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Le sport est-il le nouvel opium du peuple et le foot une illustration extrême du néo-libéralisme ?
« La tyrannie sportive. Théorie critique d’un opium du peuple »

Origine : http://lesbrindherbes.org/2013/07/23/le-sport-est-il-le-nouvel-opium-du-peuple-et-le-foot-une-illustration-extreme-du-neo-liberalisme/

Il y a des attaques contre l’idéologie sportive beaucoup plus virulentes et systématiques. Une des plus impressionnantes est celle du sociologue Jean-Marie Brohm dont la thèse fondamentale est que le sport est le nouvel opium du peuple. Ce qui permet de comprendre véritablement selon lui ce qu’est le sport, c’est avant tout sa condition même de possibilité qui n’est autre que le mode de production capitaliste dans sa phase globalisée et consumériste, et non pas le sport en tant que tel.

Il se consacre à réfuter le dogme selon lequel, malgré tout le mal qui gangrène le sport, le bien fini toujours par triompher.

Il s’agit par conséquent de déconstruire les banalités de la dosa culturelle qui font du sport une fête, un plaisir, un effort libérateur ou un gage de santé. L idéologie sportive s’apparente en effet selon Brohm à une foi religieuse spécifique. Il se consacre à réfuter le dogme selon lequel, malgré tout le mal qui gangrène le sport, le bien fini toujours par triompher.

Il repère deux tendances en particulier au sein de la marchandisation du monde par le sport : d’une part le développement du mode de production sportif (le sport en tant qu’entreprise capitaliste spécifique) et d’autre part le devenir-spectacle universel  du sport (qu’il appellera la colonisation de la vie quotidienne) qui a des effets politiques funestes pour l’émancipation de toute communauté. Il dénonce comme imposture toute opinion convenue qui réduit le sport à un exercice physique bénéfique, à un lieu de socialité particulier qui compenserait les violences de la société, voire (pire) à un outil d’émancipation populaire  ou même féministe. En fait le sport est avant tout le portrait craché de la barbarie du capitalisme.

Il faudrait lire tout le chapitre du livre sur la barbarie sportive pour en être plutôt convaincu – mais aussi se laisser porter par l’écriture vive et tranchante de l’auteur: En effet, il n’y a qu’à voir « la haine farouche, l’agressivité obsessionnelle, la généreuse distribution des coups et blessures, la violence inouïe des affrontements sportifs pour comprendre que la compétition est une forme atténuée du meurtre de l’adversaire qu’il s’agit d’éliminer symboliquement (« éliminé au deuxième tour »), d’écarter, d’effacer ou d’abattre physiquement dans la boxe, le rugby et autres sports de légionnaires, de cogneurs et d’équarrisseurs. La barbarie sportive se trouve là et nulle part ailleurs. D’autant que la violence sur les pelouses entre immédiatement en congruence avec la violence sur les gradins dans une sorte d’osmose des orgies belliqueuses ».

L’auteur est plutôt efficace aussi quand il s’agit de démasquer le culte de la performance et de ridiculiser la fameuse compétition avec soi-même et tous ces parcours des combattants contemporains, déconstruisant une après l’autre les expressions de l’idéologie du record, tantôt engouement infantile envers des « exploits »,  tantôt vénération obséquieuse du chiffre et de l’effort à la limite du masochisme. Il montre ce qui s’y cache derrière en réalité des toutes ces logiques de la domination, des « challenges » et des défis, du fétichisme aveugle de la compétition, cette vaste foire d’empoigne identique à en confondre aux dictats barbares de l’idéologie capitaliste.

Le sport, selon Jean-Marie Brohm n’est en rien un innocent ensemble de  pratiques physiques, un anodin système de jeux, un  espace de distinctions  ou une éducation du corps; il n’est rien d’autre qu’une agence intégriste du capitalisme mondialisé, l’un de ses miroirs préférés. Le sport apparaît ainsi sous son vrai visage : un appareil d hégémonie multiforme dont la fonction essentielle est de distiller petit à petit l’idéologie dominante comme le foie secrète la bile.

