jour le jour, en sorte qu'il est
impossible de concevoir les problèmes fondamentaux et les
problèmes globaux.
Par la refondation politique il s'agit de fonder une " anthropolitique
" et une politique planétaire capable de concevoir la
globalité.
Flèche 1 - Les gigantesques défis.
L'idée centrale est que les développements de notre
civilisation en menacent les fondements. C'est alors la thèse
de l'ambivalence du progrès qu'avance Morin : le progrès
a des effets positifs (confort, un certain bien être matériel
indéniable), mais ils sont dialectiquement combinés
avec des effets pervers, négatifs et contre-positifs : les
uns et les autres sont indissociables, ce qui fait l'extrême
complexité du problème de la civilisation Ainsi les
solutions matérielles proposées par le capitalisme
pour résoudre la question de la condition humaine, sont devenues
des problèmes. Elles le deviendront dans le reste du monde
et aggraveront les problèmes mondiaux.
Une citation :
Citation:
" nous pouvons supposer que l'extension des mégapoles
et de l'industrialisation ne peut être illimitée, et
que, si les processus ne sont pas décélérés
ou modifiés [ou décroissance?] ils conduiront à
des catastrophes irréversibles "
La question préoccupante : est-ce que des seuils d'irréversibilité
n'ont ils pas déjà été franchis ? D'où
la nécessité de remplacer quantité par qualité.
Flèche 2 - Les maux de civilisation : le mal-être
du bien-être.
Le constat : Au sein de la civilisation occidentale, l'élévation
du niveau de vie est gangrenée par l'abaissement de la qualité
de vie.
Les symptômes de la civilisation occidentale : ils ne sont
en fait que l'envers négatifs des bienfaits dont nous continuons
à jouir.
- L'envers de l'individualisation : Celle-ci est " à
la fois cause et effet des autonomies, libertés et responsabilités
personnelles, mais elle a pour envers la dégradation des
anciennes solidarité, l'atomisation des personnes, l'affaiblissement
du sens de la responsabilité envers autrui, l'égocentrisme,
etc ". A ces dissolutions ne s'est substitué que des
solidarités bureaucratiques: l'Etat-Providence se charge
dès lors de la solidarité (un " ogre philanthropique
" selon Octavio Paz) mais elle est anonyme, impersonnelle,
tardive. L'Etat assistanciel est de plus en plus indispensable et
contribue à la dégradation des solidarités
concrètes. De plus l'individualisation par la destruction
des solidarités traditionnelles a entraîné le
grand mal de nos sociétés : la solitude (des petits
vieux...d'où un effet canicule l'été dernier,
chose impensable dans le cadre des solidarités communautaires)
- L'envers de la technicisation : la logique déterministe,
mécaniste, spécialisée, chronométrée
de la machine s'impose dans les représentations sociales
+ elle substitue la coexistence anonyme aux communications de personne
à personne. + Elle impose des critères standardisés
et impersonnels qui nuisent à la convivialité. + l'envers
de la technicisation tend à faire de la vie sociale une gigantesque
machine automatique (ce qu'Illich appelle la " Méga-machine
")
- L'envers de la monétarisation : le rétrécissement
de la part du service gratuit, du don, c'est-à-dire de l'amitié
et de la fraternité.
- L'envers du développement : la dégradation écologique
des milieux de vie + la dégradation des qualités de
vie + la marchandisation généralisée des convivialités
(entraides, solidarités) qui étaient non-monétaires
+ la formation d'énormes machinerie bureaucratique produisant
de l'irresponsabilité.
- L'envers du bien-être : le mal-être général
est diffus, intermittent et diversement vécu. Stress + ennui
dans les banlieues + carrières professionnelles qui ne donnent
aucun sens à la vie + Ennui des classes populaires et moyennes
qui s'adonnent joyeusement à la société du
spectacle (football, télé-divertissement)
Citation :
Citation:
"La conjonction de l'égocentrisme - qui réduit
l'horizon à son intérêt personnel -, de la spécialisation
- qui dissout l'intelligence de ce qui est global - et de compartimentation
dans le travail techno-bureaucratisé détermine l'affaiblissement
du sens de la solidarité, lequel détermine l'affaiblissement
du sens de la responsabilité : vers une démoralité
et une déresponsabilité. "
- L'envers de l'urbanisation : Perte des anciennes solidarités
+ la servitude de contrainte organisationnelles pesant sur la vie
quotidienne (métro-boulot-dodo...) + anonymisation + disparition
des quartiers (commerces de proximité, concierges...) d'où
diminution des occasions d'échange. Ainsi " L'essence
communautaire de la ville est en passe d'être mentalement
rayée de la pensée et de la sensibilité humaine
" + Asphyxie automobile entraînant l'essoufflement de
la sociabilité et la montée de l'irritabilité.
