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Origine :
http://www.penelopes.org/xarticle.php3?id_article=6057
La Conférence de Beijing en 1995 a mis en place un Programme
d'action, dont l'application 10 ans après, a été
évaluée par la Commission de la Condition de la Femme
des Nations Unies, lors de sa 49e cession du 28 Février au
11 Mars dernier. Aucun pays n'a rempli la totalité de ses
engagements. Les quelques progrès ne pèsent guère
face aux nouveaux problèmes qui ont surgi, et aux fortes
résistances perdurent, notamment contre la reconnaissance
des droits sexuels.
Des progrès ont été enregistrés depuis
Beijing : beaucoup de lois nationales protégeant les femmes
contre la discrimination, les sévices et la violence ont
été promulguées. Mais il reste encore beaucoup
à faire pour appliquer le programme d'action de Beijing qui
donnait un cadre mondial pour mettre fin à la discrimination
contre les femmes et réduire les disparités dans 12
domaines critiques, en particulier la santé, les droits sexuels
de reproduction, l'accès à l'éducation, l'emploi,
la participation politique et économique et les droits humains,
notamment pour réduire la pauvreté. 134 pays ont communiqué
aux Nations Unies des rapports sur les mesures prises pour promouvoir
l'égalité homme-femme et appliquer les recommandations
du programme d'action. Plus de 80 ministres, les responsables des
principaux organes des Nations Unies et des Institutions Financières
Internationales, plus de 6000 représentant-es de la société
civile ont participé à cette cession.
Quelques progrès enregistrés
1/Allongement de l'espérance de vie des femmes globalement
mais avec des disparités régionales importantes (recul
en Afrique subsaharienne et en Afghanistan).
2/ Baisse du taux de fécondité : par exemple, en
Bolivie le taux est passé de 4,8 enfants par femme à
3,8.
3/ Meilleur accès aux soins de santé maternelle et
infantile avec une baisse du taux de mortalité infantile
et maternelle( ex : Gambie, Mali, Bolivie) mais pas en Afghanistan
ni en Guinée. En 2002, le risque pour une femme enceinte
de mourir en couches était déjà de 1 pour 6
en Afrique subsaharienne. Les femmes handicapées sont stérilisées
souvent contre leur gré.
4/ Meilleur accès des fillettes à l'enseignement
primaire (Mali, Bengladesh, Turquie, Paraguay, Inde). La proportion
de filles scolarisées dépasse celle des garçons
en Afrique du Nord, mais elle a baissé de 20% dans les pays
arabes depuis 15 ans. 19 pays d'Afrique subsaharienne et d'Asie
sont en deçà des objectifs. A ce jour, les femmes
représentent encore la majorité des analphabètes
du monde. En Zambie, 42% des femmes sont analphabètes, en
Ouganda 80% des femmes le sont. Par contre , au Venezuela l'analphabétisme
n'existe pratiquement plus. Seuls 52 pays sur 128 ont atteint la
parité scolaire en 2005 d'après l'UNESCO.
5/ Davantage de femmes sont devenues autonomes financièrement
et ont pu accéder à un emploi (ex : l'Irlande , la
Chine avec l'entrée massive des femmes sur le marché
du travail). Au Chili plus de 57% des nouveaux emplois créés
en 2004 sont occupés par des femmes qui assument désormais
des fonctions qui étaient réservées aux hommes.
Au Sénégal, la nouvelle constitution de 2001 garantit
aux femmes l'accès à la terre , à la propriété,
à l'emploi. Au Paraguay les femmes ont comblé l'écart
d'accès à l'emploi et sont à part égale
avec les hommes, mais elles travaillent essentiellement dans le
secteur informel. Dans les Emirats Arabes Unis, 60% de la main d'œuvre
sont des femmes, mais pour la plupart ce sont des immigrées
qui ont à souffrir de nombreuses violences malgré
les lois nationales censées protéger les droits des
migrantes. Au Kazakhstan, les femmes sont 60% des employés
du service public.
6/ Beaucoup de réformes politiques et juridiques contre
les violences sexistes ont été adoptées nationalement
durant cette décennie (Kenya, Chili, Espagne, Royaume Uni,
Croatie, Panama, Danemark, Turquie, Paraguay, Japon, Portugal, Venezuela),
notamment contre les mutilations génitales (Ghana, Tanzanie,
Cote d‚ivoire, Niger, Bénin).
7/ Des campagnes de sensibilisation de l'opinion à l'égalité
des sexes ont été menées.
