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Origine : http://www.moisdon-la-riviere.org/articles.php?lng=fr&pg=452
A l’heure actuelle, peu de personnes savent que, durant la Seconde
Guerre mondiale, des camps ont existé à Moisdon-la-Rivière
et à Châteaubriant, les camps de La Forge et de Choisel.
Les camps de La Forge et de Choisel étaient extrêmement
liés : dans un premier temps, le camp de Choisel sert de continuité
au camp de La Forge. Puis le camp de La Forge devient rapidement une
annexe du camp de Choisel... Quant aux rares personnes conscientes
de cette situation, beaucoup pensent que seul le camp de Choisel a
existé, et que seuls des internés politiques y ont vécu.
Très peu savent qu’en réalité les camps
de La Forge et Choisel ont été créés en
novembre 1940, afin d’y interner non pas des résistants,
mais des nomades, c’est-à-dire des Tsiganes, des forains,
des vagabonds ; en bref, toutes personnes se déplaçant
sur le territoire français et ne possédant pas de domicile
fixe. Créé sur ordre des autorités allemandes,
le camp ouvre ses portes le 11 novembre 1940 et les ferme définitivement
le 13 mai 1942. Mais bien que, le 4 octobre 1940, les autorités
allemandes aient ordonné la concentration des nomades circulant
en zone occupée, nous verrons que ces populations ont bel et
bien été internées, c’est-à-dire
privées de toute liberté tels des prisonniers, et soumises
aux tâches les plus ingrates.
En ordonnant la concentration des nomades résidant en zone
occupée, les Allemands poursuivent la politique d’exclusion
pratiquée envers ces populations dans leur propre pays. Cette
politique existe depuis la fin du 19ème siècle, suite
à la mise en place à Munich en 1899 d’un service
de lutte contre le "péril tsigane", fondé
par le commissaire Alfred DILLMAN. Lorsque les nazis arrivent au
pouvoir en 1933, ils utilisent les mesures d’exclusion déjà
existantes pour lancer leur politique de discrimination ethnique
à l’encontre des Tsiganes : mise en place d’une
politique de "lutte contre le fléau tsigane" en
1933 ; exclusion des écoles, de la fonction publique et de
l’armée en 1934 ; concentration dans des camps tel
Dachau dès 1936 ; mise en place de lois relatives à
la protection du sang et à la création de citoyens
de seconde catégorie en 1939 ; déportation vers la
Pologne de mai à octobre 1940 ; … Suite à l’armistice,
en France, les autorités allemandes prennent le "problème
tsigane" en main. Le 4 octobre 1940, elles donnent l’ordre
de concentrer les nomades se trouvant en zone occupée, les
nomades étant ici assimilés aux Tsiganes. Pour les
autorités allemandes, les termes "tsiganes" et
"nomades" désignent un même groupe de population.
Cependant, un Tsigane n’est pas forcément nomade selon
la loi française ; il peut être forain. Et un vagabond,
bien que nomade, n’en est pas pour autant Tsigane... Le 17,
le Feldkommandant de Nantes transmet cet ordre au préfet
de la Loire-Inférieure. Le camp de La Forge est créé
le 7 novembre. Il ouvre ses portes quatre jours plus tard.
L’internement des nomades en France pendant la Seconde Guerre
mondiale reste aujourd’hui un phénomène peu
connu, bien que relativement important. Seuls quelques chercheurs
ont tenté d’étudier de manière "globale"
cette question, tels Denis PESCHANSKI, Jacques SIGOT, Emmanuel FILHOL
et Marie-Christine HUBERT. Il existe aussi quelques travaux se limitant
à l’étude d’un camp, tels ceux de Jacques
SIGOT concernant le camp de Montreuil-Bellay, ceux de Marie-Christine
HUBERT sur le camp de Saint-Maurice-aux-Riches-Hommes, ou ceux de
Pascal VION concernant le camp de Jargeau. De même, une étude
a été menée par François MACÉ
sur les camps de La Forge et de Choisel. Mais son approche reste
globalisante, l’auteur ne s’intéressant pas seulement
aux nomades internés dans le camp. Ainsi, de manière
générale, l’historiographie de ces camps de
nomades reste succincte, l’internement des nomades étant
en partie oublié.
Dans ce contexte, il est intéressant d’étudier
le camp de La Forge (et de Choisel) en s’interrogeant sur
la particularité de ce camp de nomades face aux autres camps
de nomades ayant existé en France durant la même période,
c’est-à-dire de 1940 à 1942.
Date de création : 23/03/2008
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