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Origine : http://www.labisontinededecroissance.blogspot.com/2007/05/penser-la-dcroissance-avec-castoriadis.html
Quelques mots avant de s’intéresser à Castoriadis.
Je voudrais d’abord attirer votre attention sur nous-mêmes,
sur cette assemblée !
Pourquoi sommes-nous réunis ce soir, et quel est notre plus
petit commun dénominateur, ici et maintenant ?
Eh bien il me semble que c’est un mot, rien qu’un mot
: « DÉCROISSANCE ».
Nous sommes donc réunis ici autour d’un mot dont nous
ne savons pas exactement quel est son contenu...
Bien sûr ce n’est pas tout a fait vrai, chacun de nous
a une petite idée de ce que « décroissance »
veut dire, et en réalité, nous cherchons seulement
à savoir si le voisin pense comme nous, s’il met sous
le mot « décroissance » la même chose que
nous. Il y a donc un doute, un questionnement. Au passage, si le
voisin en sait plus que nous, tant mieux, nous sommes là
pour apprendre, c’est le contrat : s’informer, mettre
en commun nos savoirs, nos expériences.
Eh bien ça, c’est une situation peu courante, une
situation rare, je dirais même très rare.
Parce qu’il y a, contrairement à nous, à cette
heure même, dans cette ville un tas de gens réunis
autour d’autres mots dont ils savent parfaitement ce qu’ils
veulent dire, (surtout en ce moment), par exemple « socialisme
», « communisme », « libéralisme
», ou « économie », « développement
», « croissance » etc. Ces mots sont connus, ils
ont une histoire, on sait à peu près ce qu’il
contiennent, ils sont déjà INSTITUÉS.
Mais nous, nous sommes d’incroyables aventuriers, nous prenons
un risque fou, celui d’aller vers quelque chose dont nous
ne connaissons pas encore vraiment le contenu. On pourrait appeler
cela une assemblée « ouverte », enfin, pour l’instant,
elle est ouverte...
La décroissance n’est pas encore tout à fait
instituée. Et nous nous sommes réunis pour faire cela
: instituer la décroissance, lui donner du contenu, ce que
nous pensons en notre âme et conscience être la décroissance.
Voilà pourquoi je souhaitais attirer votre attention sur
nous-mêmes et sur cette situation peu courante qui consiste
à instituer.
(Définition de Jacques Ellul, Histoire des institutions
de l’antiquité, 1961, p.V.)
Est « institution » tout ce qui est volontairement organisé
par une société donnée.
Nous sommes bien « une société donnée
». Nous cherchons bien à organiser volontairement quelque
chose ; ce quelque chose ne l’est pas encore tout à
fait, sinon nous n’aurions pas à faire ce travail.
Ce quelque chose, se nomme « Décroissance »,
c’est la seule chose dont nous soyons sûrs.
Or Castoriadis est le penseur, le théoricien de l’institution,
du phénomène INSTITUTION.
Hélas, certains vont être déçus ce soir
: nous n’allons pas parler de décroissance, nous allons
nous placer en amont (si vous le voulez bien) de la décroissance.
Nous n’allons pas bâtir la maison tout de suite et avons
jugé pertinent de poser au préalable la question :
« existe-t-il des outils qui nous permettront de bâtir
solidement la maison ? »
SOLIDEMENT, sinon elle s’écroulerait bien vite.
Si ces outils n’existaient pas, il nous faudrait les inventer,
mais s’ils existent autant les utiliser.
Petit rappel. Lors de la dernière réunion, il fut
question de Guy Debord et de la « Société du
spectacle » et j’ai osé dire qu’il valait
mieux commencer par Castoriadis et finir par Guy Debord que l’inverse.
Je savais pour les avoir comparés que les outils que Castoriadis
met à notre disposition permettent effectivement de comprendre
le Situationnisme, mais le Situationnisme ne permet pas de comprendre
le phénomène INSTITUTION lequel se trouve en amont,
puisque « société » et « spectacle
» sont eux-mêmes des institutions. (Mais vous verrez
tout de suite qu’il y a eu un lien entre Castoriadis et Debord)
Ce que j’ai fait lors de la dernière assemblée
a consisté à répondre à une question
qui ne m’était pas posé ! « Pour bâtir
la maison, les outils existent-t-ils ? »
J’ai dit : oui il existe des outils chez Castoriadis !
(peut-être avez-vous compris CASTORAMA ?)
Pour cela on m’a puni. On m’a pris au mot. Toi qui l’ouvres,
la prochaine fois tu t’y colles !
C’est toujours celui qui dit qui y est.
Castoriadis ayant passé au moins trente ans de sa vie à
penser l’institution, mérite que nous lui accordions
une petite soirée et peut-être plusieurs, nous déciderons...
Il est vrai aussi que Castoriadis n’a jamais directement
parlé de « décroissance », entre 1960
et 1970 ce mot n’était connu que de rares individus.