Conclusion de ce chapitre :
Citation:
" Ainsi les développements de notre civilisation conduisent-ils
à un nouveau sous-développement intellectuel (à
cause de l'hyper-spécialisation des savoirs), à un
nouveau sous-développement affectif - les êtres n'arrivent
pas à trouver la réponse à leur besoin de communication
humaine, d'amour, de communauté -, et à un nouveau
sous-développement moral dans la dégradation de la
responsabilité et de la solidarité. "
De façon générale l'auteur avance ce constat
final : " Ainsi ce qui est en cause est beaucoup plus que notre
idée de modernité : c'est à la fois notre idée
de civilisation et notre idée de développement ".
Ainsi pour Morin le débat modernité/ postmodernité
c'est du flan !
Flèche 3 - La difficile prise de conscience.
Ce chapitre est pour moi un des plus intéressant car il
aborde des questions que nous avons déjà discuté
(pédagogie des catastrophes, éthique personnelle...).
L'auteur met en lumière une série de difficultés
:
- la difficulté à remettre en cause la certitude
du caractère positif de notre civilisation.
- La difficulté à remettre en cause la certitude du
progrès irréversible inhérent à son
développement.
- Déjà pour l'auteur : Quasi impossibilité
de sortir de ces certitudes quand on a subi l' " imprinting
" des structures de pensée simplifiantes/mutilantes
pour appréhender l'ambivalence de la science, de la technique,
du marché, du progrès, de l'urbanisation...
- La difficulté du diagnostic posé sur l'état
actuel de la civilisation : trop catastrophique ou trop euphorique.
- La difficulté liée à la complexité
des problèmes : un noeud gordien mondialisé.
- Un problème de temps : car nous sommes dans une période
d'accélération des processus.
- Autre difficulté : La dispersion de nos comportements qui
empêche toute réflexion approfondie : " nous nous
agitons plus que nous agissons " : c'est le problème
du retard de la conscience sur le vécu.
- Autre problème : Les sociétés évoluent
selon le processus de décomposition/recomposition. Citation
d'Alain Caillé : " La catastrophe est là en permanence,
et pourtant elle est conjurée en permanence plus ou moins
bien ".
Les Solutions aux difficultés ici présentées,
sont évoquées par l'auteur dans les chapitres suivants.
Flèche 4 - Les résistances collaboratrices.
Face à l'hyper-développement la société
civile se défend en développant des contre-tendances.
Morin élabore une typologie de celles-ci :
- Les résistances privées (spontanées) à
l'atomisation et à l'anonymisation.
Ex :
Citation:
" Des individus résistent par la multiplication des
amours, la recherche des plaisirs, l'entretien des amitiés,
les bandes de copains, ce que Michel Maffesoli a appelé le
nouveau tribalisme. Ils résistent à l'urbanisation
et à la suburbanisation généralisée
en multipliant week-end, sorties, vacances, au cours desquels ils
changent radicalement de mode de vie et de comportements, ceux-ci
devenant néo-ruraux ou néo-naturistes. (...) Les urbains
résistent au mal-être par le recours aux médicaments,
tranquilisants, gourous, yogis, et leur résistance se désespère
dans la drogue et l'alcoolisme. Contre le mal des banlieues, les
jeunes créent des bandes ou reconstituent une communauté."
- Autre idée de résistance dans ce passage succulent
:
Citation:
" D'autre part, l'économie de marché et le capitalisme
n'apportent pas que l'homogénéisation et la massification,
ils ne font pas que créer artificiellement de nouveaux désirs
et de nouveaux besoins, ils se mettent au service, dès qu'il
y a profit, des pulsions de recherche d'une vie intense, ludique
et poétique. L'univers télévisuel ou cinématographique
ne fournit la vie ludique, intense, amoureuse, aventureuse que par
procuration, de façon imaginaire. (...) Toutefois, au-delà
des spectacles imaginaires fournis à profusion, les grandes
compétitions sportives permettent de communier avec l'aventure
hardie des as du volant ou des héros de la voile transocéane.
