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Freescale dépecée par les requins de la finance

Origine : http://www.collectif-lbo.org/infos/TractCGT_Freescale_20060921.html

Depuis vendredi 15 septembre 2006, la proposition de rachat de Freescale par un consortium de fonds d’investissement est officielle. Ce consortium, emmené par Blackstone Group, comprend aussi Carlyle Group, Permira Funds et Texas Pacific Group. Après une présentation de ces différents prédateurs financiers, capables de tout pour faire de l’argent, nous vous brosserons les méthodes systématiques qu’ils emploient avec les entreprises qu’ils rachètent. Nous décoderons pour vous le dernier message de Michel Mayer et ses mensonges. Enfin, nous vous présenterons la position de la direction locale.

Les requins de la finance : Qui sont-ils ?

Tout d’abord, ces fonds sont totalement opaques : ils ne sont pas côtés en bourse, pour éviter d’avoir à publier leurs comptes et la composition de leur comité d’administration.

Blackstone Group (principale source : http://www.the-catbird-seat.net/BlackstoneGroup.htm)

Créé en 1985 par deux banquiers de Wall Street, ce fonds d’investissement privé est spécialisé dans le rachat par l’endettement (ou LBO : " Leverage Buy Out ", ou rachat par effet de levier) de sociétés ayant des difficultés financières.
Dès ses débuts, ce fonds d’investissement trempe dans l’affaire " Iran gate ", le scandale politique le plus important des années 80 aux Etats-Unis, concernant des ventes d’armes à l’Iran.
Par la suite, dans les années 90, Balckstone fraude le trésor américain durant le renflouement du Mexique. Blackstone ouvre des bureaux dans la ville de Mexico afin de faire de l’argent sur les prêts accordés par des agences nord-américaines aux entreprises. Typiquement, Blackstone rachète une entreprise en faillite pour quelques dollars, la regonfle et la fait paraître rétablie, pour ensuite la revendre, pour un montant de 20 ou 30 millions de dollars, en échange de bons du trésor américains.
Puis c’est à Moscou que Blackstone ouvre des bureaux. Ils utilisent le même procédé qu’au Mexique. L’estimation des fraudes se montent ici à 38 millions de dollars.

Carlyle Group (principale source : http://www.judicialwatch.org/printer_1685.shtml)

Créé en 1987, ce fonds d’investissement est le plus connu par ses agissements aux Etats-Unis. Il est intimement lié aux gouvernements américain et anglais puisque Georges Bush Senior, ex-président des Etats-Unis en est l’un des principaux conseillers et John Major, ex-premier ministre britannique, en est le PDG pour l’Europe.
Carlyle se distingue par son domaine d’activité privilégié : l’armement. Grâce à ses liens politiques, le groupe a transformé la guerre en Irak en business juteux. L’un de ses produits phares est d’ailleurs la mine anti-personnelle. Au-delà de l’armement, c’est dans la reconstruction des pays attaqués que Carlyle intervient. Carlyle fournit donc à la fois les armes de destruction et les moyens de reconstruction. Pratique, non ?

Enfin, Carlyle fait des affaires avec des familles de terroristes. C’est Georges Bush Senior lui-même qui a travaillé pour Carlyle dans le développement d’affaires avec la famille Ben Laden. Depuis les attentats du 11 septembre, la famille aurait renié le terroriste Osama Ben Laden. Mais certains rapports officiels concluraient que les liens entre Osama et sa famille ne seraient pas réellement coupés.

Permira Funds

Parmi les 4 fonds d’investissement, c’est le fond qui n’a pas de passé sulfureux. Cependant, ses stratégies d’achat sont peu lisibles. D’abord spécialisé dans la nourriture congelée, Permira a rapidement été confronté aux lois contre les monopoles, lui interdisant d’autres rachats importants dans les congelés. Le fonds s’est donc dirigé vers l’aviation (achat de " Jet Aviation "). Sa présence dans le consortium pour le rachat de Freescale est assez inattendue.

Texas Pacific Group (source: http://www.01net.com/article/191327.html)

Ce fonds d’investissement est connu en France par l’affaire Gemplus : Ce fleuron français qui a été littéralement pillé par le directeur que ce fonds a imposé : Antonio Perez. " Démissionné " grâce à l’intervention des syndicats, Antonio Perez a essayé de rapatrier des brevets de carte à puce aux Etats-Unis. Les renseignements français et Bercy font capoter cette tentative de vol. Interdit de territoire français, Antonio Perez est actuellement directeur de Kodak mais aussi membre du comité d’administration de Freescale. Une belle référence d’Ethique à la Freescale !

Texas Pacific Group est aussi connu chez Motorola/Freescale pour son rachat de l’ancienne activité " composants passifs " de Motorola, en 2000. Appelée ON Semiconducteur, l’entreprise est maintenant une réussite financière mais une catastrophe sociale : rien qu’en France, plus de 2/3 des emplois ont été supprimés en 5 ans. En licenciant 9 employés tous les mois, ON a évité tout plan social, n’offrant aux salariés que le strict minimum légal comme indemnités de licenciement.

Les méthodes que les fonds appliquent aux entreprises

Ces méthodes sont toujours les mêmes et suivent les étapes suivantes :

• Rachat, à l’aide d’un apport limité, d’entreprises en difficulté et/ou à très fort potentiel de bénéfices. Utilisation de l’effet levier en contractant un prêt bancaire permettant de multiplier l’apport initial par 2 ou 3.

