origine http://cnt-ait.info/article.php3?id_article=166
Beaucoup d’encre a coulé sur Mai 68. L’histoire
en a été écrite et surtout réécrite.
De nombreux commentateurs l’ont arrangé à leur
sauce, mettant en lumière ce qui leur a réussi et
"oubliant d’analyser les échecs de certains choix
stratégiques, pourtant massifs, de 68 et surtout de l’après
68 qui, de la "Gauche prolétarienne" et du maoïsme
à l’entrée massive des "révolutionnaires"
à la C.F.D.T. en passant par le confusionnisme genre P.S.U.
ont largement contribué à détruire le mouvement
social dans les années 70.
Pour ne pas tomber dans le même travers, il nous a paru plus
sain de publier essentiellement ce qu’on pourrait appeler
"du document brut", c’est à dire des articles
de l’époque avec juste ce qu’il faut de commentaires
pour les remettre dans leur contexte, à quoi nous avons ajouté
une courte réflexion en forme de conclusion. Les articles
ont été pris dans "Le Combat Syndicaliste"
et ses suppléments. D’autres sources documentaires
existent. En particulier le journal "Espoir", qui paraissait
à l’époque à Toulouse, a publié
à chaud un certain nombre d’analyses de militants de
la C.N.T.-A.I.T. Ceux qui voudraient faire un véritable travail
d’historien pourraient sûrement y trouver un matériel
assez abondant et pertinent. Mais venons en au but...
1 - COUP DE TONNERRE DANS UN CIEL SEREIN ?
Après les turbulences causées par la guerre d’Algérie,
les quelques années qui ont précédé
Mai 68 ont été bien calmes en dehors de quelques conflits
localisés (comme les grèves de mineurs en 63). Les
forces politiques et syndicales étaient relativement stables.
Le gaullisme semblait inébranlable. Si le P.C. avait déjà
amorcé sa lente érosion, il contrôlait totalement
des forces nombreuses, en particulier la C.G.T. qui, elle, restait
puissante dans les années 60. La C.F.T.C., devenue depuis
peu, dans sa majorité, C.F.D.T. avait un discours modéré.
La C.N.T. avait une existence symbolique. La révolution était
moins que jamais à l’ordre du jour.
Dans ce contexte, l’analyse de la situation que tire, sous
le titre "Vive l’Action Directe" le C.S. du 22 février
68 [1]est prémonitoire et tout à fait remarquable.
Les conclusions décrivent assez précisément
en les anticipant quelques unes des caractéristiques de mai
68.
"VIVE L’ACTION DIRECTE"
- Nantes, 20janvier 1968 : "L’installation du nouveau
conseil d’administration de la Caisse primaire de sécurité
sociale a donné lieu à une manifestation des unions
locales des syndicats ouvriers. Des C.R.S. venant prêter main
forte aux gardiens de la paix, des projectiles divers étaient
lancés sur les forces de police et les premières sommations
étaient faites"
- Redon, 20janvier 68 : "Les ouvriers de l’usine Jean
GARNIER, fabrique de machines agricoles ont, au nombre d’environ
cinq cents, de nouveau débrayé jeudi soir et parcouru
la ville. Ils ont encore jeté quelques pierres et boulons
contre les fenêtres de l’appartement particulier du
sous préfet et de la gendarmerie. ...11
- Caen, 24janvier 68 : "Le climat s’est durci à
Caen. A proximité de l’hôpital, la police voulut
barrer la route aux ouvriers qui arrivaient au coude à coude.
Le heurt fut violent avec les manifestants armés de morceaux
de bois... Une autre échauffourée avait eu lieu le
matin sur la R.N. 13 à l’entrée de Caen, où
les gardes mobiles ont dû dégager la route bloquée
pendant trente minutes par les ouvriers en grève de la Sonormel"
- Angers, 27 janvier 68 : plusieurs centaines de viticulteurs ont
manifesté contre les conditions d’application de la
TVA. à leur profession.... C’est alors que quelques
incidents éclatèrent, des manifestants lançant
des pétards dans la cour de la préfecture. Ensuite
une centaine de manifestants, malgré l’ordre de dispersion,
se dirigèrent vers la gare et envahirent les voies. A 18
h 30, deux trains ont ainsi été bloqués"
- Caen, 27 janvier 68 : "La manifestation organisée
à Caen vendredi après-midi pour appuyer les revendications
des ouvriers métallurgistes en grève s’est prolongée
dans la soirée par de véritables scènes d’émeutes.
18 blessés, 86 personnes, jeunes pour la plupart, furent
appréhendées. Mais dès qu’un cortège
se forma, il apparut très rapidement que des manifestants,
particulièrement des jeunes, étaient très échauffés.