8/ Accès accru des femmes au crédit et à l'héritage
(Kenya, Rwanda, Botswana, Maroc, Bahamas, Liberia). Au Pakistan
et au Kazakhstan, le microcrédit a permis à des milliers
de femmes de sortir de la pauvreté extrême. Au Venezuela
les microcrédits ont généré 450 000
emplois.
9/ Visibilité accrue des questions liées aux femmes.
10/ Protection accrue contre les mariages forcés (ex : la
constitution en Gambie garantit le consentement des époux
pour contracter mariage) et recul global de l'âge du mariage.
Au Maroc, la loi sur la famille fixe l'âge minimum du mariage
des filles à 18 ans comme en Erythrée et en Ethiopie
- et garantit les droits des femmes et des enfants après
le divorce. En Libye, le mariage est basé sur l'égalité
des conjoints et le mari ne peut contracter un second mariage sans
l'accord de la première épouse (sic). Mais au cours
de cette année, des millions de filles seront mariées
alors qu'elles ne sont que des enfants ; 14% des filles sont mariées
avant l'âge de 10 ans dans les zones rurales des pays en développement,
leur première relation sexuelle s'opérant pour 30%
d'entre elles sous la contrainte, d'après le Fonds des Nations
Unies pour la Population.
11/ Mise en œuvre de mesures de conciliation de la vie familiale
et professionnelle (Suisse). En Europe ces politiques de conciliation
ont abouti à la flexibilité et à l'offre majoritaire
d'emplois à temps partiel, ce qui perpétue les stéréotypes
liés au sexe, et la création de crèches a été
minime. Le plus grand défi est d'encourager les hommes à
partager équitablement les tâches ménagères.
Des problèmes en suspens
Toutefois persiste un fossé important entre les politiques,
même accompagnées de lois, et la pratique. De plus
de nouveaux problèmes ont surgi et d'autres n'ont pas été
résolus. 1/ La féminisation de la pauvreté,
les femmes d'Afrique subsaharienne, de Madagascar et d'Asie du Sud
sont les premières touchées. Une montée de
la pauvreté pour les femmes de l'Europe du Sud-Est, d'Asie
Centrale et du Caucase a été enregistrée. Les
femmes sont 70% de la population mondiale vivant avec moins de 1
dollar par jour. Les femmes sont aujourd'hui plus pauvres qu'il
y a 10 ans. En République Démocratique du Congo, la
pauvreté touche 80% de la population dont 70% de femmes.
En Amérique latine les femmes autochtones et d'ascendance
africaine vivent plus souvent que les autres dans la pauvreté.
Si cette tendance continue, l'Afrique subsaharienne sera la seule
région du monde à avoir un taux de pauvreté
plus important en 2015 qu'en 2000. La pauvreté est aussi
une des conséquences du modèle économique compétitif
qui vise uniquement à faire baisser les coûts et à
ignorer la qualité des produits et des ressources humaines
et qui ne respecte plus les normes du travail de l'OIT. «
Les résultats de la dérégulation commerciale
sont injustes et ont des résultats défavorables pour
les petits pays. Il faut dénoncer le fondamentalisme de la
croissance et accroître la part des services publics, sachant
que le nombre moyen de fonctionnaires est de 3,5% dans le monde
», d'après la conseillère à la parité
de l'ONU. L'annulation de la dette et des subventions agricoles
dans les pays du Nord, l'augmentation de l'Aide Publique au Développement,
le transfert des fonds destinés à l'armement vers
le social sont les solutions préconisées par les coalitions
africaines.
2/ L'augmentation de la traite et du trafic des femmes et des enfants.
La traite des êtres humains arrive au 3e rang des activités
criminelles dans le monde générant presque 10 milliards
de dollars par an. 90% des victimes de la traite dans les Balkans
sont des femmes prostituées en Europe de l'Ouest. 120 000
à 175 000 femmes par an de la CEI sont victimes du trafic
des êtres humains. Le Vietnam, les Philippines, le Myanmar,
le Laos et la Thaïlande sont également touchés.
La proportion de victimes potentielles de la traite augmente en
fonction des inégalités,de l'insécurité
alimentaire, de la violence, des conflits, de la discrimination
et des phénomènes migratoires. Malheureusement certains
pays continuent de traiter les victimes des trafics comme des criminels
plutôt que de les aider. D'après la rapporteuse spéciale
sur la traite des personnes : « Il est impératif de
lier le trafic et la prostitution et de reconnaître la prostitution
comme étant elle-même une forme de trafic tel que défini
dans le protocole de Palerme. Même s'il n'y a aucune force
extérieure apparente, le consentement de la victime, tel
que défini dans l'article 3 du protocole est inadéquat.