Le sport est non seulement une politique de diversion sociale, de canalisation émotionnelle des masses, mais plus fondamentalement encore une coercition anthropologique majeure qui renforce et légitime l’idéologie productiviste et le principe de rendement et performance de la société capitaliste. Le sport cacherait en réalité une injonction autoritaire au dépassement de soi et des autres, la mise en œuvre institutionnelle de cette contrainte sans cesse énoncée au surpassement. La tyrannie sportive est en quelques sorte un despotisme sans tyrans, une servitude volontaire qui génère de vastes troupeaux par-delà le monde sans oppression voyante, c’est pourquoi Brohm traite les idéologues du sport comme une « meute ».

Dans son dernier chapitre « En finir avec les passions sportives », il déclare qu’une société dominée par la passion sportive est une société taraudée par le vide, l’ennui, l’aliénation et l’abrutissement populiste. En réalité, « en s’extasiant devant les passions sportives – malgré leurs « regrettables déviations » – les idéologues du sport confortent ainsi, consciemment ou non, une société régie par la chloroformisation industrielle des consciences, une société qui distille en masse pseudo événements, spectacles dérisoires, et faux besoins ».

SOURCE : www.contre-feux.com

Le football, illustration extrême du néolibéralisme

Le transfert d’Edinson Cavani au PSG pour la bagatelle de 64 millions d’euros est le 4ème transfert le plus cher de l’histoire du football. Une nouvelle illustration des dérives du football business dont on voit tous les jours davantage qu’il n’est que le cirque de l’anarchie néolibérale globalisée.

L’argent pour seule règle

Bien sûr, le football peut être un très beau sport et l’on peut encore vibrer devant les exploits de telle ou telle équipe ou de tel ou tel joueur, mais le spectacle qu’il donne depuis trop longtemps est de plus en plus cynique. En effet, que penser des plus grands joueurs, devenus des mercenaires payés jusqu’à un million d’euros par mois (plus de 600 SMICs), prêts à se vendre à n’importe quel milliardaire désireux de les recruter ? Que penser de la compétition devenue totalement inégale avec des clubs qui bénéficient du mécénat plus ou moins intéressé d’un oligarque russe ou d’un émir ?…

Un mauvais exemple pour la jeunesse

Jean-Claude Michéa, dans son dernier livre, porte un jugement dur sur les dérives du football business. Il faut dire que ce beau sport s’est transformé en une célébration de l’argent roi, où les plus riches gagnent, où les joueurs ne sont plus guidés que par leur compte en banque. Pire, la place de l’argent est contestable. Tout d’abord, le critère de rentabilité n’entre pas forcément en compte pour les oligarques ou les émirs qui dépensent des sommes folles. Ensuite, on peut même avoir des doutes sur la propreté de l’argent dépensé, comme le rappelle The Economist dans ce papier.

Quel triste modèle donné à la jeunesse que ce jeu où des joueurs trop souvent mercenaires et mal élevés amassent des fortunes. Quel triste modèle donné à la jeunesse que ce jeu où les plus riches gagnent quelle que soit l’origine de l’argent et sans rapport avec le sens économique ? Quel triste modèle également que ce sport qui refuse de mettre en place un arbitrage vidéo qui permettrait de sanctionner les tricheurs et ainsi d’éviter de leur donner le beau rôle, comme cela est un peu le cas aujourd’hui. Quel triste spectacle que ces clubs de plus en plus déracinés de la région d’où ils viennent.

Comme le soutient Michéa dans son dernier livre, ne faudrait-il pas revenir sur le fameux arrêt Bosman, et ainsi limiter le nombre de joueurs étrangers dans chaque club ? Cela valoriserait les clubs qui sont capables de former les jeunes dans un centre d’apprentissage, la recette du succès d’Auxerre avant le triomphe de l’argent-roi. Et cela créerait un lien entre le club et ses supporters. Il faudrait également envisager des règles permettant d’éviter cette concurrence déloyale des grands clubs, comme cela se fait aux Etats-Unis, soit par des contraintes budgétaires ou de recrutement.

De nos jours, le football donne un triste spectacle qui n’est, après tout, que le reflet du système économique que nos dirigeants ont laissé se construire, où la règle du plus fort est toujours la meilleure. Dans la réforme à venir, il ne faudra pas oublier d’en soigner toutes les dérives, y compris sportives.