Ces manifestants ne dissimulaient guère leurs intentions
: ils tenaient à la main des barres de fer et avaient les
poches bourrées de projectiles. Les gardes mobiles apparurent
bientôt lançant des grenades lacrymogènes. La
nuit tombée, pendant trois heures, de violentes bagarres
se multiplièrent au centre de la ville. En même temps,
des vitrines, des feux de signalisation, des enseignes étaient
brisées, des voitures endommagées. La B.N.R a été
lapidée, un camion de pneus a 1 été la proie
des flammes. ( .. )
Caen : témoignage d’un "appréhendé"
: "On nous parque à quarante-cinq dans une "cabane"
de 3 mètres de long sur 2,5 de large jusqu’à
4 ou 5 heures du matin. Nous assistons à des passages à
tabac un peu sérieux : coups de crosse dans les reins, sur
le crâne et le visage, coups de pied dans le ventre et les
parties sexuelles. Un ouvrier portugais a été tabassé
trois fois, avec grand renforts de seaux d’eau pour le ranimer."
On pourrait poursuivre cette énumération, on pourrait
citer bien d’autres exemples d’actions directes menées
ces derniers temps par les travailleurs de tous les secteurs d’activité.
Mais il parait beaucoup plus utile d’analyser les faits et
d’en tirer un certain nombre de conclusions :
1 - LA POUSSEE REVOLUTIONNAIRE DES TRAVAILLEURS VA EN S’AMPLIFIANT
:
Les événements qui se sont déroulés
à Caen l’ont montré : les premiers heurts violents
avec les forces de l’ordre, loin d’effrayer les travailleurs,
leur permettent de prendre la mesure de leur force et d’accroître
leur confiance en la force collective qu’ils représentent.
Aussi les, manifestations qui suivent sont-elles non seulement plus
violentes encore mais mieux dirigées, plus efficaces. Lorsque
les organisations syndicales réformistes organisent des manifestations
monstres mais pacifiques, les travailleurs n’en retirent aucune
expérience valable, précisément parce que ces
manifestations ne sont que des "démonstrations"
et qu’elles ne permettent en aucune façon aux travailleurs
de mesurer leur puissance d’action directe. Or, ne l’oublions
pas, la victoire des revendications ouvrières est conditionnée
par les rapports de force existants dans la société
capitaliste et il est fondamental que les ouvriers puissent avoir
l’occasion de mesurer ces rapports déforce pour prendre
conscience qu’en définitive ce sont eux qui peuvent
être les plus forts.
2 - L’ACTION DIRECTE DEBORDE LES DIRIGEANTS SYNDICAUX REFORMISTES
:
Ce sont très souvent les mouvements de dernière heure,
lorsque les manifestations sont "officiellement" terminées,
lorsque les dirigeants réformistes ont donné l’ordre
de se disperser, qui sont les plus violents et qui prennent un caractère
nettement révolutionnaire. L’explication est simple
: les meetings, défilés, etc... organisés par
les syndicats "officiels" laissent les travailleurs sur
leur faim. ( .. )
3 - L’ACTION DIRECTE EST SOUVENT LE FAIT DES JEUNES MILITANTS
Nous y voyons le signe que le syndicalisme réformiste, de
dialogue et de collaboration de classe, s’il peut satisfaire
encore les vieux militants traditionalistes ne correspond absolument
pas aux aspirations et aux exigences de la "montée"
des jeunes. Le rajeunissement de la masse des syndiqués par
l’arrivée des jeunes sur le marché du travail
à un moment particulièrement difficile (chômage,
etc ... ) paraît devoir faire éclater le syndicalisme
réformiste et placer les syndicats traditionnels à
leur véritable place, en arrière de la poussée
révolutionnaire des travailleurs.
4 - LES MILITANTS DE PROVINCE, MOINS SOUMIS AU BUREAUCRATISME,
DEVANCANT LES DIRECTIONS REFORMISTES PARISIENNES
C’est un fait que la plupart des mouvements revendicatifs
puissants ayant mis en pratique l’action directe des travailleurs
contre le capital et le patronat se sont déroulés
en province (Rhodiaceta à Lyon, la SAVIEM à Caen,
etc.). Il est vrai que la disparité des salaires entre la
région parisienne et la province exaspère les travailleurs
provinciaux. Mais on peut aussi y voir le fait qu’à
Paris les mouvements revendicatifs sont étroitement canalisés
par les directions syndicales réformistes et que cette emprise
s’estompe dans les villes de province. Paris doit se lancer
lui aussi dans l’action directe car c ’est à
Paris où se trouvent concentrés les pouvoirs publics
et les directions patronales, que l’action aura le plus d’éclat
et sera le plus efficace.
5 - L’ACTION DIRECTE NE S’OPPOSE PAS SEULEMENT AU PATRONAT
MAIS A TOUT CE QUI REPRESENTE LE CAPITAL ET L’ETAT
A Caen, les ouvriers se sont attaqués à la B.N.P,
symbole de la puissance de l’argent, de la domination du capital
sur les travailleurs. Ils ont aussifrappé la Chambre de Commerce.
"Le Monde " du 7-2-68 écrit : "Voilà
les assises mêmes de la société remises en cause".