Mais Castoriadis a fait autre chose de tout aussi utile :
— il a condamné et démontré la folie
de la « pseudo-maîtrise » « pseudo-scientifique
» de la nature, en laquelle il voyait le fondement même
du capitalisme moderne, à peu près à la même
époque que Jacques Ellul.
— il a condamné le « tout économique »
un peu avant Georgescu-Roegen (qui lui, est bien le père
de la décroissance)
tout ceci depuis les années 60 (Castoriadis était
bien placé pour le faire : économiste, il fut responsable
d’un département statistiques à l’OCDE
pendant plus de vingt ans),
Cornélius Castoriadis — 1922 / 1997
sources : — C.C. « Une société à
la dérive », seuil, 2005
— Roland Biard : « Dictionnaire de l’extrême-gauche
de 1945 à nos jours » Belfond 1978
abréviation : — CduL (C.Castoriadis : Les Carrefours
du Labyrinthe vol I à VI), toutes les citation tirées
de
CC sont entre guillemets
Études de philosophie, d’économie et de droit
à Athènes
1937 : adhère aux jeunesses communistes - Athènes
— 1941 : cofondateur du groupe clandestin Nea Epochi, visant
à réformer de l’intérieur le PC grec
— 1942 : adhère au trotskisme.
1945 décembre : CC arrive en France
1949-1965 : cofondateur de « Socialisme ou Barbarie »
(revue « mythique », 40 numéros en 16 ans), avec
Claude Lefort, puis Edgar Morin, Jean-François Lyotard, etc.
« SouB est né à partir d’une tendance
qui s’était constituée, l’été
46, au sein du Parti Communiste Internationaliste (PCI : 700 militants
en France), parti trotskiste français » (CC p.27 et
ss.) « les premiers documents de cette tendance ont été
diffusés à partir d’août 46 » (CC
p.29). Mais ce n’est qu’à partir de la scission
de 1948 que se forme « un groupe du même nom. SouB évolue
rapidement et rompt avec le trotskisme » (Biard, 346)
[SouB est alors très proche du conseillisme ouvrier —
avec l’Internationale Situationniste plus tard. En juillet
60 une brochure est rédigée et publiée conjointement
par P. Canjuers (Daniel Blanchard, de SouB.) et Guy Debord (I.S.)
(Gonzalves, 32), titre : « Préliminaires pour une définition
de l’unité du programme révolutionnaire ».
Qu’est-ce que le conseillisme « Le Conseillisme est
l’une des expression les plus pures d’un marxisme débarrassé
de l’autoritarisme léniniste » (Biard, 117)
« Deux scission priveront SouB d’un certain nombre de
ses rédacteurs : Claude Lefort et certains militants de la
’’gauche’’ du groupe vont rejoindre Informations
et Liaisons ouvrières et en 1959. Lyotard et certains militant
formeront avec d’autres groupes conseillistes le groupe Pouvoir
Ouvrier » (Biard, 348)
1948-1970 : économiste (à partir de 1960 —
création de l’OCDE — où il est nommé
chef des Études Nationales, puis en 1968 : directeur à
la Direction des Études de croissance, des statistiques et
des comptes nationaux)
1974-1976 : enseigne l’économie à la faculté
de Nanterre
1972-1975 : collabore à « Textures » avec Marcel
Gaucher, Claude Lefort, etc.
1977-1980 : Collabore à « Libre, politique, anthropologie,
philosophie » (Claude Lefort, Pierre Clastre, Miguel Abensour,
Marcel Gaucher, Alfred Adler, Maurice Luciani, Krzysztof Pomian,
Pierre Manent, Simone Debout, Jacques Baynac, Marshall Sahlins,
Louis Dumont).
1973-1997 : psychanalyste (rallié au Quatrième Groupe
psychanalytique), Castoriadis sera le compagnon de Piera Aulagnier
1980-1995 : Directeur d’études et séminaires
à l’EHESS
CC décède en 1997
I Trois raisons de s’intéresser à C.C.
1) individu singulier
— son engagement de militant, sa pratique des groupes (proche
du conseillisme), son parcours, son oeuvre surtout, qui se déploie
sur deux axes :
a) sciences sociales : histoire, philo, économie, droit,
théories politiques
b) sciences de l’homme : psychologie, psychanalyse, soma,
psyché
deux axes que distinguait bien CC. « C’est une erreur
de psychanalyste de vouloir déduire la société
du fonctionnement psychique, et l’erreur symétrique
du sociologue de ne voir dans la psyché que le produit de
la société et de la socialisation » CC. C.du
L. VI p.217
2) J’ai déjà parlé de sa critique de
l’économique, mais il manifesta un réel intérêt
pour l’environnement et les mouvements écologistes,
en effet les marxistes qui n’ont pas méprisé
les problèmes environnementaux — sinon raillé
l’écologie et moqué la croissance zéro
— se comptent sur les doigts d’une main : C.C., André
Gorz, et puis qui ? (François Partant, Yvan Illich, Geogescu-Roegen
et Ellul, ne sont pas des « marxistes » !)
