"Nouveau millénaire, Défis libertaires"
Licence
"GNU / FDL"
attribution
pas de modification
pas d'usage commercial
Copyleft 2001 /2014

Moteur de recherche
interne avec Google
Démocratie et projet d’autonomie :
La pensée politique de Cornelius Castoriadis
Raphael Doridant

Origine : Echanges mails suite à la mise en place d'une liste consacrée à l'oeuvre de Cornélius Castoriadis.


L’abstention croissante lors des scrutins électoraux suscite nombre d’inter-rogations de la part des politologues et des journalistes. Cette dépolitisation, Cornelius Castoriadis l’avait, parmi d’autres, analysée dès les années soixante. Animant à cette époque le groupe Socialisme ou barbarie qu’il avait co-fondé avec Claude Lefort, Castoriadis dirige sa critique non seulement contre le totalitarisme communiste (un régime “ inséparable des camps de concentration, de l’exploitation sociale la plus intense, de la dictature la plus atroce, du crétinisme le plus étendu ” écrit-il dès 1949 – 1 ), mais aussi contre les “ démocraties représentatives ” occidentales, où le pouvoir et les libertés des citoyens se réduisent à la portion congrue. Pourquoi voter, en effet, quand les choix décisifs sont faits par quelques hommes politiques et hauts fonctionnaires, en accord avec les grands patrons ?

Car qui a décidé de doter la France de la bombe atomique ? Qui a décidé de construire des centrales nucléaires pour l’approvisionnement du pays en électricité ? Et aujourd’hui, qui décide du remplacement du parc électronucléaire, de préférence au développement d’énergies renouvelables ou à un programme d’économies d’énergie ? Qui décide de réformer les retraites ou l’assurance-maladie ? Sommes-nous libres de ne pas consommer d’OGM ? Sur aucun de ces sujets (et la liste n’est bien évidemment pas exhaustive !), le “ peuple souverain ” n’a été explicitement consulté. Mais, dira-t-on, les gouvernants que nous avons élus et nos représentants au Parlement ont pris en notre nom ces décisions dont nous supportons les conséquences. C’est précisément cette notion de représentation que Castoriadis remet en cause.

Pour lui, la démocratie ne peut être que directe, à l’image de ce qu’elle fut dans la Grèce antique. Mais ce qu’il nomme le “ germe grec ” n’est pas la seule source de sa réflexion : le mouvement d’émancipation moderne (constitution des villes libres médiévales, Révolutions américaine et française…) et la lutte contre le “ capitalisme bureaucratique ” apportent une dimension nouvelle à l’idée d’autonomie sociale et politique. Car, pour Castoriadis, l’histoire gréco-occidentale est marquée par un projet non encore réalisé, celui d’une société libre et égalitaire, une société autonome. Ce projet, qui englobe et dépasse le projet démocratique, s’adresse potentiellement à l’humanité toute entière.

Le “ germe grec ” et la naissance du projet d’autonomie

La Grèce antique – et en particulier l’Athènes démocratique – ne constitue pas, pour Castoriadis, un modèle à imiter. Elle est un “ germe ”, au double sens de ce terme : elle est le lieu où se crée la démocratie ; elle est aussi un objet de réflexion inépuisable pour qui veut penser ce régime politique et le rendre effectif aujourd’hui.

Ce qui frappe d’emblée lorsqu’on s’intéresse à la démocratie grecque, c’est l’importance des dispositifs encourageant la participation aux affaires publiques tout en permettant un contrôle réel des gouvernés sur les gouvernants : “ […] la désignation des magistrats par tirage au sort ou rotation assure la participation d’un grand nombre de citoyens à des fonctions officielles – ce qui leur permet de les connaître. Que l’ecclèsia [l’assemblée du peuple] décide sur toutes les questions gouvernementales d’importance assure le contrôle du corps politique sur les magistrats élus, au même titre que la possibilité d’une révocation de ces derniers à tout moment […]. Bien entendu, tous les magistrats sont responsables de leur gestion et sont tenus de rendre des comptes […]. ” 2. A Athènes, “ il n'y a pas d'Etat comme appareil ou instance séparée ” 3 au moyen de dispositions institutionnelles qui permettent la liberté de tous les membres du corps politique.