Et c’est vrai que la satisfaction des revendications ouvrières
et l’émancipation des travailleurs ne peuvent, en définitive,
être conçues qu’à travers une réorganisation
de la société, une refonte des structures sur le principe
de l’égalité éaonomique et sociale. (
.. )"
Quelques semaines plus tard (14 Mars 68), avec une analyse moins
poussée, le C.S. revient sur la question et affirme, sous
le titre "LE VOLCAN GRONDE" que la situation est analogue
à celle de 1936, ce qui anticipe bien les choses également.
"LE VOLCAN GRONDE
Certains camarades nous ont écrit pour nous demander de
faire une déclaration publique situant la position de notre
Confédération face aux difficultés toujours
croissantes du monde du travail. Il nous est facile de répondre
que notre position reste toujours la même : que nous sommes
plus que jamais les fidèles défenseurs du syndicalisme
authentique de nos aînés (Bakounine, Varlin, Pelloutier
et tant d’autres) ; que le fédéralisme est pour
nous la forme d’organisation sociale la plus parfaite. Et
partant de ces a affirmations, notre position face aux problèmes
angoissants qui étreignent l’humanité, ne se
prête à aucune équivoque.
Que ce soit sur le plan national ou international la C.N.T se déclare
contre toutes les guerres, toutes les dictatures, toutes les spéculations,
les privilèges, les hiérarchies ; elle condamne toute
forme de racisme, d’esprit religieux et dogmatique, toute
croyance aveugle et irraisonnée. ( .. )
Il faut être aveugle ou de mauvaise foi pour ne pas voir
que le volcan gronde, le malaise s’étend à toutes
les couches laborieuses et à tous les pays, les capitalistes
eux-mêmes sentent une sorte d’inquiétude en pensant
à ce que sera demain et les journaux financiers parlent de
"la fièvre de l’or ". Les quotidiens sont
pleins de faits divers qui relèvent plutôt du drame
social ( .. )
Il ne s’agit pas de regretter les insuffisances de tel ou
tel gouvernement, de telle ou telle Ioi de tel ou tel plan ; ce
qu’il faut c’est la cohésion, le regroupement
de tous les travailleurs pour dénoncer, certes, les initiatives
criminelles de nos exploiteurs, mais surtout pour les contrer, pour
les. anéantir et créer une ambiance plus respirable,
plus fraternelle et plus humaine. Ce sera alors une véritable
lutte sociale... Une révolution. Mais écoutons ce
que disait DELMAS, un syndicaliste de 1936 : "Ceux qui voudraient
aujourd’hui écarter la révolution économique
indispensable et inévitable pour ramener le syndicalisme
ouvrier à émettre des revendications limitées,
ne se rendent pas compte de la situation générale
"
Nous sommes dans une situation analogue à celle de 1936,
du moins en ce qui concerne le marasme économique ; dans
le domaine de la politique, toujours assujetti au capitalisme international,
Hitler et Mussolini ont disparu mais il reste encore suffisamment
de Francos et de Boumédiennes pour asservir les peuples et
ensanglanter l’humanité.
"Quand on a soin de se rendre un compte exact de la grandeur
de la tâche considérable à laquelle on doit
besogner sans trêve, alors les pas en avant, les victoires
transitoires, sont un réconfort pour les besognes plus décisives".
disait Griffuelhes."
Les événements que les quelques militants de la C.N.T.
pressentent exigent un effort d’organisation. Le 23 mars 68,
les jeunes de Paris [2] publient dans le C.S. un appel aux anarchistes
et aux syndicalistes révolutionnaires pour qu’ils se
donnent les moyens de répondre aux besoins qui ne vont pas
tarder à apparaître, en rejoignant la C.N.T. [3]
"Les faits montrent ... qu’anarchisme et syndicalisme
révolutionnaire se sont parfaitement complétés
pour donner naissance à une arme et à une doctrine
spécifiques : l’anarcho-syndicalisme.( .. ) ... c’est
à l’intérieur des masses exploitées,
parce qu’il est lui-même un exploité, que l’anarchiste
doit mener son combat, qu’il doit agir, éduquer, organiser.
C’est avec les masses exploitées que les anarchistes
feront la révolution ou bien la révolution anarchiste
n’aura pas lieu.
Cette lutte menée à l’intérieur des
masses avec les travailleurs, l’anarcho-syndicalisme en est
la voie en même temps qu’il peut devenir, comme l’a
montré l’expérience de nos camarades espagnols,
un puissant moyen d’organisation et d’éducation.
Aujourd’hui, le syndicalisme officiel est en passe de devenir
un syndicalisme d’Etat, intégré à l’appareil
de coercition bourgeois, un moyen pour les capitalistes de tenir
en laisse les travailleurs et de canaliser leurs efforts d’émancipation.
Le syndicalisme réformiste intègre tellement bien
aux structures capitalistes qu’il est en passe de devenir
l’un des Piliers de la société bourgeoise. Que,
lors des grèves sauvages, les bureaucrates du syndicalisme
réformiste se heurtent aux travailleurs révolutionnaires
illustre parfaitement le rôle contre-révolutionnaire
que s’apprêtent à jouer les syndicats dits "représentatifs
"
Mais la méfiance croissante des travailleurs à l’égard
des bureaucrates rédormiste, défenseurs de la hiérarchie
des salaires aujourd’hui et briseurs de grève demain
peut être, montre aussi qu’au sein du mouvement ouvrier
une tendance syndicaliste s’affirme.