3) enfin pour les outils qu’il nous apporte
nous ne traiterons pas des outils concernant les sc. de l’H.
(psyché/soma), issus de la tradition freudienne
— monade psychique > phase triadique > socialisation
— « clôture », « magma », «
chaos », « sans fond »
— plaisir de représentation qui l’emporte sur
le plaisir d’organe
CC. C.du L. VI p.122
mais des outils relatifs au social qui sont d’une part très
originaux et d’autre part, des plus utiles pour ce qui nous
intéresse, principalement :
a) l’institution(1)-imaginaire(2)-sociale(3) Titre de son
premier ouvrage important, « L’institution imaginaire
de la société » 1975
b) le couple hétéronomie/autonomie
(nous laisserons de côté)
c) l’ensembliste-identitaire, « ensidique »
d) Validité de fait, validité de droit
e) Le social-historique
II L’institution
L’institution est un concept absolument capital et fondateur
Qu’est-ce que l’institution :
« Pour commencer [par institution] nous n’entendons
pas, bien entendu, la sécurité sociale ou un dispensaire
d’hygiène mentale [ni la cancoillotte ou la Transjurassienne,
institutions francomtoises]. Nous entendons d’abord et surtout
le langage, la religion, le pouvoir, nous entendons ce qu’est
l’individu dans une société donnée »
C.du L. VI p.120 « l’ensemble des outils, du langage,
des procédures de faire, des normes et des valeurs (...)
tout ce qui, avec ou sans sanction formelle, impose des façons
d’agir ou de penser ». Une Société à
la dérive, p.67.
Imaginaire et sociale
« Pourquoi ’’imaginaires’’ ? Parce
qu’elles ne sont ni rationnelles (on ne peut pas les ’’construire
logiquement’’), ni réelles (on ne peut pas les
dériver des choses) » (...)
« sociales, parce qu’elles ne sont rien si elles ne
sont pas partagées, participées par ce collectif anonyme,
impersonnel, qui est aussi chaque fois la société
». Une Société à la dérive, p.68.
L’Institution imaginaire sociale selon C.C. se déploie
dans deux directions opposées : « arithmétique
» et « mythe ».
Côté imaginaire arithmétique : (c’est
l’ensembliste-identitaire), « l’institution de
la société opère (agit et pense) selon les
mêmes schèmes qui sont actifs dans la théorie
logico-mathématique des ensembles : éléments,
classes, propriétés, relations, tout cela étant
posé comme bien distinct et bien défini. » «
Le schème opérateur fondamental ici est le schème
de la déterminité, l’existence c’est la
déterminité » [en gros le monde physique]
Côté imaginaire mythe, l’existence c’est
la signification. « Les significations peuvent être
repérées, mais elles ne sont pas pleinement déterminées.
Elles sont indéfiniment reliées les unes aux autres
moyennant un mode de relation qui est le renvoi » Une Société
à la dérive, p.73.
III Comment agit et opère l’institution ?
1) l’Institution première de la société
est la société elle-même
« L’institution première de la société
est le fait que la société se crée elle-même
comme société et se crée chaque fois en se
donnant des institutions animées par des significations imaginaires
sociales spécifiques à la société considérée
(...). Et cette institution première s’articule et
s’instrumente dans des institutions secondes (...) transhistoriques,
(langage, individu, famille...) ; et des institutions secondes spécifiques
à des sociétés données (la polis grecque,
l’entreprise capitaliste) » C.du L. VI p.124
Pour le présent, nous pouvons ajouter comme institutions
spécifiques, nation, patrie, mais encore progrès,
développement, croissance et... décroissance.
Par quoi la société s’institue-t-elle d’abord
: par le langage
« Il y a chaque fois institution de la réalité
et de la rationalité par la société considérée.
L’illustration la plus immédiate est fournie par le
langage. À la fois porteur et instrument essentiel de l’organisation
du monde — du monde « naturel », social, des linéaments
rationnels de toute réalité en général
—, le langage est historiquement institué, et chaque
fois institué comme langage différent. Il n’existe
pas de langage en général, de langage pur (...) Ce
qui est commun à tous les langages (...) : le pouvoir de
signifier, le faire-être d’un monde de significations.
» Une sté à la dérive, p.141
[du langage dériveront toutes les institutions, puisque
le langage produit le sens, bien sûr]
2) L’institution est donc « sens », elle produit
le sens pour tous
« L’institution fournit donc, désormais, le ’’sens’’
aux individus socialisés ; mais elle fournit aussi les moyens
de faire être ce sens pour eux-mêmes, et elle fait cela
en restaurant au niveau social une logique instrumentale ou fonctionnelle,
qui existait sans doute, d’une autre manière au niveau
animal mais qui a été cassée chez l’homme
par le développement sans frein de l’imagination. »
C.du L. VI p.124
En clair les institutions et significations imaginaires sociales
chez Castoriadis sont ce qu’il est communément admis
de nommer les valeurs symboliques.
