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LE CHANGEMENT DE SYSTEME POLITIQUE EST URGENT
Yorgos Oikonomou

Juin 2010 Transmis par mail


L’incapacité du système politique actuel dans son ensemble à conjurer la banqueroute du pays est désormais prouvée. Non seulement parce qu’il a atteint un point de non retour, mais parce que la situation empire de jour en jour et qu’il en est l’unique responsable. Depuis six mois maintenant le gouvernement socialiste (PASOK) a démontré qu’il ne s’était en aucun cas préparé, qu’il mentait et palabrait impunément. Les dernières preuves de son incompétence sont les suivantes :

Premièrement, il fait tout son possible pour parvenir à remettre le sort du pays entre les mains du FMI. Deuxièmement, les responsables de l’Economie (Papandreou, Papakonstantinou, Sachinidis, Katséli) n’avaient absolument pas prévu la montée des spreads au-dessus de la barre des 400 points de base (spread : en anglais, écart entre les taux longs et les taux courts correspondant à la marge perçue par la banque qui accorde un crédit). Pourtant en janvier, les taux grecs s’établissaient à 12,7 %, puis en dépit de deux dévalorisations, les spreads atteignaient tout de même les 300 points. Dans la foulée, les marchés offraient 20 milliards d’euros susceptibles de couvrir les besoins urgents du pays. Logiquement, il aurait fallu emprunter avant d’annoncer publiquement le déficit réel. Troisièmement, ce gouvernement a été incapable de détecter l’emprunt de 4,5 milliards d’euros contracté par le gouvernement Caramanlis qui l’avait tenu secret. L’existence de cet emprunt a été découverte lors d’un contrôle de la Cour des comptes par une équipe d’Eurostat en mars 2009, et bien évidemment, il vient accroître la dette publique déjà faramineuse la propulsant au montant de 303 milliards d’euros.

Il s’avère en conséquence que le gouvernement est incompétent, inutile et dangereux, à l’image de son Premier ministre qui, n’étant investi d’aucun rôle constructif, ne fait que précipiter le pays dans la décadence. Il se trouve réduit au simple rôle d’agent-exécutant de la Commission Européenne, de la Banque Centrale Européenne (BCE) et du Fonds Monétaire International (FMI). N’importe quelle équipe serait capable de jouer un tel rôle si bien que celle de la dynastie Papandreou n’est pas indispensable.

Force est de constater la même incapacité et le même immobilisme chez le gouvernement précédent, celui de Caramanlis. Et ce n’est pas Samaras, le nouveau chef de la méprisable Nouvelle Démocratie (Nea Demokratia) qui est capable de faire mieux. Il fut en effet cadre de la Nouvelle Démocratie et principal responsable de sa défaite – non seulement il n’a jamais exprimé son dissentiment mais n’a pas cessé de passer de la pommade à Caramanlis. Et si les négociations autour du toponyme définitif de Skopje sont au point mort – sujet qui agite la Grèce depuis maintenant deux décennies – c’est en grande partie de sa faute. Quant à Bakoyanni-Mitsotaki, ce n’est pas non plus la solution. Les politiques des deux partis sont porteurs des mêmes idées, celles qui ont conduit le pays à la faillite. Ils représentent le système « partitocratique » lequel laisse toute latitude aux oligarques de l’économie nationale et internationale pour son contrôle et son orientation. Ledit système n’est assujetti à aucun contrôle de la part de la société civile en raison d’une part de la migration des actifs vers le secteur privé, et d’autre part en raison d’une absence de contrôle légal réel. C’est ainsi que s’ouvre la voie facile de la corruption généralisée et de l’incompétence.

Le système « partitocratique » se caractérise par une concentration des pouvoirs entre les mains du seul Premier ministre, ce qui correspond en réalité à une monarchie élective. En paroles c’est une démocratie, sur la forme une oligarchie, sur le fond une monarchie. Ce système incontrôlable a échoué et a donc mené le pays à la faillite. Les structures et les acteurs de la bureaucratie étatique sont pourris à la base et viscéralement improductifs. Les instructeurs et leaderships en sont les partis politiques corrompus, clientélistes et les politiques corrompus et incapables. Déjà, fin du dix-neuvième siècle, Emmanuel Roïdis (1836-1904) le dénonçait à sa façon : « Les Grecs se divisent en trois catégories,
a) Les progouvernementaux, c’est-à-dire ceux qui trempent leur cuiller dans la marmite du budget ;
b) les antigouvernementaux, c’est-à-dire ceux qui n’ont pas de cuiller mais cherchent par tous les moyens à s’en procurer ;
c) les travailleurs, c’est-à-dire ceux qui n’ont pas de cuiller, n’en veulent pas, ne quémandent pas mais remplissent la marmite de leur propre sueur. »