C’est pour affirmer et développer cette tendance que
doivent lutter aujourd’hui les anarchistes parce que c’est
le seul moyen pour eux d’agir dans et avec les masses, de
propager et de fortifier au contact du réel la doctrine anarchiste.
Mai entreprendre cette tâche, comme certains ont voulu le
faire au sein des organisations syndicales réformistes est
un leurre. C’est ou bien se faire exclure à brève
échéance, ou bien cesser d’être révolutionnaire.
En 1906, le syndicalisme officiel était encore en pleine
gestation, aujourd’hui il est totalement pourri.
Ce à quoi nous vous invitons c’est à venir
construire avec nous, syndicalistes révolutionnaires de la
C.N.T. une véritable centrale syndicale ouvrière et
anarcho-syndicaliste. ( .. )"
2 - LES ETUDIANTS ENTRENT EN SCENE
Réflexe hérité du passé, dans les articles
précédents, l’attention de C.N.T. est centrée
sur "les travailleurs". Il faut dire que les jeunes possédaient
leur propre structure , les Jeunesses Syndicalistes Révolutionnaires
- C.N.T.
Dés Janvier 1968, les JSR éditaient un numéro
spécial du C.S., spécifiquement consacré aux
Jeunes faces à la société néo-capitaliste".
L’éditorial pose clairement le problème :
"L’avenir de la société dans laquelle
nous vivons dépend, dans une large mesure, des options qui
seront celles de la jeunesse face aux problèmes qu’elle
a et saura résoudre. Et ces problèmes sont nombreux
parce que la société capitaliste est une société
de CONCURRENCE forcenée, c’est à dire une société
antisociale qui fait appel à l’individualisme égoïste,
à l’arrivisme, bien plus qu’à l’entraide
et la puissance COLLECTIVE des hommes qui, théoriquement,
sont les fondements de toute société.
Le nombre des jeunes augmente régulièrement, le chômage
augmente tout aussi régulièrement : c’est là
l’une des contradictions fondamentales de la société
capitaliste. Le développement de l’automation devrait
non seulement amener la réduction des horaires de travail
mais aussi l’augmentation de la durée des études
et surtout du nombre des étudiants : la libération
des contraintes du travail matériel permet d’entrevoir
des perspectives pour le développement intellectuel et culturel
de tous.
Mais, pour le capitalisme, une seule chose est importante : réaliser
des profits. Aussi, du point de vue bourgeois, le problème
de la jeunesse est à peu près le suivant : comment
insérer dans le cycle économique capitaliste cette
masse de jeunes de façon à en retirer le maximum de
bénéfices ? L’orientation actuelle de l’enseignement
répond en partie à cette préoccupation.
Pourtant, c’est autre chose que les jeunes veulent : ils
"bougent", d’une façon ou d’une autre,
ils fermentent, ils bouillonnent, ils explosent parfois. Mais, dans
leur quête d’autre chose" souvent aveugle, ils
sont en grande majorité les plus vulnérables à
toutes les formes de contrainte intellectuelle de "bourrage
de crâne", qu’utilise la société
de consommation capitaliste (radio, télévision, "modes"
diverses, publicité, presse, etc.).
C’est en modelant les jeunes, en les sollicitant de toutes
part, en triturant leur personnalité naissante que le régime
capitaliste en fait des adultes aliénés, des travailleurs
résignes des esclaves modernes.
C’est à travers la REVOLTE CONSCIENTE ET ORGANISEE
que les jeune pourront réaliser demain le socialisme authentique."
Les J.S.R. dressent ensuite une analyse du monde étudiant
dans laquelle ils se placent volontairement en dehors d’un
certain milieu étudiant. Ce qui compte pour eux, c’est
avant tout la position de classe. Dès lors, il n’est
pas étonnant que - vu la composition majoritairement bourgeoise
des étudiants en Mai 68- ils n’aient que mépris
pour l’hédonisme et le folklore du milieu gauchiste
étudiant. Ils n’y voient que des ’fils à
papa" qui passent là leur crise d’adolescence.
Si ces analyses se sont a posteriori révélée
justes en partie (que l’on pense aux positions qu’occupent
aujourd’hui les Serge July, Alain Geismar et autres Cohn Bendit
... ), leur ton grave et sérieux (pour ne pas dire sentencieux)
les a certainement empêché de percevoir ce qu’il
y avait de novateur dans le mouvement qui s’annonce.