Qu’est-ce qu’une valeur « symbolique » ?
Toute société humaine se donne, se créée,
institue des valeurs, lesquelles ne sont pas strictement nécessaires
à sa survie matérielle, pour cela elles sont dites
« symboliques ».
Exemple : le pain est nécessaire à la survie matérielle
de la société, mais l’hostie non. (Ceci dit,
rien en vous empêche de manger un kilo d’hosties et
si elles sont bénies, cent grammes suffiront.)
L’hostie est bien investie d’une valeur symbolique,
transcendante, celle que lui confère la religion, la plus
universelle des institutions imaginaires sociales.
De là découle qu’une valeur est tout simplement
une chose à laquelle « on croit » dur comme fer
; à la fois faite pour être crue et symétriquement
« valeur » parce que crue. Cette redondance est précisément
le fait de l’INSTITUTION.
Les significations imaginaires sociales ou valeurs symboliques
font sens pour chaque société et chaque individu au
sein de cette société, et elles sont éminemment
opératoires : on peut aller à la guerre pour «
Dieu », pour la « patrie », pour la « nation
», valeurs symboliques totalement abstraites, mais d’une
formidable puissance.
On peut aussi dépenser sa vie à la gagner pour obéir
à la mode, aller vite, avoir le confort, consommer du loisir,
communiquer instantanément au monde entier, etc. Mais que
sont mode, vitesse, confort, loisirs, communiquer ? sinon et avant
tout des valeurs symboliques qui avec l’avènement de
la société de consommation cachent dans leurs bagages
bon nombre de « marchandises »... CC nommait cela des
« imperçus immanents » CduL IV p.116 : «
Personne n’a jamais vu une marchandise : on voit une voiture,
un kilo de bananes, un mètre de tissu. C’est la signification
imaginaire sociale marchandise qui fait fonctionner ces objets comme
ils fonctionnent dans une société marchande »
De la même façon, personne n’a jamais vu Dieu,
mais c’est la signification imaginaire Dieu qui fait fonctionner
l’hostie comme elle fonctionne dans une société
religieuse.
Mais il y a plus grave que mourir à vingt ans au volant
de sa bagnole pour aller vite, ou mourir d’anorexie pour être
mince et passer à Star Académie, on peut aussi être
torturé par l’Inquisition, avec la bénédiction
du pape, pour avoir blasphémé ou être fusillé
en toute légalité pour avoir déserté.
Ce qui nous conduit aux ultimes développements du phénomène
« institution » qui seront LA LOI d’une part et
d’autre part LE POUVOIR.
IV La loi
1) L’institution s’autolégitime dans la Loi,
dans le Droit
C.du L. VI p.67
« Toute société institue à la fois son
institution et la ’’légitimation’’
de celle-ci »
Martine Rémond-Gouilloud, in « L’homme, la nature
et le droit ». Bourgois, 1988, p.203
« Instituer, c’est faire advenir à l’univers
juridique ».
La loi est une institution majeure destinée essentiellement
à légitimer l’institution globale de la société,
procès parfaitement tautologique et circulaire qu’illustre
cet axiome fondamental du droit, cette Loi première de toute
les Lois : « nul n’est censé ignorer la Loi ».
En nous instituant comme société, nous nous donnons
des lois, et la première d’entre elle sera «
nul n’est censé ignorer la Loi »,
ainsi la première loi est de dire que la loi est première.
Elle est fondatrice de ce « nous ». En effet ignorer
la loi c’est ne plus faire partie des nôtres, c’est
ne plus faire partie de la société, c’est s’en
exclure d’office, c’est aussi ne plus accepter le contrat
social (Jean-Jacques Rousseau), le vivre-ensemble (Hannah Arendt),
c’est encore ne plus parler le même langage.
2) Mais, d’où vient la LOI ? Hétéronomos
- Autonomos.
Ici CC distingue deux formes de LOIS (le nomos) : celle qui vient
d’ailleurs et celle que se donne les hommes assemblés,
c’est le couple « hétéronomos/autonomos
».
a) L’Hétéronomos : la Loi vient d’ailleurs,
elle est inquestionnable. Le sens est pré-donné.
Pour imposer sa loi, l’institution use selon CC de trois moyens,
le premier est de fabriquer psychiquement le sujet de telle sorte
qu’il ne puisse questionner.
« J’ai défini l’hétéronomie
comme le fait de penser et d’agir comme l’institution
et le milieu l’imposent (ouvertement ou de façon souterraine).