“ Seuls des hommes égaux peuvent être libres et seuls des hommes libres peuvent être égaux ” 4

Car, pour les Grecs, un régime politique qui garantisse la liberté est fondé sur le principe “ de n’être, au mieux, gouverné par personne, ou sinon <de l’être> à tour de rôle. Et cela va dans le sens de la liberté fondée sur l’égalité. ” 5. Castoriadis insiste à son tour sur ce lien intrinsèque entre liberté et égalité, lien méconnu ou contesté par la plupart des auteurs modernes pour qui l'égalité est perçue comme un nivellement et une menace contre la liberté. Au contraire, écrit Castoriadis, “ [?] la liberté [?] implique l'égalité effective - et réciproquement. [?] Comment donc pouvez-vous être libre si les autres ont plus de pouvoir que vous ? [?] Puisqu'il y a nécessairement pouvoir dans la société, ceux qui ne participent pas à ce pouvoir sur un pied d'égalité sont sous la domination de ceux qui y participent et l'exercent, ne sont donc pas libres [?] ” 6

Le projet d’autonomie

La création de la démocratie en Grèce antique fait surgir pour la première fois une communauté autonome, qui se donne à elle-même ses propres lois, qui s’auto-institue explicitement. Loin de toute référence à l’héritage intangible des Ancêtres ou à la révélation divine recueillie sur un quelconque Sinaï (aujourd’hui : aux lois de l’Histoire ou du marché), les Athéniens prennent le risque de s’auto-gouverner, d’agir collectivement sans autre norme de leurs actes que leur propre jugement, leur propre réflexivité. Cette ouverture de l’interrogation politique et philosophique, en droit illimitée, bouscule les croyances et les représentations instituées. Cependant, elle laisse de côté des pans entiers de l’institution sociale. “ La propriété n’est jamais vraiment mise en cause, pas plus que le statut des femmes, pour ne pas parler de l’esclavage. La démocratie ancienne vise à réaliser, et réalise, l’auto-gouvernement effectif de la communauté des adultes mâles libres, en touchant le moins possible aux structures économiques et sociales reçues. Seuls les philosophes (quelques sophistes au Vème siècle, Platon au IVème) iront au-delà. ” 7 Il faut attendre le mouvement d'émancipation moderne pour que se radicalise la critique des formes sociales établies.

Le mouvement d’émancipation moderne

L’essor des villes libres médiévales qui arrachent des chartes de franchises aux seigneurs locaux marque la renaissance du projet d’autonomie en Occident. La Renaissance, le Siècle des Lumières, les Révolutions anglaise, américaine et française, le mouvement ouvrier, le mouvement féministe, les mouvements des années soixante contre la société de consommation… en constituent autant de moments-clés. Tout peut – doit – être mis en question : le caractère religieux de la monarchie, la division de la société en ordres, le droit de propriété, les inégalités de pouvoir et de richesses, l’exploitation capitaliste, la place des femmes dans la société, celle des minorités, des jeunes… Le projet d’autonomie prend un tour résolument universaliste dans l’Occident moderne.

Un projet universaliste limité par l’imaginaire de la représentation politique

Cet élargissement du projet d’autonomie est cependant accompagné de la création d’institutions politiques qui ne permettent plus la liberté de tous les citoyens et se situent par là même bien en deçà des réalisations de la démocratie antique : les Modernes instaurent la représentation politique dans des cités dont la taille ne dépasse pas celle d’Athènes. Or, contrairement au système des magistratures grecques, “ [...] avec le système “ représentatif ”, la collectivité donne un mandat irrévocable pour une longue période à des “ représentants ” qui peuvent agir en produisant des situations irréversibles – de telle sorte qu’ils déterminent eux-mêmes les paramètres et la thématique de leur “ ré-élection ”. ”9 Ces représentants, ces gouvernants, composent une oligarchie (au sens propre : le pouvoir de quelques uns) que les citoyens espèrent être une aristocratie (le pouvoir des meilleurs). En aucun cas il ne s'agit d'une démocratie (le pouvoir du peuple, c'est-à-dire de tous). Imaginer, créer une démocratie véritable à l'échelle d'un grand pays, à l'échelle de l'humanité entière, implique de reprendre à nouveaux frais la réflexion sur les institutions politiques antiques. Pour cela, les acquis du mouvement ouvrier dans sa lutte contre le “ capitalisme bureaucratique ” peuvent constituer une aide précieuse.

La lutte contre le “ capitalisme bureaucratique ”

Après une lente gestation dans les flancs de la société féodale puis monarchique, le capitalisme s’épanouit en Europe à partir de la fin du XVIIIème siècle. Pour Castoriadis, il ne se réduit pas à la propriété privée des moyens de production et d’échange. Il s’agit d’un univers matériel et mental à la fois, caractérisé non seulement par un essor illimité de la production de marchandises, doublé de la recherche frénétique de débouchés, mais encore par un bouleversement permanent et sans fin des techniques de production elles-mêmes (comme l’avait vu Marx). Bouleversement qui n’est lui-même possible qu’à travers une constante “ adaptation ” des êtres humains au monde nouveau qui se crée chaque jour : celui de la “ société bureaucratique ”.