"ETUDIANTS
Notre but n’est pas ici de tracer une fois de plus le tableau
de la rentrée universitaire dans son aspect matériel
: bousculades et désorganisation pendant les inscriptions,
insuffisance des locaux et, surtout, des enseignants, etc... Tout
le monde l’a dit et redit, et l’U.N.E.F. [4] ne manque
pas une occasion de le répéter : interventions aux
Travaux Pratiques et aux cours, colloques, etc. Des tracts sans
nombre sont distribués, signés de l’ U.N.E.F.,
mais également de toutes les organisations "de gauche"
trouvant audience chez les étudiants, les unes se disant
encore révolutionnaires, les autres ne prenant même
pas cette peine. [5]
Les chiffres s’ajoutent aux chiffres pour constater le carence
du "pouvoir gaulliste" et les revendications tournent
surtout autour de deux questions :
- la sélection à l’entrée des facultés,
- l’assiduité aux travaux pratiques.
C’est dans ces deux problèmes que se cristallise la
contradiction inhérente à tout "syndicat étudiant"
dans le cadre du système actuel.
En effet, QUI sont les étudiants ? Chacun sait que les fils
d’ouvriers et d’employés accèdent dans
une quantité infime aux études supérieures.
D’autre part, le problème étudiant ne se résout
pas aux questions spécifiquement estudiantines : l’étudiant
est un ADULTE et doit être considéré comme tel
: il doit pouvoir, s’il veut rester un être complet,
mener une vie sociale normale, fonder une famille, vivre et non
pas "subsister" en "ascète" dans le plus
complet dénuement moral et matériel, uniquement dans
le but d’arriver au bout de ses études transformées
alors en véritable sacerdoce et n’ayant plus aucun
rapport avec la réalité.
Ceci dit, il apparaît qu’à l’heure actuelle
les seuls individus pouvant poursuivre dans des conditions valables
leurs études sont les représentants -jeunes, bien
sûr, mais représentants tout de même d’une
seule classe : la BOURGEOISIE. De toute manière, il est bien
évident que dans une société de classes, c’est
à dire dans une société où la gestion
économique et sociale est monopolisée par une classe
donnée et dans laquelle le produit du travail est également
monopolisé, la formation permettant d’accéder
aux postes de commande ne peut être également qu’une
formation DE CLASSE.
Mais, direz-vous, il y a tout de même au sein de l’université
ces quelques fils d’ouvriers et d’employés ainsi
qu’un certain nombre d’étudiants salariés,
et c’est pour eux que nous devons éviter la sélection
et le contrôle d’assiduité. Bien sûr, ils
existent. Mais, qui sont-ils ? une minorité d’individus
qui s’accrochent, qui cherchent, en dernière analyse,
à "resquiller", à monter dans un wagon marqué
"réservé", à grimper dans la pyramide
sociale, à passer d’une classe dans l’autre et,
bien souvent, à renier leurs origines prolétariennes
et à abandonner la lutte de leur propre classe d’origine.
Quelles sont donc les revendications des syndicats étudiants
? Pas de contrôle, pas de sélection. Et alors ? Pensent-ils
que ne pas assister aux TP (alors que, par ailleurs, ils en réclament
à corps et à cris) puisse constituer un avantage pour
un étudiant qui travaille à l’extérieur,
alors qu’au contraire il s’agit là du seul contact
qu’il puisse avoir avec la Il faculté Il. Pensent-ils
que cette "liberté" qui leur serait accordée
pourrait leur être profitable ? Tout étudiant sérieux
ne peut y voir que pure démagogie.
Quant à la sélection, elle fait également
couler beaucoup d’encre et tous les syndicats s’entendent
pour la dénoncer comme une mesure "anti-démocratique"
(il s’agirait d’ ailleurs de s’entendre pour définir
la démocratie, mais ce n’est pas Ici notre propos).
Leur argument favori : "Nous ne pouvons pas accepter une sélection
qui serait, dans le contexte fal actuel, une élimination,
à la fin du secondaire, des individus défavorisés
par leur héritage culturel, donc des représentants
des couches sociales défavorisées."
Tout d’abord, s’il est vrai que la notion "d’héritage
culturel" est une réalité, on peut penser qu’elle
ne joue plus tellement au niveau du deuxième baccalauréat
et qu’elle cède la place à des problèmes
beaucoup plus matériels. Dans une large mesure, la 14 sélection
sous forme d’examen (intelligemment conçu bien entendu)
ne toucherait réellement que les moins doués. Et l’on
ne peut s’empêcher de penser qu’elle toucherait
précisément un certain nombre d’étudiants
fantaisistes, qui font quelques études dans l’attente,
pour les filles, d’un mariage "heureux" et, pour
les garçons, d’hériter de l’usine de papa
ou encore, pour les deux, d’entrer "par piston"
dans telle ou telle profession bien rémunérée.
Dans ce sens, ni la sélection ni le contrôle dl assiduité
n’apparaissent "anti-démocratique ".
Et pourtant, tout ceci n’exclue pas que les problèmes
sont là, mais BIEN PLUS GRAVES ET BIEN PLUS PROFONDS que
ceux qui agitent tous les syndicats "représentatifs".
Il ne s’agit en effet pas " d’accommoder"
l’université bourgeoise, à l’aide de quelques
mesures Plus ou moins démagogique, pour permettre tant bien
que mal à quelques étudiants pauvres d’aller
jusqu’au bout de leurs études. Il s’agit de permettre
REELLMENT à TOUS, c’est-à-dire à tous
ceux qui en ont réellement le désir et les capacités,
d’avoir la possibilité de faire des études dans
les meilleures conditions possibles. Et c’est là que
le problème étudiant rejoint le problème social
en général, le problème de la TRANSFORMATION
REVOLUTIONNAIRE DE LA SOCIETE BOURGEOISE.