Les grands matchs de football ou de rugby offrent l'occasion de
participer, dans des stades gigantesques, ou via la télévision,
aux épopées des équipes locales et nationales.
tout cela tient de la diversion, du divertissement, de l'évasion
et du ressourcement mythico-imaginaire dans l'aspiration à
la vie poétique, la vraie vie, aspiration de plus en plus
profonde, entretenue par notre civilisation individualiste, mais
qu'en même temps celle-ci inhibe sous ses contraintes ou satisfait
de façon imaginaire."
Ainsi l'auteur parle d'une " économie de l'évasion
" au service de la recherche de la vraie vie. Et le système
capitaliste a de plus en plus de cette légitimité
pour faire taire les résistances : voir " Auchan, la
vie, la vraie ". A côté de cette économie
de l'évasion se met en place une " économie écologique
" (petits producteurs, produits bio...) souvent réactive
à une nourriture industrialisée et homogénéisée
: la recherche des produits du terroir, de vins de propriété.
- Ainsi pour résumé, Morin pense qu' : une nouvelle
résistance civile est née depuis la convergence de
trois prises de conscience : celle de la dégradation écologique,
celle de la crise de l'emploi et celle du dépérissement
des campagnes. Citation intéressante qui permet nous aussi
de nous identifier nous ateliers-décroissance et/ou antipubs,
dans ce schéma proposé :
Citation:
" Spontanément, des micro-tissus sociologiques se forment
dans leur lutte contre le chômage, la désertification
des villages, l'anonymisation de la vie. Ils oeuvrent pour la qualité
de la vie et la régénération de notre civilisation.
Ainsi la conscience citoyenne et le sentiment solidaire comprennent
mieux les problèmes que la connaissance seulement parcellaire,
technique ou politicienne "
(je pense alors que bug-in a eu raison de décrire le site
zecc comme " Organisation citoyenne " dite non politique)
- Donc Ok : la société civile résiste mais...
attention ce sont très souvent des " Résistances
collaboratrices " qui collaborent au système en lui
permettant de se perpétuer. Cette interprétation est
une thèse importante du livre, ce qui va amener l'auteur
à aborder la question de la prise de conscience sous un angle
nouveau ( quel suspens je vous dis ! Très content )
L'auteur décrit alors l'état actuel de la civilisation
: le seuil de passage entre résistance et collaboration est
encore indiscernable. Les résistances sont trop dipersées
et n'arrivent pas à véritablement s'identifiée
(leur projet, leur identité...). Nous sommes dans une situation
à la fois " précrisique " et " polycrisique
". Mais " aucune crise ne jaillit véritablement,
mis à part quelques éruptions violentes qui permettent
une évacuation temporaire des gaz volcaniques, puis leur
reformation ". Et ainsi les choses continuent.
En fait les contre-tendances et contre-courants ne se sont pas encore
rencontrés, synergisés. Et on arrive alors à
la solution proposée par l'auteur à toutes les difficultés
repérées :
Citation:
" Ce sont ces contre-tendances et ces résistances qu'il
s'agirait de réunir en faisceau, de stimuler et d'intégrer
dans une politique de civilisation. Partout jaillissent des initiatives
pour régénérer le tissu social et la vie citoyenne.
Mais ces initiatives sont dispersées, locales. Il faut non
les systématiser mais les systémiser, c'est-à-dire
les relier pour qu'elles constituent un tout, où solidarité,
convivialité, écologie, qualité de vie, cessant
d'être perçues séparément, seraient conçues
ensemble. "
Par la synergie des résistance alors, un possible changement
de civilisation sera possible.
Flèche 5 - Politique de civilisation.
Le projet de politique de civilisation, qui était le projet
initial du socialisme du XIX siècle, s'est trouvé
soit trahi et inversé (le communisme bureaucratique en URSS),
soit effiloché (l'Etat-providence social-démocrate
aboutissant à la désolidarisation de la société).
La politique de civilisation se serait : plus de communauté,
de fraternité et de liberté, la suppression de la
barbarie dans les rapports humains. Ce serait aussi faire advenir
un nouvel âge de la technique dépassant son stade barbare
actuel. Il faudrait réhumaniser les administrations, les
entreprises, ainsi que la vie quotidienne.