» CduL VI, p.109 « Car dans une société
pré-démocratique, pré-philosophique, la possibilité
de mettre en cause et en question l’institution n’existe
tout simplement pas » (...) « Personne ne peut affirmer
des idées, un vouloir, un désir s’opposant à
l’ordre institué, et cela non pas parce qu’il
subirait des sanctions, mais parce qu’il est, anthropologiquement,
fabriqué de telle sorte, il a intériorisé à
tel point l’institution de la société qu’il
ne dispose pas des moyens psychiques et mentaux pour mettre en cause
cette institution. » CduL VI, p.118. Mais, il faut préciser
que, pour une large part, il ne peut en être autrement : «
Les bipèdes nouveaux-nés ne deviennent des individus
sociaux qu’en intériorisant les institutions sociales
existantes. » CduL VI, p.133
Secondement, si d’aventure l’homme parvient à
questionner l’institution, celle-ci invoquera alors la nature
extra-sociale de la loi :
« J’appelle société hétéronome
une société où le nomos, la loi, l’institution
est donné par quelqu’un d’autre — heteros
— . (...) Dans l’écrasante majorité des
cas, la création de cette institution est imputée
à une instance extra-sociale, ou en tout cas échappant
au pouvoir et à l’agir des humains vivants. (...) Comment
pouvez-vous dire que la loi donnée par Dieu est injuste,
lorsque justice n’est rien d’autre qu’un des nom
de Dieu ? Mais cette source peut être évidemment autre
que Dieu : elle peut être les dieux, les héros fondateurs,
les ancêtres... » CduL IV p.161
Enfin troisième ruse : la société instituée
dispose de toutes les réponses déjà prêtes
pour toutes les questions. C’est ce que précise CC
en disant que dans les sociétés hétéronomes,
les significations sont closes sur elles-mêmes :
« Aucune question qui pourrait être posée dans
ce système, dans ce magma de signification, n’est privée
de réponse dans ce même magma. La loi des Ancêtres
a réponse à tout, la Torah a réponse à
tout, le Coran [et la Bible] de même. » CduL IV p.162
Ainsi dans la société hétéronome selon
CC, il est pratiquement impossible d’échapper au nomos,
bien que la loi soit en réalité une création
des hommes et une institution imaginaire, cela ne doit pas être
su, ne doit pas être dit afin que la loi ne puisse être
remise en question. L’institution façonne psychiquement
l’homme pour que la loi intangible soit sa seconde nature.
Si le doute l’atteint, l’institution dira que la loi
vient d’ailleurs et qu’elle est sacrée. Si par
extraordinaire, l’homme persistait à questionner, alors
la loi instituée dispose de toutes les réponses déjà
prêtes.
Quel est le but de l’institution ? Essentiellement perdurer
: « Chaque institution de la société vise à
se perpétuer. En général elle réussit
à créer les moyens d’y parvenir (...). »
CduL VI, p.132
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Nous sommes près de la fin de cet exposé et je voudrai
ouvrir une parenthèse pour dire que trois dangers nous guettent
(comme ils guettent toutes les assemblées des hommes)
Premier danger : « ne pas vouloir penser » — deuxième
danger : « ne pas penser, mais s’exprimer » —
troisième danger : « ne pas penser que c’est
aujourd’hui ».
Voyons ces dangers un à un
1 — Ne pas penser, ne pas vouloir penser. Objection courante
: « c’est trop intello, trop compliqué, kes tu
va chercher là, on veut du concret, de l’action, on
veut du fun... »
À cela, un seule réponse adressée à
celui qui ne veux pas vouloir penser : il n’y a pas d’autre
alternative que penser ou être pensé. S’il en
est qui préfèrent que les autres pensent pour eux,
ça les regarde, nous ne pouvons strictement rien y faire.
2 — Ne pas penser mais « s’exprimer ». C’est
la posture artiste que je vise ici, non pas l’art, l’artiste
présentement est éduqué à s’exprimer.
Or, s’exprimer n’est pas penser, Sartre disait «
penser, c’est penser contre soi », et s’exprimer
c’est parler de soi, c’est exposer son moi, c’est
exprimer son ego.
3 — Ne pas penser que c’est aujourd’hui que cela
se passe. Quand Castoriadis parle d’hétéronomie,
vous pourriez m’objecter que nous sommes là bien loin
des problèmes quotidiens, bien loin du présent, bien
loin de croissance et décroissance.
Vous vous tromperiez grandement à penser ainsi, prêtez
attention aux discours de nos élites, de nos élus,
de l’idéologie publicitaire et communicationnelle :
nous en sommes bel et bien revenus à une société
hétéronomique (si tant est que nous ne l’avions
jamais quittée !).
C’est la croissance qui va nous sortir du chômage !
C’est la consommation qui relancera l’économie
!
C’est l’économie mondialisée qui vaincra
la misère dans le monde !
C’est la technique qui va résoudre le problème
du dérèglement climatique !
C’est le progrès qui va nous inventer une énergie
éternelle et gratuite !