Vouloir "aménager" la faculté bourgeoise
actuelle, c’est vouloir "aménager" la société
bourgeoise elle-même, "aménager" le Capitalisme
: ce n’est pas et ne peut être notre rôle."
Cette brochure, publiée en Janvier 1968, se termine par
déclaration, véritable annonce prémonitoire
des évènements de Mai : " ... la jeunesse éclatera
comme la chaudière d’une machine à vapeur, la
jeunesse n’a pas d’issue en France, elle y amasse une
avalanche de capacités méconnues, d’ambitions
légitimes et inquiètes. Quel sera le bruit qui ébranlera
ces masses ? Je ne sais, mais elles se précipiteront dans
l’état actuel et 1e bouleverseront. "
Dès que les étudiants commencent à remuer,
la C.N.T. en tant que tell s’en fait l’écho.
Ainsi, dans le C.S. du 16 Mai :
"AUX ETUDIANTS REVOLUTIONNAIRES
Nous saluons votre lutte contre la sclérose et la routine
bourgeoise de universités.
Nous comprenons voire angoisse en ce qui concerne votre avenir
et partageons votre colère contre une société
incapable de satisfaire les besoins le plus légitimes des
êtres humains, alors que nous avons atteint l’ère
de l’abondance.
Ce mécontentement profond et pleinement justifié
que vous manifeste, avec tant de courage malgré la répression
policière, n’a peut-être pas encore trouvé
l’écho qu’il méritait parmi les travailleurs
et pourtant ...
Qu’il s’agisse des travailleurs de la terre, des mineurs,
des métallos et des gens de mer, il y a chez tous un sentiment
d’opposition à toutes le contradictions et les insuffisances
du régime d’exploitation et de profit qu nous régit,
mais il manque la préoccupation indispensable d’une
action coordonnée, d’une lutte commun" .. )
Face à la répression de l’Etat, à la
démagogie des partis politiques et à carence des organismes
officiels pour résoudre les problèmes angoissants
qui se posent à la jeunesse, tous les travailleurs doivent
s’associer à l’action des jeunesses estudiantines.
Assez de réformes, nous voulons une véritable révolution
sociale."
Dans le N° suivant, (23 mai 68), le C.S. , qui titre "l’avenir
est aux jeunes" rapporte les violences policières, publie
un tract du Mouvement du 22 mars et analyse le chômage engendré
par la technologie [6]
3 - QUE FAIRE ?
Rapidement, le mouvement des étudiants faisait tâche
d’huile. Il y eut bientôt 9 ou 10 millions de salariés
grévistes, des usines occupées, des manifestations
partout. Dans se brassage hétéroclite, on parlait
d’autogestion, de révolution, de libération
personnelle [7] et collective. Le général De Gaulle
s’enfuyait de l’Elysée pour aller s’assurer
du soutien des troupes stationnées en Allemagne. Un instant,
l’Etat vacilla. Mais les syndicats représentatifs (C.G.T.,
C.ED.T., FO.) calmaient le jeu grace à l’ouverture
du dialogue social, des négociations. La C.N.T. dénonçait
ces positions en publiant dans le C.S. daté du 6 juin le
tract suivant, diffusé en région parisienne.
"DU DIALOGUE A L’AUTOGESTION
Ni les puissantes manifestations des étudiants, ni les millions
de travailleurs en grève, ni les impératifs qui ont
provoqué la psychose révolutionnaire actuelle, rien
n’a éclairé les dirigeants des centrales "représentatives
" sur les véritables aspirations du peuple.
Ils continuent à dialoguer sur des augmentations de salaire
variant selon les entreprises et dans le respect de la sacro-sainte
hiérarchie. Quant 4 la diminution de la durée du travail,
tout ce qu’ils ont "arraché" reste nettement
insuffisant.
Comment peut-on admettre un dialogue en dehors de la garantie absolue
de l’emploi, par la réduction permanente du temps de
travail en fonction du progrès technique qui doit permettre
l’élévation du pouvoir d’achat, à
commencer par les classes les plus défavorisées.
C’est donc en dehors de ces "élus" syndicaux
(ils ne peuvent parler qu’au nom de 14 % de la population
active) que les travailleurs doivent continuer avec les étudiants,
le combat contre les structures sclérosées de la société
capitaliste.
... Sud-Aviation de Nantes ... donne l’exemple à suivre
en préconisant la reprise du travail sur la base de la gestion
ouvrière.
La Confédération Nationale du Travail salue cette
heureuse initiative qui porte à la pratique ce que certains
ont refusé comme étant des ’formules creuses"
[8]...
Dans le N° daté du 20 juin, la C.N.T. répond
"Non aux urnes" aux les élections législatives
anticipées, lance un nouvel appel "Organisons l’autogestion"
tandis qu’un article analyse la grève générale.
