"Nouveau millénaire, Défis libertaires"
Licence
"GNU / FDL"
attribution
pas de modification
pas d'usage commercial
Copyleft 2001 /2014

Moteur de recherche
interne avec Google
Camp de Moisdon la Rivière
Les Tsiganes

Origine : http://www.moisdon-la-riviere.org/articles.php?lng=fr&pg=428

Le 17 octobre 1940, les autorités allemandes ordonnent au préfet de la Loire-Inférieure de faire interner tous individus nomades (surtout les Tziganes et quelques vagabonds) circulant sur le territoire du département. Moins d'un mois plus tard, le 7 novembre, le préfet promulgue un arrêté "créant" le camp de La Forge à Moisdon-la-Rivière (sur le site des anciennes forges de Moisdon). Il s'agit en réalité du camp précédemment utilisé pour les Espagnols. Le sous-préfet de Châteaubriant est chargé de gérer ce camp par le préfet.

Le camp ouvre ses portes le 11 novembre. Peu d'aménagements ont alors été effectués afin de loger les individus qui commencent à arriver. Surveillés par 21 gardes mobiles, les internés survivent tant bien que mal au rude hiver 1940 - 1941. Ils doivent ainsi faire face à la faim, au froid, aux conditions d'hygiène déplorables du camp (qui est innondé et boueux), aux maladies et épidémies. Une dizaine d'enfants âgés de quelques jours à 3 ans décèdent de janvier à février 1941.

Courant février 1941, le sous-préfet et le chef de camp obtiennent l'autorisation de faire transférer les 345 internés vers le camp de Choisel à Châteaubriant, d'où viennent de partir pour l'Allemagne les prisonniers de guerre français.

Dans ce nouveau camp, les conditions de vie sont bien meilleures, et notamment les conditions d'hygiène. Mais dès avril 1941, deux nouvelles catégories d'internés arrivent au camp de Choisel : les indésirables (souteneurs, vendeurs au marché noir, prostitués, juifs,...) et les politiques (des communistes surtout). Les trois catégories d'internés sont séparées les unes des autres, chaque catégorie possédant son propre îlot et son propre rythme de vie. Alors que les communistes s'instruisent et installent une organisation clandestine à l'intérieur du camp, les nomades sont astreints aux basses besognes : ramassage des déchets, épluchage des légumes,...

Le 19 juin 1941, 4 internés politiques s'évadent du camp. Fin juin, un 5ème interné politique s'échappe. Il s'agit de Julien Raynaud, Léon Mauvais, Fernand Grenier, Eugène Hénaff ; puis de Raymond Semat.

Suite à ces évasions, les aurorités allemandes et françaises décident de renvoyer les internés nomades au camp de la Forge, où les conditions de vie sont pourtant plus difficiles. Ces autorités espèrent ainsi pouvoir surveiller plus sévèrement les internés politiques, qu'ils considèrent comme dangereux (bien plus que les indésirables ou les nomades).

De retour à La Forge, les internés nomades doivent de nouveau subir les horribles conditions de vie existant au camp : le froid et les mauvaises conditions d'hygiène sont de nouveau porteurs d'épidémies et de maladies.

Dans un premier temps, le chef de camp et le sous-préfet n'agissent guère. Quant aux autorités allemandes, elles ne s'intéressent pas non plus aux internés nomades: bien qu'elles ordonnent leur internement en octobre 1940, elles ne s'intéressent guère par la suite à cette catégorie d'internés ; seuls les internés politiques, et plus particulièrement communistes, les intéressent. Entre octobre 1941 et avril - mai 1942, les autorités allemandes et françaises sont ainsi très inquiètes : suite aux exécutions du 22 octobre (les 50 otages) et du 15 décembre 1941, durant lesquelles 36 internés politiques du camp de Choisel trouvent la mort, ces autorités craignent un coup de force de la part des mouvements communistes. Elles s'intéressent donc peu aux problèmes des internés nomades.

En décembre 1941, une assitante sociale vient cependant visiter le camp. Le rapport qu'elle adresse à ses supérieurs est accablant. Dès lors, les autorités françaises tentent de trouver une solution à ces problèmes. Un certain nombre d'internés sont ainsi libérés en ayant pu apporter la preuve de l'existence d'un logement et d'un futur emploi. Cependant, ces libérations ne sont pas suffisantes. En avril 1942, les autorités allemandes ordonnent la fermeture des camps de La Forge et de Choisel. C'est chose faite : du 1er au 13 mai, 838 individus sont transférés de ces deux camps vers d'autres camps français "spécialisés". Les 257 internés nomades n'ayant pas été libérés sont ainsi envoyés au camp pour nomades de Mulsanne (dans la Sarthe) ; ils sont les derniers à quitter le camp de La Forge - Choisel. Le camp de La Forge ne sera pas réouvert. Celui de Choisel servira par la suite à interner les collaborateurs ; il fermera ses portes en 1946.