C’est le développement durable qui va résoudre
les problèmes environnementaux !
Croissance « illimitée », consommation «
salutaire », économie « mondialisée »,
technique « infaillible », progrès « éternel
», développement « durable », tout cela
est INQUESTIONNABLE. Toutes ces valeurs symboliques, ces significations
imaginaires sont des instances extra-sociales, échappant
au pouvoir et à l’agir des humains vivants. Elles viennent
d’ailleurs, c’est la faute du Marché, de la Concurrence
Mondiale, de l’Europe, de Wall street, des Chinois, des Japonais,
des Indiens, des Américains... Et pour mieux nier qu’elles
pourraient être mises en question, ces mêmes valeurs
symboliques ont réponse à tout. Tout en étant
inquestionnables, développement, consommation, progrès,
technique, économie, croissance ont réponse à
tout (c’est-à-dire aux seules questions qu’il
est pensable et permis de poser). Exemple, manifestation pour demander
une augmentation, réponse du patronat : on voudrait bien
mais il faudrait d’abord relancer la croissance par la consommation.
CQFD. C’est bien là un système totalement hétéronomique.
b) L’Autonomos : l’assemblée des hommes se donnant
à eux-mêmes leurs propres lois.
« Or dans cette masse historique immense des sociétés
hétéronomes, une rupture survient dans deux cas (...)
la Grèce ancienne [VII°/ V°s.] et l’Europe
occidentale (XI/XII°s.) Dans les deux cas on trouve le début
de la reconnaissance du fait que la source de la loi est la société
elle-même, que nous faisons nos propres lois, d’où
résulte l’ouverture de la possibilité de mettre
en cause et en question l’institution existante de la société
qui n’est plus sacrée, en tout cas pas sacrée
de la même manière qu’auparavant. (...) Cette
rupture de la clôture de la signification instaure du même
coup la démocratie et la philosophie. » CduL IV p.161
« Autonomie : autos nomos (se donner) soi-même ses
lois ». Castoriadis ajoutait : « sachant qu’on
le fait. »
L’Autonomie, c’est le « surgissement d’un
type d’être qui se donne à soi-même, réflexivement
ses lois d’être. » CduL III p.131.
L’Autonomie c’est la : « Création de l’idée
de retour réflexif sur soi, de critique et d’autocritique,
d’interrogation qui ne connaît ni n’accepte aucune
limite. Création donc, en même temps de la démocratie
et de la philosophie. Car, de même qu’un philosophe
n’accepte aucune limite extérieure à sa pensée,
de même la démocratie ne reconnaît pas de limites
externes à son pouvoir instituant, ses seules limites résultent
de son autolimitation. » CduL IV p.100
C’est l’autonomos, la naissance de la démocratie
de la philosophie et aussi celle de la politique. Pour Castoriadis
c’est le sens profond de toute « Révolution ».
« La politique est projet d’autonomie : activité
collective réfléchie et lucide visant l’institution
globale de la société comme telle. Pour le dire en
d’autres termes, elle concerne tout ce qui, dans la société,
est participable et partageable » CduL III p.135
« Qu’est-ce que cela veut dire ? Que dans ces sociétés
[Grèce ancienne et Europe du XI°s.] émerge une
nouvelle forme de l’existant, de l’être social-historique,
et même de l’être tout court : ces sociétés
mettent elles-mêmes en question leur institution, c’est-à-dire
la loi de leur existence. C’est la première fois que
nous voyons un être quelconque mettre en question explicitement,
et changer par une action explicite la loi de son existence. (...)
Ici le changement des lois se fait consciemment, les questions sont
ouvertement posées : est-ce que nos lois sont justes ? est-ce
que nos dieux sont vrais ? est-ce que notre représentation
du monde est vraie ? » [et pour le présent, nous pouvons
nous interroger avec Castoriadis sur l’ensemble de notre système
de valeurs :] « Est-ce que notre système de créer
de l’information à partir de ce que nous ’’recevons’’
(...) nous donne la vérité ? Est-ce qu’il est
efficace ? est-ce qu’il correspond à ce qui est ? »
Une Sté à la dérive, p.79
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Conclusion
« Je ne pense pas que les hommes se mobiliseront jamais pour
transformer la société, surtout dans les conditions
du capitalisme moderne, et pour établir une société
autonome uniquement dans le but d’avoir une société
autonome. Il voudront vraiment et effectivement l’autonomie
lorsqu’elle leur apparaîtra comme le porteur, la condition
(...) indispensable de quelque chose de substantif qu’ils
veulent vraiment réaliser, qui aura pour eux de la valeur
et qu’ils n’arrivent pas à faire dans le monde
actuel. Mais cela veut dire qu’il faudra que de nouvelles
valeurs émergent dans la vie social-historique. » Une
Sté à la dérive, p.86
C’est bien ce pourquoi nous sommes réunis ici ce soir
: tenter de faire émerger, d’instituer, de nouvelles
valeurs en contradiction et opposition totale avec celles que l’institution
véhicule de toute la puissance de ses moyens, de tout son
formidable pouvoir. Et ceci passe par une forme certaine d’autonomos.