" ..tout d’abord, dans le soulèvement des étudiants
nous voyons une application particulièrement spectaculaire
de l’action directe. ... L’action directe a révélé
au pays tout entier, depuis longtemps blasé sur les habituels
procédés de discussions ou de négociations
... que d’autres formes d’action existent et peuvent
être employés. Les étudiants-enseignants ont
donné là une leçon aux ouvriers, prisonniers
de leurs organisations réformistes ...
En second lieu il a été parlé, ici et là,
de participation à la gestion des entreprises... Cette participation
à la gestion ou co-gestion, si elle se faisait, serait un
premier pas vers le véritable objectif qui devrait être
celui des syndicats de toute obédience, je veux parier de
la gestion ouvrière. Celle-ci dont l’initiative est
purement et entièrement d’origine libertaire, a déjà
été discutée à deux reprises en France,
en 36 et dans les premiers mouvements de grèves qui ont eu
lieu immédiatement après la libération. ...
En troisième lieu, enfin, l’idée de l’organisation
par la base . "
4 - L’HEURE DES BILANS
Le mouvement donnait dès juin des signes d’épuisement.
Dans le N’ du 27 juin, la C.N.T. critique le comportement
de fossoyeurs de la révolution du parti communiste.
" LES GAUCHISTES
Ce mot ne veut rien dire, il n’a pas de signification, pas
plus que n’ont de sens les mots : gauche, droite ou centre.
Or le PC et la C.G.T l’ont utilisé comme une sorte
d’épouvantail à moineaux, de loup-garou pour
les adhérents peu évolués. Ils ont pensé,
après d’autres, que plus un mot est incompréhensible
plus il fera de l’effet dans les esprits demeurés.
L’ennui c’est que les esprits demeurés sont en
diminution ces temps-ci et c’est ce qui explique la mauvaise
humeur du P C. au lendemain du premier tour des élections
législatives. ( .. )
... pendant tous les évènements de mai-juin, le PC.
et son appendice la C. G. T n’ont fait que freiner quand ils
ne l’ont pas combattue, toute action populaire qui n’était
pas sous leur patronage. De plus, ils n’ont cessé d’attaquer
les diverses formations qui prenaient une position en pointe ; leurs
amis de la C.FD.T et du PS.U. en savent quelque chose. Il suffisait
de parler d’autogestion pour être qualifié de
provocateur et ceux qui défilaient derrière le drapeau
noir de l’anarchie n’étaient que des aventuriers
qui tournaient le dos à la démocratie et au socialisme
( .. )
Ceux qui assistaient à la manifestation du 13 mai à
Paris [9] doivent bien rire de ces élucubrations : surtout
quand on sait que les drapeaux noirq et rouge-et-noirs, la banderole
C.N. T-A.I. T en tête, étaient devant la C G. T malgré
le service d’ordre de cette dernière, qui avait voulu
imposer ses directives. Nous aurions même pu reprendre les
paroles de Cohn-Bendit, qui disait le soir du 13 mai à la
Mutualité : "j’étais en tête d’une
manifestation dans laquelle les canailles staliniennes étaient
à la queue ( .. ) "
Les élections et les vacances [10]sonnèrent le glas
du mouvement. A la rentrée, les "masses" étaient
au travail ou à J’école. Cependant, même
si seule une minorité poursuivait son action, les idées
de mai allaient entraîner de véritable bouleversements
dans la vie quotidienne.
Pendant plusieurs mois, toute la presse publia des commentaires,
des Et analyses, des leçons de Mai 68. Parmi celles publiées
à chaud, on peu lire dans le N° du 22 août, un
bilan sous le titre "l’étape 68".
" l’ETAPE 68 "
La révolution ne peut être basée sur l’utopie
et le rêve, mais au contrair-e sur des réalités
lesquelles nécessitent la constitution de programmes et de
fforces suffisamment imprégnées parmi la population
pour garantir le succès. En 1936, Durruti en Espagne, déclarait
: "je n’attends aucune aide d’un gouvernement du
mondë ". Il ne pouvait en être autrement, comment
une révolution libertaire pourrait-elle obtenir l’aide
d’un Etat quelconque, dors que c’est l’anéantissement
de l’Etat que nous recherchons par la révolution ?
... La trahison des syndicats inféodés au pouvoir
a permis de saboter la évolution de mai 1968. Il nous faut
donc affranchir la classe des travailleurs et leur démontrer
à quel point Us ont été bernés par ceux-là
même ui se prétendaient leurs défenseurs.
Notre action pré-révolutionnaire consiste, présentement,
à lessiver les cerveaux, à donner sa véritable
expression au mot humanité ; la préparation l’action
révolutionnaire consiste à forger le fer qui nous
permettra, demain, quand nous aurons la force, quand nos programmes
de société future reposeront sur des bases certaines
et seront compris d’un grand ombre de travailleurs, à
vaincre, avec certitude, tous les malfaiteurs de la classe prolétarienne.