Il ne peut être dit en effet que la prostitution est un acte
volontaire, sans facteurs contraignants telle que la survie. Les
rapports montrent qu'un nombre plus important que jamais de personnes
sont victimes des trafics. »
3/ L'augmentation des viols et des violences faites aux femmes
dans les conflits armés. Les Afghanes sont emblématiques
de ce que les femmes ont à souffrir de la guerre et du despotisme.
Trois ans après la chute des talibans, les indicateurs sociaux
sont de plus en plus bas. Les Afghanes ont une espérance
de vie de 44 ans (inférieure de 1 an à celle des hommes),
le taux de mortalité maternelle est de 16 pour 1000 naissances,
leur taux de fécondité est de 6,8 et plus d'1 million
de petites Afghanes ne vont toujours pas à l'école.
En Irak, l'accès au soin des femmes se détériore
et elles sont moins alphabétisées aujourd'hui que
les hommes. Au Darfour, au Congo les viols continuent, comme arme
de guerre. En Angola, il y a eu une augmentation des violences :
enlèvements, mariages forcés et précoces, viols,
violences domestiques dues en partie au conflit.
4/ La perpétuation de la violence envers les femmes. 1 femme
sur 4 dans le monde est victime de violence domestique au moins
une fois dans sa vie. Il est de la responsabilité des Etats
de protéger leurs citoyennes. Cela ne doit pas se limiter
à la sphère privée mais être du domaine
public. Les mutilations génitales ne cessent pas : 130 millions
de femmes excisées dans le monde, même sous la menace
de nouvelles lois les interdisant. Au Timor-Leste, la violence contre
les femmes est ancrée dans les pratiques et croyances traditionnelles.
Les meurtres de femmes restent impunis. Dans le Nord du Mexique,
des centaines de femmes disparaissent depuis 12 ans en toute impunité.
Plus de 350 corps violés, assassinés ont été
retrouvés, mais pas un seul coupable ! Il n'y a que 2 ans
que le gouvernement mexicain a nommé un procureur spécial
chargé de l'enquête et l'ONU a envoyé une rapporteuse
spéciale de la commission des droits humains chargée
de la violence contre les femmes, du 20 au 26 Février dernier
pour « recueillir des informations sur ce féminicide
».
5/ La féminisation de la migration et le cumul des discriminations
subi par les migrantes ; ce sont elles qui sont les plus vulnérables
au trafic des êtres humains. Dans le monde développé,
il y a 56 millions de femmes migrantes contre 54 millions d'hommes
migrants. Les effets négatifs des politiques macroéconomiques
réduisent les chances de renforcement des capacités
des femmes. L'instabilité de l'emploi des femmes en raison
des schémas de production, d'une pression constante pour
baisser les salaires, de l'augmentation du travail informel et des
contrats temporaires, ainsi que de l'augmentation du travail non
rémunéré a amené la migration «
professionnelle » des femmes qui voyagent de plus en plus
seules. Ces migrations peuvent être interne à un même
pays, non seulement des zones rurales vers les zones urbaines, mais
aussi de régions rurales à régions rurales.
Dans les Pays du Golfe, les migrantes subissent de nombreuses violations
de leurs droits. En Malaisie, il leur est interdit de se syndiquer.
6/ La propagation terrifiante du Sida parmi les femmes. Aujourd'hui
les femmes et les fillettes sont les principales victimes du SIDA
dans la plupart des pays. Madame Louise Arbour, haute commissaire
aux droits humains de l'ONU regrette que « malgré les
engagements politiques pris à Beijing, et l'élaboration
de normes internationales, les droits des femmes ne sont toujours
pas garantis ». Elles ont toujours des difficultés
à accéder à la justice, à être
informées de leurs droits et à lever l'impunité
des violations des droits des femmes. La réalité d'une
très large violation des droits fondamentaux des femmes,
montre que l »application des normes et la mise en œuvre
d'engagements au niveau national sont faibles. Parmi ces violations
les plus flagrantes sont l'augmentation dans le monde des séropositives
comme en Russie (passé de 24% en 2001 à 38% en 2003)
ou en Afrique subsaharienne où 76% des personnes de 15 à
24 ans infectées sont des femmes. Là où le
viol et la violence sexuelle sont largement répandus, l'abstinence
ne peut remplacer le préservatif et les traitements.
7/ Les femmes n'ont toujours pas accès à la propriété
et au droit à l'héritage dans beaucoup de pays (Burundi).