La “ contradiction fondamentale ” du capitalisme

L’efficacité productive du capitalisme est censée reposer sur la rationalisation croissante des tâches, entreprise déjà ancienne (taylorisme, fordisme, toyotisme…). “ La technologie capitaliste, et avec elle toute l’organisation prétendument “ rationnelle ” de la production qui lui correspond, vise à transformer les travailleurs en objets passifs, en purs exécutants de tâches circonscrites, contrôlées, déterminées de l’extérieur – par un Appareil de direction de la production. Mais en même temps, cette production ne peut fonctionner que dans la mesure où cette transformation des travailleurs en objets passifs ne réussit pas. Le système est obligé de faire constamment appel à l’initiative, à l’activité de ceux-là même que par ailleurs il essaie de transformer en robots. […] Le système ne fonctionne que dans la mesure où, partout, les hommes le font fonctionner contre ses propres règles. La contradiction fondamentale du système est qu’il est obligé simultanément d’exclure les travailleurs de toute participation essentielle à la direction de leur activité et de faire constamment appel à une telle participation. ” 10

La société bureaucratique

Cette contradiction fondamentale du capitalisme déborde la sphère de la production au fur et à mesure que la société se bureaucratise. Castoriadis définit la bureaucratisation ainsi : “ une structure sociale dans laquelle la direction des activités collectives est entre les mains d’un appareil impersonnel organisé hiérarchiquement, supposé agir d’après des critères et des méthodes “ rationnelles ”, privilégié économiquement et recruté selon les règles qu’en fait il édicte et applique lui-même. ” 11. Après avoir été dépossédés du sens de leur travail, les individus voient le reste de leur existence de plus en plus dirigé, programmé, organisé de l'extérieur : radio et télévision meublent le temps “ libre ”, les voyages organisés remplacent les vacances, les plats cuisinés préparés par l'industrie agro-alimentaire remplissent les assiettes. “ La fête, [?] création immémoriale de l'humanité, tend à disparaître des sociétés modernes comme phénomène social ; elle n'y apparaît plus que comme spectacle, agglomération matérielle d'individus qui ne communiquent plus positivement entre eux, et ne coexistent que par leurs relations juxtaposées, anonymes et passives, à un pôle qui est seul actif et dont la fonction est de faire exister la fête pour tous les assistants. Le spectacle, performance d'un individu ou d'un groupe devant le public impersonnel et transitoire, devient ainsi le modèle de la socialisation contemporaine, dans laquelle chacun est passif relativement à la communauté et ne perçoit plus autrui comme sujet possible d'échange, de communication et de coopération, mais comme corps inerte limitant ses propres mouvements. ” 12

Des Conseils ouvriers à l’auto-gouvernement de la société

L’extension rapide du capitalisme bureaucratique à la planète entière (la “ mondialisation ”) a pour conséquence une “ privatisation ” croissante des individus (“ la poursuite de petites jouissances dans un monde qui est pour les gens sans aucun projet, sans aucune perspective, sauf leur petit bien-être individuel – ce que j’appelle l’onanisme consommationniste et télévisuel ” 10). Elle suscite pourtant, dans la production, une lutte constante contre l'organisation prescrite du travail et la division dirigeants/exécutants. Lutte sourde, informelle, qui explose parfois : Commune de Paris, Soviets de 1905 et 1917, Espagne en 1936-37, Hongrie en 1956, Mai 68 en France? A chaque fois revient la revendication de la “ gestion ouvrière de la production ” 13 par le biais de conseils composés de délégués élus et révocables à tout moment, responsables devant l'assemblée générale des travailleurs de leur atelier ou de leur usine.

Castoriadis voit dans ces flambées révolutionnaires le signe que la population peut avoir le désir et les capacités de prendre elle-même en charge son destin en créant une société autonome gouvernée par une fédération de conseils. L’autogestion de tous les secteurs sociaux (“ les entreprises, les services publics, les communes, les quartiers des grandes villes, par exemple ” 14 ) se fait selon le principe que tous ceux qui sont soumis à une décision doivent avoir participé à égalité à la prise de cette décision. “ […] [D]ans le domaine fondamental du travail, une transformation consciente de la technologie [est nécessaire] afin que le procès de travail cesse d’être une mutilation de l’homme et devienne terrain d’exercice de la libre créativité des individus et des groupes […] ” 15 . La gestion de la société par les conseils suppose une planification 16 qui rende explicites et conscientes les grandes décisions économiques qui affectent la vie quotidienne des gens (en particulier l'arbitrage entre consommation publique, consommation privée et investissement) et permette d'anticiper les conséquences sur l'appareil de production des décisions des consommateurs. Seule l'égalité des salaires et des revenus pourrait, selon Castoriadis, donner à chacun le même poids économique et permettre de créer un véritable marché, non biaisé par les oligopoles et les monopoles. Actuellement, l'appareil de production sert bien davantage à fournir le superflu aux riches que le nécessaire aux pauvres, car le marché, qui fonctionne à partir de la demande solvable, se détourne de la satisfaction des besoins de ceux qui n'ont pas d'argent (baptisés successivement “ nouveaux pauvres ”, “ SDF ”, “ exclus ”).