Flèche 6 - Les impératifs d'une politique de civilisation.
- Solidariser (contre l'atomisation et la compartimentation). Contre
une solidarité anonyme faite par l'Etat. Pour une solidarité
concrète et vécue de personne à personne. Une
politique de solidarité serait de canaliser le potentiel
des bonnes volontés, par exemple par la création de
" maisons de solidarité " dans les quartiers. +
Le développement d'une " économie solidaire "
sous des formes mutualistes appuyées sur des solidarités
locales. Elle comporterait également des coopératives
et associations à but non lucratif pour assurer des services
sociaux de proximité.
- Ressourcer (contre l'anonymisation). L'auteur prône des
ressourcements républicain, français, européen
et terrien. (mais refus du nationalisme)
- Convivialiser (contre la dégradation de la qualité
de vie). Dans la qualité de vie le sens existentiel, prime
sur le sens matériel. Attention une politique de qualité
de vie ne peut faire venir le bonheur, qui est seulement une affaire
individuelle. Cependant elle peut permettre sa contextualisation.
Cette politique de qualité de vie pourrait prendre plusieurs
formes : elle doit impérativement approfondir la résistance
spontanée de la société civile pour la qualité
de vie + reprendre le " changer la vie " de Rimbaud-surréaliste,
en permettant d'habiter poétiquement le monde (Holderlin).
En effet " la trahison et l'effondrement de l'espoir poétique
de la Révolution ont répandu une grande nappe de prose
sur le monde ". Cependant " nous sommes voués à
la complémentarité et à l'alternance poésie/prose
" (prose = activités matérielles).
Dans cette politique voilà comme l'auteur traite la question
du travail : " La notion de travail correspond à la
prosaïsation des occupations productrices. La notion de travail
devrait dépérir au profit de la notion d'activité,
laquelle combine l'intérêt, l'engagement subjectif,
la passion, voire la créativité, c'est-à-dire
la qualité poétique. ". De plus la réduction
continue du travail doit se faire au profit d'activités civiques,
d'activité culturelles, de la vie personnelle. La politique
de civilisation introduira une part de farniente (la paresse de
Paul Lafargue) et de méditation dans la vie.
- Moraliser (contre l'irresponsabilité et l'égocentrisme.)
Flèche 7 - La politique de régénération.
- Transformer les villes en cités + régénérer
des bourgs et villages.
- Une politique de régénération des campagnes
(recolonisation) : destinée à encourager les exodes
urbains.
- Une nouvelle Politique Agricole Commune (PAC) : il est d'accord
avec les conceptions de la Confédération paysanne.
" Le mot d'ordre consommationniste de la politique de civilisation
est : moins mais mieux. "
Flèche 8 - Le nouvel emploi.
Beaucoup de détracteur de la décroissance comme Attac,
disent qu'elle va entrainer chomage et crise sociale de reconversion.
Morin aborde quelques solutions.
- Emplois ruraux et éco-emplois : régénération
de la petite et moyenne propriété et des coopératives
+ utilisation de l'ingénierie génétique pour
des actions philanthropiques comme lors des famines (cependant les
OGM doivent êtres démocratiquement gérés,
et pas par des intérêts privés) + aides à
la réinstallation de petits métiers dans villages
(boulangers...) + octroi de parcelles de maraîchage aux retraités
ou télé-travailleurs s'installant à la campagne
+ développement des institutions d'aide à domicile
en milieu rural + institution de corps de métiers de protection
de l'environnement et d'entretien des espaces naturels.
- Emplois de solidarité : des métiers pour aider
lors des problèmes administratifs, métiers pour aide
à la petite enfance, pour la viellesse... Pour une véritable
convivialité dans les maisons de retraite et hopitaux, ou
carrément leur abolition. (il estime qu'on pourrait créer
300 000 emplois d'aide pour les vieux).
- Emplois de convivialité : création de centres voués
à la vie intérieure (musicothérapie, yogisme...)
+ aide d'installation de bains turcs, sauans, café-concerts...
+ Elargissement des maisons de la culture en espaces-forums pour
les débats sur les problèmes locaux et généraux.
+ des métiers d'humanisation des transports (SNCF...)
- Etat et initiative privée : la complémentarité.
