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Odelinda Gutierrez : « En mai 39, j'étais internée à Moisdon... »
Jean-Pascal Hamida
Presse-Océan


Origine : http://www.nantes.maville.com/Odelinda-Gutierrez- En-mai-39-j-etais-internee-a-Moisdon...-/re/actudet/actu_dep-615254------_actu.html


lundi 14 avril 2008

Odelinda Gutierrez a passé le printemps et l'été de ses 8 ans dans le camp des Forges à Moisdon-la-Rivière. Une des centaines de réfugiés espagnols qui y ont transité avant d'être expulsés vers l'Espagne...
Au printemps 1939, Odelinda ne s'appelait pas encore Gutierrez mais Diez Gonsalez, le nom de son père, un soldat de l'armée républicaine espagnole réfugié en France lorsque Franco confisque le pouvoir en Espagne. Elle avait 8 ans lorsque sa mère et ses deux soeurs, sont internées dans les Forges à Moisdon-la-Rivière.

« À notre arrivée à Châteaubriant, nous avons été hébergées dans le sous-sol de la mairie », se souvient Odelinda Gutierrez, aujourd'hui âgée de 77 ans. « Puis nous avons rejoint les femmes, les enfants et les vieillards qui peuplaient déjà le camp de Moisdon ».

Entre mai et novembre 1939, ils seront jusqu'à 900 réfugiés espagnols, parqués dans un site inadapté.

« Pourtant il me reste des bons souvenirs de ce camp... J'étais enfant... peut-être ai-je oublié les autres », sourit Odelinda Gutierrez : « Je me souviens par exemple des femmes catalanes qui dansaient la Sardane... C'est aussi ici que j'ai vu mon père pour la dernière fois ».

Dans l'armée républicaine puis dans l'armée française

En 1936, la famille Diez Gonsalez avait déjà quitté l'Espagne, les Asturies exactement. Une fuite face aux troupes de Franco pour, en passant par la France, rejoindre Barcelone et combattre dans l'armée républicaine.

Lorsque la capitale de Catalogne tombe, la famille se réfugie en France. Le père est interné dans le sud, la mère, Odelinda et ses deux soeurs sont embarquées dans un train, direction Châteaubriant.

« Au fur et à mesure que des réfugiés espagnols arrivaient dans le camp des Forges, d'autres étaient emmenés par la police française pour être reconduits en Espagne. Nous avons échappé à cela car, dès la déclaration de guerre entre la France et l'Allemagne, mon père s'est engagé dans l'armée française », raconte Odelinda Gutierrez. « Il a été fait prisonnier sur la ligne Maginot. Républicain espagnol, il a été déporté et est mort, en 1941, dans le camp de Mauthausen, en Autriche ».

La guerre terminée, Odelinda, ses deux soeurs et sa mère s'installent à Moisdon-la-Rivière puis à Châteaubriant. Plus tard, elle épouse un Espagnol, José dit « Pépé » Gutierrez. Souvent ils viennent, en famille, pêcher sur les rives de l'étang de la Forge.

« Nos premiers congés payés, huit jours à l'époque, nous les avons passés dans une petite maison au-dessus du site des Forges de Moisdon », confie Odelinda Gutierrez, un soupçon de brume dans le regard. Un cil dans l'oeil sans doute.

Jean-Pascal Hamida
Presse-Océan