"Nouveau millénaire, Défis libertaires"
Licence
"GNU / FDL"
attribution
pas de modification
pas d'usage commercial
Copyleft 2001 /2014

Moteur de recherche
interne avec Google
Bibliographie sur l’économie du Don et du Prestige.
Site décroissance
par Clément Homs

Origine : http://www.decroissance.info/Bibliographie-sur-l-economie-du


- Marcel Mauss, Sociologie et anthropologie et particulièrement la deuxième partie intitulée “Essai sur le don. Forme et raison de l’échange dans les sociétés archaïques”. Un livre fondamental qui ouvre la valorisation de nouvelles formes de l’échange. Le Mouvement Anti-Utilitariste dans les Sciences Sociales fondé en 1981 par Alain Caillé (M.A.U.S.S.) a mené ces vingt dernières années une profonde réflexion autour de la catégorie du don. Serge Latouche véritable anti-pape du M.A.U.S.S. selon le mot d’Alain Caillé a largement pris part à cette audacieuse et salvatrice réflexion.

- De la reconnaissance. Don, identité et estime de soi , Revue du MAUSS semestrielle n° 23, 1er semestre 2004, 512 p. Pendant au moins deux siècles, l’essentiel du conflit dans les sociétés modernes aura porté sur les inégalités économiques. Depuis les deux ou trois dernières décennies, au contraire, il s’organise au premier chef à partir de la question dite de la reconnaissance : qu’il s’agisse du genre, des minorités ethniques, culturelles ou religieuses, de la sexualité, mais aussi des conflits économiques eux-mêmes, tout le monde veut d’abord voir reconnue et respectée son identité, individuelle et/ou collective. Sans cette reconnaissance, qui fournit les bases de la dignité et de l’estime de soi, nous ne saurions vivre. Mais identité, respect et reconnaissance peuvent-ils se produire et se distribuer de la même manière que les biens économiques ? Sont-ils même susceptibles d’être distribués de manière égale ? Ces questions sont, aux États-Unis, en Grande-Bretagne et en Allemagne, au cœur des débats les plus aigus de la philosophie morale et politique contemporaine - et aussi au cœur des luttes sociales bien concrètes pour la reconnaissance, évidemment. Ce numéro, qui accueille certains des principaux protagonistes du débat, y fournit une solide introduction. Mais, au-delà, sont esquissées ici des reformulations inédites qui proposent, dans le sillage de Hegel, d’Arendt et de Marcel Mauss, de lier étroitement l’interrogation sur la reconnaissance à la question du don agonistique. Le don n’est-il pas en effet le moyen par lequel s’opère la reconnaissance de l’autre, à la fois dans son altérité et dans son identité ? Par lequel on mesure sa valeur ? Et, réciproquement, être reconnu, n’est-ce pas être reconnu comme un donateur généreux, que ce soit de son temps, de son énergie, de ses talents ou de son travail ? Et n’est-ce pas également à ce titre qu’on est susceptible d’être estimé et de s’estimer soi—même ? Téléchargez l’introduction de cet ouvrage pour en savoir plus.

- Alain Caillé, Don, intérêt et désintéressement. Bourdieu, Mauss, Platon et quelques autres. « S’il valait, je crois, la peine de rééditer le présent livre, épuisé depuis plusieurs années, c’est parce que les articles qu’il rassemble et notamment les trois textes principaux - la critique de Pierre Bourdieu, la relecture de La République de Platon et la réflexion sur le don, l’intérêt et le désintéressement (et sur Derrida...) - correspondent à des moments charnières dans la réflexion du MAUSS (Mouvement antiutilitariste dans les sciences sociales). Avant l’explicitation d’un “paradigme du don” (ici esquissé), qui aura été le travail principal des dix dernières années de La Revue du MAUSS, il fallait s’expliquer en profondeur sur ce qui fait problème dans l’“axiomatique de l’intérêt” et dans l’utilitarisme ou, à l’inverse, dans l’an-utilitarisme d’un Jacques Derrida. C’est que la recherche d’un don absolument pur et désintéressé est aussi illusoire et démobilisatrice, pour la pensée comme pour l’action, que la réduction de toute action aux calculs intéressés qui sont censés l’inspirer. Ce n’est qu’une fois clairement prémuni des séductions de ces deux frères ennemis qu’il est possible de commencer à avancer pour de bon » (A. Caillé). En tant qu’hommes et femmes modernes nous nous trouvons écartelés entre deux séries de certitudes et d’exigences parfaitement inconciliables. D’une part, notre époque nous pousse impérieusement à croire que rien n’échappe à la loi toute puissante de l’intérêt et qu’il nous faut nous-mêmes nous y plier en devenant des « calculateurs » avisés. D’autre part, nous aspirons tous à nous y soustraire pour accéder enfin à cette pleine générosité, à ce don pur et entier, que la tradition religieuse dont nous sommes issus nous enjoint de rechercher. Mais c’est là une tâche impossible, rétorque la première croyance pour qui rien n’échappe au calcul, si bien qu’il ne saurait exister de générosité et de don que mensongers. Pour Alain Caillé, la question est mal posée. L’examen, à travers deux de ses plus grands représentants (Platon, P. Bourdieu), de ce qu’il appelle « l’axiomatique de l’intérêt » ; celui, à l’inverse, des caractérisations du don par une impossible et inaccessible pureté (J. Derrida), révèle la profonde solidarité qui unit les deux pôles de l’esprit moderne, et incite à chercher, dans le sillage du Marcel Mauss de l’Essai sur le don, une conception du don plus harmonieuse et raisonnable. Rien n’est sans doute en effet plus urgent si nous voulons penser notre temps, scientifiquement et moralement, à égale distance du cynisme et de l’idéalisme. Téléchargez l’introduction de cet ouvrage.