Morin appelle à la mise en place future par un vaste mouvement
de résistance, des " Etats généraux de
civilisation " où se rassembleraient tous ceux qui ont
des expériences et des idées pour faire advenir cette
politique de civilisation. L'Etat est complémentaire des
initiatives collectives, associatives et individuelles. Il donne
les cadres pour seulement susciter des actions. De plus Jacques
Robin avance que l'économie solidaire pourrait créer
2 millions d'emplois.
- Un New Deal de civilisation : un plan de grand travaux pour la
pitéonnisation de tous les centres villes. Place aux vélo
+ des parkings dans les périphéries pour les "
pollueuses " avec tramway pour arriver dans les centres. Pour
financer tout cela il propose un " fond spécial européen
". De façon plus ample un prône la mise en place
d'un " fond de civilisation " pour financer le NewDeal.
- Une réforme de l'entreprise : elle serait vouée
non plus seulement à la production de biens et de services,
mais à l'autoproduction d'une communauté et à
la participation à la citoyenneté : " entreprise
citoyenne ", bref une entreprise communauté de destin,
avec coresponsabilité, et dépassant la recherche de
profit.
Flèche 9 - Politique de résistance, de restauration
éthique et d'espérance.
En conclusion (pour bien marteler l'idée générale
du livre) :
Citation:
" la politique de civilisation est la qualité de vie,
le bien-vivre et non le seul bien-être, lequel, réduit
à ses conditions matérielles, produit du mal-être.
" (...) " Il faudra révolutionner notre mode de
vie, notre mode de produire, notre mode de consommer, à la
fois pour survivre et pour vraiment vivre "
Clement Homs
MessagePosté le: 23 Juin 2004 9:20 Sujet du message: Répondre
en citant
Bon je l'avais sous la main, lors je n'ai pu m'empêcher de
la mettre : Je cite alors la conclusion finale qui est vraiment
intéressante vis-à-vis aussi de l'identification de
notre propre mouvement (décroissance et antipubs) :
Citation:
" Nous avons déjà indiqué certains des
contre-courants favorables à l'émergence d'une politique
de civilisation. Ainsi pouvons nous penser :
- que le contre-courant écologique s'amplifiera en même
temps que les développements techniques et industriels qui
dégradent la biosphère;
- que le contre-courant à la logique invasionnelle de la
machine artificielle suscitera une aspiration de plus en plus amples
à la convivialité.
- qu'un contre-courant au consommationnisme se développera
sous deux aspects : d'une part dans la recherche d'un consumation
(intensité de vie, extase, jeu, fête), d'autre part
dans la recherche d'une nouvelle frugalité, tempérance,
et simplicité dans la qualité;
- que le développement du capitalisme provoquera à
nouveau le développement de l'anticapitalisme et pourra prendre
la forme d'une décroissance (sic!) du rôle de l'argent,
du profit;
- que les aspirations qui ont nourri communisme et socialisme seront
toujours renaissantes et pourraient prendre la forme d'une nouvelle
conscience civique, solidariste et responsable.
- qu'un contre-courant déjà très puissant
contre l'homogénéisation civilisationnelle se traduira
par des ressourcements de plus en plus multiples et puissants (le
problème étant de savoir s'ils comporteront le ressourcement
dans la Terre-Patrie ou la pure et simple refermeture sur les nationalisme,
ethnies ou religions).
Enfin, nous savons que l'approfondissement des crises ou l'approche
bien visible des catastrophes peuvent susciter prises de conscience
et prises de décisions salvatrices. De Tchernobyl à
la vache folle, nous ne sommes qu'au début des catastrophes
dont tôt ou tard on découvrira les causes et origines
civilisationnelles. La politique de civilisation deviendra alors
- clairement - la seule issue pour freiner la machine productiviste/énergivore,
remplacer les énergies polluantes, passer du quantitatif
au qualitatif, produire et consommer moins mais mieux.
La politique de civilisation est une mission de nécessité
et d'ampleur historique. Elle doit se développer sur la décennie
et se poursuivre au-delà. Elle indique non un " modèle
", ni un " projet " de civilisation, mais une voie.
Elle appelle à la fois à la reconquête du présent,
à la régénération du passé, à
la reconstruction du futur.
Elle permet de ressusciter une espérance concrète.
Cette politique de résistance à la nouvelle barbarie
porte en elle le principe d'une nouvelle espérance.