8/ L'absence de représentation des femmes dans les processus
de paix. La ministre de l'éducation, de la culture et des
sports israélienne a appelé son homologue palestinienne
de la condition de la femme à la rejoindre dans la recherche
d'une voie de coopération.
9/ L'absence de prise en compte et de représentation des
femmes dans le traitement des catastrophes naturelles.
10/ Absence de données ventilées, de critères,
d'études et recherches sexospécifiques et statistiques.
Les femmes restent encore invisibles. 121 pays n'ont pas pu fournir
les statistiques sexospécifiques demandées par l'ONU.
Les pays arabes se distinguent par l'absence de données spécifiques
par sexe.
11/ Trop peu de pays disposent aujourd'hui de gouvernement paritaire
(sauf l'Espagne, l'Islande, la Suède, l'Autriche, le Danemark)
et la parité en politique n'est nullement respectée
(et quand il y a des quotas ils sont de 30% comme au Rwanda , en
Ouzbékistan, au Honduras, Botswana, Tanzanie, Italie, Erythrée).
Dans le monde, 15,7% des parlementaires et 16% des ministres sont
des femmes. Seulement 15 pays ont la parité parlementaire
dont l'Afrique du Sud. A Chypre, l'idée que seuls les hommes
peuvent être élus est très répandue avec
seulement 16% de femmes au parlement. Au Kirghizistan, les femmes
sont sous représentées lors des élections législatives.
En Syrie, 12% des parlementaires sont des femmes, au Kazakhstan
et au Guatemala 9%. Dans les pays arabes, l'absence de participation
des femmes à la vie publique est préoccupante.
12/ La question des droits sexuels et reproductifs des femmes (avortement,
contraception, libre choix) est de plus en plus controversée.
Il existe 200 millions de femmes dans le monde dont les besoins
en la matière ne sont pas pourvus, par ailleurs les avortements
illégaux sont la cause des 13% de décès liès
à la grossesse. Nous avons constaté que les taux de
décès liés à l'avortement sont plus
élevés dans les pays où l'avortement est illégal.
Chaque minute, une femme meurt en raison de complications liées
à la grossesse. La Belgique, la Suède, la Norvège
ont appelé à intégrer dans l'Ordre du jour
du Sommet du Millénaire une référence explicite
aux droits sexuels et reproductifs. La représentante des
Etats-Unis, soutenue par le Saint-Siège et Malte, a répété
à chaque séance que « le Programme d'action
de Beijing ne visait nullement à créer de nouveaux
droits, ni de nouvelles obligations juridiques contraignantes pour
les Etats y compris le droit à l'avortement. L'avortement
ne doit pas être considéré comme une méthode
de planification familiale. L'abstinence, la fidélité
et le préservatif doivent être privilégiés
pour la lutte contre le SIDA. Les politiques en matière d'avortement
relèvent de la souveraineté nationale. »
13/ L'inégalité des salaires et des revenus subsiste
partout. 80% de l'activité féminine n'est pas rémunéré
en Amérique latine et Caraïbes. Au Nord, même
si le taux d'emploi des femmes augmente chaque année, ces
emplois sont à temps partiel (France, Allemagne) et dans
le Sud ils sont dans le secteur informel (Guatemala, Inde, Afrique).
Au Mexique, les femmes gagnent entre 45% et 70% des salaires des
hommes. Le chômage touche globalement plus les femmes que
les hommes.
14/ Quasi absence des femmes dans les postes de pouvoir décisionnels
dans les entreprises publiques et privées. A partir du mois
de Juin, 560 entreprises publiques norvégiennes disposeront
d'un délai de 2 ans pour avoir au moins 40% de femmes dans
leurs Conseil d'administration. Au Portugal, les femmes n'occupent
que 6% des postes de direction dans les 50 plus grandes entreprises
publiques.
15/ Les changements climatiques et la perte de la biodiversité
ont et auront de graves effets sur la vie des femmes.
16/ L'accès à l'eau, au bois, aux ressources naturelles
et aux services publics des femmes se réduisent. Aujourd'hui
les femmes n'ont accès qu'à 5% des concessions garanties
à travers le monde sur l'utilisation et la gestion des ressources
naturelles.
Bonnes résolutions... Et après ?
« Aucun pays n'a réussi à répondre complètement
à tous les domaines critiques du Programme d'action, à
ce jour », d'après la conseillère spéciale
du Secrétaire Général de l'ONU pour la parité
et la promotion de la femme. La discrimination fondée sur
le sexe commence à la naissance et se perpétue tout
au long de la vie. Et parmi les femmes, les plus discriminées
sont les autochtones, les intouchables, les lesbiennes, les migrantes,
les handicapées, les femmes âgées, les rurales
et les membres des minorités. Les progrès sont trop
lents. « On ne peut parler de progrès significatif
de l'émancipation des femmes », d'après la représentante
de l'Union InterParlementaire. Mais des changements importants ont
eu lieu, les politiques en faveur des femmes qui autrefois relevaient
de la politique sociale, sont aujourd'hui des questions de droits
humains.