- Karl Polanyi, La Grande transformation . La " Grande Transformation ", c’est ce qui est arrivé au monde à travers la grande crise économique et politique des années 1930-1945 : c’est-à-dire, Polanyi s’emploie à le montrer, la mort du libéralisme économique. Or ce libéralisme, apparu un siècle plus tôt avec la révolution industrielle, était une puissante innovation, un cas unique dont l’explication, contrairement à ce que soutiennent les marxistes, ne vaut que pour cette société même : une société où le marché autorégulateur, jusque-là élément secondaire de la vie économique, s’est rendu indépendant des autres fonctions. L’innovation consistait essentiellement dans un monde de pensée. Pour la première fois, on se représentait une sorte particulière de phénomènes sociaux, les phénomènes économiques, comme séparés el constituant à eux seuls un système distinct auquel tout le reste du social devait être soumis. On avait désocialisé l’économie, et ce que la grande crise des années trente imposa au monde, c’est une re-socialisation de l’économie. On peut lire également « Réenchasser l’économie dans le social... Avec Karl Polanyi ».

- Servet Jean-Michel, Mauroucaut Jérôme et Tiran André (dir.), La modernité de Karl Polanyi , Paris, L’Harmattan, 1998, 420 p.

- Jérôme Mauroucaut, Avez-vous lu Karl Polanyi ?, éd. La Dipute, 2005.

- Sahlins Marshall, Age de pierre, âge d’abondance . Qu’en est-il de l’économie dans les sociétés primitives ? A cette question fondamentale, la réponse classique de l’anthropologie économique est la suivante : l’économie archaïque est une économie de subsistance et de pauvreté, elle parvient au mieux à assurer la survie du groupe incapable de sortir du sous-développement technique. Le sauvage écrasé par son environnement écologique et sans cesse guetté par la famine et l’angoisse, telle est l’image habituellement répandue. Travestissement théorique et idéologique des faits, réplique ici tranquillement un anthropologue et économiste américain de réputation internationale. Passant des chasseurs australiens et Bochimans aux sociétés néolithiques d’agriculteurs primitifs telles qu’on peut encore les observer en Afrique ou en Mélanésie, au Viêt-Nam ou en Amérique du Sud, relisant sans parti pris les textes connus et y ajoutant des données chiffrées, Marshall Sablins affirme, avec autant d’esprit que d’érudition : non seulement l’économie primitive n’est pas une économie de misère, mais elle est la première et jusqu’à présent la seule société d’abondance. Comme le dit Pierre Clastres dans sa présentation : « Si l’homme primitif ne rentabilise pas son activité, c’est non pas par ce qu’il ne sait pas le faire, mais parce qu’il n’en a pas envie. » Tout le dossier de la question est à reprendre. Une affaire à suivre.

- Pierre Clastres, La Société contre l’Etat . L’existence de sociétés sans État est établie depuis les récits des premiers explorateurs du Nouveau Monde. On a cru reconnaître dans ces sociétés une organisation "non" ou "pré"-politique. Dans La Société contre l’État, Pierre Clastres conteste cette assimilation du politique à l’étatique : il montre que le pouvoir politique ne revêt pas nécessairement la forme coercitive de l’État et il se propose d’en redéfinir le champ. Comment naît l’État ? En s’appuyant sur sa connaissance des Indiens d’Amérique, Clastres avance l’hypothèse que la dérive d’une société vers la hiérarchisation étatique suscite une réaction défensive de nature religieuse. Paradoxalement, le pouvoir étatique serait établi par la parole des prophètes qui s’élèvent contre la montée des chefs. Ainsi s’expliquerait l’origine religieuse de la plupart des grands États. Un des grands textes de l’anthropologie politique où l’on apprend, entre autres choses, pourquoi Geronimo, grand chef de guerre, n’a jamais pu devenir le chef d’État qu’il rêvait d’être. (Emilio Balturi)

- Serge Latouche, Nohra Fouad, Zaoual Hassan, Critique de la raison économique .La science économique présuppose qu’en tout lieu et en tout temps l’individu répond au même modèle de comportement rationnel, celui de l’Homo oeconomicus. C’est face à cette croyance scientifique que s’élève l’entreprise critique des auteurs ici réunis, qui proposent une démarche « économique » indisciplinée et signent la fin des mythes rationnels en économie. En tenant compte des multiples dimensions de l’action humaine, les contributions de cette oeuvre collective lancent les bases de l’approche plus ouverte sur les espaces vécus des acteurs de la société.

le lundi 19 septembre 2005