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Origine http://infokiosques.net/spip.php?article=305
« Ne sacrifiez point le bien présent au bien
à venir. Jouissez du moment, évitez toute association
de mariage ou d’intérêt qui ne contenterait pas
vos passions dès l’instant même. Pourquoi travailleriez-vous
pour le bien à venir, puisqu’il surpassera vos vœux,
et que vous n’aurez dans l’ordre combiné qu’un
seul déplaisir, ce sera de ne pouvoir doubler la longueur
des jours, afin de suture au cercle immense des jouissances que
vous aurez à parcourir ? »
Charles Fourier, Avis aux civilisés relativement à
la prochaine métamorphose sociale.
1
Dans son inachèvement, le mouvement des occupations a vulgarisé
de façon confuse la nécessité d’un dépassement.
L’imminence d’un bouleversement total, ressentie par
tous, doit maintenant découvrir sa pratique : le passage
à l’autogestion généralisée par
l’instauration des conseils ouvriers. La ligne d’arrivée,
où l’élan révolutionnaire a porté
la conscience, va désormais devenir une ligne de départ.
2
L’histoire répond aujourd’hui à la question
posée par Lloyd George aux travailleurs, et reprise en chœur
par les serviteurs du vieux monde : « Vous voulez détruire
notre organisation sociale, que mettrez-vous à sa place ?
» Nous connaissons la réponse grâce à
la profusion de petits Lloyd George, qui défendent la dictature
étatique d’un prolétariat de leur choix, et
attendent que la classe ouvrière s’organise en conseils
pour la dissoudre et en élire une autre.
3
Chaque fois que le prolétariat prend le risque de changer
le monde, il retrouve la mémoire globale de l’histoire.
L’instauration d’une société des conseils
- jusqu’ici confondue avec l’histoire de son écrasement
à différentes époques - dévoile la réalité
de ses possibilités passées à travers la possibilité
de sa réalisation immédiate. L’évidence
en est apparue à tous les travailleurs depuis qu’en
malle stalinisme et ses résidus trotskistes ont montré,
par leur faiblesse agressive, leur impuissance à écraser
un éventuel mouvement des conseils et, par leur force d’inertie,
leur aptitude à en freiner encore l’apparition. Sans
se manifester vraiment, le mouvement des conseils s’est trouvé
présent dans un arc de rigueur théorique jaillissant
de deux pôles contradictoires la logique interne des occupations
et la logique répressive des partis et des syndicats. Ceux
qui confondent encore Lénine et "que faire ?" ne
font que s’aménager une poubelle.
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Le refus de toute organisation qui ne soit pas l’émanation
directe du prolétariat se niant comme prolétariat
a été ressenti par beaucoup, inséparablement
de la possibilité enfin réalisable d’une vie
quotidienne sans temps morts. La notion de conseils ouvriers fonde,
en ce sens, le premier principe de l’autogestion généralisée.
5
Mai a marqué une phase essentielle de la longue révolution
: l’histoire individuelle de millions d’hommes, chaque
jour à la recherche d’une vie authentique, rejoignant
le mouvement historique du prolétariat en lutte contre l’ensemble
des aliénations. Cette unité d’action spontanée,
qui fut le moteur passionnel du mouvement des occupations, ne peut
développer qu’unitairement sa théorie et sa
pratique. Ce qui fut dans tous les cœurs va passer dans toutes
les têtes. D’avoir éprouvé qu’ils
« ne pourraient plus vivre comme avant, même pas un
peu mieux qu’avant », beaucoup inclinent à prolonger
le souvenir d’une part de vie exemplaire, et l’espoir,
un instant vécu, d’un grand possible, en une ligne
de force à laquelle il ne manque, pour devenir révolutionnaire,
qu’une lucidité plus grande sur la construction historique
des rapports individuels libres, sur l’autogestion généralisée.