L'ingrédient vital dont nous avons tous besoin - et la politique
aussi -, c'est l'espoir. La résurrection de l'espoir n'est
pas ici la résurrection de la Grande Promesse, c'est la résurrection
d'une possibilité. Ni l'incertitude, ni l'angoisse ne sont
supprimées, mais, comme on ne peut supporter l'incertitude
et l'angoisse que dans la participation, dans l'amour, dans la fraternité,
dans l'action, la politique de civilisation porte en elle l'élan,
la participation, l'espérance ".
Voilà... et chapeau si vous avez suivi jusqu'au bout. J'aimerais
proposer cette fiche dans le cadre du futur atelier-lecture de Montpellier,
je pourrais la photocopier en quelques exemplaires et la distribuer
? qu'est-ce que vous en dites ? Surtout dite moi les passages inutiles,
incompréhensibles, ou peut-être plus intéressants
(et où il faudrait apporter des précisions...).
Arioch
Inscrit le: 10 Déc 2003
Messages: 329
MessagePosté le: 23 Juin 2004 9:47 Sujet du message: Répondre
en citant
Salut Koba,
Je n'ai lu que le résumé du chap 2 - Les maux de
civilisation : le mal-être du bien-être (j'ai peu de
temps tu as dû t'en rendre compte, je ne réagis pas
autant que je le souhaiterais à tes posts Pleure ou Très
triste )
Je trouve ça très bien, et à mon avis, ça
ne vaut pas le coup de tronquer l'ensemble de ton travail (qui dans
l'ensemble doit je pense être aussi bon que la partie que
j'ai lu Cool ).
A l'oral, une présentation de cette fiche de lecture te
prendrais à mon avis environ 1/4 d'heure, ce qui est tout
à fait acceptable dans une réu générale
; après on peut voir pour le débat... peut être
3/4 d'heure pour un temps total de 1h ça me paraît
bien pour proposer à l'ordre du jour.
Il faut voir aussi parce que y'a Bug-in qui veut faire la présentation
de Bolo Bolo...
Clement Homs
Inscrit le: 08 Avr 2004
Messages: 1431
MessagePosté le: 24 Juin 2004 16:18 Sujet du message: Répondre
en citant
Pour la réu géné du 5 juillet Bug-in peut présenter
Bolo'Bolo , j'y mi sacrifie (é puis cé lui qui a dis
le premier!). Ce jour là je pense que je distribuerai simplement
ma fiche en photocopie (aussi par mail peut-être). Un débat
peu avoir lieu une autre réu. Je sais pas comme tu as présenté
l'atelier-fiches à la dernière réu ? Peut-être
qu'il faudrait que je présente rapido comment cet atelier
pourrait fonctionner non ? Sur ce point j'attend des idées
de bug... Sinon ton idée du 1/4 d'heure présentation
et 3/4 d'heure débat c'est pas mal, enfin moi ça me
va. Mais est-ce que tout le monde va accepter d'empiéter
autant sur la réu ? Hum ! Suspens torride... Roulement des
yeux
Arioch
Inscrit le: 10 Déc 2003
Messages: 329
MessagePosté le: 24 Juin 2004 16:48 Sujet du message: Répondre
en citant
L'idée a plutôt été bien reçue
qd je l'ai présentée.
Tu as raison de parler de la problématique du temps, puisqu'elle
a été maintes fois abordée et de nouveau la
dernière fois (puisqu'on a abordé le "comment
doit-on organiser et gérer nos réunions ?").
Il en est ressorti en majorité que la présence et
la qualité d'un modérateur était indispensable,
ainsi qu'un sécrétariat pour la postérité
Clin d'oeil
Il en est aussi ressorti que en faisant une seule réunion
générale par mois, on avait juste le temps de présenter
les avancées des ateliers et présenter / proposer
les actions militantes à suivre (actualités) principalement,
mais que peu de place restait pour discuter + philo, de manière
organisée ou davantage à l'emporte-pièce, avec
un intervenant ou pas ; et pour mieux se connaître aussi.
Il était ainsi proposé de faire davantage de rencontre
pas forcément sous forme de réunion à MLK mais
plus sous forme de repas ou d'après-midi détente le
WE au jardin collectif par exemple, ou encore dans un lieu sympa
(café ou librairie Scrupules...). Moments pendant lesquels
auraient aussi pleinement leur place les fiches de lecture + débat.
Voilà.
