|
Juin 2010 Transmis par mail
L’incapacité du système politique actuel dans
son ensemble à conjurer la banqueroute du pays est désormais
prouvée. Non seulement parce qu’il a atteint un point
de non retour, mais parce que la situation empire de jour en jour
et qu’il en est l’unique responsable. Depuis six mois
maintenant le gouvernement socialiste (PASOK) a démontré
qu’il ne s’était en aucun cas préparé,
qu’il mentait et palabrait impunément. Les dernières
preuves de son incompétence sont les suivantes :
Premièrement, il fait tout son possible pour parvenir à
remettre le sort du pays entre les mains du FMI. Deuxièmement,
les responsables de l’Economie (Papandreou, Papakonstantinou,
Sachinidis, Katséli) n’avaient absolument pas prévu
la montée des spreads au-dessus de la barre des 400 points
de base (spread : en anglais, écart entre les taux longs et
les taux courts correspondant à la marge perçue par
la banque qui accorde un crédit). Pourtant en janvier, les
taux grecs s’établissaient à 12,7 %, puis en dépit
de deux dévalorisations, les spreads atteignaient tout de même
les 300 points. Dans la foulée, les marchés offraient
20 milliards d’euros susceptibles de couvrir les besoins urgents
du pays. Logiquement, il aurait fallu emprunter avant d’annoncer
publiquement le déficit réel. Troisièmement,
ce gouvernement a été incapable de détecter l’emprunt
de 4,5 milliards d’euros contracté par le gouvernement
Caramanlis qui l’avait tenu secret. L’existence de cet
emprunt a été découverte lors d’un contrôle
de la Cour des comptes par une équipe d’Eurostat en mars
2009, et bien évidemment, il vient accroître la dette
publique déjà faramineuse la propulsant au montant de
303 milliards d’euros.
Il s’avère en conséquence que le gouvernement
est incompétent, inutile et dangereux, à l’image
de son Premier ministre qui, n’étant investi d’aucun
rôle constructif, ne fait que précipiter le pays dans
la décadence. Il se trouve réduit au simple rôle
d’agent-exécutant de la Commission Européenne,
de la Banque Centrale Européenne (BCE) et du Fonds Monétaire
International (FMI). N’importe quelle équipe serait capable
de jouer un tel rôle si bien que celle de la dynastie Papandreou
n’est pas indispensable.
Force est de constater la même incapacité et le même
immobilisme chez le gouvernement précédent, celui de
Caramanlis. Et ce n’est pas Samaras, le nouveau chef de la méprisable
Nouvelle Démocratie (Nea Demokratia) qui est capable de faire
mieux. Il fut en effet cadre de la Nouvelle Démocratie et principal
responsable de sa défaite – non seulement il n’a
jamais exprimé son dissentiment mais n’a pas cessé
de passer de la pommade à Caramanlis. Et si les négociations
autour du toponyme définitif de Skopje sont au point mort –
sujet qui agite la Grèce depuis maintenant deux décennies
– c’est en grande partie de sa faute. Quant à Bakoyanni-Mitsotaki,
ce n’est pas non plus la solution. Les politiques des deux partis
sont porteurs des mêmes idées, celles qui ont conduit
le pays à la faillite. Ils représentent le système
« partitocratique » lequel laisse toute latitude aux oligarques
de l’économie nationale et internationale pour son contrôle
et son orientation. Ledit système n’est assujetti à
aucun contrôle de la part de la société civile
en raison d’une part de la migration des actifs vers le secteur
privé, et d’autre part en raison d’une absence
de contrôle légal réel. C’est ainsi que
s’ouvre la voie facile de la corruption généralisée
et de l’incompétence.
Le système « partitocratique » se caractérise
par une concentration des pouvoirs entre les mains du seul Premier
ministre, ce qui correspond en réalité à une
monarchie élective. En paroles c’est une démocratie,
sur la forme une oligarchie, sur le fond une monarchie. Ce système
incontrôlable a échoué et a donc mené le
pays à la faillite. Les structures et les acteurs de la bureaucratie
étatique sont pourris à la base et viscéralement
improductifs. Les instructeurs et leaderships en sont les partis politiques
corrompus, clientélistes et les politiques corrompus et incapables.