• Appel à des cabinets de consultants pour améliorer les rendements et augmenter au maximum les cadences (et la charge de travail de chaque salarié, au détriment de leur santé). Chez Gate Gourmet (ex-filiale de Swiss Air), racheté par Texas Pacific Group, les salariés ont été délibérément poussés à bout pour provoquer une grève spontanée et pouvoir licencier les grévistes.
(source : http://citron-vert.info/article.php3?id_article=316)

• Destruction des liens entre les travailleurs (moyens : licenciements et emploi d’intérimaires, lutte ouverte contre les syndicats, …)

• Licenciements massifs. C’est systématique et Texas Pacific Group est un champion pour restructurer : 767 salariés chez Gemplus (2002), 2900 personnes chez Seagate (2004), 667 chez Gate Gourmet (2005), 943 chez Grohe (2005), …

• Liquidation, si nécessaire, de tout ou parties des entreprises rachetées : Texas Pacific Group a liquidé l’Annuaire Soleil en 2003 (316 salariés), Carlyle a liquidé Reef en 2002 (285 salariés), Opto Speed en 2003 (120 salariés)

• Revente de l’entreprise rétablie financièrement, avec un important bénéfice par rapport au rachat et aux divers coûts (intérêts du prêt bancaire, coût des restructurations, …)

Ces étapes se déroulent sur une durée moyenne de 5 ans.

Derrière ces méthodes, il n’y a aucune logique ni stratégie industrielle. Il n’y a jamais de vision à long terme. Ces méthodes n’ont qu’un but financier : faire le maximum de bénéfices à court terme.

L’annonce officielle de Michel Mayer : Décodage

Vendredi soir, Michel Mayer a envoyé un courrier à tous les employés Freescale. Il rappelle que nous allons passer d’une entreprise cotée sur le marché public à une entreprise à fonds privés (non cotée).

" Nous sommes persuadés qu’être une entreprise à fonds privés apportera de nombreux avantages à nos actionnaires, nos employés et à nos clients ".
Devenir une entreprise encore plus opaque (elle n’a plus à rendre de comptes à ses actionnaires et à respecter les règles des entreprises cotées en bourse) n’apportera pourtant AUCUN avantage aux employés, pas plus qu’aux clients. Pour les actionnaires, le seul avantage sera la plus-value de la revente des actions, imposée par la cessation de cotation. PREMIER MENSONGE.

" En étant une entreprise privée, nous aurons suffisamment de flexibilité pour gérer nos affaires et pouvoir prendre des décisions rapides ".
Effectivement, l’entreprise n’ayant plus de comptes à rendre aux actionnaires, elle va pouvoir rendre les emplois encore plus flexibles (licenciements, délocalisations, fermetures de sites, …) et prendre des décisions très rapides, sous la pression du consortium de fonds d’investissement, pour rentabiliser au plus vite ce coûteux rachat.

" Nous sommes persuadés que nos nouveaux propriétaires privés nous voient comme une opportunité d’investissement attractif grâce à notre stratégie solide, nos employés talentueux, notre équipe managériale compétente et notre position de leader industriel ".
Effectivement, Freescale est une entreprise reconnue à l’extérieur. Mais en interne, les employés sont loin d’avoir la même reconnaissance, ne serait-ce qu’à travers l’absence d’évolution de leur salaire et de leur carrière. Pour la position de leader, voici un SECOND MENSONGE : Motorola SPS était classé dans les quatre premiers fournisseurs de puces au monde jusqu’en 2001. Aujourd’hui, Freescale Semiconducteurs n’est qu’à la 10ème place du classement mondial. Et Michel Mayer n’a pas amélioré d’une seule place ce classement.

" Q. Quels sont les bénéfices d’être à fonds privés ? Devenir privé va fournir une valeur pour les actionnaires qui vont recevoir de l’argent en échange des actions qu’ils possèdent. Les entreprises privées sont capables d’avoir une vision à plus long terme et ont une plus grande flexibilité pour gérer leurs affaires ".
Michel Mayer oublie que les fonds privés sont des fonds d’investissement, qui par définition, n’ont aucune vision à long terme mais un désir impérieux de rentabilité sur le court terme.

TROISIEME MENSONGE.

" Q. En quoi être une entreprise possédée par des fonds privés est différent d’être une entreprise cotée sur me marché public ? Les entreprises à fonds privés n’ont pas de parts accessibles sur le marché public ".
Venant de Michel Mayer, voilà une réponse extrêmement simpliste. Etre coté sur le marché public impose une certaine transparence (publication des comptes, de la composition du comité d’administration, …) que les entreprises à fonds privés n’ont pas.

Volontairement réducteur, Michel Mayer ment par omission.

QUATRIEME MENSONGE.

La position officielle de la direction locale du site

La direction du site multiplie les réunions d’informations, et tente de rassurer les salariés … qui sont loin d’être dupes des ces gesticulations. La Direction prend les salarié(e)s pour des imbéciles. AUCUN argument valable n’est avancé, si ce n’est sa berceuse " pour enfants de 5 ans " (dixit la direction) " Ne vous inquiétez pas, rien ne va changer pour le site …Ce rachat montre que vos efforts ont porté leurs fruits ".

La direction pousse le mépris jusqu'à prendre les représentants du personnel pour des idiots " Nous ne connaissons pas les intentions des fonds d’investissement qui rachètent Freescale … et " Cette opération est parfaitement éthique " … La direction qui en arrive à se mentir à elle-même … se dit persuadée que les salarié(e)s lui font encore confiance …

La CGT, le 21 septembre 2006