Inscrit le: 13 Mar 2003
Messages: 2538
Localisation: Montpellier
MessagePosté le: 24 Juin 2004 16:53 Sujet du message: Répondre
en citant
hum okay... je propose que l'on parle de nos fiches de lectures
en public, genre l'esplanade de montpellier ou des trucs ou il peut
avoir des gens qui débarquent d'ailleurs :p ça pourrait
être amusant et agréable.
Mais il est aussi vrai que ça permettrai la visite d'autre
lieu (jardin collectif etc...)
Inscrit le: 13 Mar 2003
Messages: 2538
Localisation: Montpellier
MessagePosté le: 26 Juin 2004 10:20 Sujet du message: Répondre
en citant
Bon j'ai lu toute la fiche de lecture, voici qq petits commentaire
:
Dans le 2 :
Il me semble qu'il manque l'envers de la liberté d'expression
(et de la démocratie en général) [faudra que
je resssorte la critique de Platon], en effet tout le monde parle
en même temps, tout ce qui est dit est acceuillit avec une
égalité totale, cette soit disante "totale tolérance"
ou "égalitarisme" crée les pires effets
: intolérance de l'intelligence, du coup grande place à
la bétise, même dans les discours de manière
générale, le nombre gagne face à la qualité.
Il me semble qu'il manque aussi une critique sur la "destruction
du temps", nous avons pour nous de moins en moins de temps,
on nous dit qu'il nous en faut plus sans montrer pourquoi... pourtant
les causes de cette nécessité d'avoir plus de temps
sont grave :
Moins de temps = moins de réflexion (comme dit maurin on
s'agite plus qu'on agit, et bien c'est pareil en intelligence :
on résiste plus que l'on construit).
De plus cette destruction créé une perte de la curiosité,
on ne voit plus de choses curieuses, on a plus le temps, c'est trop
loin, il faudrait oser se perdre, mais on a pas le temps... La curiosité
est tout de même un dès moteur du progrès (dans
son sens le plus bénéfique) et nous l'avons perdu.
Je pense que c'est aussi ce manque de temps et donc de curiosité
qui crée le manque de solidarité et non pas l'urbanisation.
J'habite pas à montpellier et ça ne m'empêche
pas d'être solidaire avec vous et d'autre groupe, mais pour
ça j'ai du vous connaitre et écouter ma curiosité...
Dans ta fiche à un momment tu dis "imprinting"
c'est le terme du livre? Formatage ne correspondrait-il pas? (c'est
dans le 3)
Dans le 4
Tu parles de moyens (surtout la citation) pour réunir les
diversités locales et stimuler... on sait que le CROAC en
est l'exemple même sous forme de réunion puis action.
Je pense que ce qui n'a toujours pas été fait, c'est
la création d'un journal. Un journal qui pourrait aussi entre
autre parler de ces actions du CROAC mais aussi des actions des
autres associations, la notre y compris, ainsi que d'autres sujets
plus diverses, il ne s'agirai pas de faire de la pub pour des assos,
mais bien de traiter un sujet nuance.
Le journal à l'origine était crée pour les
démocraties, car selon la théorie de Montesquieu elle
était impossible dans les grand états (pour ça
on avait créé la représentation aussi). Le
journal est la pour recréer la solidarité. A mon avis
évidement il devrait avoir une politique particulière
de rédaction (j'ai mon id derrière la tête évidement),
en tout cas je suis motivé (quand j'ai le temps, c'est le
plus difficile à avoir). On pourrait l'édité
en électronique, évidement, facilement... Mais surtout
il faudrait pouvoir l'édité Papier... Ce serait un
journal solidaire et pour l'autonomie.
Franchement devenir journaliste ça ne vous dit pas? On se
monte un journal? (putain, j'ai trouvé mon boulot).
Dans le 8
Il n'en parle pas du tout mais une politique d'emploi pour aider
les JEUNES me semble aussi nécessaire, quand je dis pour
aider les jeunes, je ne veut pas dire leur créer des emplois
pour eux, mais tout simplement créer des emplois qui ont
pour but l'aide des jeunes a l'autonomie. Mais p.e est ce une part
de l'éducation en fait surtout, grande abscente de cette
fiche. Il faut une coéducation, vieux et jeune.
Clement Homs
Inscrit le: 08 Avr 2004
Messages: 1431
MessagePosté le: 28 Juin 2004 20:03 Sujet du message: Répondre
en citant
Chalut !
