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ATTALI commente le G20
Londres fin Mars 2009 début Avril 2009
« Le G20 ne réformera pas le capitalisme financier »
G20, de bonnes intentions mais de mauvaises solutions
Le G20, et après ?

ATTALI DIT : « Le G20 ne réformera pas le capitalisme financier »
mercredi 1er avril 2009
Entretien Les Echos

http://bellaciao.org/fr/spip.php?article83441

Jacques Attali.Le président Sarkozy avait appelé, en octobre dernier à Toulon, à une « refondation » du capitalisme. Est-ce l’objet du sommet du G20 ?

Non, bien sûr que non. Tout d’abord, il faut noter que le G20 est une instance informelle ; si l’on avait voulu prendre des décisions, il aurait fallu réunir le comité intérimaire du Fonds monétaire international (FMI). Sur le fond, la question n’est pas de moraliser le capitalisme mais de l’équilibrer par des règles de droit. Le capitalisme est ce qu’il est. Sa fonction est de faire des profits. Il ne s’agit donc pas de le refonder mais de l’encadrer par des règles. Or tout le problème est que dans une économie globalisée, la règle de droit n’est pas mondiale. Ou bien l’on accepte de passer à un état de droit mondial ou le désordre continuera à régner, y compris dans les paradis fiscaux. C’est ce qui se passera si les dirigeants du G20 refusent d’admettre que la crise actuelle n’est pas une crise comme une autre.

Le G20 a pourtant déclaré la guerre aux paradis fiscaux...

Chacun sait que les principaux paradis fiscaux se situent en Angleterre et aux Etats-Unis, là où prospèrent les trusts, un système juridique qui assure une parfaite étanchéité entre le propriétaire de l’argent et le détenteur du compte. Or de cela, personne ne parle. De même que les lois extrêmement favorables, sur le plan fiscal, du Nevada ou du Delaware. Le G20 vise à attendre la fin de la crise sans rien changer d’important. On pourrait presque comparer ce sommet à Londres à une réunion des alcooliques anonymes dans un bar à vins...

Quels sont les autres sujets qui ne feront pas l’objet de réformes ?

Ce qui ne va pas être fait, c’est d’agir sur les causes profondes de la crise : rien ne va être dit sur la titrisation à 100 % - à l’origine de la crise des « subprimes » -, sur les « credit default swaps » (CDS), ces instruments qui permettent de gérer le risque de crédit, sur la séparation des banques d’affaires et des banques d’investissement, ni sur la limitation des effets de levier, c’est-à-dire sur la capacité à s’endetter. Le monde anglo-saxon vit de cela. Il n’y aura pas non plus la mise en place d’une organisation mondiale de la finance.

Les financiers de Wall Street et de la City n’ont cependant pas intérêt à subir des crises d’une telle violence ?

Ils vont accepter un minimum de réglementation. Pas davantage. On le voit bien avec le plan Geithner, qui répète les mécanismes qui ont conduit à la crise en permettant à des fonds de spéculer avec un fort effet de levier. Et puis, est-il normal que les contribuables prêtent à des investisseurs pour que ces derniers fassent des profits ?

Il n’y aura pas non plus de plan de relance global coordonné au niveau mondial ?

Non, parce qu’il y a une différence de conception entre les Américains et les autres. Les premiers sont prêts à accepter l’inflation, même s’ils ne le disent pas, tandis que les Allemands la refusent pour des raisons historiques ; les Chinois n’en veulent pas non plus car ils détiennent des actifs en dollar et ne veulent pas les voir dévaluer. C’est pourquoi ils ont proposé une nouvelle monnaie de réserve. Mais on n’en parlera pas non plus à Londres. Il n’y aura pas de nouveau Bretton Woods. A terme, il y aura une monnaie unique mondiale, une nouvelle gouvernance avec un meilleur équilibre des pouvoirs au sein des institutions financières internationales. Mais pour l’heure, le FMI reste une annexe du Trésor américain.*

PROPOS RECUEILLIS PAR CATHERINE CHATIGNOUX, Les Echos



G20, de bonnes intentions mais de mauvaises solutions (Attali)
Raphaëlle Duchemin -

http://www.france-info.com/spip.php?article274078&theme=9&sous_theme=10

De bonnes intentions qui ne vont pas régler les problèmes. C’est ainsi que Jacques Attali juge les décisions prises hier par le G20 à Londres, alors que les dirigeants multiplient les superlatifs ce matin.

Un sommet "historique" pour Barack Obama et une satisfaction générale pour tous les pays qui ont participé. Le G20 qui s’est achevé hier à Londres est unanimement salué ce matin. Dominique Strauss-Kahn, le directeur du FMI, parle lui du "plus grand plan de relance coordonné jamais décidé".

