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Y a bon Banania ? ou Banania toujours colonial !


D. a recommandé un article grioo.com : http://www.grioo.com/info3897.html
(pour les images qui sont éloquentes et la pétition)

Avec le commentaire suivant:

"à faire passer svp et signez la pétition. Bien sûr, le boycott est la meilleure arme mais achetez-vous ce genre de produit ??
Si oui, demandez-vous pourquoi !"

Pour ceux que ça intéresse, les coordonnées de la société :

Nutrial, 105 rue Jules Guesde 92300 LEVALLOIS PERRET

Téléphone: 01 49 68 01 50
Fax: 01 49 68 01 60


Vous pouvez aussi écrire à la boîte qui a refait le dessin:
packaging @ dragonrouge.com


"Y a bon Banania" vous connaissez? Selon votre âge vous avez peut-être rencontré (ou même pris à votre petit déjeuner) dans votre vie une de ces "fameuses" boîtes jaunes inventées en 1912 par le journaliste Pierre Lardet de retour d'un voyage. Désireux de profiter de la popularité des tirailleurs sénégalais pendant la première guerre mondiale, Pierre Lardet prend pour emblême un sympathique soldat de la "coloniale" plus connu aujourd'hui sous le nom de "Tirailleur Sénégalais".
Ce n'est pas le sujet, mais il est ironique de constater qu'aujourd'hui le français moyen ignore ce que les tirailleurs ont fait pour sa liberté (et ne veut pas payer sa pension au juste prix)... alors que le choix d'un tirailleur était un élément marketing du choix de Pierre Lardet. Quoiqu'il en soit, c'est le tirailleur qui est choisi, ainsi que quelques éléments qui resteront au cours des années: une couleur jaune dont l'exposition ira en augmentant (normal... pour "Banania"), un tirailleur avec sa chéchia rouge et à touffe bleue caractéristique (le bleu et le rouge du drapeau français par patriotisme), et bien sûr un nègre qui sourit. On peut noter que parmi les éléments mis en avant par les premières publicités Banania on peut citer la "vigueur", la "force" et l'"énergie" : probablement des éléments qui ont milité pour le choix d'un nègre comme emblème.

La lèvre s'épaissit, les yeux s'écarquillent

D'ailleurs, d'où vient le slogan "y'a bon"? La légende est cruelle pour nos ancêtres: dans leur grande générosité, les créateurs de la marque auraient embauché un tirailleur blessé au front, à qui ils auraient fait goûter leur fameux breuvage, et l'infortuné se serait écrié "y'a bon" et un slogan était né. Sans commentaire.

Les éléments de leur marketing sont donc en place: une boisson revigorante, symbolisée par un être censé ne pas manquer de vigueur et force, au sourire niais et un slogan représentatif du peu d'intelligence qu'on lui prête.
Pas très flatteur pour nos ancêtres, mais d'un autre côté on est en 1915, en pleine période coloniale, même aux Etats-Unis les noirs ne peuvent pas encore voter: la situation et la représentation des noirs ne peuvent que s'améliorer.

Les années passent, le slogan simplissime reste, et comme le montre cette seconde image, le noir qui sert de support voit ses traits légèrement changés: si la chéchia rouge et bleue demeure, le grand niais a maintenant de grosses lèvres bien rouges, des dents bien blanches, des yeux exorbités de plaisir (probablement sa joie devant le bon bol de Banania!). La seconde guerre mondiale voit une accalmie de nouveaux changements de slogans, inspirés par l'actualité, comme « D.C.A. : Défense contre l'anémie » et « Après l'alerte, le réconfort ». L'accalmie est de courte durée, car le personnage et le slogan niais reviennent après la guerre, sur fond de décolonisation, au point de rendre furieux Léopold Sedar Senghor lui-même qui affirma vouloir "déchirer les rires Banania sur tous les murs de France".

Evolutions de la boite au fil des années

Un enterrement sans tambour ni trompette aux débuts des années 80...

Comme beaucoup d'anachronismes, la marque Banania finit par s'éteindre au début des années 80, ce qui fait que beaucoup d'entre nous ne la connaissent pas.
Jusqu'ici pas de quoi fouetter un grioonaute.
Et pourtant...

... 2003 le phénix renait de ses cendre !

Boite aujourd'hui: la chéchia est toujours là, les lèvres épaisses et le sourire béat devant le bol aussi !
Nous restons incrédules quand un collègue journaliste nous appelle pour nous dire "ils ont ressorti Banania!".
Nous commençons par le Monoprix des Champs Elysées où en différentes tailles Banania est bien disponible.

Fourniture identique aux Galeries Lafayettes et même dans certains Monoprix de banlieue: nous sommes en 2005, mais Banania est revenu, et les ingrédients sont hélas toujours les mêmes :

La chéchia rouge et bleue du tirailleur

Le dessin a été affiné mais les lèvres demeurent énormes

Même s'il est bien plus jeune, le "tirailleur" a toujours les yeux écarquillés devant l'appétissant bol !

1915-2005: la tenue du jeune tirailleur n'a pas changé !

S'agit-il d'une simple coïncidence? Une observation de l'arrière de la boîte montre que le jeune homme a la même tenue que son grand-père... mais en plus légère: normal il est censé vivre en Afrique alors que son grand-père s'est battu en France !

Même si la société Nutrial qui a racheté la marque à Unilever en 2003 affirmera probablement n'avoir rien à voir avec son historique chargé, pouvons-nous tolérer longtemps qu'en 2005, nous soyons représentés comme nos ancêtres il y a 90 ans?
Pouvons-nous tolérer longtemps qu'une marque engendre des profits colossaux en s'asseyant sur notre imageC ?

Quelques semaines après avoir montré sa mobilisation au moment de la vente des documents sur l'esclavage, et quelques mois après avoir contraint Max Gallo à revenir sur ses propos, il ne tient qu'à notre communauté de montrer qu'elle doit être elle prise au sérieux autant que les autres, il y va de l'égalité républicaine...


Pour ceux que ça intéresse, les coordonnées de la société :

Nutrial, 105 rue Jules Guesde 92300 LEVALLOIS PERRET

Téléphone: 01 49 68 01 50
Fax: 01 49 68 01 60


Vous pouvez aussi écrire à la boîte qui a refait le dessin:
packaging@dragonrouge.com

I N F O Z O N E
Mi Février 2005