6
Seul le prolétariat précise, en se niant, le projet
d’autogestion généralisée, parce qu’il
le porte en lui objectivement et subjectivement. C’est pourquoi
les premières précisions viendront de l’unité
de son combat dans la vie quotidienne et sur le front de l’histoire
; et de la conscience que toutes les revendications sont réalisables
dans l’immédiat, mais par lui seul. C’est en
ce sens que l’importance d’une organisation révolutionnaire
doit désormais s’estimer à sa capacité
de bâter sa disparition dans la réalité de la
société des conseils.
7
Les conseils ouvriers constituent un type nouveau d’organisation
sociale, par lequel le prolétariat met fin à la prolétarisation
de l’ensemble des hommes. L’autogestion généralisée
n’est que la totalité selon laquelle les conseils inaugurent
un style de vie fondé sur l’émancipation permanente
individuelle et collective, unitairement.
8
De ce qui précède à ce qui suit, il est clair
que le projet d’autogestion généralisée
exige autant de précisions qu’il y a de désirs
en chaque révolutionnaire, et autant de révolutionnaires
qu’il y a de gens insatisfaits de leur vie quotidienne. La
société spectaculaire-marchande fonde les conditions
répressives et - contradictoirement, dans le refus qu’elle
suscite - la positivité de la subjectivité ; de même
la formation des conseils, pareillement issue de la lutte contre
l’oppression globale, fonde les conditions d’une réalisation
permanente de la subjectivité, sans autre limite que sa propre
impatience à taire l’histoire. Ainsi l’autogestion
généralisée se confond avec la capacité
des conseils à réaliser historiquement l’imaginaire.
9
Hors de l’autogestion généralisée, les
conseils ouvriers perdent leur signification. Il faut traiter en
futur bureaucrate, donc sur-le-champ en ennemi, quiconque parle
des conseils en termes d’organismes économiques ou
sociaux, quiconque ne les place au centre de la révolution
de la vie quotidienne ; avec la pratique que cela suppose.
10
C’est un des grands mérites de Fourier d’avoir
montré qu’il faut réaliser sur-le-champ - et,
pour nous, cela signifie dès le début de l’insurrection
généralisée - les conditions objectives de
l’émancipation individuelle. Pour tous, le début
du moment révolutionnaire doit marquer une hausse immédiate
du plaisir de vivre ; l’entrée vécue et consciente
dans la totalité.
11
La cadence accélérée à laquelle le
réformisme laisse derrière lui des déjections,
toutes aussi ridicules que gauchistes - la multiplication, dans
la colique tricontinentale, des petits tas maoïstes, trotskistes,
guévaristes - prouve à odeur de nez ce que la droite,
et en particulier socialistes et staliniens, avait subodoré
depuis longtemps les revendications partielles contiennent en soi
l’impossibilité d’un changement global. Mieux
que de combattre un réformisme pour en cacher un autre, la
tentation de retourner la vieille ruse comme une peau de bureaucrate
apparaît, par bien des aspects, comme une solution finale
du problème des récupérateurs. Cela implique
le recours à une stratégie qui déclenche l’embrasement
général à la faveur de moments insurrectionnels
de plus en plus rapprochés ; et à une tactique de
progression qualitative où des actions, nécessairement
partielles, contiennent toutes, comme condition nécessaire
et suffisante, la liquidation du monde de la marchandise. Il est
temps de commencer le sabotage positif de la société
spectaculaire-marchande. Tant que l’on gardera pour tactique
de masse la loi du plaisir immédiat, il n’y aura pas
lieu de s’inquiéter du résultat.
12
Il est facile, à seule fin d’exemple et d’émulation,
d’évoquer ici quelques possibilités, dont la
pratique des travailleurs libérés montrera vite l’insuffisance
en toute occasion - ouvertement dans la grève, plus ou moins
clandestinement dans le travail - inaugurer le règne de la
gratuité en offrant aux amis et aux révolutionnaires
des produits usinés ou stockés, en fabriquant des
objets-cadeaux (émetteurs, jouets, armes, parures, machines
à usages divers), en organisant, dans les grands magasins,
des distributions « perlées » ou « sur
le tas » de marchandises ; briser les lois de l’échange
et amorcer la fin du salariat en s’appropriant collectivement
des produits du travail, en se servant collectivement des machines
à des fins personnelles et révolutionnaires ; déprécier
la fonction de l’argent en généralisant les
grèves de paiements (loyer, impôts, achats à
tempéraments, transports, etc.) encourager la créativité
de tous en mettant en marche, même par intermittence mais
sous seul contrôle ouvrier, des secteurs d’approvisionnement
et de production, et en regardant l’expérience comme
un exercice nécessairement hésitant et perfectible
; liquider les hiérarchies et l’esprit de sacrifice,
en traitant les chefs patronaux et syndicaux comme ils le méritent,
en refusant le militantisme ; agir unitairement partout contre toutes
les séparations ; extraire la théorie de toute pratique,
et inversement par la rédaction de tracts, d’affiches,
de chansons, etc.