Vers une société autonome ?

L’égalité des salaires et des revenus est aussi et surtout un élément indispensable de la véritable mutation anthropologique à laquelle Castoriadis nous invite. Car, pour lui, nous sommes à la croisée des chemins. Et la question, urgente et cruciale, qui se pose à nous est celle de savoir “ [d]ans quelle mesure l’humanité contemporaine peut, et veut, sortir de l’abrutissement consommationniste et médiatique, de la domination de bureaucraties irresponsables et de politiciens en pellicule, de la course effrénée d’une techno-science incontrôlée et incontrôlable qui détruit la Terre. Dans quelle mesure peut-elle et veut-elle reprendre et approfondir le projet d’autonomie individuelle et collective, reprise et approfondissement qui désormais conditionnent non seulement son émancipation, mais, on le voit de plus en plus clairement, sa simple survie sur cette planète ? ” 17

Réactiver le projet d’autonomie implique de lutter contre la signification imaginaire sociale de “ l’expansion illimitée de la (pseudo-)maîtrise (pseudo-)rationnelle ”, la tyrannie de la rationalité instrumentale dont les porteurs concrets sont les bureaucraties politiques et économiques et le scientisme réductionniste. Cela signifie donner un autre sens à la vie que la production et l’accumulation des objets, vivre frugalement afin de permettre au reste de l’humanité de sortir de son “ insoutenable misère ” 18, nous autolimiter individuellement et collectivement (abandonner l'idée cartésienne de nous rendre “ maîtres et possesseurs de la nature ”).

“ Qu’est-ce qu’une société autonome pourrait se proposer comme objectif ? La liberté de tous et la justice [… Et] au delà, […] aider les êtres humains à devenir les plus autonomes et les plus créateurs possibles […]” 19 ,tout en reprenant et en dépassant les “ valeurs de socialité et de communauté qui subsistent - dans la mesure où elles ont subsisté - dans les pays du tiers-monde. ” 20



Notes

1 “ Socialisme ou barbarie ” (1949), in La société bureaucratique, Paris, Christian Bourgois, 1990, p. 111.

2 Cornelius Castoriadis, “ La polis grecque et la création de la démocratie ”, in Domaines de l’homme, Paris, Seuil, 1986, p. 292.

3 “ Imaginaire politique grec et moderne ”, in La montée de l’insignifiance, Paris, Le Seuil, 1996, p. 165.

4 “ Socialisme et société autonome ”, in Le contenu du socialisme, Paris, Union Générale d’Edition, collection 10/18., p. 19.

5 Aristote, Les politiques, VI, 2, 1317-b, traduction Pierre Pellegrin, Paris, Flammarion GF, 1990, p. 418.

6 “ Socialisme et société autonome ”, art. cit., pp. 18-20. Souligné par Castoriadis.

7 “ L’idée de révolution ”, in Le monde morcelé, Paris, Seuil, 1990, p. 156.

8 “ Quelle démocratie ? ”, in Figures du pensable, Paris, Le Seuil, 1999, p. 157.

9 “ S’il est possible de créer une nouvelle forme de société ” (1977), in Une société à la dérive, Paris, Le Seuil, 2005, pp. 138-139.

10 “ Le mouvement révolutionnaire sous le capitalisme moderne ” (1959-61), in Capitalisme moderne et révolution, Paris, Union générale d’édition, collection 10/18, 1979, p. 127.

11 “ Le mouvement révolutionnaire sous le capitalisme moderne ”, art. cit., pp. 168-169 (souligné par Castoriadis).

12 “ Quand l’Est bascule vers l’Ouest ”, in Une société à la dérive, Paris, Seuil, 2005, p. 194.

13 Cf. “ Le contenu du socialisme II ” (1957) et “ La source hongroise ” (1976), in Le contenu du socialisme, op. cit.

14 “ Une “ démocratie ” sans la participation des citoyens ”, in Une société à la dérive, op. cit., p. 204.

15 “ Technique ”, in Les carrefours du labyrinthe, Paris, Seuil, 1978, p. 246.

16 “ Le contenu du socialisme II ”, in Le contenu du socialisme, op. cit., p. 154-176.

17 “ Préface à l’édition de 1990 ”, in La société bureaucratique, op. cit., p. 13-14.

18 Ibid., p. 77.

19 “ Répliques : “ Face à la modernité ”, avec Octavio Paz et Cornelius Castoriadis ”, in Dialogue, éditions de l’Aube, La Tour d’Aigues, 1999, p. 34.

20 “ La relativité du relativisme. Entretien avec le M.A.U.S.S. ”, in La Revue du MAUSS, n°13, 1er semestre 199, Paris, La Découverte, p. 32 (souligné par Castoriadis).