Je suis total ok avec toi sur l'envers de la démocratie comme
en a parlé Platon, mais aussi comme des sales nazis comme
Carl Schmidt ou Heidegger ( même si ces trois penseurs sont
de droite, ils sont paradoxalement, mais oui, parmi les penseurs
les plus percutants que l'on ait connu...). C'est clair il n'y a
qu'à voir l'Allemagne des années 1933, mais aussi
pour moi (je sais que ça pas plaire à tout le monde),
les dernières élections en espagne qui ont porté
au pouvoir Zapatero (pour moi la réaction des citoyens est
en fait une panique émotive générale qui n'a
aucun sens...mais bon je pourrais m'en expliquer...)
Alors comme tu dis le lien Education (populaire ou pas selon moi)
et Démocratie est un lien non pas primordial, mais qui est
la condition même de la possibilité de la démocratie.
Et même je dirais rapidement. Pas de démocratie (véritable
j'entends) avant une Education concrète et ressentie par
chacun ( pas abstraite et étatisée comme aujourd'hui).
L'erreur originaire peut-être du mouvement démocratique
au XVIII et XIX siècles s'est peut-être d'avoir crû
que l'on pouvait mener les deux chantiers en même temps et
sur un même front. On vois bien aujourd'hui, l'école
n'est plus comme le dit J.C. Michéa que " l'enseignement
de l'ignorance ", quand elle sert seulemrent de strapontin
à la sacro-sainte " Intégration " (prônée
par notre Gauche bien-pensante) dans le capitlisme = la professionnalisation
de l'Ecole ou l'Ecole au service du Marché). L'apprentissage
des savoirs-faire que devait enseigner l'Ecole, s'est transformer,
sous les pressions économiques les plus avilisantes, en apprentissage
de savoirs professionnalisant adapter à la Société.
Bon M'enfin... Sinon je suis aussi super d'accord avec toi quand
tu parles de la co-éducation vieux-jeunes... Je sais que
mon frère qui est un grand lecteur de Illich, m'a parlé
par exemple que cet auteur serait pour une société
où l'on abolirait les écoles (une institution étatique
et policière) et créerait tout un semis de bibliothèques-médiathèques
gratuites et immenses totalement intégrées dans un
continuum avec l'espace de la cité (des superficies qui atteindraient
un campus universitaires) où les gens viendraient par eux-mêmes
s'instruire mais aussi participer à l'élaboration
des savoirs (co-éducation, université du Tiers-Temps...).
Ces Bibliothèques seraient des centres de vie (citoyenne
y compris), dans le cadre d'une société de sortie
du travail (la RTT doit se faire dans le sens de permettre de s'enrichir
par les activités nobles : savoirs-faire, arts, savoirs,
participation à la vie civique...)
Sinon à propos de " l'imprinting ", c'est bien
écrit par Morin = " formatage " comme tu dis.
A propos du temps, total d'accord avec toi. J'ai eu un cours de
socio, où le prof (spécialiste de la sociologie du
temps) parler pour qualifier notre époque, de " plainte
temporelle " : on se plaint du temps qui passe trop vite, où
l'on a pas assez de temps pour soi... (Là aussi on pourrait
analyser les effets du saociété de décroissance,
sur les nouvelles temporalités sociales et individuelles
qu'elle induit, à travers déjà l'idée
de réduire le volume de nos déplacements...)
Sinon un journal local ou départemental qui donne des infos
régulières sur toutes les chapelles d'actvistes et
militants, c'est clair cela doit être pas mal à organiser.
Et moi je suis plutot partant, surtout que j'ai une petite expérience
avec Palin Psao (Bon l'année prochaine avec mon concours,
je pourrais plus rien faire). Mais bon on pourrait discuter de ce
journal solidaire et pour l'autonomie dans un autre topic... Car
je me vois bien déjà que je vais partir dans tous
les sens Très content
Tout ce que t'as dit est fort intéressant (tes idées
sur le revenu minum aussi, mais j'ai pas pu encore y réagir).
On pourrait créer un topic pour analyser les liens décroissance-démocratie
ou encore décroissance-éducation, faire des listes
des grandes idées ou utopies qu'on trouve sympa, et discuter
de leur mise en place, les affiner, et faire même nos propres
auto-critiques... Dans l'esprit de l'Affirmation (et non de la négation)
on pourrait alors donner un visage à ce Grand Chantier, qu'est
la société de décroissance !
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