Déjà, fin du dix-neuvième siècle, Emmanuel
Roïdis (1836-1904) le dénonçait à sa façon
: « Les Grecs se divisent en trois catégories,
a) Les progouvernementaux, c’est-à-dire ceux qui trempent
leur cuiller dans la marmite du budget ;
b) les antigouvernementaux, c’est-à-dire ceux qui n’ont
pas de cuiller mais cherchent par tous les moyens à s’en
procurer ;
c) les travailleurs, c’est-à-dire ceux qui n’ont
pas de cuiller, n’en veulent pas, ne quémandent pas mais
remplissent la marmite de leur propre sueur. »
On constate que ce système de partis n’a rien apporté
de concret, de déterminant, malgré son coût exorbitant
pour le contribuable grec et que, de surcroit, il a précipité
la débâcle du pays : son anéantissement est devenu
impératif. L’heure de la punition et de l’assainissement
est enfin venue. Il faut désencrasser le paysage politique
de ces politicards corrompus et incapables, des partis corrompus et
inefficaces, de la corruption et de l’incompétence du
système oligarchique. Dans cette perspective, une seule solution
s’impose : l’expertise politique et judiciaire des «
preuves fiscales » (pothen esxes, id est « justificatifs
fiscaux de tous les biens »), et l’examen des comptes
bancaires grecs et étrangers par plusieurs commissions de personnes
intègres émanant de divers organismes. Mais avant tout,
la condamnation des instigateurs ayant sévi au cours des trois
dernières décennies - Premiers ministres, ministres,
secrétaires d’Etat, députés, dirigeants
d’entreprises et organismes publics – impliquant la confiscation
de tous leurs biens et leur emprisonnement. En outre, ces commissions
seront chargées d’un contrôle judiciaire drastique
de chaque nouveau membre des futurs gouvernements, de tous les dirigeants
et des gestionnaires de l’argent public.
Concomitamment, on envisagera des pétitions ayant pour objectif
le changement de système politique, lesquelles affaibliront
l’actuel système oligarchique et génèreront
les conditions d’un véritable contrôle du pouvoir
pour une contribution directe de la population à la prise de
décisions et la promulgation des lois. Ces changements institutionnels
sont : a) une loi sur le recours au referendum concernant les grands
sujets économiques, politiques et les questions sociales :
un referendum tient la société civile informée,
dans la transparence ; b) la tenues d’assemblées municipales,
locales, auto administrées, investies d’un pouvoir décisionnaire
et de contrôle. Ces trois changements (judicaire, referendums
et assemblées locales) pourront s’accompagner ponctuellement
de pétitions directes selon l’urgence.
Bien évidemment, ce projet ne peut se réaliser au sein
du système actuel de politique ratée, d’oligarchie
économique, mais doit être issu de la société
civile elle-même sous forme de mobilisation et de doléances
de la part des personnes directement concernées soit les exclus,
les défavorisés et les classes moyennes. Une seule condition
: ces personnes ne doivent pas être des transfuges socialistes,
nationalistes, communistes ou autres maoïstes. La remarquable
philosophe Hannah Arendt (1906-1975) souligne à juste titre
que la seule puissance dont dispose le peuple est « le recours
à la révolution ». Dans ce cas, la notion de révolution
représente seulement un changement radical. Çà
ne signifie pas qu’elle doit faire couler le sang, être
armée, génératrice de crimes et sièges
de palais par quelque avant-garde « éclairée »
de partis du genre communiste-léniniste-marxiste-castriste
ou encore guevariste. Au contraire, il est prouvé que les conceptions
et actions de ce style ont fait fiasco puisqu’elles ont toutes
mené à la dictature et à des régimes totalitaires,
à l’emprisonnement, aux camps de concentration, hôpitaux
psychiatriques, exécutions et à la torture.
Le changement radical ne peut provenir que de la population elle-même,
auto constituée, auto organisée, auto déterminée.
Il ne peut donc pas se prévaloir de « necessitas legem
non habet » (la nécessité ne connaît pas
de lois), car on ne construit ni société ni civilisation
de cette façon. Le chemin vers la démocratie se dessine
quand, d’une part les lois injustes existantes sont remises
en question car elles ne répondent plus à la nécessité
et quand, d’autre part celle-ci permet de concevoir de nouvelles
lois constructives, garantissant la liberté, la participation
collective et l’égalité. C’est-à-dire
quand l’ensemble de la population agit collectivement, quand
la pensée collective propose et crée des institutions
dans le but d’assurer à chacun la participation aux
prises de décision et à la promulgation de lois garantissant
liberté et égalité.
Le désordre et le chaos ne sont pas des solutions idoines
ou durables. Toute société humaine a besoin de stabilité
et de sécurité. Lors de situations critiques ou insurrectionnelles,
lorsque la société ne parvient pas à imposer
la démocratie et l’autonomie, lorsque le l’insécurité,
le désordre et le chaos prédominent, c’est à
ce moment-là que malheureusement interviennent les forces
répressives du pouvoir et que s’imposent les régimes
autoritaires, oligarchiques, totalitaires, au nom justement de l’ordre
et du retour au calme. L’Histoire et la société
détestent les vides. Et quand ces vides ne peuvent pas se
combler par des instances démocratiques, c’est alors
que malencontreusement, ils se voient combler par des instances
antidémocratiques. L’Histoire foisonne de ce genre
de tentatives stériles ayant toutes abouti à des régimes
autoritaires.
|
|