Vu de l’intérieur, (j’entends au sein de l’assemblée
des hommes que nous formons ici), sommes-nous certains que mettre
au point des recettes pour décroître et les échanger
entre nous suffira ? Certes, si c’est déjà «
un bon début », devons-nous nous limiter à cela
?
Vis-à-vis de l’extérieur (c’est-à-dire
: à l’extérieur de l’assemblée
des hommes que nous formons ici), sommes-nous certains que de solliciter
perpétuellement les réponses de l’institution
économico-médiatico-politique suffira, alors que nous
les savons déjà toutes faites ? Ne devons-nous pas
plutôt envisager de nouvelles stratégies radicalement
différentes ? Simples questions...
Nous possédons avec Castoriadis de bonnes bases de travail.
Nous pouvons en rester là dans le cadre de cet exposé,
et nous contenter de cela. Nous pouvons aussi aller plus loin un
autre jour et aborder la problématique du pouvoir, sa vie,
son œuvre (car toute institution est pouvoir...). Ce qui m’intéresserait
personnellement serait de tenter de « nous donner à
nous-mêmes nos propres lois », « sachant que nous
le faisons » tout en mesurant l’immensité que
représente cette tâche.
C’était pour Castoriadis et cela reste, à mon
avis, un projet véritablement Révolutionnaire.
IV Le pouvoir
1) L’institution est l’essence du pouvoir, est pouvoir
CC
Pierre Legendre et Louis Marin
2) oikos, agora, ekklesia
Espaces privés (oikos), espaces privé-publics (agora),
espace public (ekklesia)
les lieux du pouvoir
[lire] CC. C.du L. VI p.116 à 119
[lire]« La ’’rationnalité’’
du capitalisme » (1997) in C.duL. VI, 65-92 -faire un choix
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« L’imagination est la capacité de poser comme
réel ce qui ne l’est pas » CduL II, p.41
« L’imagination, c’est la capacité de faire
surgir quelque chose qui n’est pas « le réel
» tel que le décrit soit la perception commune (...),
soit la physique. » CduL V, p.95
« La raison (...) est la faculté de s’interroger
sur les principes. » CduL V p.43
« Si la réflexion ne veut pas quelque chose, elle n’est
pas comme réflexion. La quête de vérité
est volonté de vérité. » CduL V, p.48
« La pensée, en un sens, dépend de la volonté,
parce qu’il faut vouloir penser. Penser n’est ni mécanique,
ni passif. » Une sté à la d. p.272
« La disparition de l’imagination va de pair avec l’effondrement
de la volonté. Il faut quand même pouvoir se représenter
quelque chose qui n’est pas, pour pouvoir vouloir. »
CduL II, p.97
« Mais cette volonté est aussi motivée par la
réflexion, et par le désir. (...) Mais il ne suffit
pas de le désirer, il faut le faire, c’est-à-dire
mettre ne avant une volonté (...). » Une sté
à la d. p.274-275
« La volonté, c’est le désir sublimé.
» Une sté à la d. p.275
« La culture est le domaine de l’imaginaire au sens
strict, le domaine poiétique, ce qui dans une société
va au-delà de ce qui est seulement instrumental. »
CduL VI, p.99
« L’histoire est la somme totale des actions des êtres
humains à travers l’espace et le temps. » CduL
VI, p.261
« Il existe une parenté profonde entre l’art
d’un côté, la philosophie et la science de l’autre.
Non seulement ici et là on voit l’imagination créatrice
à l’œuvre, mais aussi bien l’art que la
philosophie et la science essaient de donner une forme au chaos,
au chaos qui sous-tend le cosmos (...) » CduL VI, p.102
« Ce retour du conformisme est un retour général
de l’hétéronomie. J’ai défini l’hétéronomie
comme le fait de penser et d’agir comme l’institution
et le milieu l’imposent (ouvertement ou de façon souterraine).
» CduL VI, p.109
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« La mère, c’est société plus trois
millions d’années de socialisation » CduL V,
p.30
« La fin de l’analyse, c’est la capacité
du sujet, désormais, de s’auto-analyser » CduL
V, p.105
« La finalité de l’analyse, dans le meilleur
des cas, est d’aider le patient à devenir un sujet
autonome, c’est-à-dire une subjectivité réflexive
et délibérante » « Minimalement, on essaye
d’aider le patient à passer de la souffrance névrotique
à un état de malheur humain banal » CduL VI,
p.257
« La psychanalyse a, pour l’essentiel, le même
objet que la politique : l’autonomie des êtres humains.