13
Le prolétariat a déjà montré qu’il
saurait répondre à la complexité oppressive
des Etats capitalistes et « socialistes » par la simplicité
de l’organisation exercée directement par tous et pour
tous. Les questions de survie ne se posent à notre époque
qu’à la condition préalable de n’être
jamais résolues ; au contraire, les problèmes de l’histoire
à vivre se posent clairement à travers le projet des
conseil ouvriers, à la fois comme positivité et comme
négativité ; autrement dit, comme élément
de base d’une société unitaire industrielle
et passionnelle, et comme anti-Etat.
14
Parce qu’ils n’exercent aucun pouvoir séparé
de la décision de leurs membres, les conseils ne tolèrent
d’autre pouvoir que le leur. Encourager partout les manifestations
d’anti-Etat ne peut donc se confondre avec la création
anticipée de conseils, ainsi privés de pouvoir absolu
sur leurs zones d’extension, séparés de l’autogestion
généralisée, nécessairement vides de
contenu et prêts à se farcir de toutes les idéologies.
Les seules forces lucides qui puissent aujourd’hui répondre
à l’histoire faite par l’histoire seront les
organisations révolutionnaires développant, dans le
projet des conseils, une égale à faire conscience
de l’adversaire à combattre et des alliés à
soutenir. Un aspect important d’une telle lutte s’annonce
sous nos yeux avec l’apparition d’un double pouvoir.
Dans les usines, les bureaux, les rues, les maisons, les casernes,
les écoles, s’esquisse une réalité nouvelle,
le mépris des chefs, sous quelque nom et dans quelque attitude
qu’ils aboient. Il faut désormais que ce mépris
atteigne son aboutissement logique en démontrant, par l’initiative
concertée des travailleurs, que les dirigeants ne sont pas
seulement méprisables, mais qu’ils sont inutiles, et
qu’on peut, de leur point de vue même, les liquider
impunément.
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L’histoire récente ne va pas tarder à se manifester,
dans la conscience des dirigeants comme dans celle des révolutionnaires,
sous la forme d’une alternative qui les concerne les uns et
les autres : l’autogestion généralisée
ou le chaos insurrectionnel ; la nouvelle société
d’abondance, ou la désagrégation sociale, le
pillage, le terrorisme, la répression. La lutte dans le double
pouvoir est déjà inséparable d’un tel
choix. Notre cohérence exige que la paralysie et la destruction
de tous les modes de gouvernement ne se distingue pas de la construction
des conseils : l’élémentaire prudence de l’adversaire
devrait, en bonne logique, s’accommoder de ce qu’une
organisation de nouveaux rapports quotidiens vînt empêcher
l’extension de ce qu’un spécialiste de la police
américaine appelle déjà notre “cauchemar”
de petits commandos d’insurgés surgissant des bouches
de métro, tirant des toits, usant de la mobilité et
des ressources infinies de la guerilla urbaine pour abattre les
policiers, liquider les serviteurs de l’autorité, susciter
des émeutes, détruire l’économie. Mais
nous n’avons pas à sauver les dirigeants malgré
eux. Qu’il nous suffise de préparer les conseils et
d’assurer leur autodéfense par tous les moyens. Lope
de Vega montre, dans une de ses pièces, comment des villageois,
excédés par les exactions d’un fonctionnaire
royal, le mettent à mort et répondent tous aux magistrats
chargés de découvrir le coupable, par le nom du village
« Fuenteovejuna ». La tactique « Fuenteovejuna
», dont usent envers les ingénieurs mal avisés
beaucoup de mineurs asturiens, a le défaut de s’apparenter
trop au terrorisme et à la tradition du watrinage. L’autogestion
généralisée sera notre « Fuenteovejuna
». Ce n’est plus assez qu’une action collective
décourage la répression (que l’on juge de l’impuissance
des forces de l’ordre si, lors des occupations, les employés
d’une banque dilapidaient les fonds), il faut encore qu’elle
encourage, dans le même mouvement, le progrès vers
une cohérence révolutionnaire plus grande. Les conseils
sont l’ordre face à la décomposition de l’Etat,
contesté dans sa forme par la montée des nationalismes
régionaux, et dans son principe par les revendications sociales.