Jacques Attali salue sur France Info une réunion qui marque "le début d’une gouvernance mondiale avec des efforts de régulation internationale". Néanmoins, il émet quelques réserves sur "un discours qui n’a pas la hauteur de ses ambitions et qui ne va pas régler les problèmes" .

Des décisions qui ne font que reporter la crise à plus loin.

"Il y a une bonne intention mais on se permet quelques turpitudes assez graves" comme de "vieux alcooliques" qui boivent un dernier verre pour fêter la fin de leur addiction.

Les décisions prises ne permettront pas d’arrêter les manipulations ou les excès de spéculation selon lui. Alors que le G20 a dressé hier plusieurs listes de paradis fiscaux, Jacques Attali estime qu’il ne s’agit que d’un "déplacement de l’argent dans d’autres endroits".

Quant au sommet de l’OTAN au cours duquel Nicolas Sarkozy et Barack Obama doivent se rencontrer aujourd’hui, Jacques Attali propose de repenser l’esprit du traité de l’Atlantique Nord afin que celui-ci marque le début "d’une gouvernance planétaire".



Le G20, et après ? Jacques Attali
le 31 mars 2009

http://blogs.lexpress.fr/attali/2009/03/le-g20-et-apres.php

Tout va bien : les principales Bourses remontent ; les banques expliquent qu’elles ont retrouvé la confiance du public ; les augmentations de capital des entreprises se placent mieux que prévu ; des plans de relance énormes ont été mis en place ; des mesures significatives sont annoncées au G20 pour assurer une reprise de la croissance mondiale en 2010 et assurer une meilleure transparence de certains paradis fiscaux, un meilleur contrôle des agences de notation et une augmentation significative des ressources du FMI.

Malheureusement, dès le lendemain du G20, on réalisera que rien n’est véritablement réglé :

• La croissance boursière ne tient qu’à l’entrée en vigueur le 2 avril d’une décision prise il y a quelques mois permettant d’évaluer les actifs à une valeur plus élevée que celle du marché. Et les marchés boursiers, qui « achètent avec la rumeur et vendent avec la nouvelle » devraient recommencer à baisser.

• Les principaux lieux de la fraude fiscale et des turpitudes financières, c'est-à-dire la City et les Etats-Unis, resteront indemnes : personne ne parle au G20 de remettre en cause le système du trust anglais, ou la législation fiscale du Delaware ou du Nevada. Ni celle de Macao ou de Hong Kong.

• Les CDS, qui représentent encore au moins 60T$, sont de plus en plus utilisés non comme des polices d’assurances, mais pour spéculer sur la faillite des entreprises et même pour les provoquer par des effets de levier énormes, avec la bénédiction du gouvernement américain, qui donne le mauvais exemple avec le scandaleux plan Geithner, qui va permettre à quelques fonds américains de faire fortune en reprenant le meilleur des actifs dits « toxiques » des banques , avec l’argent des contribuables.

• Les principales banques, (qui conservent le droit de titriser à 100% leurs prêts alors que cela est à l’origine même du problème des subprimes puisque cela leur permet de prêter sans risque) n’ont toujours pas de fonds propres ; et ceux des compagnies d’assurance sont très menacés ; d’innombrables entreprises industrielles n’ont plus de clients et la chute des recettes fiscales de tous les gouvernements rendra infinancables en 2010 les promesses faites en 2009.

• L’opposition reste totale entre les Américains, (qui souhaitent augmenter la consommation, même au prix de l’inflation), les Chinois, (qui souhaitent relancer l’investissement et protéger leurs avoirs), les Européens, (qui souhaitent réguler le capitalisme mondial), et les pays les plus pauvres, encore une fois principales victimes.

Pourquoi cela ? Parce que, au lieu de réunir le Comité Monétaire et Financier Intérimaire du FMI, composé de 24 membres, organe légitime pour décider d’une réforme équilibrée, on a choisi de réunir un comité sans pouvoir, le G20, parce que la présidence en était britannique (alors que celle du CMFI est assurée par l’Egypte) et qu’ainsi le monde anglo-saxon pouvait protéger ses privilèges, en attendant le retour naturel de la croissance mondiale.

Cette stratégie peut réussir : Si les Américains parviennent, par des faillites massives de grandes entreprises, à réduire leur taux d’endettement, et, par une relance forte, à relancer leur économie ; si les Chinois continuent de financer les déficits anglo-saxons ; si une hausse des prix du pétrole jusqu’à 80 dollars le baril relance les économies des pays producteurs ; et si le progrès technique fait le reste.

Mais si toutes ces conditions ne sont pas réunies, la crise s’approfondira ; et elle ne pourra plus etre résolue sans une nationalisation des principales banques américaines , une limitation des effets de levier et de la titrisation, une interdiction d’acheter des CDS sans posséder les obligations sous jacentes et un contrôle des paradis fiscaux anglo saxons. C'est-à-dire sans une remise en cause radicale des pouvoirs de ceux qui auront orchestré la comédie de Londres.