Mais de graves problèmes de mentalité subsistent.
La prévalence de comportements sociaux et culturels profondément
enracinés continue d'empêcher les femmes à avoir
accès à la justice, à l'éducation et
aux soins de santé, ce qui contribue à perpétuer
toutes les formes de violence dans la famille et la société.
L'existence de discours théologiques sur le pouvoir des hommes
dans le cadre des institutions religieuses est préoccupant.
Ces discours font que les femmes elles-mêmes se sentent inférieures
aux hommes et il est difficile de leur faire prendre conscience
de leur statut. Les adolescentes particulièrement doivent
être protégées de ces cultures discriminatoires.
En Afrique, la cohabitation entre droits religieux, coutumier et
civil génère de nombreux abus. Dans les pays arabes,
la situation de guerre a freiné les progrès. Sans
la paix, il n'y aura pas de parité. Les femmes y sont encore
victimes de pauvreté de chômage et d'analphabétisme.
L'élimination des stéréotypes dans les médias
est une autre des luttes à mener, pour parvenir à
l'égalité.
La lutte pour les droits des femmes a été essentiellement
menée par des groupes de femmes et des Ong visionnaires.
Elles sont la force motrice du changement. Le mouvement international
des droits des femmes a grandi et a contribué à renforcer
les droits humains tels que le respect de la diversité et
de l'indivisibilité des droits. La réalité
d'une très large violation des droits des femmes montre que
l'application des droits et leur mise en œuvre au niveau national
restent très faibles. L'impact de la mondialisation libérale
sur les droits des femmes a des influences sur l'application nationale
de ces droits. Les ONGs ont insisté pour que la communauté
internationale œuvre pour une croissance à visage humain.
Pour réussir à mettre en œuvre le Programme
d'action, nous devons reconnaître que les relations de force
entre les sexes trouvent leurs racines dans des systèmes
patriarcaux qui ne font que perpétrer des valeurs non démocratiques.
Pas de démocratie et d'élimination de la pauvreté
et du sous-développement sans égalité des sexes.
De même pour mettre un terme à la discrimination, il
faut que les hommes et les garçons y participent.
La Commission de la condition de la femme a adopté lors
de cette 49ème cession une déclaration pour demander
à l'ONU, aux Etats, à tous les hommes et les femmes
de renouveler leur engagement à mettre en œuvre le Programme
du plan d'action de Beijing.
Six résolutions ont été adoptées, intitulées
: « Les femmes et les filles face au VIH/Sida », «
Intégration d'une démarche soucieuse d'équité
entre les sexes dans les opérations de secours, de redressement,
de relèvement et de reconstruction après les catastrophes,
en particulier au lendemain de la catastrophe du raz de marée
dans l'Océan Indien », « Situation des Palestiniennes
et l'aide à leur apporter », « Renforcement de
l'Institut international de recherche et de formation pour la promotion
de la femme », « Situation des femmes et des filles
en Afghanistan », « Intégration d'une démarche
soucieuse d'égalité entre les sexes dans les politiques
et programmes nationaux.".
En conclusion de cette réunion mondiale sur les droits des
femmes, nous constatons que les femmes sont non seulement conscientes
de leurs droits mais aussi plus aptes à les exercer. Elles
savent qu'elles doivent lutter contre le patriarcat, le néolibéralisme
et les intégrismes, que leurs avancées sont fragiles.
Nous constatons que les gouvernements ne légifèrent
et n'appliquent les lois que sous la pression de l'opinion publique.
Nous constatons que la mondialisation libérale ignore et
bafoue les droits des femmes.
Le féminisme est une des révolutions les plus profondes
de l'histoire de l'humanité dont tous peuvent bénéficier
; elle prône, la liberté, la justice, la solidarité,
l'égalité, la démocratie et la paix. A cette
révolution pacifique, les hommes se doivent de participer.
La parité passe par une évolution du rôle de
l'homme au sein de la famille.
L'avènement du féminisme est entre les mains des
femmes et des hommes du monde entier, il signera la fin des dominations
et l'élimination de la pauvreté.
Claudine Blasco pour la commission « Femmes, Genre et mondialisation"
ATTAC - 2 Mars 2005
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