Aux questions qu’elle se pose, la police ne peut répondre
qu’en estimant le nombre de ses morts. Seuls les conseils
apportent une réponse définitive. Qu’est-ce
qui empêche le pillage ? L’organisation de la distribution
et la fin de la marchandise. Qu’est-ce qui empêche le
sabotage de la production ? L’appropriation des machines par
la créativité collective. Qu’est-ce qui empêche
les explosions de colère et de violence ? La fin du prolétariat
par la construction collective de la vie quotidienne. Il n’y
a d’autre justification à notre lutte que la satisfaction
immédiate de ce projet ; que ce qui nous satisfait immédiatement.
16
L’autogestion généralisée n’a,
pour se soutenir, que l’essor de la liberté vécue
par tous. C’est bien assez pour inférer dès
maintenant de la rigueur préalable à son élaboration.
Une telle rigueur doit caractériser dés maintenant
les organisations conseillistes révolutionnaires ; inversement,
leur pratique contiendra déjà l’expérience
de la démocratie directe. C’est ce qui va permettre
de serrer de plus près certaines formules. Ainsi, un principe
comme « l’assemblée générale est
seule souveraine » signifie aussi que ce qui échappe
au contrôle direct de l’assemblée autonome ressuscite
en médiations toutes les variétés autonomes
d’oppression. A travers ses représentants, c’est
l’assemblée toute entière, avec ses tendances,
qui doit être présente à l’instant de
décider. Si la destruction de l’Etat interdit essentiellement
que se répète la plaisanterie du Soviet Suprême,
encore faut-il veiller à ce que la simplicité d’organisation
garantisse l’impossibilité d’apparition d’une
néo-bureaucratie. Or, précisément, la richesse
des techniques de télécommunications, prétexte
au maintien ou au retour des spécialistes, permet le contrôle
permanent des délégués par la base, la confirmation,
la correction ou le désaveu immédiat de leurs décisions
à tous les niveaux. Télex, ordinateurs, télévisions
appartiennent donc incessiblement aux assemblées de base.
Ils réalisent leur ubiquité. Dans la composition d’un
conseil - on distinguera sans doute conseils locaux, urbains, régionaux,
internationaux -, il sera bon que l’assemblée puisse
élire et contrôler une section d’équipement,
destinée à recueillir les demandes en fournitures,
à dresser les possibilités de production, à
coordonner ces deux secteurs ; une section d’information,
chargée de maintenir une relation constante avec la vie des
autres conseils ; une section de coordination, à qui il incombe,
à mesure que les nécessités de la lutte le
permettent, d’enrichir les rapports intersubjectifs, de radicaliser
le projet fouriériste, de prendre en charge les demandes
de satisfaction passionnelle, d’équiper les désirs
individuels, d’offrir ce qui est nécessaire aux expérimentations
et aux aventures, d’harmoniser les disponibilités ludiques
de l’organisation des corvées (services de nettoyage,
garde des enfants, éducation, concours de cuisine, etc.)
; une section d’autodéfense. Chaque section est responsable
devant l’assemblée pleinière ; les délégués,
révocables et soumis au principe de rotation verticale et
horizontale, se réunissent et présentent régulièrement
leur rapport.
