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Article trouvé sur le site du syndicat de la presse de la CNT
CNT-SIPM, 33, rue des Vignoles, 75020 Paris,
Nicolas, Nantes
SIPM, secteur presse territoriale
Chronique de les temps qui sont durs !
La liberté de la presse dans les collectivités territoriales.
Une petite histoire de mesure de rétorsion pour écrits
non conformes.
Pour les papiers que j'ai signés depuis un an dans Le Marin
et dans Libé sur les Chantiers de l'Atlantique, qui n'ont
pas plu au directeur de la communication de la mairie de St-Nazaire,
je viens de me voir congédier d'un petit boulot alimentaire
(une bande dessinée mensuelle, 10 fois pas an, payée
380 euros chaque, et qui n'a jamais posé de problème
auparavant) effectué depuis des années en complément
de mes piges.
Le dir com ( ancien du PSU devenu chevènementiste comme son
maire) dit ne plus vouloir comme collaborateur dans le journal quelqu'un
qui signe des articles aussi mal venus.
Motifs expliqués au téléphone.
Mes articles lui ont déplu, et des gens ont été
"fortement choqués" (sic). Exemple : avoir parlé
de "racket" dans un papier récent sur la course contre
la montre pour bâtir le paquebot Queen Mary 2. Le racket concerne
les 600 euros exigés aux salariés Roumains de Klas Impex
pour avoir le droit de travailler à St-Nazaire.
Ces mauvais articles "généralisent et donnent une
trop mauvaise image de St-Nazaire" selon le dir com. Le même
discours qu'Alstom marine, en version municipale. Les grèves
des salariés étrangers des sous-traitants au premier
semestre 2003, puis l'accident de la passerelle ont perturbé
la politique de "communication" de la ville, qui voudrait
que St-Nazaire ne soit plus présentée comme ville rouge
de prolos faisant de la métallurgie (sale, obsolète,
vieillot, tout ça) , mais comme une ville qui bâtit du
rêve, des unités de prestige pour la croisière…
Le chargé de com des Chantiers de l'Atlantique (Alstom marine)
apprend au même moment au rédac chef du Marin que je
suis persona non grata aux Chantiers. Tout se tient.
Toujours selon le dir com de la Mairie, mes articles sur l'accident
de la passerelle seraient pleins de "conclusions hâtives".
Il n'a pas répondu quand je lui ai demandé s'il était
flic, juge, membre du CHSCT ou détenteur d'infos confidentielles
pour affirmer que ce qu'il appelle mes "conclusions" seraient
"hâtives".
Pire : j'aurais manqué à mon "devoir de réserve"
en temps qu'employé par son journal municipal. De plus, "que
j'intervienne dans le magazine municipal n'aurait eu aucun avantage"
pour eux. Avantage ? Je fais préciser : Il veut dire qu'il
n'y a pas eu plus de bon papiers sur St Nazaire de ma part pour autant.
En gros, ça s'appelle un défaut de retour sur investissement...
Ou alors un bug dans la fonction "acheter des journalistes".
Cette petite histoire met en lumière la fragilité des
pigistes, obligés de recourir à des travaux annexes
pour faire bouillir la marmite à côté des piges,
et qui s'exposent ainsi à des "mises en laisse" pour
raisons économiques, avec à la clé, soit le clash,
soit l'autocensure et la soumission d'écrits mis en veilleuse
pour ne pas choquer les pouvoirs, employeurs et donneur d'ordres
Cela met aussi en lumière aussi l'étroitesse d'esprit
d'une politique de communication qui veut faire oublier à tout
prix que St-Nazaire est une ville ouvrière où des prolos
en bleus font de la métallurgie. Et ce dans un cadre d'entreprises
libérales tenues à des acrobaties entre délais,
qualité et coûts salariaux, voire sécurité.
Ce qui n'est que la plus plate réalité, rien à
voir avec de la com... Les grèves du premier semestre des ouvriers
étrangers de la sous-traitance dans la construction navale,
et peut être bien l'accident de la passerelle, contredisent
méchamment les bonnes images de St Nazaire berceau des rêves
de croisière.
Et dire qu'on nous reproche souvent d'avoir une vision servile, obsolète
paraît-il, de la communication des villes...
Lien, d'origine : http://sipm-cnt.org/article.php3?id_article=150
Contact : presse.rp @ cnt-f.org
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