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Origine : http://www.decroissance.info/Bibliographie-sur-l-economie-du
- Marcel Mauss, Sociologie et anthropologie et particulièrement
la deuxième partie intitulée “Essai sur le don.
Forme et raison de l’échange dans les sociétés
archaïques”. Un livre fondamental qui ouvre la valorisation
de nouvelles formes de l’échange. Le Mouvement Anti-Utilitariste
dans les Sciences Sociales fondé en 1981 par Alain Caillé
(M.A.U.S.S.) a mené ces vingt dernières années
une profonde réflexion autour de la catégorie du don.
Serge Latouche véritable anti-pape du M.A.U.S.S. selon le
mot d’Alain Caillé a largement pris part à cette
audacieuse et salvatrice réflexion.
- De la reconnaissance. Don, identité et estime de soi ,
Revue du MAUSS semestrielle n° 23, 1er semestre 2004, 512 p.
Pendant au moins deux siècles, l’essentiel du conflit
dans les sociétés modernes aura porté sur les
inégalités économiques. Depuis les deux ou
trois dernières décennies, au contraire, il s’organise
au premier chef à partir de la question dite de la reconnaissance
: qu’il s’agisse du genre, des minorités ethniques,
culturelles ou religieuses, de la sexualité, mais aussi des
conflits économiques eux-mêmes, tout le monde veut
d’abord voir reconnue et respectée son identité,
individuelle et/ou collective. Sans cette reconnaissance, qui fournit
les bases de la dignité et de l’estime de soi, nous
ne saurions vivre. Mais identité, respect et reconnaissance
peuvent-ils se produire et se distribuer de la même manière
que les biens économiques ? Sont-ils même susceptibles
d’être distribués de manière égale
? Ces questions sont, aux États-Unis, en Grande-Bretagne
et en Allemagne, au cœur des débats les plus aigus de
la philosophie morale et politique contemporaine - et aussi au cœur
des luttes sociales bien concrètes pour la reconnaissance,
évidemment. Ce numéro, qui accueille certains des
principaux protagonistes du débat, y fournit une solide introduction.
Mais, au-delà, sont esquissées ici des reformulations
inédites qui proposent, dans le sillage de Hegel, d’Arendt
et de Marcel Mauss, de lier étroitement l’interrogation
sur la reconnaissance à la question du don agonistique. Le
don n’est-il pas en effet le moyen par lequel s’opère
la reconnaissance de l’autre, à la fois dans son altérité
et dans son identité ? Par lequel on mesure sa valeur ? Et,
réciproquement, être reconnu, n’est-ce pas être
reconnu comme un donateur généreux, que ce soit de
son temps, de son énergie, de ses talents ou de son travail
? Et n’est-ce pas également à ce titre qu’on
est susceptible d’être estimé et de s’estimer
soi—même ? Téléchargez l’introduction
de cet ouvrage pour en savoir plus.
- Alain Caillé, Don, intérêt et désintéressement.
Bourdieu, Mauss, Platon et quelques autres. « S’il valait,
je crois, la peine de rééditer le présent livre,
épuisé depuis plusieurs années, c’est
parce que les articles qu’il rassemble et notamment les trois
textes principaux - la critique de Pierre Bourdieu, la relecture
de La République de Platon et la réflexion sur le
don, l’intérêt et le désintéressement
(et sur Derrida...) - correspondent à des moments charnières
dans la réflexion du MAUSS (Mouvement antiutilitariste dans
les sciences sociales). Avant l’explicitation d’un “paradigme
du don” (ici esquissé), qui aura été
le travail principal des dix dernières années de La
Revue du MAUSS, il fallait s’expliquer en profondeur sur ce
qui fait problème dans l’“axiomatique de l’intérêt”
et dans l’utilitarisme ou, à l’inverse, dans
l’an-utilitarisme d’un Jacques Derrida. C’est
que la recherche d’un don absolument pur et désintéressé
est aussi illusoire et démobilisatrice, pour la pensée
comme pour l’action, que la réduction de toute action
aux calculs intéressés qui sont censés l’inspirer.
Ce n’est qu’une fois clairement prémuni des séductions
de ces deux frères ennemis qu’il est possible de commencer
à avancer pour de bon » (A. Caillé). En tant
qu’hommes et femmes modernes nous nous trouvons écartelés
entre deux séries de certitudes et d’exigences parfaitement
inconciliables. D’une part, notre époque nous pousse
impérieusement à croire que rien n’échappe
à la loi toute puissante de l’intérêt
et qu’il nous faut nous-mêmes nous y plier en devenant
des « calculateurs » avisés. D’autre part,
nous aspirons tous à nous y soustraire pour accéder
enfin à cette pleine générosité, à
ce don pur et entier, que la tradition religieuse dont nous sommes
issus nous enjoint de rechercher. Mais c’est là une
tâche impossible, rétorque la première croyance
pour qui rien n’échappe au calcul, si bien qu’il
ne saurait exister de générosité et de don
que mensongers. Pour Alain Caillé, la question est mal posée.