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Au système logique de la marchandise, qu’entretient
la pratique aliénée, doit répondre, avec la
pratique immédiate qu’elle implique, la logique sociale
des désirs. Les premières mesures révolutionnaires
porteront nécessairement sur la diminution des heures de
travail et sur la réduction la plus large du travail-servitude.
Les conseils auront intérêt à distinguer entre
secteurs prioritaires (alimentation, transports, télécommunications,
métallurgie, constructions, habillement, électronique.
imprimerie, armement, médecine, confort et, en général,
l’équipement matériel nécessaire à
la transformation permanente des conditions historiques), secteurs
de reconversion, considérés par les travailleurs concernés
comme détournables au profit des révolutionnaires,
et secteurs parasitaires, dont les assemblées auront décidé
la suppression pure et simple. Evidemment, les travailleurs des
secteurs éliminés (administration, bureaux, industries
du spectacle et de la marchandise pure) préféreront
à 8 heures quotidiennes de présence dans un lieu de
travail, 3 ou 4 heures par semaine d’un travail librement
choisi par eux parmi les secteurs prioritaires. Les conseils expérimenteront
des formes attractives de corvées, non pour en dissimuler
le caractère pénible, mais pour le compenser par une
organisation ludique, et autant que possible, pour les éliminer
au profit de la créativité (selon le principe «
travail non, jouissance oui »). A mesure que la transformation
du monde s’identifiera avec la construction de la vie, le
travail nécessaire disparaîtra dans le plaisir de l’Histoire
pour soi.
18
Affirmer que l’organisation conseilliste de la distribution
et de la production empêche le pillage et la destruction des
machines et des stocks, c’est se placer encore dans la seule
perspective de l’anti-Etat. Ce que le négatif conserve
ici de séparations, les conseils, comme organisation de la
société nouvelle, en viendront à bout par une
politique collective des désirs. La fin du salariat est réalisable
immédiatement, dès l’instauration des conseils,
dès l’instant précis où la section «
équipement et approvisionnement » de chaque conseil
organisera la production et la distribution en fonction des souhaits
de l’assemblée pleinière. C’est alors
qu’en hommage à la meilleure prédiction bolchévik,
on pourra appeler « lénines » les pissotières
en or et en argent massif.
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L’autogestion généralisée implique l’extension
des conseils. Au début, les zones de travail seront prises
en charge par tes travailleurs concernés, groupés
en conseils. Pour débarrasser les premiers conseils de leur
aspect corporatif, les travailleurs les ouvriront, aussi vite que
possible, à leurs compagnes, aux gens du quartier, aux volontaires
venus des secteurs parasitaires, en sorte qu’ils prennent
rapidement la forme de conseils locaux, fragments de la Commune
(soient des unités à peu près équivalentes
numériquement, de 8 à 10 000 personnes ?).
20
L’extension interne des conseils doit aller de pair avec
leur extension géographique. Il faut veiller à la
parfaite radicalité des zones libérées, sans
l’illusion de Fourier sur le caractère attractif des
premières communes, mais sans sous-estimer la part de séduction
que comporte, une fois débarrassée du mensonge, toute
expérience d’émancipation authentique. L’autodéfense
des conseils illustre ainsi la formule : « la vérité
en armes est révolutionnaire ».
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L’autogestion généralisée aura un jour
prochain son code des possibles, destiné à liquider
la législation répressive et son emprise millénaire.
Peut-être apparaîtra-t-il dans le double pouvoir, avant
que soient anéantis les appareils juridiques et les charognards
de la pénalité. Les nouveaux droits de l’homme
(droit pour chacun de vivre à sa guise, de bâtir sa
maison, de participer à toutes les assemblées, de
s’armer, de vivre an nomade, de publier ce qu’il pense
- à chacun son journal mural -, d’aimer sans réserves
; droit de rencontre, droit à l’équipement matériel
nécessaire à la réalisation de ses désirs,
droit de créativité, droit de conquête sur la
nature, fin du temps-marchandise, fin de l’histoire an soi,
réalisation de l’art et de l’imaginaire, etc.)
attendent leurs anti-législateurs.
Raoul Vaneigem
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