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Proces du collectif anti-biometrie - Declaration des inculpe-e-s

(fr) Proces du collectif anti-biometrie - Declaration des inculpe-e-s

Date 24 Janvier 2006

http://www.ainfos.ca/fr/ainfos05682.html

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Photo reprise sur IndyMedia Paris


Procès du collectif anti-biométrie:
Le procès du Janvier a commencé tard, et s'est terminé à 23h30.
La décision du jury sera donné le 17 février.

Déclaration des inculpé-e-s au tribunal d’Evry

Il nous revient, pour notre défense, d’éclaircir en quelques mots les raisons de notre présence dans ce lycée.

Si les outils biométriques ont été introduits dans les écoles, ce ne sont pas au fond, les écoliers qui sont visés par ces contrôles. Car même le proviseur le plus bureaucrate ne pourrait justifier un instant qu’ils sont nécessaires.
Si la biométrie est entrée à l’école, c’est parce que les écoliers d’aujourd’hui seront demain des adultes.

Or l’industrie de pointe, omniprésente dans ce département de l’Essonne, considère avec l’appui actif de tous les décideurs politiques que les citoyens doivent être, dès l’enfance, conditionnés au high-tech, afin qu’ils ne remettent jamais en question les transformations que le déferlement technologique exerce sur leurs modes de vie. L’arsenal publicitaire façonné à leur intention, les mutations successives de l’Ecole, dressent les plus jeunes à accepter ou à désirer la technicisation croissante des activités humaines, que l’on appelle, contre toute sensibilité et contre toute raison, le « progrès. »

La manière dont on impose la biométrie par le conditionnement des plus jeunes, entre autres, est d’inspiration tout aussi totalitaire que le contrôle biométrique lui-même. Ce fleuron de la barbarie électronique signifie littéralement que l’individu se situe à mi-chemin entre le produit étiqueté du supermarché et le détenu tatoué du camp. Nous nous demandons alors quelle part de dignité il reste à celui qui doit transformer une partie de son corps en code-barre pour être identifié. Nous nous demandons à quelle marge d’autonomie morale il peut prétendre une fois que son anatomie est devenue le support direct du fonctionnement social. Jusqu’où ira-t-on pour achever de rendre les comportements prévisibles, et les personnes étrangères à elles-mêmes ?

Tantôt au nom de la menace terroriste, tantôt simplement parce que « c’est plus pratique comme ça », les bureaucraties petites et grandes, étatiques ou marchandes, ne cessent de soumettre les espaces de la vie commune à leurs propres critères : rien ne doit entraver le flux de l’économie ; rien ne doit obscurcir la transparence du contrôle. Le langage et le rapport sensible, trop lents, trop ambigus, sont évacués au profit de la surveillance électronique.

Nous estimons donc que la biométrie est un pas de plus vers la déshumanisation de la société : la gestion des populations s’automatise et devient à elle-même sa propre fin. Conformément aux pires anticipations cybernétiques, il semble de plus en plus admis que l’existence n’est qu’un prétexte à la production et à la circulation de l’information. C’est ce que rend possible la biométrie, en faisant de la vie elle-même la matière première de sa version artificielle et programmable.

Nous avons voulu, le 17 novembre, interrompre symboliquement une expérimentation désastreuse sur des adolescents, dont le déploiement n’est pas en l’état contrôlable par la législation. Nous ne dénonçons pas les dérives de l’outil biométrique, mais la biométrie en tant que telle. Nous considérons qu’accepter les contrôles biométriques signifie livrer la société à une logique de ghetto, c’est pourquoi nous engageons le plus grand nombre à refuser de s’y soumettre.

Les inculpé-e-s.

Evry, le 20 janvier 2006.

[ texte repris de la mailing liste [Ols.info] ]

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