On constate que ce système de partis n’a rien apporté de concret, de déterminant, malgré son coût exorbitant pour le contribuable grec et que, de surcroit, il a précipité la débâcle du pays : son anéantissement est devenu impératif. L’heure de la punition et de l’assainissement est enfin venue. Il faut désencrasser le paysage politique de ces politicards corrompus et incapables, des partis corrompus et inefficaces, de la corruption et de l’incompétence du système oligarchique. Dans cette perspective, une seule solution s’impose : l’expertise politique et judiciaire des « preuves fiscales » (pothen esxes, id est « justificatifs fiscaux de tous les biens »), et l’examen des comptes bancaires grecs et étrangers par plusieurs commissions de personnes intègres émanant de divers organismes. Mais avant tout, la condamnation des instigateurs ayant sévi au cours des trois dernières décennies - Premiers ministres, ministres, secrétaires d’Etat, députés, dirigeants d’entreprises et organismes publics – impliquant la confiscation de tous leurs biens et leur emprisonnement. En outre, ces commissions seront chargées d’un contrôle judiciaire drastique de chaque nouveau membre des futurs gouvernements, de tous les dirigeants et des gestionnaires de l’argent public.

Concomitamment, on envisagera des pétitions ayant pour objectif le changement de système politique, lesquelles affaibliront l’actuel système oligarchique et génèreront les conditions d’un véritable contrôle du pouvoir pour une contribution directe de la population à la prise de décisions et la promulgation des lois. Ces changements institutionnels sont : a) une loi sur le recours au referendum concernant les grands sujets économiques, politiques et les questions sociales : un referendum tient la société civile informée, dans la transparence ; b) la tenues d’assemblées municipales, locales, auto administrées, investies d’un pouvoir décisionnaire et de contrôle. Ces trois changements (judicaire, referendums et assemblées locales) pourront s’accompagner ponctuellement de pétitions directes selon l’urgence.

Bien évidemment, ce projet ne peut se réaliser au sein du système actuel de politique ratée, d’oligarchie économique, mais doit être issu de la société civile elle-même sous forme de mobilisation et de doléances de la part des personnes directement concernées soit les exclus, les défavorisés et les classes moyennes. Une seule condition : ces personnes ne doivent pas être des transfuges socialistes, nationalistes, communistes ou autres maoïstes. La remarquable philosophe Hannah Arendt (1906-1975) souligne à juste titre que la seule puissance dont dispose le peuple est « le recours à la révolution ». Dans ce cas, la notion de révolution représente seulement un changement radical. Çà ne signifie pas qu’elle doit faire couler le sang, être armée, génératrice de crimes et sièges de palais par quelque avant-garde « éclairée » de partis du genre communiste-léniniste-marxiste-castriste ou encore guevariste. Au contraire, il est prouvé que les conceptions et actions de ce style ont fait fiasco puisqu’elles ont toutes mené à la dictature et à des régimes totalitaires, à l’emprisonnement, aux camps de concentration, hôpitaux psychiatriques, exécutions et à la torture.

Le changement radical ne peut provenir que de la population elle-même, auto constituée, auto organisée, auto déterminée. Il ne peut donc pas se prévaloir de « necessitas legem non habet » (la nécessité ne connaît pas de lois), car on ne construit ni société ni civilisation de cette façon. Le chemin vers la démocratie se dessine quand, d’une part les lois injustes existantes sont remises en question car elles ne répondent plus à la nécessité et quand, d’autre part celle-ci permet de concevoir de nouvelles lois constructives, garantissant la liberté, la participation collective et l’égalité. C’est-à-dire quand l’ensemble de la population agit collectivement, quand la pensée collective propose et crée des institutions dans le but d’assurer à chacun la participation aux prises de décision et à la promulgation de lois garantissant liberté et égalité.

Le désordre et le chaos ne sont pas des solutions idoines ou durables. Toute société humaine a besoin de stabilité et de sécurité. Lors de situations critiques ou insurrectionnelles, lorsque la société ne parvient pas à imposer la démocratie et l’autonomie, lorsque le l’insécurité, le désordre et le chaos prédominent, c’est à ce moment-là que malheureusement interviennent les forces répressives du pouvoir et que s’imposent les régimes autoritaires, oligarchiques, totalitaires, au nom justement de l’ordre et du retour au calme. L’Histoire et la société détestent les vides. Et quand ces vides ne peuvent pas se combler par des instances démocratiques, c’est alors que malencontreusement, ils se voient combler par des instances antidémocratiques. L’Histoire foisonne de ce genre de tentatives stériles ayant toutes abouti à des régimes autoritaires.