Notre tâche de propagandistes est immense, il appartient
à tous nos camarades d’y participer, notre espoir ne
repose que sur l’effort permanent et journalier qui seul peut
nous permettre de trouver audience auprès des travailleurs
inconscients, voués à l’esclavage et à
la soumission. Si nous entendons que la société de
demain connaisse enfin la justice et la liberté, nous devons
participer, aujourd’hui même, à la plus grande
diffusion de la vérité, au mépris du capitalisme,
de I’Etat et de ses suppôts pseudo syndicalistes qui
dirigent les forces ouvrières sur les voies de garage.
Il nous faut créer, de plus en plus, des groupes de sympathisants,
faire évoluer ceux-ci de groupes sympathisants en groupes
de militants. Le militantisme est le nerf de la révolution
réelle et complète de demain ; l’affranchissement
du peuple ne peut venir que par l’affranchissement des travailleurs.
Ne pas participer à cette tâche, aujourd’hui
même, après a leçon de mai 1968, est renoncer
à la révolution libératrice de demain ( ..
)
A la brioche des laquais, nous préférons le pain
du travail. A l’injustice des grands et des soumis de ce monde,
nous opposons nous, travailleurs anarcho-syndicalistes, notre esprit
révolutionnaire pour un monde nouveau dont les bases de justice
libéreront les travailleurs de l’esclavage déguisé
que nous subissons."
CONCLUSION
Trente ans après, on peut constater la lucidité et
l’actualité de ces textes. Les faits ont d’ailleurs
prouvés que les conclusions avancées par les anarcho-syndicalistes
de l’époque étaient largement exactes. On ne
s’étonnera donc pas que Mai 68 ait amené à
l’anarcho-syndicalisme, représenté par la CNTLAIT,
une nouvelle génération de militants. Pourtant, globalement,
la parole des militants de la CNT trouva un faible écho tant
dans la société en général que dans
le mouvement libertaire. Ce dernier faisant preuve d’une déficience
d’analyse, participait majoritairement à la CFDT [11]
croyant y faire la Révolution ! Erreur stratégique
fatale au mouvement s’il en fut !
Alors, les CNTistes ont-ils simplement eu tort d’avoir eu
raison trop tôt ? Le mouvement libertaire manquait-il au fond
d’une réelle volonté révolutionnaire
? La réflexion sur les problèmes posés a-t-elle
manqué ? Les questions restent posées, tout comme
celle de savoir comment le mouvement de Mai 68 peut éclairer
noter militantisme d’aujourd’hui. A notre avis, si une
idée-force ressort de toute cette période, c’est
bien celle de la nécessaire cohérence entre les objectifs
affichés et là pratique quotidienne et organisationnelle.
Si les suites de Mai 68 ont été en échec, c’est
en grande partie parce que tout en tenant des discours hyper-révolutionnaires,
les militants faisaient le choix de modes organisationnels et de
pratiques réformistes.
Aujourd’hui, les libertaires, les révolutionnaires,
ou tout simplement toute personne consciente des impasses sociales
dans lesquelles le système nous accule ne devrait-elle pas
se poser une question identique, à savoir celle de la cohérence
profonde entre ses pensées et son action
NOTES
Disponible en brochure, voir cette rubrique
[1] Rappelons qu’il s’agit là de la date de
parution du Combat Syndicaliste Le C.S. était imprimé
en linotypie et le délai de tirage "était de
l’ordre d’au moins une semaine. Les articles ont donc
été écrit en règle générale
10 à 15 jours avant la date de parution.
[2] il y avait avant le mois de Mai aux "Jeunesses Syndicalistes
Révolutionnaires", qui deviendront par la suite "Jeunesses
Anarcho-Syndicalistes", un petit groupe à Paris et un
à Marseille. Après Mai de nouveaux groupes sont apparus
: Lyon, Toulouse,... Certains des J.S.R. étaient des étudiants,
mais pas tous.
[3] Cet appel ne fut pas entendu, le mouvement libertaire resta
totalement dispersé. Une majorité de militants étant
dans les organisations réformistes comme Force Ouvrière.
[4] Il n’y avait à l’époque qu’une
seule UNEF. La scission entre socialistes (UNEF ID) et communistes
(UNEF-SE) ne viendra que plus tard.
[5] Vous ne rêvez pas, ce texte a bien été
écrit en ... janvier 68. On pourrait presque le reprendre
mot à mot aujourd’hui !!!
[6] Il y avait à l’époque 500 000 chômeurs
en France, 700 000 en R.F.A et autant en Angleterre.
[7] " Vivre sans temps morts, jouir sans entrave "
[8] " L’autogestion est un mot creux", répétaient
à la suite de leurs dirigeants les militants communistes
et cégétistes.
[9] Cette manifestation fut numériquement la plus importante
de Mai 68. L’anecdote est vraie. On trouve des photos des
drapeaux et des banderolles de la C.N.T. dans l’Encyclopédie
Alpha, ainsi que dans divers manuels d’histoire.
[10] Il fit particulièrement beau cet été
là...
[11] Les plus vieux restèrent prudemment à FO ou
à la CGT...
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