» CduL VI, p.231
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« Le prix à payer pour la liberté, c’est
la destruction de l’économique comme valeur centrale
et, en fait unique. » CduL V, p.76
« Avec les populations occidentales telles qu’elles
sont actuellement, une grande catastrophe écologique conduirait
plus probablement à nouveau type de fascisme qu’à
autre chose » CduL V, p.76
« Et s’il n’y a pas un réveil du projet
démocratique, l’ « écologie » peut
très bien être intégrée dans une idéologie
néo-fasciste. Face à une catastrophe écologique
mondiale, par exemple, on voit très bien des régimes
autoritaires imposant des restrictions draconiennes à une
population affolée et apathique. » Une sté à
la d. p.246
« Si le reste de l’humanité doit sortir de son
insoutenable misère, et si l’humanité entière
veut survivre sur cette planète (...), il faudra accepter
une gestion de bon père de famille des ressources de la planète,
un contrôle radical de la technologie, et de la production,
une vie frugale. » CduL V, p.77
« La seule attitude à adopter, c’est celle du
diligens pater familias, du père de famille consciencieux
qui se dit : puisque les enjeux sont énormes, et même
si les probabilités sont très incertaines, je procède
avec la plus grande prudence (...). C’est l’acharnement
de Bush [père] et des libéraux qui invoquent précisément
à l’envers l’argument de l’incertitude
(puisque ce n’est pas démontré, continuons comme
avant...) » Une sté à la d. p.242
« L’écologie est essentiellement politique, elle
n’est pas « scientifique ». La science est incapable,
en tant que science de fixer ses propres limites ou ses finalités.
» [Et si un scientifique évoque des limites ou des
finalités, il quitte de facto la science pour la politique].
Une sté à la d. p.241
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À propose de l’aphorisme célèbre «
l’Etat c’est le monopole de la violence légitime
» (de Max Weber) : « Le Maître de la signification
trône au-dessus du maître de la violence légitime
» CduL III, p.123
« La tradition signifie que la question de la tradition ne
sera pas posée » CduL III, p.130
« La sélection des plus aptes est la sélection
des plus aptes à se faire sélectionner » CduL
IV, p.15
« La démocratie est le régime de l’autolimitation,
autrement dit, le régime de l’autonomie ou de l’auto-institution.
» CduL VI, p.119 et 150
« La démocratie est un régime qui s’auto-institue
explicitement de manière permanente » CduL VI, p.151
« Le projet d’autonomie est littéralement aussi
un projet d’autolimitation. » CduL IV, p.137
« Tout ce qui apparaît doit signifier quelque chose.
Il y a pour la société un impérialisme de la
signification qui ne souffre pour ainsi dire pas d’exception.
Ou alors, il faut que le dispositif social décide explicitement
que telle chose n’a aucune signification » Une sté
à la d. p.71 [ce qui en soi possède aussi sa signification]
« L’objet de la politique n’est pas le bonheur,
l’objet de la politique c’est la liberté »
Une sté à la d. p.98
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« L’énorme développement productif et
économique des cent cinquante dernières années
a été conditionné par la destruction (consommation)
irréversible de réserves naturelles ou accumulées
dans la biosphère depuis des centaines de million d’années.
» CduL VI, p.175
« Le capitalisme vit en épuisant les réserves
anthropologiques constituées pendant les millénaires
précédents. De même qu’il vit en épuisant
les réserves naturelles. » Une sté à
la d. p.100-101
« Il ne faut pas oublier que l’énorme succès
du capitalisme s’appuie, entre autres, sur une destruction
irréversible des ressources biologiques que trois milliards
d’années ont accumulés sur terre. » Une
sté à la d. p.194
« La ’’rationalité’’ de l’économie
ne sera(it) jamais que la rationalité d’un système
de moyens, et le jugement sur celle-ci est suspendu à celui
portant sur la rationalité des fins que ces moyens réalisent
» CduL VI, p.173
« Quant à l’identification du savoir et du pouvoir,
il s’agit d’une mystification, propagée par le
pouvoir lui-même (...) » Une sté à la
d. p.143
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« Quand j’éduque quelqu’un, je résous
ce paradoxe : en empiétant sur son autonomie potentielle,
je lui permets de réaliser une autonomie effective »
Une sté à la d. p.104
« Mais où les prend-on donc, ces ’’individus’’
? Est-ce qu’ils poussent dans la nature ? L’individu
est une fabrication sociale » CduL VI, p.122
« L’individu est, en fait, le porteur concret effectif
des institutions de la société et il est, en principe
astreint par construction pour ainsi dire, à les maintenir
et reproduire » CduL VI, p.270
« Comment changer la société, si les acteurs,
comme les instruments du changement sont des individus vivants,
en qui s’incarne précisément ce qui doit être
changé ? » CduL VI, p.136
« Aucune révolution ne se fait sur une table rase,
ni ne peut, le voudrait-elle, produire une table rase. » Une
sté à la d. p.178
David Ames Curtis
Agora International
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11 septembre 2008
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