L’examen, à travers deux de ses plus grands représentants
(Platon, P. Bourdieu), de ce qu’il appelle « l’axiomatique
de l’intérêt » ; celui, à l’inverse,
des caractérisations du don par une impossible et inaccessible
pureté (J. Derrida), révèle la profonde solidarité
qui unit les deux pôles de l’esprit moderne, et incite
à chercher, dans le sillage du Marcel Mauss de l’Essai
sur le don, une conception du don plus harmonieuse et raisonnable.
Rien n’est sans doute en effet plus urgent si nous voulons
penser notre temps, scientifiquement et moralement, à égale
distance du cynisme et de l’idéalisme. Téléchargez
l’introduction de cet ouvrage.
- Karl Polanyi, La Grande transformation . La " Grande Transformation
", c’est ce qui est arrivé au monde à travers
la grande crise économique et politique des années
1930-1945 : c’est-à-dire, Polanyi s’emploie à
le montrer, la mort du libéralisme économique. Or
ce libéralisme, apparu un siècle plus tôt avec
la révolution industrielle, était une puissante innovation,
un cas unique dont l’explication, contrairement à ce
que soutiennent les marxistes, ne vaut que pour cette société
même : une société où le marché
autorégulateur, jusque-là élément secondaire
de la vie économique, s’est rendu indépendant
des autres fonctions. L’innovation consistait essentiellement
dans un monde de pensée. Pour la première fois, on
se représentait une sorte particulière de phénomènes
sociaux, les phénomènes économiques, comme
séparés el constituant à eux seuls un système
distinct auquel tout le reste du social devait être soumis.
On avait désocialisé l’économie, et ce
que la grande crise des années trente imposa au monde, c’est
une re-socialisation de l’économie. On peut lire également
« Réenchasser l’économie dans le social...
Avec Karl Polanyi ».
- Servet Jean-Michel, Mauroucaut Jérôme et Tiran André
(dir.), La modernité de Karl Polanyi , Paris, L’Harmattan,
1998, 420 p.
- Jérôme Mauroucaut, Avez-vous lu Karl Polanyi ?,
éd. La Dipute, 2005.
- Sahlins Marshall, Age de pierre, âge d’abondance
. Qu’en est-il de l’économie dans les sociétés
primitives ? A cette question fondamentale, la réponse classique
de l’anthropologie économique est la suivante : l’économie
archaïque est une économie de subsistance et de pauvreté,
elle parvient au mieux à assurer la survie du groupe incapable
de sortir du sous-développement technique. Le sauvage écrasé
par son environnement écologique et sans cesse guetté
par la famine et l’angoisse, telle est l’image habituellement
répandue. Travestissement théorique et idéologique
des faits, réplique ici tranquillement un anthropologue et
économiste américain de réputation internationale.
Passant des chasseurs australiens et Bochimans aux sociétés
néolithiques d’agriculteurs primitifs telles qu’on
peut encore les observer en Afrique ou en Mélanésie,
au Viêt-Nam ou en Amérique du Sud, relisant sans parti
pris les textes connus et y ajoutant des données chiffrées,
Marshall Sablins affirme, avec autant d’esprit que d’érudition
: non seulement l’économie primitive n’est pas
une économie de misère, mais elle est la première
et jusqu’à présent la seule société
d’abondance. Comme le dit Pierre Clastres dans sa présentation
: « Si l’homme primitif ne rentabilise pas son activité,
c’est non pas par ce qu’il ne sait pas le faire, mais
parce qu’il n’en a pas envie. » Tout le dossier
de la question est à reprendre. Une affaire à suivre.
- Pierre Clastres, La Société contre l’Etat
. L’existence de sociétés sans État est
établie depuis les récits des premiers explorateurs
du Nouveau Monde. On a cru reconnaître dans ces sociétés
une organisation "non" ou "pré"-politique.
Dans La Société contre l’État, Pierre
Clastres conteste cette assimilation du politique à l’étatique
: il montre que le pouvoir politique ne revêt pas nécessairement
la forme coercitive de l’État et il se propose d’en
redéfinir le champ. Comment naît l’État
? En s’appuyant sur sa connaissance des Indiens d’Amérique,
Clastres avance l’hypothèse que la dérive d’une
société vers la hiérarchisation étatique
suscite une réaction défensive de nature religieuse.
Paradoxalement, le pouvoir étatique serait établi
par la parole des prophètes qui s’élèvent
contre la montée des chefs. Ainsi s’expliquerait l’origine
religieuse de la plupart des grands États. Un des grands
textes de l’anthropologie politique où l’on apprend,
entre autres choses, pourquoi Geronimo, grand chef de guerre, n’a
jamais pu devenir le chef d’État qu’il rêvait
d’être. (Emilio Balturi)
- Serge Latouche, Nohra Fouad, Zaoual Hassan, Critique de la raison
économique .La science économique présuppose
qu’en tout lieu et en tout temps l’individu répond
au même modèle de comportement rationnel, celui de
l’Homo oeconomicus. C’est face à cette croyance
scientifique que s’élève l’entreprise
critique des auteurs ici réunis, qui proposent une démarche
« économique » indisciplinée et signent
la fin des mythes rationnels en économie. En tenant compte
des multiples dimensions de l’action humaine, les contributions
de cette oeuvre collective lancent les bases de l’approche
plus ouverte sur les espaces vécus des acteurs de la société.
le lundi 19 septembre 2005
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